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RÉSULTATS

Hutson et Mailloux : une chaise pour deux danseurs?

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COLLABORATION SPÉCIALE

Tout au long de l'été, le surplus de défenseurs dans l'organisation du Canadien a fait les manchettes. Huit défenseurs ont joué au moins 40 matchs l'an dernier et, même après avoir échangé Jonathan Kovacevic et Jordan Harris, l'embouteillage est loin d'être réglé.

Mike Matheson, David Savard, et Kaiden Guhle sont des garanties dans l'alignement. Arber Xhekaj et Jayden Struble peuvent éviter le ballottage, mais il serait surprenant de les voir être retranchés du grand club. Ça laisse donc seulement une place dans le top-6. Justin Barron est le candidat le plus expérimenté, avec près d'une centaine de matchs dans la LNH, et doit passer par le ballottage si Montréal veut le renvoyer à Laval. Il devrait donc faire l'équipe, mais il y a de jeunes défenseurs derrière lui qui menacent de rapidement surpasser l'ancien choix de première ronde dans l'organigramme du CH.

Lane Hutson, Logan Mailloux, et David Reinbacher ont des styles de jeu bien différents, mais ils cognent tous les trois à la porte de la LNH. Dans le cas de Reinbacher, je m'attends à le voir commencer la saison avec le Rocket. À moins qu'il ne force la main de Martin St-Louis avec un camp d'entraînement exceptionnel, il n'y a aucune raison de le faire graduer trop rapidement. Il n'a que 11 matchs d'expérience en Amérique du Nord et avec les nombreuses options à la ligne bleue, Montréal a le luxe d'être patient avec le 5e choix en 2023.

C'est une autre histoire pour Hutson et Mailloux. Les deux recrues ont fait leurs débuts en fin de saison dernière contre les Red Wings, combinant pour trois points en trois matchs. Ils apportent aussi tous les deux un aspect offensif que le CH a grandement besoin après avoir obtenu très peu de production derrière Mike Matheson et le premier trio.

Lane Hutson

Peu de choix de fin de deuxième ronde reçoivent autant de fanfares que Lane Hutson et c'est facile de voir pourquoi. Il a absolument dominé le hockey universitaire lors de son passage à Boston University. Recrue de l'année et top 10 pour le Hobey Baker en 2023, il a mené sa division en points, le premier défenseur à accomplir l'exploit dans l'histoire de la division Hockey East. Il a également été nommé sur la première équipe d'étoile de la division lors de chacune de ses deux saisons pour BU. Bref, Hutson n'avait plus rien à prouver dans la NCAA.

Il a eu une tasse de café dans la LNH à la fin de la saison dernière au grand plaisir des partisans, obtenant ses deux premiers points. Ses feintes signatures semblaient fonctionner sans problème même contre des vétérans, ce qui était une des plus grosses questions de ses détracteurs. Ça continue au camp d'entraînement, où même Kaiden Guhle a de la difficulté à contenir le jeune défenseur.

Un des plus grands besoins du CH est de générer plus de buts derrière ton premier trio et c'est exactement là où Hutson brille. Son maniement de rondelle hors pair devrait ouvrir la glace pour le reste de l'équipe lorsqu'il est présent. Et bien qu'il est tentant de l'imaginer en défenseur numéro un immédiatement, Montréal a le luxe d'avoir deux excellentes options à gauche devant lui en Mike Matheson et Kaiden Guhle, qui peuvent affronter les meilleurs effectifs adverses et faciliter l'adaptation de Hudson à la vitesse de la LNH. Même chose sur l'avantage numérique, où Matheson était 8e en points chez les défenseurs l'an dernier. Hutson pourrait commencer dans un rôle limité jusqu'à ce qu'il force sa place dans une meilleure chaise.

Ça permettrait aussi à Canadien d'avoir une meilleure idée de ses capacités défensives. Ses chiffres à Boston University indiquent que sa vision du jeu l'aide aussi dans son territoire, où il est habile pour couper les lignes de passes. Il a bien paru lors de ses deux matchs à Montréal, avec 10 passes bloquées (7 en zone défensive), devancées seulement par les 15 de Matheson. Il a aussi maintenu un pourcentage de buts attendus pour de 50,6%, ce qui veut dire que le CH a généré plus d'opportunités qu'ils en ont accordé lorsqu'il était sur la glace. Il est un excellent patineur, mais il est plus agile que rapide, ce qui pourrait lui rendre la vie difficile comme défenseur à petit gabarit lors de replis. Une bonne base pour Hutson, mais il faut voir comment il pourra s'adapter aux ajustements des autres entraîneurs, qui vont chercher à exploiter les faiblesses de la recrue.

Logan Mailloux

Mailloux a connu une excellente saison recrue avec le Rocket. Il n'a pas eu de difficulté à transitionner son jeu offensif chez les professionnels, avec 47 points, 3e chez les défenseurs. Il a un tir puissant qu'il n'hésite pas à utiliser. Ses 389 tirs tentés l'ont placé au 3e rang dans l'AHL à sa position. En fait, seul Brandon Gignac (55 points) et Philippe Maillet (53) ont été plus productifs que lui pour Laval. Mais autant que son talent offensif soit clair, son manque d'expérience vient le rattraper défensivement.

Je n'essaie pas de le défendre pour sa controverse hors glace lors de ses années juniors, mais le résultat est qu'il n'a disputé que 75 matchs dans la OHL avant de faire le saut chez les professionnels, la grande majorité venant lors de sa dernière saison. Pour comparaison, Kaiden Guhle, Justin Barron, et Arber Xhekaj avaient disputé 181, 186, et 161 matchs respectivement dans leurs ligues junior-majeures avant de faire le saut chez les pros. C'est bien connu, les défenseurs prennent souvent plus de temps à se développer et Mailloux a encore du chemin à faire, surtout dans son propre territoire.

Jean-François Houle et compagnie ont fait de l'excellent travail avec Mailloux l'an dernier pour aider sa transition malgré son manque d'expérience. Parmi les défenseurs réguliers du club, Mailloux est celui qui a affronté la compétition la plus facile en moyenne. Il a aussi été l'arrière le plus utilisé sur l'attaque massive. Tout ça a permis de ne pas trop exposer ses lacunes. Malgré le rôle favorable, seulement 48,1% des buts attendus étaient en faveur de Laval lorsque Mailloux était sur la glace à forces égales. Il a aussi posté le taux de revirement le plus élevé à la ligne bleue du Rocket à égalité numérique. Il a le talent et les outils physiques, mais il demeure encore brut. C'est maintenant à l'organisation de déterminer s'il devrait polir son jeu une autre saison dans les mineures, ou s'il serait mieux pour lui d'affronter les meilleurs. C'est la stratégie qu'ils ont prise avec Juraj Slafkovsky, qui avait l'air surclassé à ses débuts avant que tout ne clique sur le premier trio.

Comme mentionné plus haut, le CH a besoin de renforts offensifs. Les deux jeunes peuvent encore éviter le ballotage et Martin St-Louis a montré qu'il n'a pas peur d'alterner les matchs sur la glace et la galerie de presse pour donner une chance à plus de défenseurs, alors tout est possible dans leurs cas. Ils pourraient facilement tous les deux commencer l'année à Laval comme ils pourraient immédiatement former une paire défensive avec le Tricolore. Peu importe qui est retranché, il ne serait pas surprenant de les voir rappelés rapidement, surtout si le CH subit des blessures.

Selon moi, Hutson peut en apporter plus au CH en créant des chances pour le reste de l'équipe que Mailloux pourrait le faire en offrant un tir puissant de la ligne bleue. C'est d'autant plus vrai tant et aussi longtemps que Matheson demeure sur la première vague en supériorité numérique, ce qui va grandement limiter les opportunités de tir de la pointe. Hutson semble aussi plus mature défensivement, mais il a un net désavantage au niveau gabarit comparativement à Mailloux. Ce dernier est aussi droitier, un côté nettement plus faible pour le Canadien, qui n'a que des recrues derrière Savard et Barron.

Peu importe le vainqueur, une chose est certaine: le camp d'entraînement devrait être l'un des plus intéressants depuis longtemps.