Pendant que Michel Therrien jongle avec ses effectifs pour relancer une attaque qui manque de punch depuis une dizaine de matchs, l’une des solutions est clouée à Montréal au lieu de graviter autour du club en Californie.

Victime d’une fracture du sternum, vendredi dernier, Charles Hudon se remet comme il peut de cette blessure bête qui l’écarte de l’équipe à un très mauvais moment. Car avant d’être blessé, l’ailier gauche avait récolté deux passes en trois matchs. On le sentait de plus en plus à l’aise et il était clair que l’ailier gauche gagnait graduellement la confiance de Therrien et du reste de l’état-major.

Le pire avec cette blessure, c’est qu’elle a frappé Hudon en pleine poitrine alors qu’il tentait justement de mousser la confiance de l’état-major à son endroit. Le petit gars d’Alma venait d’obtenir la confirmation qu’il était de la virée californienne lorsque la blessure a contrecarré ses plans et ceux de l’équipe.

« Quand j’ai su que j’étais du voyage, moi et quelques gars avons demandé si on pouvait aller sur la glace pour patiner un peu. Ce n’était pas un entraînement organisé. On était là pour se délier les jambes et pratiquer quelques jeux. Lors d’une descente à deux contre un, le défenseur a fait dévier une passe qui m’était destinée. Il a soulevé la rondelle qui m’a atteint juste en dessous de la trachée. Le haut du sternum a cassé », a raconté Charles Hudon joint par RDS.ca jeudi.

Outre la douleur vive et les difficultés à respirer découlant de cette blessure bête, la fracture a vraiment assommé l’ailier gauche de 22 ans.

« C’est décevant. C’est dur sur le moral parce que les choses allaient quand même assez bien pour moi. C’est donc difficile à prendre, à accepter, surtout qu’il n’y a rien d’autre à faire que d’attendre que ça guérisse. La bonne nouvelle, c’est que je suis déjà de retour sur patin. Je ne peux pas encaisser d’impact et je ne sais pas combien de temps encore je serai à l’écart. Sauf que je vais m’assurer de garder la forme afin de revenir en force dès que j’aurai le feu vert. »

Choix de cinquième ronde du Canadien en 2012, Charles Hudon dispute sa troisième saison dans les rangs professionnels. Ses 104 buts et 273 points récoltés en 235 matchs dans les rangs juniors ajoutés aux 47 buts et 110 points récoltés en 142 matchs disputés lors de ses deux premières saisons complètes avec le club-école l’identifient comme un atout offensif sur qui le Canadien devrait miser.

Malgré la déception associée à son renvoi – prévisible cela dit – dans la Ligue américaine au terme du dernier camp d’entraînement, Hudon a maintenu le rythme comme en témoignent ses neuf buts et 14 points obtenus en 15 rencontres.

Des statistiques qui devraient lui servir de tremplin vers la LNH considèrent plusieurs observateurs et partisans du CH en mal de buts.

À l’image de Jonathan Drouin

Mark Barberio, qui compte 136 matchs d’expérience dans la LNH et le double dans la Ligue américaine, a vu venir et repartir bien des jeunes hockeyeurs talentueux. Des jeunes capables de remplir les buts, mais incapables de faire le saut dans la LNH et de s’y faire une niche.

L’arrière québécois qui a partagé le vestiaire des Ice Caps avec Hudon dans la LNH et un peu à Montréal est convaincu que son jeune coéquipier saura non seulement faire le saut dans la grande ligue et y garder sa place. Il est même convaincu qu’il y connaîtra beaucoup de succès.

« Charles est un game-breaker. C’est le gars vers qui une équipe se tourne lorsqu’elle a besoin d’un gros jeu. Il l’a été dans les rangs juniors et il l’est dans la Ligue américaine. C’est pour cette raison que je suis convaincu qu’il le sera aussi un jour dans la LNH. C’est toujours difficile de dresser des comparaisons, mais je regarde Charles et je vois en lui un Jonathan Drouin. Je ne parle pas du talent ou du potentiel offensif, mais ils ont la même attitude sur la glace», m’a expliqué Mark Barberio après la victoire du Canadien aux dépens des Hurricanes de la Caroline il y a une semaine.

Barberio et Drouin ont défendu les couleurs du Lightning de Tampa Bay en 2014-2015 avant que le défenseur soit embauché par le Canadien à titre de joueur autonome.

Les patins ancrés à Montréal et non Vegas

Charles Hudon croit toujours en ses chances de devenir un jour le joueur d’impact que Mark Barberio, de nombreux partisans et les membres de l’état-major voient en lui.

« Je me sens beaucoup plus à l’aise cette année que lors de mes premiers rappels. J’ai fait un grand saut l’an dernier en matière de confiance et d’adaptation au hockey professionnel. J’ai travaillé très fort pour m’assurer d’être un joueur fiable défensivement. Car c’est cet aspect du jeu qui me permettra d’obtenir la confiance du coach et d’obtenir du temps de glace. Et une fois sur la glace, ce sera à moi de faire le reste », expliquait Hudon avec raison. Car s’il doit encore prouver qu’il est bon sans la rondelle, on sait déjà qu’il est très bon une fois la rondelle sur la lame de son bâton.

Muté du centre à l’aile gauche, Charles Hudon assure qu’il n’attache aucune importance à la position qu’on lui décernera. « J’ai déjà joué à droite avec Équipe Canada. Je suis plus à l’aise à gauche ou au centre, mais je suis prêt à jouer n’importe où et avec n’importe qui si ça me donne l’occasion d’obtenir une place. »

Et cette place, c’est à Montréal non à Las Vegas où les Golden Knights pourraient lui faire une place en décidant de le réclamer dans le cadre du repêchage d’expansion en juin prochain, que Charles Hudon tient à l’obtenir.

« Le Canadien m’a repêché. Je suis avec le Canadien et c’est avec le Canadien que je veux rester. Je suis au courant des procédures du repêchage d’expansion, mais je ne pense pas à ça du tout. Je me concentre sur tout ce que je dois faire pour obtenir ma place ici et la garder. »

Pendant que ses coéquipiers du Canadien préparent leur duel face aux Sharks à San Jose, où ils n’ont pas gagné depuis le 23 novembre 1999 – le Tricolore a encaissé 9 revers consécutifs (0-7-1-1) dont trois par jeu blanc – Charles Hudon tente de garder la forme tout en attendant la guérison qui lui permettra de reprendre sa place avec le grand club ou d’aller prolonger son apprentissage avec les Ice Caps.