MONTRÉAL – On n’a pas aperçu Marty McFly ou la voiture DeLorean dans les parages, mais on se sentait dans une scène du film Retour vers le futur, vendredi, lors du premier entraînement de Claude Julien avec le Canadien.

Certes, Julien a perdu quelques cheveux de plus et ceux qui restent sont plus gris que durant son premier séjour comme entraîneur du CH, mais les nombreux partisans qui s’étaient déplacés et les journalistes ont pu retrouver le même homme.

« J'ai gardé mon ancien "track suit", mais il est serré »

« J’espère qu'il y a ma personnalité. Je suis une personne très simple qui veut le demeurer. Je respecte les gens autour de moi que ce soit des partisans ou autre. Je n’ai jamais cru que certaines choses me sont dues. Je me mets au même niveau que tous les gens. Je ne suis pas le plus confortable de devoir être sur ce podium pour vous parler, on va peut-être descendre ça », a raconté Julien avec une ouverture très intéressante.

« Ça n’a pas changé, j’ai grandi dans une vie simple qui m’a rendu heureux et je n’ai aucune raison de changer », a poursuivi le réputé entraîneur.

Nul doute, Julien a conservé ses valeurs les plus chères, mais il revient avec le Canadien comme un entraîneur transformé. Il a mûri durant onze saisons (une avec les Devils et dix avec les Bruins) derrière un banc de la LNH depuis son congédiement à Montréal. Il reconnaît que cette expérience sera précieuse.

Le premier passage de Claude Julien à Montréal

« (Ça va m’aider) Dans toutes les façons. Il s’est passé beaucoup de choses depuis que je suis parti d’ici. J’ai vécu des hauts et des bas. L’expérience, ça ne s’achète pas, on le dit souvent. J’ai beaucoup gagné en vécu et ça fait que je peux beaucoup mieux gérer plusieurs situations », a-t-il exprimé.

Ainsi, ce n’était étonnant de voir Julien gérer cet entraînement important avec un grand doigté. Il a multiplié les conversations avec des joueurs de manière individuelle ou collective et il a insufflé une énergie évidente à ses nouveaux protégés.

« Je voulais bien gérer l’équipe, je souhaitais que les gars sautent sur la patinoire en se sentant bien envers eux-mêmes et je me suis assuré que ce soit le cas. Les joueurs veulent de l’espoir, de l’excitation et des messages positifs. C’est facile pour un nouvel entraîneur de transmettre ça.

« Je voulais aussi qu’il sache à quel point je trouve que l’équipe est bonne. On est en première place, il n’y a pas lieu de paniquer, il faut simplement régler des choses. Ainsi, on va se replacer dans la bonne direction et on va gagner de nouveau », a expliqué celui qui a rigolé en disant qu’il avait conservé son vieux survêtement du Canadien, mais qu’il était trop serré pour qu’il puisse le porter.

Julien a adoré l’intensité déployée par sa bande pendant d’une heure.

Un premier défi dans moins de 24 heures

« C’est simple, j’ai vraiment aimé notre entraînement, les gars avaient de l’énergie et ils étaient heureux de revenir au jeu après quatre ou cinq jours de pause. J’espère qu’on aura la même énergie pour le match de samedi », a-t-il jugé.

Si Julien a été satisfait de cette pratique en fin d’après-midi, sa journée avait démarré bien plus tôt en arrivant au boulot vers 7h. En pensant à tout ce qui l’attendait, il n’a pas eu le temps de se laisser envahir par les émotions.

« Je me disais plus que j’allais avoir une longue journée et vous la prolongez ! », a répondu Julien en lançant cette pointe d’humour aux journalistes.

« J’étais préparé mentalement et j’avais pris des notes sur tout ce que je devais faire dans cette journée. Je n’ai pas eu le temps de tout faire, mais je devais m’assurer de faire les choses importantes », a décrit Julien qui ne veut pas surcharger son groupe.

Clair et franc dans ses réponses, Julien a reconnu que le revirement de situation si brusque n’a pas été de tout repos. Après tout, il se cassait la tête pour relancer les Bruins il y a seulement quelques jours et il bûche maintenant pour raviver le Tricolore.

Le premier entraînement de l'ère Claude Julien

« Je ne vais pas mentir, ce fut difficile parce que c’est arrivé si rapidement. J’ai eu à investir beaucoup de temps, mes heures de sommeil ont été très courtes et c’est normal parce que tu réfléchis à plusieurs choses », a mentionné Julien qui a posé une panoplie de questions à ses nouveaux adjoints.

« Tu peux diriger contre une équipe et connaître ses tendances, mais tu ne connais pas vraiment l’équipe pour autant. J’ai essayé de parler individuellement avec plusieurs joueurs même si ce n’était pas long. On ne parlait pas nécessairement de grand-chose, mais c’est important de le faire. »

Le bon candidat malgré le 2e passage

L’expérience devait être quelque peu surréaliste pour Julien. À peine renvoyé par les Bruins après une décennie aux commandes de cette équipe, il a été contacté par Marc Bergevin qui n’avait pas de temps à perdre pour le convaincre de se lancer, de nouveau, dans l’exigeante aventure montréalaise.

« Je passais d’un bas à un haut. Souvent, c’est plus le contraire qui arrive. Je ne peux pas dire que je ne pouvais pas m’attendre à partir un jour de Boston, mais ça fait toujours mal.

« Quelques jours plus tard, je commençais à relaxer et j’ai reçu l’appel de Marc. J’ai immédiatement commencé à penser au Canadien. Je suis excité par ce défi même si je me suis éloigné un peu de mon appartenance au Canadien en dirigeant les Bruins pendant plusieurs saisons », a confié Julien.

Même si le processus a été bref, Julien ressent la profonde conviction que le choix était le bon.

« Je peux dire que même si c’est arrivé rapidement, c’était bien fait. On croit tous les deux qu’on a pris une bonne décision. Marc est heureux, Monsieur Molson aussi et c’est la même chose pour moi », a-t-il précisé.

Galchenyuk au centre de Radulov et Pacioretty

Propulsé dans un tourbillon, Julien s’est tout de même assuré de décider avec ses proches.

« Je n’ai pris aucune décision sans que ma famille et ma femme ne soient en accord. Je peux honnêtement vous dire que ma femme était aussi enthousiaste que moi. Aussi important que notre travail semble être pour plusieurs, ma famille va toujours passer en premier. Si j’acceptais le travail ici, c’était parce que je voulais présenter mon plein rendement et pas seulement une partie de moi », a soutenu Julien.

Humain dans son approche avec ses joueurs, Julien sera éloigné de sa famille et il devra s’y adapter.

« Je vais investir tout le temps que je dois dans mon travail. Ma famille est géniale pour ça, elle comprend la situation. Ce qui est difficile, c’est que la famille passe en premier donc je vais m’ennuyer d’eux. On est des humains comme vous, on a des familles et notre travail nous oblige parfois à faire des choses difficiles. Ce sera éprouvant pour moi, mais ça n’affectera pas mon travail », a avoué l’entraîneur qu’on est habitué de voir en noir et jaune.

Au fond de lui-même, Julien se sent à sa place contrairement à l’acteur dans le film Le jour de la marmotte.

« Ce n’est pas étrange parce que j’ai été ici avant donc je sais exactement à quoi m’attendre. Ce n’est parce que je complète la boucle que je ne me suis pas retrouvé dans différentes situations. Ceci dit, je sais que c’est une situation assez unique avec Michel qui aussi a dirigé deux fois le Canadien. Que ce soit Alain Vigneault, Michel et moi, on a été chanceux d’avoir notre première chance dans la LNH avec cette grande organisation. Même si on revient pour une deuxième fois, je ne crois pas que ce soit une faveur. Je pense plus que c’est parce qu’on a grandi comme entraîneur et qu’on est la bonne personne pour diriger le club », a argué Julien avec pertinence.

Parlant de Therrien, Julien n’a pas encore eu la chance de converser avec lui, mais ça ne saurait pas tarder.

« Je ne l’ai pas fait encore, mais je vais le faire. Tout est arrivé si vite. Je suis passé par là récemment donc je sais comment il se sent. Le monde du coaching n’est pas facile, on essaie tous de faire de notre mieux. Tes décisions sont remises en question et tu te fais critiquer. Il faut avoir une forte carapace pour survivre dans ce milieu. En tant qu’entraîneurs, on se tient serrés. Je sais que chaque fois qu’un entraîneur est congédié, je m’assure de lui envoyer un message texte. J’en ai aussi reçu une tonne et Michel en a certainement reçu aussi. Il a mon support et j’espère qu’il va rebondir. Dans un sens, c’est difficile pour moi parce que tu sais que tu remplaces un autre entraîneur », a conclu le champion de la coupe Stanley en 2011.

« Je me sens bien, je me sens confiant »
« On se sent un peu comme en début de saison »
« Nous avons besoin d'un revirement de situation »
« Je n'ai entendu que de bonnes choses sur Claude Julien »