La réaction typique après une élimination ayant laissé un goût amer en bouche est de s'emporter et de minimiser les résultats obtenus par la formation en question.

Il est sage de prendre un certain recul face à cette situation, et c'est ce qui me pousse à affirmer qu'aucune réelle déception ne devrait être tirée de la saison du Canadien. Une campagne de 50 victoires et une récolte de 110 points... Dites-moi, comment peut-on vraiment se montrer déçu ce que les hommes de Michel Therrien ont accompli durant les sept derniers mois?

Plusieurs facteurs ont contribué à une campagne ponctuée d'autant de succès, mais l'un des principaux, à mon avis, aura été la bonne santé relative de toute l'équipe. Le CH n'a pas été frappé de plein fouet par une vague de blessures comparativement à d'autres années, permettant aux instructeurs d'envoyer dans la mêlée les meilleurs effectifs soir après soir.

Je conviendrai qu'en séries éliminatoires, la déception est provenue du fait que le parcours s'est terminé plus rapidement que l'an dernier, alors que le Tricolore s'était faufilé jusqu'en finale d'association. Sauf qu'il faut demeurer prudent : quand tu perds en séries, le cynisme et le négativisme se pointent plus facilement à l'horizon, et soudainement on cherche à changer la formule du tout au tout.

Or, sans dire que l'équipe ne doit pas s'améliorer en vue de la saison 2015-2016, les problèmes actuels du Canadien ne sont pas aussi insurmontables que certains veulent bien nous le faire croire. Dans un marché comme celui de Montréal (celui de Toronto vient également en tête), la marge de manoeuvre est particulièrement mince car tout est scruté à la loupe. Ce n'est par comme à Nashville par exemple, où l'équipe est couverte par cinq journalistes. Cela leur procure une latitude que les joueurs et dirigeants n'ont pas à Montréal.

De l'aide à l'interne et à l'externe

On se demande déjà quel doit être le plan de Marc Bergevin afin de maximiser les chances de sa formation de figurer parmi les prétendants aux grands honneurs la saison prochaine. À mon avis, l'un des principaux dossiers dans sa pile constitue la signature de Jeff Petry, un défenseur qui a rempli son mandat à merveille durant son passage à Montréal. Il possédera le statut de joueur autonome et sera tenté, on n'en doute pas, d'en savoir davantage sur sa valeur marchande auprès des 29 autres équipes. En fonction de la durée du contrat et du salaire demandé, Bergevin devra ajuster le tir.

Toujours à l'interne, de faire passer Alex Galchenyuk de l'aile au centre a le potentiel de se traduire en une meilleure production offensive. Il a lui-même suggéré que ce changement de position pourrait l'aider à embrayer sa carrière en deuxième vitesse, après qu'il ait connu des séries ordinaires.

Malgré tout, on ne s'en cachera pas : le Canadien a un besoin certain d'ajouter du punch offensif. Je suis persuadé que Bergevin et ses acolytes s'attaqueront à cette problématique et détermineront si le type de joueur convoité est disponible, soit par le biais d'une transaction ou du marché libre.

Maintenant, le DG doit-il opter pour une stratégie agressive afin d'attirer ces fameux joueurs autonomes? J'ai pour mon dire que cette façon de procéder est valable, mais seulement lorsqu'on a un besoin criant. Celui du Canadien est à l'attaque, mais le candidat doit en valoir la dépense. Ses homologues vont-ils être disposés à lui échanger le genre de joueur recherché? Seul lui le sait.

La brigade défensive, supposant le retour de Petry, n'a pas besoin d'être remodelée. Le vrai questionnement consiste à savoir si Andrei Markov, à 36 ans, est encore capable d'agir à titre de défenseur no 2. Après tout, le fait d'être jumelé à P.K. Subban à tous les matchs apporte son lot de bénéfices, mais signifie aussi qu'il est confronté aux meilleurs trios adverses. Pourrait-on voir Petry, ou même Nathan Beaulieu s'il se montre prêt à monter dans l'hiérarchie, camper ce rôle la saison prochaine? C'est possible, car je crois que Bergevin, dans son évaluation, préfèrera le vétéran russe comme 3e ou 4e homme dans l'ordre établi.

Qui héritera du « C »?

Finalement, l'un des sujets qui inmanquablement sera au centre des discussions au retour de l'équipe à l'autonme sera la fameuse nomination d'une capitaine. J'étais de ceux qui, en septembre dernier, condamnaient la décision du CH de nommer quatre adjoints au lieu d'attribuer le « C » à un joueur en particulier. Au fur et à mesure que la saison avançait, j'ai compris que ce choix de la direction était celui qui s'imposait.

Maintenant, qui héritera de cette responsabilité? J'en surprendrai quelques-uns, mais je persiste à croire que le futur capitaine du Tricolore ne se pas parmi les quatre adjoints de la dernière saison...

* Propos recueillis par Maxime Desroches