MONTRÉAL - Le Canadien en a mis du temps pour y arriver. Beaucoup de temps. Tellement de temps, que Dominique Ducharme a eu le temps de perdre son job d’entraîneur-chef.

 

Mais à son 50e match de la saison, après huit tentatives infructueuses, le Tricolore a finalement collé deux victoires de suite. Et ce n’est pas tout : en redonnant une avance d’un but à son équipe en marquant en fin de période médiane, Josh Anderson a atteint le plateau des 10 buts cette saison dans le cadre de son 39e match.

 

Bon! Il serait futile de souligner pareil plateau si ce n’était du fait qu’Anderson est non seulement devenu le premier joueur du Tricolore à atteindre le plateau des 10 buts cette année, mais que le Canadien était la seule des 32 équipes du circuit à ne pas encore compter sur un marqueur de 10 buts.

 

Comme quoi, il n’est jamais trop tard pour bien faire!

 

Le même principe va comme un gant à la victoire signée par Andrew Hammond qui a salué son premier match dans l’uniforme du Canadien par une victoire de 3-2 arrachée en tir de barrage.

 

Après ses 29 arrêts réalisés en temps réglementaire et celui ajouté en prolongation, Hammond a accordé un but à Anthony Beauvillier, le premier joueur à s’élancer en séance de tirs de barrage. Mathew Barzal a ensuite frappé le poteau. Hammond a finalement confirmé la victoire en effectuant l’arrêt aux dépens de Brock Nelson qui l’avait déjoué en fin de troisième pour créer l’égalité 2-2 et pousser le match en prolongation.

 

C’était la 57e victoire en carrière de Hammond dans la LNH. Sa troisième en huit séances de tirs de barrage. C’était surtout la première victoire de Hammond dans la LNH depuis le 20 avril 2018. Un gain aux dépens des Predators de Nashville, en séries éliminatoires, alors qu’il défendait les couleurs de l’Avalanche du Colorado. Deux jours plus tard, il disputait ce qui aurait pu être son dernier match dans la LNH en carrière, n’eût été l’appel au secours que le Canadien lui a lancé en raison de sa situation plus que précaire devant le filet.

 

Hammond a été bon. Il a effectué quelques arrêts solides, surtout en première. Il a été chanceux à quelques reprises aussi. Grand bien lui fasse. Car après avoir passé les quatre dernières années dans les mineures à attendre une chance qui semblait ne jamais vouloir se pointer le nez, la moindre des choses est que les Dieux du hockey l’aient récompensé pour la patience qu’il a affichée.

 

Hammond signera-t-il une autre victoire avec le CH? Peut-être. Sans doute même.

 

Mais peu importe qu’il le fasse ou non, peu importe qu’il ne soit plus le gardien qui a pris la LNH par surprise avec une séquence de 20 victoires en 23 sorties (20-1-2) en 2015 lorsqu’il s’est retrouvé devant la cage des Sénateurs d’Ottawa, personne ne pourra minimiser le fait qu’il ait réussi à revenir dans la LNH.

 

Un club soudainement intéressant

 

Pas question de partir en peur.

 

Le Canadien ne pourra imiter les Blues de St. Louis qui sont passés du dernier rang du classement général à la coupe Stanley en 2019.

 

De fait, le Canadien ne pourra pas même accéder aux séries. Je sais! l’Avalanche du Colorado, en 2018-2019, a réussi à se faufiler en séries malgré une récolte timide de 90 points en saison régulière. Mais quand même : fort de ses 27 points récoltés lors des 50 premiers matchs, le Canadien connaîtra une saison de 91 points s’il gagne ses 32 dernières parties de la saison.

 

On sera tous d’accord, du moins je l’espère, que le Canadien ne gagnera pas ses 32 prochaines parties.

 

Martin St-Louis ne sera pas candidat au trophée Jack-Adams remis à l’entraîneur-chef de l’année dans la LNH. Cole Caufield ne viendra pas brouiller les cartes dans la course au titre de recrue de l’année. Andrew Hammond ne recevra pas non plus – et ça n’enlève rien au mérite associé à son retour dans la LNH – le trophée Bill Masterton.

 

J’ai beau aimer l’impact indéniable et fort positif tout comme l’énergie nouvelle insufflée par Martin St-Louis après ses cinq premiers matchs derrière le banc du Tricolore, le Canadien demeure un club de hockey ordinaire.

 

Mais ce club ordinaire travaille. Il se bat. Malgré ses lacunes, malgré une exécution pas toujours à point et toutes les blessures qui le minent, le Canadien est redevenu agréable à regarder.

 

Dimanche à New York, comme il l’avait fait jeudi, au Centre Bell, face aux Blues de St.Louis, le Canadien a travaillé plus fort que son adversaire. Avec les résultats qu’il a obtenus : une première victoire en prolongation cette saison ; une deuxième victoire en tirs de barrage.

 

À défaut d’être un club de séries, le Canadien est, depuis cinq matchs, un club intéressant à regarder parce que ses joueurs jouent pour vrai au lieu de se contenter de faire acte de présence.

 

Combien de temps cela durera? Combien de temps les effets positifs associés à un congédiement que les joueurs souhaitaient de toute évidence et à l’entrée en scène d’un coach qui a leurs oreilles et leur respect dureront?

 

Sais pas!

 

Mais ces effets positifs donnent des raisons aux partisans du Tricolore de vouloir trouver une façon d’entrer au Centre Bell qui pourra être occupé à 50 % dès lundi soir alors que les Maple Leafs de Toronto feront escale à Montréal.

 

Il y a deux semaines à peine, il était utopique de croire que le Centre Bell puisse être occupé à 50 % dans le cadre d’un match du CH. À moins que des fans des Bruins ou des Leafs ne décident de prendre Montréal d’assaut.

 

Aujourd’hui, c’est non seulement possible, c’est même probable.

 

Comme quoi, il n’y a plus que les journalistes, qui sont payés pour le faire, et les dépisteurs professionnels qui ont des rapports d’évaluation à offrir à leurs clubs respectifs dans l’éventualité d’une transaction à conclure qui ont des raisons de suivre le Canadien.

 

Sous les yeux de Joe Sakic

 

Parlant de transaction : Joe Sakic, le directeur général de l’Avalanche du Colorado assistait au match Canadien-Islanders dimanche à New York.

 

Était-ce pour épier Ben Chiarot, Artturi Lehkonen ou un autre joueur du Canadien?

 

Avait-il plutôt à l’œil le fougueux Cal Clutterbuck ou un autre joueur des Islanders?

 

Aie! Sakic a peut-être Chiarot et Clutterbuck à l’œil. Surtout qu’après avoir convenu qu’il était prêt à donner un grand coup pour mousser les chances de son club d’aller loin en séries, le directeur général de l’Avalanche pourrait facilement trouver des niches à Chiarot et Clutterbuck.

 

De un : les deux vétérans seront joueurs autonomes en juillet prochain. Il n’a donc pas à se préoccuper de contrats avec lesquels il pourrait être difficile de jongler au cours des prochaines années.

 

De deux : Chiarot et Clutterbuck combleraient des lacunes chez l’Avalanche qui n’en a pas beaucoup c’est un fait.

 

Derrière Devon Toews, Jack Johnson et Ryan Murray – le jeune Bowen Byram est toujours blessé – complètent le flanc gauche de la brigade défensive. L’acquisition de Ben Chiarot pourrait permettre au défenseur du Canadien de se hisser au sein du deuxième duo en compagnie de Samuel Girard et de regrouper les deux Johnson (Jack et Erik) au sein du troisième duo. Ce qui donnerait une plus valu à la brigade défensive des Avs.

 

En Cal Clutterbuck, Sakic pourrait obtenir un vétéran de premier plan, physique, bon en défense, qui a l’expérience des séries pour soutenir un ou l’autre de ses troisième ou quatrième trios. Très bien nantie dans son top-6, l’Avalanche est un brin pour timide derrière.

 

Bien qu’il soit loin d’offrir la robustesse et l’expérience de Clutterbuck, un joueur comme Artturi Lehkonen pourrait lui aussi remplir un rôle important en séries. Si l’Avalanche s’intéressait à lui et réussissait à l’obtenir.

 

Comme Joe Sakic a déjà indiqué qu’il entendait être généreux pour améliorer son équipe et que le nouveau directeur général du Canadien Kent Hughes a déjà indiqué qu’il ne tournerait pas le dos à toute transaction susceptible d’améliorer son équipe à moyen ou long terme, aucune option ne peut être balayée du revers de la main.

 

Entre les lignes

 

  • Le hockey de rattrapage a fait mal au Canadien cette saison. De fait, c’était la sixième fois seulement dimanche – la première depuis l’arrivée de Martin St-Louis et la deuxième fois lors des 27 dernières parties – que le Canadien ne se retrouvait pas avec un recul à combler sur les bras...

 

  • Le Canadien affiche seulement trois victoires cette saison dans le cadre des parties qui se sont décidées par un but. Après cinq parties seulement derrière le banc, Martin St-Louis revendique deux de ces trois victoires...

 

  • Zdeno Chara a joué, dimanche, le 1650e match de sa carrière dans la LNH. Choix de troisième ronde (56e sélection) des Islanders au repêchage de 1996, le défenseur qui aura 45 ans le 18 mars prochain a besoin de deux autres parties pour devancer Chris Chelios et devenir le défenseur comptant le plus de matchs dans l’histoire de la LNH. Capitaine des Bruins lorsqu’ils ont gagné la coupe Stanley en 2011, Chara apporte toujours une contribution significative malgré son âge. Fort de ses 207 buts, ses 673 points et d’un différentiel positif de 296, Chara a une place qui l’attend au Temple de la renommée du hockey...

 

  • Le Canadien et les Islanders ont disputé un total de 46 mises en jeu dimanche. C’était la dixième fois cette année que le Canadien était impliqué dans un match de moins de 50 mises en jeu. Le plus faible total (40) a été obtenu le 18 novembre dans un revers de 60 aux mains des Penguins au Centre Bell. À l’opposé, le Canadien a disputé 69 mises en jeu à deux reprises jusqu’ici cette année : dans un gain de 6-3 contre Pittsburgh et un revers de 5-1 à Boston contre les Bruins. Après 50 parties, les centres du Canadien disputent 56,8 mises en jeu par partie...