MONTRÉAL – Au cœur de la tempête qui a coûté son poste à Michel Therrien et qui a marqué la lente transition vers le règne de Claude Julien, Charles Hudon connaissait ses meilleurs moments de la saison dans la Ligue américaine.

Durant une séquence de trois semaines en février, l’attaquant de 22 ans a inscrit quatorze points, dont neuf buts, en seulement onze parties avec les IceCaps de St. John’s. Au cours de la même période, le Canadien a été blanchi quatre fois en neuf rencontres et n’a obtenu à peu près aucune contribution offensive à l’extérieur de son premier trio.

Hudon aurait probablement fait don d’un rein pour qu’on lui donne l’opportunité de venir provoquer une étincelle au sein du grand club, mais l’état-major du Canadien n’a pas jugé bon faire appel à ses services. Comme seule consolation, cette déclaration de Marc Bergevin qui, après avoir terminé ses emplettes à la date limite des transactions, a affirmé que le téléphone de son jeune espoir aurait probablement sonné depuis longtemps s’il avait été épargné par les blessures cet hiver. 

Hudon s’est fracturé le sternum à la fin novembre alors qu’il se trouvait dans l’entourage du Canadien. À son retour au jeu, deux semaines plus tard, il a disputé trois matchs avant de se blesser à une cheville. Sa convalescence a duré un mois.

« C’est sûr que c’est le fun d’entendre ce genre de commentaire de la bouche de Marc, a reconnu Hudon mercredi, quelques heures avant un match contre le Crunch de Syracuse. Mais les malchances font partie du hockey. Un joueur doit se relever et travailler fort, que ce soit dans la Ligue américaine ou ailleurs. C’est ce que j’ai fait et je veux continuer dans cette veine jusqu’à la fin de la saison. »

Ces paroles réconfortantes de Bergevin contrastaient toutefois avec les gestes qu’il venait de poser. Dans quatre transactions distinctes, le directeur général du Canadien s’était notamment départi de deux attaquants au gabarit modeste pour ajouter du poids à sa formation. Était-il en train de libérer une chaise destinée à Hudon ou, au contraire, d’adhérer à une nouvelle philosophie dans laquelle le choix de cinquième ronde en 2012 apprendrait tôt ou tard qu’il ne cadre plus?

Sur la patinoire comme à l’extérieur de celle-ci, Hudon a appris à simplifier les choses depuis son passage chez les professionnels il y a trois ans. C’est pourquoi la question ne l’a pas trop tracassé.

« La chose la plus difficile, ça a été de voir partir Sven [Andrighetto]. On s’est connu dans le junior majeur, puis on s’est suivi avec le Canadien. Ça a été dur de le voir quitter. Pour le reste, c’est sûr que ça fait différent de voir autant de joueurs de gros gabarit sur le quatrième trio à Montréal. Ils amènent une autre sorte d’énergie et ont vraiment changé le visage de l’équipe. Et en ce moment, c’est sûr qu’il y a beaucoup de joueurs "en haut". Mais pour moi comme pour les autres qui sont en bas, ça ne change pas. On travaille fort, on veut faire les séries et pour le reste, on verra ce qui arrivera. Je me concentre sur mes propres affaires. »

Le nom de Hudon a aussi commencé à être mentionné dans les nombreuses spéculations entourant les intentions de la direction des Golden Knights de Vegas, qui intégreront les cadres de la Ligue nationale la saison prochaine. Puisqu’il a plus de deux ans d’ancienneté dans les rangs professionnels, Hudon sera admissible au repêchage d’expansion s’il n’est pas protégé par le Canadien.

Là-dessus, le jeune homme est clair : il n’est pas arrivé à un point de sa carrière où il souhaite obtenir un  nouveau départ ailleurs.

« Mon but ultime, ça a toujours été de jouer pour le Canadien de Montréal et ce l’est encore. Je veux faire partie de l’organisation du Canadien dans la Ligue nationale, martèle celui qui a récolté quatre points en six matchs dans la LNH. Il y aura une expansion et certains joueurs devront être protégés, j’en suis conscient. Mais ce n’est pas moi qui contrôle ça. Ma business à moi, c’est ce qui se passe sur la patinoire. Le reste, on va laisser ça à Marc. »

Hudon, qui a 36 points en 40 matchs cette saison dans la LAH, écoule présentement la dernière année de son premier contrat professionnel et pourrait donc devenir joueur autonome avec compensation cet été. Il dit ne pas être au courant de l’état des discussions, s’il y en a, entre son agent et la direction du Canadien.

« Comme je le répète souvent, je contrôle ce que je peux contrôler. Pour le reste, je fais confiance à mon agent, mais je veux rester avec le Canadien et on va tout faire pour que ça arrive. »​