BROSSARD – Ben Scrivens ne s’avère peut-être pas la roue de secours aussi fiable que le Canadien recherchait, mais il ne manque pas de franchise et de fraîcheur dans ses propos.

Celui qui sera envoyé dans la mêlée contre son ancienne organisation, samedi après-midi au Centre Bell, a admis que la saison actuelle lui pesait sur le mental et qu’il se devait de trouver des solutions pour élever son jeu d’un cran (ou deux si possible).

Mais ce n’était pas sa réponse la plus intéressante. Elle est plutôt venue quand il a été questionné sur la réalité de se retrouver devant le filet d’une équipe qui manque nettement de confiance.

« Malheureusement, on dirait que je me suis retrouvé dans de telles équipes, où la confiance n’est pas au rendez-vous, pendant toute ma carrière à l’exception de mon passage avec les Kings », a-t-il admis sans vouloir critiquer le Tricolore ou ses anciens coéquipiers.

« Faut être réaliste »

« C’est un défi en tant que gardien, mais je dois me concentrer sur ma tâche. Je ne peux pas en faire davantage et ça n’aiderait pas la cause de toute façon », a enchaîné le diplômé de l’Université Cornell.

Il serait quand même difficile de le contredire en regardant son parcours avec les Maple Leafs, les Kings (seulement 19 matchs), les Oilers et le Canadien depuis peu.

Ça demeure plus facile à dire qu’à faire, mais Scrivens aurait certainement aidé sa cause s’il avait présenté des résultats plus concluants. Le constat devient encore plus frappant cette saison alors qu’il peine à remplir son mandat avec efficacité.

Depuis son arrivée dans l’uniforme montréalais, il s’est contenté d’une moyenne de buts alloués de 3,84 et d’un coefficient d’efficacité de ,873.

« Oui, la saison actuelle a été éprouvante. Même dans les mineures, je me suis retrouvé à attendre les départs. L’équipe mise sur un excellent gardien de relève en Laurent Brossoit, c’était compréhensible de penser à lui et son développement », a avoué l’Albertain.

« J’essaie de trouver comment que je peux élever mon niveau de jeu chaque fois que je suis envoyé dans la mêlée. C’est un défi pour moi, mais ça fait partie de la vie d’un athlète professionnel et je dois apprendre à travers ça », a admis celui qui ne veut pas trop penser aux prochaines éventualités de sa carrière.

Il pourrait certainement être motivé par le fait que l’une de ses rares occasions de retrouver un certain rythme survienne contre les Oilers, mais ne comptez pas trop sur lui pour percevoir ce match comme un rendez-vous particulier.

« Pas vraiment, je suis surtout content d’avoir une chance de retourner devant le filet. Je ne m’impose pas une pression supplémentaire. De toute façon, je ne suis pas du type très sentimental et je vois plus cela comme un autre match », a-t-il exprimé avec son côté cérébral.

Un certain Connor McDavid en ville

Le CH peut encore y croire

Pendant que Scrivens a tenté de faire croire aux journalistes qu’il n’avait pas vu le magnifique but de Connor McDavid dès son premier match à sa sortie de la liste des blessés, tous ses coéquipiers n’ont pas caché leur admiration envers la jeune sensation de la LNH.

« Il est tellement explosif, j’ai eu la chance de le voir jouer un peu à Toronto en grandissant quand il évoluait avec mon frère. Il est clairement un joueur spécial, c’est très impressionnant qu’une recrue puisse revenir à l’action et jouer de la sorte », a louangé P.K. Subban.

Chose certaine, Subban ne veut pas se faire déculotter comme les défenseurs des Blue Jackets par la recrue des Oilers.

« Contre de tels joueurs, on doit simplement essayer de les contenir de notre mieux. J’étais content de ne pas être sur la glace pour ce but. C’est génial pour la LNH, il en sera un acteur de premier plan pendant de nombreuses années donc on veut le voir s’illustrer, mais je ne souhaite pas que ça survienne contre moi », a-t-il lancé en souriant.

Loin de l’ère des Juha Lind, Craig Darby et compagnie

Le Canadien ne mise peut-être pas sur un attaquant de la trempe de McDavid pour animer son attaque, mais la formation 2015-2016 du Tricolore ne se classe pas parmi les pires éditions de l’organisation.

Sans vouloir dénigrer personne, le contingent de Michel Therrien est bien loin de l’époque des Juha Lind, Craig Darby, Jim Campbell et compagnie.

À force de regarder les défaites s’accumuler à la fiche du CH, c’est le constat qui continue d’étonner. Dale Weise n’a pas caché qu’il ressent exactement cette étrange sensation que l’équipe possède beaucoup trop de talent pour sombrer ainsi.

« Oui, c’est pas mal ce que je pense. Tu regardes dans le vestiaire et ce sont les mêmes joueurs qui ont orchestré un début de saison de 9-0. On a entendu de nombreuses personnes prétendre qu’on faisait partie des aspirants à la coupe Stanley. L’équipe n’a pas changé et c’est la raison pour laquelle je continue de croire en ce groupe », a mentionné l’ailier.

Confiant en ses moyens, Weise continue de se casser la tête pour comprendre les déboires de l’équipe.

« Tu n’oublies pas comment gagner, c’est simplement que le doute finit par s’installer quand ça ne tourne pas en notre faveur. On sait que les choses peuvent changer rapidement », a révélé Weise qui parvient à se changer les idées avec sa petite famille.

Ce doute provoque une fragilité qui devient de plus en plus néfaste. Dans le petit monde de la LNH, le bruit n’a pas tardé à se propager. D’ailleurs, Marcus Foligno, l’attaquant des Sabres de Buffalo, a mentionné après la remontée des siens contre le Canadien mercredi que la troupe de Michel Therrien souffrait de fragilité présentement et qu’elle trouvait des manières de perdre quand on lui impose de la pression.

Les joueurs du Canadien auraient pu être insultés par de tels propos, mais Weise a choisi l’option inverse.

« Je dois être honnête, il a probablement raison, on doit seulement regarder la façon dont on joue en troisième période depuis un certain temps. »

Du même souffle, le droitier a souhaité que son équipe utilise ce verdict d’un adversaire pour se motiver et retrouver son aplomb.