L'ancien entraîneur de Jordan Harris commente son cheminement : « Je savais qu'il était prêt »
BURLINGTON, Vermont – Jerry Keefe nous avait prévenu : il faudrait faire ça vite. L'autobus de l'équipe partait dans quelques minutes et de toute façon, personne n'a l'habitude de parler aux médias le matin d'un match.
Il répond donc, gentiment mais un peu machinalement, à quelques questions au sujet de Jayden Struble, le mâle alpha de sa brigade défensive. D'ici quelques semaines, on devrait savoir si le jeune colosse est toujours dans les plans du Canadien et vice versa.
Après quelques minutes, le nom de Jordan Harris arrive dans la conversation. C'était inévitable. Les similitudes entre le parcours de Struble et celui de l'ancien capitaine des Huskies de Northeastern sont nombreuses. On fait remarquer à Keefe que sur la page qui lui est dédiée sur le site de l'université, on le voit justement soulever le trophée remis aux champions de la conférence Hockey East avec Harris à ses côtés.
On le sent hésiter, puis il se lance. Soudainement, les contraintes de temps disparaissent.
« Jordan et moi sommes très proches, confie-t-il. Cet été, mon fils se préparait à quitter la maison pour aller jouer au hockey junior au Michigan. La veille de son départ, je nous avais organisé une partie de golf et je lui avais dit qu'il pouvait choisir n'importe quel partenaire pour compléter notre quatuor. Il m'a demandé s'il pouvait choisir Jordan. »
« Mon fils est un défenseur et il a admiré Jordan Harris pendant ses quatre années à Northeastern. Il a étudié chacune de ses présences sur InStat. Le fait qu'il ait choisi de passer sa dernière journée à la maison avec lui, ça démontre bien ce que Jordan représente pour notre famille. »
Choix de troisième ronde du Canadien en 2018, Harris suit une trajectoire qu'on pourrait qualifier d'inespérée à ses débuts chez les pros. Sans jamais passer par la Ligue américaine, il a déjà emmagasiné 62 matchs d'expérience dans la Ligue nationale. Ses performances sont à ce point appréciées que son association avec le CH a récemment été prolongée de deux autres années.
« Je ne suis pas surpris, réagit Keefe. Il se comportait déjà comme un pro quand il était ici alors quand il est parti, je savais qu'il était prêt. Il est arrivé à Montréal au bon moment, il y avait des ouvertures pour lui. Mais encore fallait-il qu'il saisisse cette chance et c'est ce qu'il a fait. Je regarde chacun de ses matchs, on est toujours en contact. C'est formidable de le voir s'épanouir ainsi après avoir mis autant d'effort dans sa progression. Il mérite tout ce qui lui arrive présentement. »
Des fleurs pour Levi
Keefe dirige quatre Montréalais à Northeastern. Justin Hryckowian est le deuxième pointeur de l'équipe. L'attaquant Matt Choupani a été son coéquipier chez les Lions du Lac St-Louis. Le géant Jeremie Bucheler est un pilier de la défensive. Mais le plus connu de la bande est le gardien Devon Levi.
L'espoir des Sabres de Buffalo a gagné beaucoup d'admirateurs dans les deux dernières années. Il sortait d'un peu nulle part quand il s'est taillé une place au sein d'Équipe Canada junior en 2021. Il s'est ensuite démarqué de manière si exceptionnelle à sa première saison dans la NCAA qu'il a été recruté pour faire partie d'Équipe Canada aux Jeux olympiques de Pékin.
À la fin de cette mémorable campagne, qu'il avait conclue avec une moyenne de buts alloués de 1,54 et un taux d'efficacité de ,952, plusieurs s'attendaient à ce que Levi quitte les bancs d'école pour débuter sa carrière professionnelle. Il a plutôt décidé de retourner sur le campus.
Ses chiffres ne sont pas aussi flamboyants cette saison, mais ils demeurent solides. Il affiche une moyenne de buts alloués de 2,24, un pourcentage d'arrêts de ,933 et a réussi cinq jeux blancs. Lors de notre passage à l'Université du Vermont pour un match entre les Catamounts et les Huskies, samedi dernier, il a réalisé 42 arrêts dans une victoire de 3-0.
Une demande d'entrevue nous a toutefois été refusée. Une représentante de l'équipe a prétexté que le gardien était submergé par les requêtes du genre.
« Devon fait ses affaires comme lui seul l'entend, constate Keefe sur un ton admiratif. Personne ne va lui dire quoi faire. Il connaît son passé et il sait ce qui est le mieux pour lui. Autant il peut être bon devant son filet, c'est un meilleur coéquipier encore. Les gars adorent jouer devant lui. »
« Et je vois plusieurs ressemblances entre Jordan Harris et lui dans leur préparation et leur volonté de s'améliorer. Il ne s'en fait pas beaucoup comme Devon. On est bien content de l'avoir de notre côté! »