REPÊCHAGE LNH 2017 | TABLEAU DES TRANSACTIONS

CHICAGO – Lorsque le Canadien s’est départi du très prometteur Ryan McDonagh en juin 2009, Trevor Timmins en a eu le cœur brisé. Huit ans plus tard, il a nettement mieux encaissé le départ de Mikhail Sergachev et les raisons sont bien simples.

Timmins, qui travaille pour l’organisation montréalaise depuis maintenant 15 ans, a hérité d’une promotion qui a lui permis de s’impliquer dans le sacrifice de Sergachev pour acquérir Jonathan Drouin.

« La différence, c’est que je fais maintenant partie du groupe décisionnel contrairement à l’époque de la transaction de McDonagh. Ainsi, j’ai eu mon mot à dire cette fois et j’ai été plus impliqué dans ce processus », a précisé celui qui porte le titre de vice-président, personnel des joueurs.

Ensuite, le retour obtenu contre Sergachev ne se compare en rien à Scott Gomez qui était sur la pente descendante. En évaluant la proposition, Timmins s’est concentré sur l’immense talent de Drouin qui essaiera de combler des lacunes évidentes en attaque.

« Ça brise toujours le cœur quand un joueur que tu as repêché doit quitter, mais, en même temps, j’aime Jonathan Drouin. Je l’avais suivi de près durant son année de sélection. C’est très excitant de pouvoir miser sur lui », a confié Timmins pendant un point de presse  dans un hôtel du centre-ville de Chicago.

« Je ne peux pas dire assez de bien sur Drouin. À son année de repêchage, il épatait les gens avec les jeux qu’il pouvait accomplir. Il a continué de le faire et sa progression va se poursuivre. Il n’est pas encore proche de son potentiel maximal », a-t-il tenu à ajouter.

C’est donc dans cette optique de Timmins va diriger le repêchage du Tricolore. L’idée n’est pas de choisir le joueur avec les plus grandes capacités.

« On va choisir le meilleur atout possible parce que vous venez d’avoir un exemple probant : on a échangé Sergachev, mais on n’aurait pas pu obtenir Drouin si on n’avait pas cet espoir dans notre organisation », a expliqué Timmins.

Sous pression et critiqués de toutes parts

Généralement posé et bien structuré avec des arguments pour appuyer ses dires, Timmins a rencontré les médias avec une attitude différente. C’était facile de le sentir plus engagé dans ses propos.

En fait, on semblait percevoir qu’il était prêt à répondre aux nombreuses critiques dirigées vers lui pour les résultats décevants – particulièrement en première ronde - après le repêchage de 2007.

Timmins a prétendu qu’il ne lisait pas ou n’écoutait pas les critiques à son endroit, mais il était passablement enflammé pour répondre aux questions sur ce sujet.

Alors ressent-il de la pression à la suite des échecs comme ceux de Jarred Tinordi et Louis Leblanc en première ronde, les développements ordinaires de Nathan Beaulieu et Michael McCarron aussi au premier tour ou bien les coups ratés de Jacob de la Rose, Sebastian Collberg, Dalton Thrower et Danny Kristo en deuxième ronde ?

« De la pression, c’est ma 15e année avec Montréal et chaque jour de cette association, j’ai ressenti de la pression. Je suis venu ici pour remporter une coupe Stanley. J’ai quitté Ottawa, l’équipe de mon coin, pour me joindre au Canadien. Oui, je ressens de la pression, chaque jour », a-t-il répondu.

« Je suis un perfectionniste, je me défonce dans l’entraînement et dans mon travail ainsi que dans mes recherches. J’ai la même approche avec mon personnel. Notre groupe de recruteurs amateurs méritent beaucoup de crédit. Ils oeuvrent dans l’ombre, je pense à Shane Churla (directeur du recrutement amateur) et les gars sous ses commandes. Ils travaillent très fort », a prétendu Timmins.

Quand on lui a demandé pourquoi il semblait aussi intense, il a offert cette réponse.

« Je suis excité ! Vous savez qui est l’un de mes mentors ? Bill Belichick », a-t-il lancé en nommant l’entraîneur des Patriots de la Nouvelle-Angleterre et non Donald Trump comme certains confrères ont craint quand il a posé la question.

Timmins a refusé la théorie selon laquelle il souhaitait se défendre devant ses dénigreurs.

« C’est surtout que je ne suis plus nerveux maintenant devant nous. Quand les gens se demandent où sont tous nos espoirs, je me dis qu’on a réussi tout un repêchage l’an passé même sans avoir de sélection en deuxième ronde. D’ailleurs, deux de nos choix (Victor Mete et William Bitten) ont été invités au camp d’Équipe Canada Junior », a exposé Timmins sans vouloir trop revenir sur le passé.

Relancé sur les cas spécifiques de Tinordi et Beaulieu, Timmins a admis que la sélection du défenseur format géant n’avait pas été la bonne.

« Le jeu a changé depuis que Tinordi a été sélectionné. C’est devenu plus difficile pour ces joueurs de se débrouiller dans la LNH. Quant à Beaulieu, il a été un bon joueur pour nous. Parfois, ce n’est pas un bon fit avec une équipe et ça pourrait aller mieux pour lui ailleurs », a soutenu l’intervenant.

S’il ne se torture pas à lire ou à écouter les critiques à son endroit, Timmins avoue qu’il a parfois raté la cible.

« On regarde vers l’avant et on apprend des erreurs qui ont été commises tout comme de ce qui a fonctionné », a-t-il plaidé pour sa défense.

On aurait bien aimé savoir les correctifs qui ont été apportés, mais il n’a pas voulu dévoiler ces informations.

« Je ne peux pas vous le révéler parce que les autres équipes seraient au courant. »

Quelques minutes avant lui, Marc Bergevin lui a témoigné un autre vote de confiance alors que les partisans réclament des résultats plus probants. 

« Toutes les équipes veulent les meilleurs résultats. On peut s’asseoir et faire le tour des 30 équipes, toutes les organisations font des choix qui n’atteignent pas les projections. Je sais que Trevor Timmins est l’un des top dans la LNH. Je suis très heureux de l’avoir dans l’organisation », a maintenu Bergevin.

« Le repêchage est basé sur des projections. Il y aurait beaucoup moins d’erreurs si on repêchait les gars à 20 ans par exemple. Mais c’est ainsi que ça fonctionne et on doit tous composer avec les mêmes enjeux. Le repêchage, ça reste quelque chose de très difficile », a-t-il insisté.

L’occasion était belle pour lui demander si sa patience était moins grande envers Timmins et s’il avait senti le besoin de préciser quelques points sur lesquels insister pour obtenir plus de succès au repêchage.

« Pas du tout, pas du tout », s’est empressé de dire Bergevin.

Puisque Timmins semble répondre à ses exigences, est-ce la même chose pour l’ensemble des recruteurs sous sa supervision ?

« Oui », a-t-il laissé tomber sans plus de détails.

Alors le problème se situe peut-être du côté du développement qui doit effectuer l’autre partie cruciale de l’équation. Une fois de plus, Bergevin s’est montré positif.

« On travaille toujours là-dessus, il y a de bonnes personnes qui travaillent pour nous. Au bout du compte, le joueur est le joueur qu’il est. Pour plusieurs raisons, il ne va pas se développer. Quand tu envoies un joueur ailleurs et qu’il décolle vraiment, là tu peux te dire qu’il y a un problème. Dans l’ensemble, les joueurs qui ont quitté n’ont pas atteint un autre plateau ailleurs », a déterminé Bergevin.

Il a également témoigné son appui à l’entraîneur du club-école, Sylvain Lefebvre, plus précisément.

« Oui, je suis très satisfait. »

Tout de même, Lefebvre pourrait quitter l’organisation puisqu’il souhaiterait retourner dans la LNH dans un rôle d’adjoint. Il a dit que ce dossier sera évalué après la tenue du repêchage et on peut le comprendre avec l’importance de cette étape.

Notons que le Canadien dispose, pour l’instant de six tours de parole : un choix en première ronde, deux choix en deuxième et en troisième rondes ainsi qu’un choix en cinquième ronde. En 2014, 2015 et 2016, le CH s’était départi de son choix de deuxième tour.

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