MONTRÉAL - Les statistiques officielles du match que le Canadien a lamentablement perdu 6-3 à Washington, mercredi soir, indiquent que Jeff Petry a disputé une solide rencontre.

 

En 22 présences totalisant 20 min 59 s de temps d’utilisation, le vétéran défenseur a décoché trois tirs en direction de la cage des Capitals, dont un a été stoppé par le gardien Ilya Samsonov. Il a distribué quatre des 22 mises en échec créditées au Canadien. Il a bloqué un tir pour aider la cause de son gardien. Pour auréoler le tout, il a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de plus-1.

 

La réalité est tout autre.

 

De fait, ceux et celles qui ont regardé le match peuvent répliquer que ces statistiques sont grossièrement mensongères.

 

Car non seulement Jeff Petry a connu un match difficile, oui un autre, mais il est le grand responsable de la défaite.

ContentId(3.1397999):Canadiens : Jeff, est-ce que tout va bien?
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Lent, erratique, trop souvent dépassé par les événements, Jeff Petry est directement responsable du premier but des Caps. Un but que Nic Dowd a marqué après qu’il eut filé entre la bande et le vétéran défenseur pour ensuite se rendre derrière le but, d’où il a pu surprendre Jake Allen pendant que Petry se contentait de regarder le jeu se dérouler sous ses yeux.

 

Enfilé 3 min 34 s après la mise en jeu initiale, ce but a donné le ton : il a relégué au rang de paroles en l’air les commentaires des joueurs du Tricolore qui assuraient vouloir entreprendre le match en force afin de se donner une chance de coller deux victoires pour la toute première fois de la saison.

 

Pénalité coûteuse

 

Petry n’est pas directement responsable du deuxième but des Caps. Mais il y a grandement contribué en écopant une pénalité d’accrochage écopée après qu’il eut perdu une bataille derrière le filet défendu par son gardien.

 

ContentId(3.1398000):Canadiens : Jeff Petry au cachot, John Carlson en profite
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Du cachot, Petry a pu regarder les Caps prendre bien leur temps, étourdir ses coéquipiers qui tentaient d’écouler sa pénalité en s’échangeant la rondelle avec rapidité et précision avant de finalement offrir à John Carlson la possibilité de décocher un puissant tir frappé du haut de l’enclave où il avait été complètement oublié tant les joueurs du Canadien couraient après leur souffle et la rondelle.

 

Les Caps ont ainsi marqué sur le seul tir de leur seule attaque massive.

 

Parce que le Canadien n’a pas encore gagné cette année lorsqu’il accuse un recul de deux buts dans un match (0-13-0), son sort était réglé avant même qu’on ait atteint la 10e minute de jeu… du premier tiers.

 

Pour s’assurer de mettre toutes les chances de leur côté, les Caps ont gonflé leur avance à 3-0.

 

C’était fini.

 

Je veux bien que le Canadien ait finalement réussi à marquer trois buts. Mais de grâce : ne vous laissez pas berner par ces trois filets. Des buts qui ont tous été marqués à la fin des première, deuxième et troisième périodes alors que les Caps profitaient d’avances de trois buts sur les filets de Jake Evans et Cole Caufield – il a marqué un premier but cette saison – et d’une avance de quatre buts lorsqu’Artturi Lehkonen a resserré un tout petit brin le score final en fin de rencontre.

 

Mais dans les faits, le Canadien n’a jamais été dans le coup mercredi. Une fois encore. Et il serait important de souligner que les Caps étaient eux-aussi minés par les blessures mercredi soir, privés qu’ils étaient des Niklas Backstrom, T.J. Oshie, Anthony Mantha et Lars Eller. Rien pour rendre plus facile à accepter cette autre défaite.

 

Parlant de défaites, non seulement le Canadien a-t-il perdu les cinq matchs qu’il a disputés après ses cinq victoires, mais il s’est contenté de marquer dix buts lors de ces rencontres et il s’en est fait poivrer 25.

 

De ses cinq gains, le Canadien en a signé un seul sur la route, ce qui lui confère la pire fiche de toute la LNH sur les patinoires ennemies avec une récolte de trois points sur les 20 qui étaient disponibles (1-8-1).

 

Aucune blessure… physique

 

Pourquoi imputer en grande partie cette autre défaite, la 14e en temps réglementaire et la 16e tout court après seulement 21 matchs cette saison, à Jeff Petry et aux

« J'aime jouer avec Edmundson »

quatre premières présences des 22 qu’il a effectuées mercredi?

 

Parce qu’il est insensé qu’un vétéran qui devrait calmer le jeu, contrôler le jeu, éviter les catastrophes et mousser les chances de victoires fasse tout le contraire.

 

Je veux bien croire que Petry occupe un siège inconfortable alors qu’on lui demande d’occuper le trône de Shea Weber. Je veux bien croire que Petry soit désemparé en l’absence de Joel Edmundson qui lui servait de filet de sécurité la saison dernière. Je veux bien croire qu’il ait sans doute été secoué par les ennuis personnels de Carey Price, qui est un proche ami.

 

Mais il y a toujours bien des limites à sous-performer.

 

Et ces limites, Petry les dépasse dangereusement en ce moment. D’autant plus que l’entraîneur-chef Dominique Ducharme a candidement reconnu que son vétéran défenseur n’était pas ralenti par une ou des blessures.

 

Ce qui est fort inquiétant. Car s’il n’est pas blessé, comment diable expliquer autant de mauvaises présences en cascade du meilleur défenseur du Canadien? Ou de celui qui devrait l’être?

 

Le temps serait-il venu que Ducharme, où l’état-major du club si cette décision dépasse les cadres du travail de l’entraîneur-chef, offre à Jeff Petry de profiter d’un congé de quelques matchs?

 

Je sais : le Canadien est déjà miné à la ligne bleue. Miné par les blessures. Miné par le manque de talent et d’expérience d’une brigade défensive qui défend bien mal son territoire. Il serait donc périlleux de se priver en plus d’un Jeff Petry.

 

Je n’ai pas plus confiance que vous en Chris Wideman et Sami Niku. Après quelques parties qui laissaient poindre un peu d’amélioration, Alexander Romanov est replongé dans ses vilaines habitudes de vouloir être à dix places en même temps sur la patinoire et à vouloir asséner des mises en échec et orchestrer des sorties de zone en même temps. Ce qui est loin d’être un gage de réussite.

 

Et voilà qu’en attente du retour d’Edmundson, c’est Brett Kulak qui tombe au combat.

 

Mais quand même : un congé salutaire semble s’imposer tellement Petry est perdu sur la glace. Pire, tellement il donne l’impression d’être résigné au fait qu’il joue mal, que son équipe joue mal et qu’elle continuera d’enfiler les défaites.

 

Plusieurs autres coupables

 

Aussi responsable soit-il du revers encaissé à Washington, Jeff Petry n’est pas le seul coupable.

 

Loin de là.

 

À l’attaque, les deux premiers trios ont une fois encore mercredi été complètement muselés par leurs adversaires.

 

Dvorak, Drouin et Anderson n’ont rien fait. Ou si peu.

 

Caufield a marqué : grand bien lui fasse. Mais dans l’ensemble, il n’a pas démontré avoir les capacités pour évoluer dans la LNH dès cette année.

 

Nick Suzuki – comme Jonathan Drouin – a récolté une passe sur le but de Caufield. Cette passe ne fait d’aucune façon contrepoids au manque à gagner encore remarqué mercredi alors que le Canadien évoluait sur la route.

 

Les jours se suivent et se ressemblent pour le CH

Des quatre buts et 15 points qu’il revendique, Nick Suzuki en a marqué trois et récolté 11 lors des 11 rencontres disputées à Montréal. Ça lui laisse un petit but et quatre petits points en 10 rencontres disputées sur la route.

 

En plus, Suzuki n’a gagné que cinq des 17 mises en jeu qu’il a disputées contre les Caps mercredi.

 

Je suis prêt à être patient avec Suzuki. Plus encore qu’avec Caufield, dont le développement devrait se poursuivre à Laval et nulle part ailleurs.

 

Surtout que Suzuki est bien mal appuyé par Tyler Toffoli, qui ne casse rien de rien à sa gauche. Que Suzuki est livré, patins et gants liés, aux meilleurs « défenseurs » adverses tant le deuxième trio ne représente aucune menace.

 

Mais Suzuki, comme les autres joueurs évoluant au sein du top-6, doit travailler davantage.

 

Ces six joueurs devraient commencer par afficher l’énergie et l’efficacité affichées par Jake Evans, Artturi Lehkonen et Brendan Gallagher.

 

Vrai que ces trois joueurs étaient sur la patinoire pour des buts des Caps, mais ce sont eux, et eux seulement, qui ont mis de la pression sur les joueurs des Capitals. Ce sont eux qui ont poussé les défenseurs à la faute. Qui ont su créer des revirements et des relances rapides avec comme résultats que Lehkonen et Evans ont été récompensés en marquant chacun un but. En récoltant chacun deux points.

 

Ce n’est pas normal que ce trio soit le meilleur et le plus efficaces du Canadien depuis quelques semaines. Le fait qu’il le soit met en évidence à quel point les autres se contentent de trop peu. Et du même coup explique les résultats, ou le manque de résultats, du Canadien depuis le début de la saison.

 

Tant que les deux premiers trios n’offriront pas plus de conviction dans leur jeu, le Canadien prolongera son affreux début de saison. Le pire de son histoire.

 

Il gagnera peut-être un match ici, et un autre là.

 

Mais il n’arrivera pas à coller deux victoires de suite, ce qui l’éloignera davantage des séries et prolongera la valse-hésitation du propriétaire Geoff Molson qui semble, tout comme Jake Allen le semblait devant son filet mercredi soir à Washington, dépassé par les événements.

 

Au fait, quelqu’un a vu le proprio quelque part au cours des derniers jours? Au cours des dernières semaines?

 

Entre les lignes

 

  • Artturi Lehkonen revendique deux buts et six passes à ses huit derniers matchs…
     
  • Malgré un talent offensif limité et une guigne qui l’a privé de plusieurs buts cette saison, Lehkonen est deuxième chez le Canadien avec trois matchs de deux points depuis le début de la saison. C’est plus que Josh Anderson, Tyler Toffoli, Jonathan Drouin. En fait, c’est plus que tous ses autres coéquipiers à l’exception de Nick Suzuki qui en revendique cinq…
     
  • Le but de Jake Evans en fin de première période a mis un terme à la séquence de 170 min 13 s au cours de laquelle le gardien Ilya Samsonov et les Capitals avaient blanchi leurs adversaires…
     
  • De retour au jeu après une absence de quatre rencontres, Jake Allen a été victime de six buts sur les 34 tirs des Capitals. Il a été généreux sur le sixième but, mais ne pouvait pas grand-chose sur les cinq premiers…
     
  • Fort d’une 684e victoire en carrière, Peter Laviolette a rejoint Pat Quinn au 11e rang des entraîneurs-chefs les plus victorieux de l’histoire de la LNH. Il est cinquième chez les entraîneurs actifs derrière Alain Vigneault qui en revendique 722…
     
  • Le Canadien croisera vendredi les Sabres à Buffalo. Après un début de saison surprenant au cours duquel ils ont gagné cinq de leurs sept premiers matchs (5-1-1) dont une victoire de 5-1, aux dépens du Canadien le 14 octobre, les Sabres ont perdu leurs quatre derniers matchs. Des revers de 5-0 (Calgary), 5-4 (Rangers), 7-4 (Columbus) en plus d’un revers de 5-1 mercredi soir contre les Bruins qui faisaient escale à Buffalo…