Hors du top-6, point de salut
Canadiens mercredi, 25 févr. 2015. 12:34 mercredi, 11 déc. 2024. 09:35En battant les Blues de St Louis d’une manière plus que convaincante pour la deuxième fois de la saison, le Canadien a une fois de plus confondu les sceptiques qui annoncent sa chute prochaine, voire son incapacité de gagner en séries; qui mettent en évidence ses lacunes plus que ses qualités; qui n’arrivent pas à croire que le Tricolore fait peut-être déjà partie de l’élite de la LNH.
Et pourtant…
Avec ses 39 victoires et 83 points au classement, le Canadien est solidement installé au premier rang de sa division et de son association. Oui les Islanders de New York lui soufflent dans le cou, mais le Canadien a quand même deux matchs en main sur les surprenants « Insulaires ». Il profite toujours aussi de deux parties en mains aux dépens du Lightning de Tampa Bay qui accuse mercredi matin un retard de trois points.
Parce qu’il ne revendique que 16 revers en temps réglementaire – et cinq en prolongation ou fusillade – le Canadien est bien sûr parmi les meilleures formations du circuit à domicile. Il est surtout le meilleur club sur la route comme le confirment ses 18 victoires (18-9-1). Seuls les Canucks de Vancouver affichent plus de gains sur la route avec 19. Mais les Canucks ont déjà 32 matchs de disputés à l’étranger (19-11-2) alors que le Canadien disputera son 29e jeudi à Columbus.
Avec son différentiel positif de plus-29, le Canadien ferme la marche des meilleures formations de la Ligue à ce chapitre : Nashville +43, St Louis +37, Tampa +36, Chicago +34.
Top-6 très solide
Bien sûr, une très grande partie de ces succès sont attribuables à l’extraordinaire gardien qu’est Carey Price. Un gardien extraordinaire qui connaît une saison plus extraordinaire encore.
Mais devant ce gardien d’exception, le Canadien compte sur l’un des meilleurs duos de défenseurs de la LNH en ce moment en Andrei Markov, qui connaît la meilleure saison de sa carrière, et P.K. Subban, qui joue depuis deux mois du bien meilleur hockey que lors de la saison écourtée qu’il a auréolée d’un trophée Norris.
À l’attaque?
On pourra dire tout ce qu’on voudra de David Desharnais qui n’a pas le gabarit et la réputation pour pivoter un premier trio dans la LNH, mais ce diable de petit joueur fait le travail. Tout comme Brendan Gallagher qui n’a certainement pas le gabarit recherché pour un attaquant de puissance de premier trio, mais dont le cœur et la fougue compensent largement. Du moins pour l’instant.
Est-ce que Max Pacioretty marquerait plus de buts s’il évoluait avec Ryan Getzlaf ou Corey Perry? Avec Sidney Crosby ou Evgeni Malkin? Avec Jonathan Toews ou Pavel Datsyuk? C’est bien évident.
Mais le fait que Pacioretty soit parmi les meilleurs marqueurs de la LNH à forces égales – au troisième rang avec 24 buts, derrière Rick Nash (28) et Valdimir Tarasenko (24) et qu’il soit parmi les meilleurs francs-tireurs point – il partage le 5e rang avec Tyler Seguin et John Tavares – malgré le fait qu’il évolue avec Desharnais, Gallagher et tous les autres à qui Michel Therrien l’a greffé au cours de la saison, confirme sa place au sein de l’élite de la LNH.
Derrière ce six partant de premier plan, le Canadien compte sur un deuxième trio qui est plus que potable alors que Tomas Plekanec trouve le moyen de faire fonctionner son trio en dépit du jeu de chaise musicale sur sa gauche et sa droite.
Le retour d’Alex Galchenyuk après une absence de deux matchs en raison d’une grippe a mis en évidence la contribution du deuxième trio, mardi soir, à St Louis. Surtout que Lars Eller a secoué sa guigne offensive en profitant de la chance – oui une autre – que lui a accordée Michel Therrien en l’insérant au sein du deuxième trio pour récolter sa huitième passe de la saison, soit son premier point en neuf parties et son deuxième seulement lors des 21 derniers matchs du Canadien.
Ça prendra plus de soutien
Jusque-là, tout va bien. Ou beaucoup mieux que bien des observateurs et partisans un brin ou deux sceptiques le laissent entendre.
C’est après que ça se gâte. Et pas mal à part ça. Ça se complique tellement qu’il est presque normal que ces observateurs et partisans affichent le scepticisme qu’ils affichent.
Remarquez que le Canadien ne fait pas bande à part à ce chapitre. Plusieurs équipes, même parmi les très bonnes du circuit, comptent sur une timidité relative quand on passe des joueurs de premier plan aux joueurs de soutien.
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Mais chez le Canadien, c’est frappant. Presque navrant. Surtout offensivement. Et c’est pour cette raison qu’en dépit de l’à-propos de sacrifier Jiri Sekac pour mettre la main sur Devante Smith-Pelly comme l’a fait Marc Bergevin mardi, en transigeant avec les Ducks d’Anaheim, il semble impératif d’ajouter encore plus de punch à l’attaque de son club en vue des séries.
Les statistiques ne disent pas toujours la vérité. Elles doivent aussi être analysées de façon objective pour ne pas les faire mentir. Mais elles donnent toujours une très bonne indication.
Quand on dissèque la production offensive du Canadien depuis le 1er janvier, donc lors des 23 derniers matchs (15-5-3), on réalise que les attaquants et défenseurs de soutien n’ont pas offert grand-chose à leurs coéquipiers.
Malgré le fait que Max Pacioretty – en dépit de deux échappées – et David Desharnais ont été blanchis à St Louis, le top-6 du Canadien a récolté 98 points depuis le 2 janvier dernier.
Max Pacioretty mène le bal avec ses 15 buts et 24 points. Suivent dans l’ordre Tomas Plekanec (19 points, 8 buts), David Desharnais (15 points, 4 buts) et Brendan Gallagher (15 points, 6 buts), Alex Galchenyuk (14 points, 8 buts), sans oublier les 10 points (sur une récolte de 11) amassés par Dale Weise alors qu’il évoluait au sein de l’un ou l’autre des deux premiers trios, et le point de Lars Eller récolté à St Louis.
Les défenseurs du Tricolore totalisent 54 points depuis le 2 janvier. P.K. Subban (21 points, 3 buts) et Andrei Markov (17 points, 2 buts) font plus que leur part avec 38 de ces 54 points. Mais les Sergei Gonchar, Nathan Beaulieu et même Tom Gilbert, qui joue du meilleur hockey depuis quelques semaines, ont mis l’épaule à la roue… de temps en temps.
On ne peut pas en dire autant de tous les joueurs qui ont évolué au sein des troisième et quatrième trios. Que non!
Car avec une production globale de 13 points, ces deux trios de soutien ne soutiennent pas grand-chose depuis le début de 2015. Et c’est pour cette raison que le Canadien semble si vulnérable en dépit des succès éclatants multipliés depuis le début de la saison.
De tous les joueurs de soutien à qui Michel Therrien a fait appel au cours des 23 dernières rencontres, c’est Michaël Bournival avec ses trois buts et quatre points qui a été le plus redoutable.
Trop timide
Derrière, c’est mince. Très mince. Trop mince.
Lars Eller n’a que deux points. Celui de mardi a été ajouté à la production des deux premiers trios. Jiri Sekac n’avait que deux passes lorsqu’il a été échangé.
Brandon Prust – qui contribue d’autres façons je veux bien – n’a qu’un but et une passe. Et si vous vous rappelez bien, Prust a obtenu trois, cinq, sept occasions en or qui auraient moussé sa production s’il ne les avait pas bousillées.
Et que dire de Dale Weise? S’il a su maximiser ses séjours au sein des deux premiers trios, il doit trouver une façon de contribuer davantage offensivement lorsqu’il évolue au sein d’un des trios de soutien. Car c’est au sein de l’un de ces trios que son avenir avec le Canadien, pour ne pas dire son avenir tout court, se profile.
Est-ce que l’arrivée de Devante Smith-Pelly lui sourira si les deux joueurs se retrouvent au sein du troisième trio? C’est sans doute le souhait de Marc Bergevin et de l’ensemble de l’état-major du club. Mais j’ai comme l’impression que Michel Therrien offrira l’occasion au nouveau venu de faire bonne impression avec un essai de quelques matchs au sein de l’un ou l’autre des deux premiers trios.
Ne serait-ce que pour motiver davantage Brendan Gallagher – comme s’il en avait vraiment besoin – ou pour rappeler à P.-A. Parenteau que c’est pour sa production que le Tricolore l’a acquis en retour de l’Avalanche du Colorado l’été dernier, un tel essai offert à DSP pourrait être pleinement justifié.
Jacob De La Rose surprend. Il impressionne même. Mais il n’affiche toujours qu’une passe depuis son arrivée. Est-ce suffisant pour lui donner le mandat de pivoter le troisième trio d’ici la fin de la saison et en séries?
Avec une bonne dose de partisanerie, je peux comprendre qu’on décide de répondre oui à cette question. Mais est-ce que cette réponse rendrait justice au jeune homme qui est à l’aube de sa carrière et à ses coéquipiers des deux premiers trios qui auront besoin d’aide à un moment ou un autre au cours des prochaines semaines?
Manny Malhotra? Au-delà la déception de le voir s’enliser en quête de quelques points qui l’aideraient à justifier sa place au sein de la formation, il est temps que le vétéran trouve des solutions.
Et les autres?
Pas question de diminuer la valeur des autres espoirs du Canadien. Mais pour le moment, et peut-être pour un moment, ils ne semblent pas en mesure de vraiment aider la cause de l’équipe. En attendant les Andrighetto et autres Charles Hudon, il est clair que le Tricolore a encore besoin de renfort : que ce soit pour donner plus de punch à ses deux premiers trios ou pour renflouer ses attaquants et défenseurs de soutien.
Marc Bergevin a jusqu’à lundi pour y arriver.