BROSSARD, Qc – Brendan Gallagher affichait son sourire habituel, paisiblement assis devant son casier à l’entrée du vestiaire du Canadien, quand les portes se sont ouvertes devant les membres des médias qui faisaient le pied de grue depuis de longues minutes de l’autre côté.

« Ben Scrivens est juste ici et il est disponible pour une entrevue, les gars », a sarcastiquement lancé Gallagher à la horde de journalistes qui faisait éruption dans la pièce.

« C'est un jeune, il va apprendre de ça »

Mais personne ne voulait parler à Ben Scrivens. Le groupe a plutôt bifurqué vers la droite où, juché sur un bloc qui l’élevait au-dessus de la masse, attendait déjà Alex Galchenyuk.

Trois jours plus tôt, selon des informations rapportées en début de semaine par le quotidien La Presse, des agents du service de police de la ville de Montréal avaient répondu à un appel d’urgence et étaient débarqués à l’appartement du jeune homme, où une fête à laquelle ce dernier participait en compagnie de son coéquipier Devante Smith-Pelly s’était prolongée jusqu’aux petites heures. La copine de Galchenyuk a été arrêtée et l’affaire serait traitée comme un dossier de violence conjugale.

Invisible depuis, le jeune attaquant devait maintenant faire face à ses responsabilités, ce qu’il a fait en attendant que chaque caméra soit prête à capter son message avant de débiter les quelques lignes que les responsables des communications de l’équipe l’avaient aidé à mémoriser.

« Hier, ma priorité était de parler avec notre directeur général et avec mon agent. Mais aujourd’hui, je suis disponible pour parler aux médias et la première chose que je vais dire est la suivante : je me sens mal parce que l’incident a été rendu public. Je me sens mal pour mes coéquipiers, pour l’organisation et pour nos partisans. »

« Je suis un jeune joueur et c’est une leçon de vie, a ajouté Galchenyuk. Mais en même temps, c’est un incident qui fait partie de ma vie privée et je ne donnerai aucun détail sur ce qui s’est passé. Toute ma concentration est sur notre prochain match. »

L'affaire Galchenyuk au coeur des discussions

Galchenyuk n’en a pas dit beaucoup plus, esquivant la plupart des questions en répétant à qu’il préférait passer à autre chose et penser au hockey. Affirmant qu’il n’avait rien fait de mal, son seul regret semblait de constater l’ampleur qu’avait pris l’incident.

« Les choses peuvent prendre des proportions exagérées, surtout dans un marché comme celui-ci à l’ère des médias sociaux, a déploré celui qui compte 180 000 abonnés à son compte Twitter et qui est suivi par 171 000 curieux sur Instagram. Les gens aiment parler et vont toujours essayer d’inventer des histoires, de dire ceci ou de dire cela. »

Le quatrième meilleur marqueur du Canadien a aussi dit avoir appris une leçon qui sera non seulement bénéfique pour sa carrière, mais aussi pour sa vie de jeune adulte.

« Je crois que le plus important, c’est d’éviter de devenir une distraction pour l’équipe. Dans une ville comme Montréal, ça peut être difficile. »La veille, Galchenyuk avait été protégé des projecteurs par une rencontre à laquelle l’avait convoqué Marc Bergevin après l’entraînement. Smith-Pelly a lui aussi été rencontré par le grand patron.

Mercredi matin, en l’absence de Max Pacioretty qui bénéficiait d’une journée de congé, les deux compagnons ont pratiqué sur un même trio en compagnie de Lars Eller.

L’entraîneur Michel Therrien a confirmé que Galchenyuk ne serait pas laissé de côté pour le match de jeudi contre les Blackhawks de Chicago. Il n’a toutefois fait aucune garantie similaire dans le cas de Smith-Pelly, qui campait le rôle de 13e attaquant à l’entraînement de mardi.

« Je n’ai pas encore pris ma décision au sujet de Devo, c’est un gars de quatrième trio. Mais ça n’aura rien à voir avec ce qui s’est passé samedi soir », a affirmé Therrien.

Les choix de DSP

Smith-Pelly n’a pas été beaucoup plus bavard que son coéquipier. Reconnaissant que l’histoire dans laquelle il était impliqué devait être prise au sérieux, il a refusé d’en divulguer les détails, conscient que son mutisme ne pouvait qu’alimenter les spéculations.

« Je sais ce qui s’est passé et Chucky sait ce qui s’est passé. Les gens importants savent ce qui s’est passé. Je ne m’en fais pas avec ce que le reste du monde pense », a répondu DSP.

L’attaquant de 23 ans a lui aussi promis de sortir grandi de cette tempête dans un verre d’eau.

« Je peux apprendre beaucoup de cette histoire. Que j’aie fait quelque chose de mal ou non, le simple fait de me mettre dans cette position pose matière à réflexion. Les choses auraient pu être complètement différentes si j’avais fait un autre choix. J’en prends le blâme, mais je veux passer à autre chose. »

Markov impatient

Doyen du club, Andrei Markov n’en est pas à sa première controverse impliquant un coéquipier. Mais le vétéran défenseur n’est pas d’humeur à partager ses états d’âme sur le plus récent roman-savon à s’écrire autour du Canadien.

« Bonne question... Parlons de hockey maintenant »

« C’est une bonne question, a-t-il laconiquement répondu lorsque le sujet lui a été présenté mercredi. Mais parlons plutôt de hockey. »

« Pour être honnête avec vous, je ne suis pas au courant de toute la situation. Je ne sais pas ce qui s’est passé là-bas, alors je ne veux pas en parler. Voilà. C’est ma réponse », a ajouté l’assistant-capitaine.

Selon Markov, le Canadien est présentement la victime de l’appétit des médias pour les gros titres sensationnalistes.

« Tout le monde comprend la réalité du monde dans lequel on vit. À Montréal plus que partout ailleurs, il faut être prudent. Ce n’est pas facile, parce qu’il y a des gens qui vous pourchassent, qui veulent créer des histoires. C’est la réalité, c’est pratiquement ce qui se passe en ce moment. Vous essayez de créer une histoire. Pour moi, il ne s’est rien passé de mal et il n’y a rien à dire. Nous avons d’autres soucis bien plus importants. » 

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