« À partir de ce soir, lorsque les amateurs me demanderont si je suis membre du Temple de la renommée, je pourrai enfin répondre oui! »

 

Voilà de quelle façon Guy Carbonneau a conclu son discours d’intronisation à Toronto lundi soir. Un discours qu’il espérait présenter depuis longtemps. Un discours qui s’est amorcé avec la présentation de la plaque officielle qui se retrouvera dans le Grand Hall du Temple. Plaque que tenait son ancien coéquipier, ancien capitaine et ancien patron avec les Stars de Dallas d’abord et le Canadien de Montréal ensuite : Bob Gainey.

 

Avec le même aplomb qu’il affichait sur la patinoire, arborant la cravate que son ami de longue date Herb Black a acquise au coût aussi astronomique (100 000 $) que symbolique dans le cadre d’un encan visant à gonfler les coffres de la Fondation du Canadien pour l’enfance alors qu’il était l’entraîneur-chef du Tricolore, Guy Carbonneau a remercié les nombreuses personnes qui l’ont transporté jusqu’au Temple de la renommée.

 

« Comme tous les jeunes, j’ai rêvé de jouer un jour dans la LNH. De marquer un but. De gagner la coupe Stanley. Mais jamais au grand jamais je n’ai imaginé que j’aurais la chance d’entrer au Temple de la renommée. Je suis encore secoué par cet honneur », a indiqué Carbonneau avant d’amorcer une exhaustive liste de personnes à remercier.

 

Des bénévoles qui préparaient les patinoires à Sept-Îles où il est né et a chaussé des patins avant de chausser des souliers, aux familles d’accueil qui l’ont hébergé pendant son séjour à Chicoutimi dans les rangs juniors en passant par les partisans des « Sags » et de toutes les amitiés qu’il a développées au Saguenay et qu’il entretient toujours, Carbonneau n’a oublié personne.

 

Du moins, il a tout fait pour ne pas en oublier.

 

Il a remercié les entraîneurs-chefs Guy Brassard, Jean-Jacques Gravel, Orval Tessier et Yvan Gingras qui a été celui qui le plus épaulé et qui a surtout cru en lui des fois plus que Carbo croyait lui-même en lui alors qu’il évoluait dans les rangs juniors.

 

Après avoir souligné l’importance qu’il accordait à son arrivée avec le Canadien à Montréal en 1982, Carbonneau a souligné la contribution de ses coéquipiers, de ses entraîneurs, ses directeurs généraux, sans oublier les membres de la famille Molson. Il a terminé les salutations de ses coachs en s’adressant plus directement à Jacques Demers en le remerciant d’être la personne qu’il a toujours été en plus d’être un très bon entraîneur.

 

En se tournant vers Mario Lemieux et Peter Stastny qui étaient présents à Toronto lundi, en faisait référence à Wayne Gretzky qui n’a pu assister à l’intronisation, Guy Carbonneau s’est également assuré de remercier ses grands rivaux qui l’ont obligé à se dépasser.

 

Herb Brooks a déjà dit : « Le succès ne vient pas du jour au lendemain. Il se travaille, il se bâtit. Vous avez contribué à bâtir le mien. »

 

Comme plusieurs autres grands de l’histoire du hockey qui avaient déjà leur place bien à eux au Temple de la renommée, Peter Stastny était heureux de pouvoir ouvrir la porte à Guy Carbonneau et aussi à son idole de jeunesse : Vaclav Nedomansky.

 

« Nous nous sommes détestés », a candidement lancé en riant Peter Stastny lorsqu’on lui a demandé de qualifier la rivalité qui l’a toujours opposé à Carbo.

 

De cette haine est né un respect qui s’est développé au fil des ans.

 

« Ce soir, je peux vous assurer que j’ai beaucoup d’admiration pour Guy Carbonneau. Il mérite pleinement l’honneur qui lui est réservé ce soir, car il a toujours excellé dans son travail. Dans sa façon de jouer », a ajouté celui qui a partagé le vestiaire des Blues avec Carbo pendant la saison écourtée de 1994-1995 après son départ du Canadien.

 

«Il a toujours été très honnête dans sa façon de jouer. C’était un gars spécial sur la patinoire. Un joueur intelligent. Il était aussi très talentueux. Ce qui l’aidait à prendre avantage sur nous parfois. Car en plus de nous empêcher de marquer, il arrivait à le faire de son côté. C’est pour cette raison qu’il entre au Temple de la renommée ce soir», a aussi témoigné Mario Lemieux.

 

Adversaire de Carbonneau pendant plusieurs saisons, Brett Hull a de beaucoup préféré les années passées à ses côtés avec les Stars à Dallas. « C’était un très bon joueur et un meilleur coéquipier encore. J’ai appris des tas de choses de lui chaque jour. Peut-être pas la couverture défensive ou l’art de bloquer des tirs, mais j’ai appris qu’il faut s’astreindre à des sacrifices pour atteindre les objectifs que l’on se fixe. »

 

L’un des 56 joueurs du Tricolore à avoir précédé Guy Carbonneau au Temple, Yvan Cournoyer a rendu un hommage bien particulier à Carbo : «J’aurais bien aimé être son coéquipier», a lancé le Roadrunner.

 

Bob Gainey en avait lui aussi long à dire sur son ancien joueur de centre. «Il est difficile de résumer la carrière de Carbo. D’abord parce qu’elle a été très longue (19 saisons) et aussi en raison de tout ce qu’il a accompli. J’ai toujours eu le plus grand des respects pour lui à titre de joueur et de personne. Il savait mettre à profit son talent et la patience qu’il affichait sur la patinoire. En plus, il a toujours obtenu des notes de 10 sur 10 au chapitre de sa combativité. C’est pour cette raison que j’ai aimé évoluer au sein de son trio avec le Canadien et que j’ai fait son acquisition pour qu’il vienne faire des Stars une meilleure équipe alors que j’étais le directeur général à Dallas.»

 

En plus de remercier coéquipiers, adversaires, entraîneurs et tous ceux et celles qui l’ont aidé à un moment ou un autre au cours de son ascension vers la LNH et sa carrière de 19 ans dans les rangs professionnels, Guy Carbonneau s’est assuré de partager l’honneur de faire son entrée au Temple de la renommée avec son épouse, leurs deux filles et le reste de la famille.

 

« L’honneur qu’on me réserve ce soir ne serait pas aussi important si je n’étais en mesure de le vivre entouré de vous tous », a d’abord lancé Carbonneau avant de se tourner vers son épouse Line qu’il a rencontrée alors qu’ils n’étaient encore que des adolescents.

 

« La vie n’a pas toujours été rose. Nous avons traversé ensemble des hauts et des bas. Je ne t’ai jamais rendu l’hommage que tu méritais pour avoir dirigé la famille pendant que je jouais au hockey. Mais je tiens à dire ici ce soir que sans toi, je ne me serais jamais rendu au Temple de la renommée. »