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MONTRÉAL - Quand Marc Bergevin a congédié Claude Julien pour aussitôt donner le mandat à Dominique Ducharme de relancer une équipe qui piquait du nez, le directeur général du Canadien a plusieurs fois insisté sur le fait qu’il souhaitait que de petits changements au chapitre de l’approche, des méthodes et du message aient un gros impact sur la relance du Tricolore.

 

Dix-huit matchs plus tard, l’impact est, disons, plus feutré qu’espéré.

 

Car 18 matchs après son arrivée derrière le banc, Dominique Ducharme (8-5-4-1) a récolté 21 points sur les 36 disponibles. C’est une victoire de moins et un point de moins que la récolte qu’affichait le Canadien (9-5-2-2) après les 18 premiers matchs de la saison.

 

Réglons une chose tout de suite : cette comparaison n’a rien d’une critique à l’endroit de Dominique Ducharme.

 

Pas plus qu’à l’endroit de Marc Bergevin.

 

Car au moment de congédier Claude Julien, le Canadien avait vivement besoin d’être secoué : il venait de perdre trois matchs de suite (0-1-1-1), il n’avait que deux gains à ses huit dernières parties (2-4-1-1) et Carey Price semblait perdu devant son filet. En fait, il semblait perdu tout court.
 

Mais quand on compare les 18 premiers matchs de Dominique Ducharme derrière le banc du Canadien aux 18 derniers de Claude Julien à la barre du Tricolore, les mêmes lacunes et les mêmes mauvaises habitudes qui trop souvent mènent tout droit vers des défaites sautent aux yeux.

 

Elles mènent à des revers comme celui encaissé à Toronto mercredi soir.

 

Qu’il s’appelle Ducharme, Julien, Quenneville ou Trotz, un coach peut établir des stratégies offensives susceptibles de profiter au maximum des lacunes de ses adversaires, mais il ne peut aller marquer à leur place.

 

Un coach peut passer des heures à enseigner à ses joueurs comment s’y prendre pour être étanches en défense, comment être devant les coups pour bien les parer au lieu de rester derrière et de voir ses coéquipiers les encaisser, si ces joueurs se transforment en spectateurs sur la patinoire, il ne peut aller se replier à leur place.

 

Et c’est exactement ce que Dominique Ducharme a vécu mercredi soir en regardant son équipe se faire battre par les Leafs.

 

Après avoir survécu à une première période au cours de laquelle il a été dominé, le Canadien a inversé les rôles avec les Leafs en deuxième. De fait, il a bien plus dominé ses rivaux que ses rivaux ne l’avaient dominé au premier tiers. Mais malgré ses 17 tirs contre quatre seulement, malgré les 40 tirs décochés au cours de la période médiane – oui, oui, deux tirs décochés par minute – le Canadien n’a pas été fichu marquer une seule fois.

 

Avec les résultats qu’on connaît maintenant.

 

En troisième, les Leafs ont recommencé à jouer au hockey et ils ont su faire ce que le Canadien n’a pas fait. Ou n’a pas assez fait : ils ont marqué des buts.

 

Je sais! Auston Matthews est un marqueur exceptionnel. Son partenaire Mitch Marner est un passeur plus exceptionnel encore. John Tavares est le plus riche plombier de la LNH au grand complet.

 

Mais si le Canadien a été capable de museler Connor McDavid (deux passes en cinq matchs) et Leon Draisaitl (une passe en cinq matchs) comme il l’a fait depuis le début de la saison, il devrait bien être capable d’au moins compliquer la tâche à Matthews et marner, il me semble. Car McDavid et Draisaitl sont certainement aussi bons que Matthews et Marner.

 

Sauf que pour contrer d’aussi bons joueurs, peu importe leurs noms, ça prend un minimum de combativité. Ça prend un minimum d’implication. Une combativité et une implication qui ont fait défaut sur les trois buts marqués par les Leafs mercredi soir.

 

Comme des putois en santé

 

En début de rencontre, le Canadien était tellement étourdi par le tourbillon des Leafs que les seules questions qui tenaient alors étaient : qui des cinq Leafs sur la glace marquera et quand marquera-t-il?

 

On a eu la réponse en moins d’une minute quand Auston Matthews a enfilé son 28e de la saison. Grâce à Corey Perry, le Canadien a vite nivelé les chances. Du moins au pointage. Car après ce but, c’est Jake Allen qui a assuré à son club d’avoir l’impression que le match était égal.

 

En début de troisième, on a cru un moment revivre le début du match tant les Leafs tourbillonnaient en zone du Canadien. Il a fallu attendre un peu plus longtemps qu’en première, mais le deuxième but des Leafs on l’a senti venir de loin. D’aussi loin qu’on sente les putois en santé reprendre vie au printemps.

 

Vrai que Victor Mete a été malchanceux sur le jeu alors que la rondelle a ricoché sur son patin pour offrir à T.J. Brodie de marquer son premier but dans l’uniforme des Leafs cette saison.

 

Mais cette malchance qui s’est abattue sur Mete était plutôt une récompense offerte aux Leafs pour la qualité de leur travail. Pour le fait qu’ils ne se fient pas seulement à leur talent et qu’ils foncent au filet pour maximiser leurs chances de marquer.

 

Sur le but gagnant, Drouin et Staal perdent des batailles un contre un derrière le filet des Leafs. Auston Matthews en profite pour amorcer une relance. Une relance un brin dangereuse alors qu’il manie la rondelle à un coup de patin du filet de son gardien Jack Campbell.

 

Croyant – peut-être – pouvoir profiter de l’audace de Matthews, Tyler Toffoli fonce vers le centre des Leafs. Une bien vilaine idée. Car une fois battu, Toffoli rejoint Drouin et Staal derrière le jeu. Loin derrière le jeu, offrant à Matthew, Marner et Zach Hyman le champ libre pour bulldozer la zone du Canadien.

 

Pendant que Drouin et Staal ont retraité lentement au banc pour y effectuer un changement, Toffoli a tenté de se racheter. Il est revenu en zone défensive, mais n’a jamais eu le temps de nuire Matthews et Marner qui se sont échangé la rondelle avec brio pour permettre à Hyman de marquer sur un retour.

 

C’était fini... ou presque.

 

Car bien que Corey Perry ait profité d’une séquence à six attaquants – Jake Allen a été rappelé au banc avec un peu plus de 3 minutes à faire – pour resserrer le pointage, on n’a jamais vraiment senti que le but égalisateur suivrait.

 

Deux jours après sa première remontée victorieuse de deux buts de la saison – dans le cadre de son 34e match – il ne fallait quand même pas s’attendre à ce que le Canadien récidive dès la rencontre suivante…

 

Sans Gallagher et Price

 

Est-ce qu’on peut attribuer le poids de la défaite aux absences de Brendan Gallagher et Carey Price?

 

Ma réponse est non.

 

Jake Allen a été très solide devant la cage du Canadien. Sans lui, les Leafs auraient confirmé leur domination au niveau de la patinoire avec quelques buts de plus inscrits au cadran géant surplombant la glace.

 

Quant à Jesperi Kotkaniemi qui a été inséré à la droite de Tomas Tatar et Phillip Danault, il s’est bien défendu. Il a patiné. Il a été actif. Il a été impliqué.

 

Peut-il remplacer Gallagher?

 

Bien sûr que non! Ce sont deux joueurs différents qui jouent de façons bien différentes. Mais KK n’a pas été vraiment pris en défaut. Oui il était sur la patinoire en début de match sur le but de Matthews. Mais KK n’était pas plus obnubilé par les Leafs à ce moment que ses compagnons de trio et les défenseurs Weber et Edmundson qui les accompagnaient.

 

Là où l’absence de Gallagher s’est le plus fait sentir mercredi, c’est devant le but de Leafs. Corey Perry a marqué deux fois en bataillant ferme autour de la cage défendue par Jack Campbell. Si ce n’était pas du fait que Perry joue de cette façon depuis qu’il a donné ses premiers coups de patin dans la LNH, et qu’il le fait depuis bien plus longtemps que la petite peste du Canadien, j’écrirais que Perry a marqué à la manière de Gallagher.

 

Mais en l’absence du numéro 11 qui ne sera pas de retour avant les séries, Perry ne peut être le seul à se rendre là où il est périlleux, mais nécessaire, d’aller quand on veut mousser ses chances de marquer.

 

Sinon, le Canadien se retrouvera encore trop souvent à un but d’une victoire potentielle ou d’au moins un point récolté dans le cadre d’une décision rendue au-delà les 60 minutes réglementaires.

 

Ma suggestion au Canadien pour ainsi pallier l’absence de Gallagher : remplacer KK à la droite de Danault et Tatar par Byron : plus rapide et plus fougueux que Kotkaniemi, je crois que Byron pourrait mieux compléter ce trio.

 

Quoi faire avec KK? Le remettre avec Lehkonen et Frolik en attente du retour d’Armia et suivre de près les performances de Suzuki et Staal pour les remplacer par Kotkaniemi en cas de baisse de régime.

 

Un autre qui devra écoper bientôt s’il continue à stagner est Jonathan Drouin. En plus de très mal paraître sur le but gagnant des Leafs, Drouin a raté une belle occasion en échappée. Il a disputé un mauvais match de hockey mercredi. Je ne sais pas si Dominique Ducharme ira jusqu’à le placer au sein d’un trio de soutien un moment donné, mais il me semble évident que Drouin mériterait de perdre les minutes qu’il obtient en attaque massive. Ces minutes doivent être offertes aux joueurs les plus susceptibles d’aider le club à gagner et Drouin ne fait pas partie de ce groupe en ce moment. Il n’en fait plus partie depuis quelques semaines déjà…

 

Unités spéciales : avant et après

 

Le Canadien n’a pas aidé sa cause mercredi soir en bousillant les deux attaques massives qu’il a obtenues. Le mot bousillé est un brin poli. Même deux! Car pour être bien honnête, le Tricolore a été carrément mauvais lors de ses quatre minutes en supériorité numérique. Il n’a d’ailleurs pas obtenu le moindre tir.

 

Malgré cette disette dans un deuxième match de suite et pour la quatrième fois lors de ses cinq parties, l’attaque massive est plus efficace depuis que Dominique Ducharme et Alex Burrows ont pris la relève à Claude Julien et Kirk Muller.

 

Le Canadien n’a marqué qu’un but de plus dans les 18 matchs dirigés par les nouveaux coachs, mais il a été pas mal plus efficace en marquant 11 fois en 45 occasions (24,4 %) alors qu’il avait enfilé 10 buts en 55 occasions après les 18 premières parties de la saison. Il est important ici de rappeler que le Canadien avait déjà enfilé huit buts en supériorité numérique après sept rencontres.

 

En désavantage numérique, le Canadien présente des efficacités pratiquement identiques que ce soit avant ou après la nomination de Ducharme le 24 février dernier.

 

La grosse différence : le Tricolore est plus discipliné sous les ordres de son nouveau coach (11 buts accordés en 47 désavantages : efficacité de 76,6 %) qu’il ne l’était sous la gouverne de Claude Julien (17 buts accordés en 72 occasions : efficacité de 76,4 %).

 

Histoire de compléter le jeu des comparaisons après les 18 premières rencontres de Ducharme derrière le banc, ce dernier a su redresser la fiche du Canadien au Centre Bell (fiche de 5-1-2-0 alors qu’elle était de 3-5-0-0 sous Julien), mais le nouveau coach a plus de difficulté sur la route (3-4-2-1) que l’ancien (6-0-2-2).

 

Entre les lignes

 

  • En signant une dixième victoire de suite depuis le début de la saison, Jack Campbell a égalé le record que Carey Price détient depuis le début de la saison 2016-2017.
     
  • Campbell est aussi devenu le premier gardien de la longue Histoire des Maple Leafs à connaître une séquence de 10 gains consécutifs. Au fil de ses 10 victoires, Jack Campbell a maintenu une moyenne de 1,47 but alloué par match et une efficacité de 94,7 %...
     
  • Profitant pleinement de la blessure qui a chassé Frederik Andersen de son rôle de numéro un, Campbell est le deuxième gardien à connaître une telle séquence cette saison dans la LNH, derrière Andreï Vasilevskiy qui a collé 12 victoires avec le Lightning entre le 22 février et le 23 mars...
     
  • Avec un but et une passe, Auston Matthews a gonflé à trois buts et huit points sa récolte en cinq matchs contre le Canadien cette saison et à 15 buts et 25 points sa récolte après 19 parties en carrière face au Tricolore...
     
  • Après sept matchs contre son ancienne équipe – ou l’une de ses anciennes équipes – Alex Galchenyuk est toujours en quête d’un premier point contre le Canadien. Il a toutefois disputé une excellente rencontre mercredi. Audelà ses quatre tirs – Jake Allen, assis sur la patinoire après avoir perdu l’équilibre devant son but, l’a volé avec un bel arrêt de la mitaine – au but, Galchenyuk a servi deux très belles passes dans l’enclave qui ont mené à deux très bonnes occasions de marquer. Acquis des Hurricanes de la Caroline, l’ancien premier choix du Canadien – troisième sélection de la cuvée 2012 – affiche un but et trois points en 10 matchs avec les Leafs...
     
  • On reprend ça dès ce soir, au Centre Bell, où les Jets débarqueront pour le premier de deux matchs en trois soirs face au Canadien...