Obtenir « le beurre et l’argent du beurre » est une expression qu’on entend souvent dans le monde du sport, mais le fait d’atteindre et de réaliser cet « objectif » est une tout autre histoire, surtout dans un marché carburant sur l’émotion du moment, comme Montréal.

 

D’un point de vue extérieur, je suis d’avis que la Ligue nationale de hockey ne peut servir de laboratoire lorsqu’il est question du développement des vertes recrues.  

 

Peu importe leur niveau d’habiletés, qui en passant n’a jamais été aussi élevé qu’à l’heure actuelle, les jeunes ont encore beaucoup à apprendre. La gestion du match, le souci du détail, la fraction de seconde dans la prise décisionnelle, voilà tous des aspects du jeu qui ne s’acquièrent pas seulement dans l’essai-erreur, à l’exception des surdoués.

 

Chez le CH, Claude Julien a été assez humble pour reconnaître que certains de ses propos de la semaine dernière envers l’un des joyaux de la formation montréalaise, Nick Suzuki, n’auraient pas dû être étalés de cette façon sur la place publique, question d’éviter la trop grande présence de réflecteurs sur ce jeune joueur en phase d’apprentissage.

 

Pour cette raison, la situation de Suzuki est délicate, puisque chez le Tricolore, une non-participation à la danse du printemps ne passerait tout simplement pas dans le marché montréalais, en raison de cette frustration accumulée au cours des dernières années.

 

Un contexte qui force Julien à se concentrer uniquement sur l’obligation de résultat et sur l’enjeu que cela représente. Ainsi, la gestion des vertes recrues au sein de l’alignement demeure un dossier fort pointilleux pour cet entraineur de carrière transportant l’ADN d’un « coach » qui fait davantage confiance à l’expérience des vétérans et à la présence de structure.

 

« Nous sommes restés patients, et nous voulions jouer de façon un peu plus serrée tout en faisant preuve de constance durant 60 minutes. J’espère que les gars ont pris confiance et qu’ils feront la même chose au prochain match », a déclaré Julien après la victoire de 6-3 aux dépens des Blues de Saint-Louis samedi soir dernier.

 

Penser au « jeu » et non à l’ « enjeu » ne peut malheureusement pas faire partie de son vocabulaire et de celui de son personnel. Les entraineurs ont le mandat de redonner les lettres de noblesse à cette franchise non seulement à moyen et à long terme, mais aussi à court terme.

 

Un « en » entre le mot « jeu » et « enjeu » qui fait toute la différence dans  l’importance du moment. Il est primordial de connaitre un bon départ en raison de cette parité des plus omniprésentes au sein du circuit Bettman, là où la marge de manœuvre ne tient tout simplement qu’à un fil.

 

Le fait d’accuser un moindre retard sur ses principaux rivaux dans les premières semaines d’activité pourrait ajouter de la chaleur sur les épaules de Julien et de ses joueurs. Ultimement, une chaleur qui pourrait exercer une pression très paralysante sur la formation montréalaise.

 

Il ne faut toutefois pas s’y méprendre, et j’en suis convaincu, pour Claude Julien l’entrée de vertes recrues au sein de sa formation ne représente pas nécessairement une problématique, mais le « comment » et à « quel prix » va toujours demeurer le centre de ses priorités comme entraineur.

 

Un entraineur qui aime jouer les pourcentages au moment de faire ses choix. Disons que le « plaire pour ne pas déplaire » n’est pas nécessairement sa tasse de thé, et avec raison dans ce métier des plus exigeants où la présence de résultat a préséance sur tout le reste.

 

Claude Julien et Jonathan Drouin ont mis chacun de l’eau dans leur vin !Jonathan Drouin

 

« Au moment où l’on se parle, Jonathan Drouin joue probablement son meilleur hockey depuis qu’il est avec nous. Il a du crédit pour ça. Il n’a pas connu un camp facile, mais il s’est bien ajusté depuis le début de la saison », a soutenu Claude Julien dans l’après-match de samedi soir dernier.

 

Pour Drouin, il s’agit d’un virage à 180 degrés qui découle fort possiblement d’une relation de donnant-donnant à la suite de la sortie et du message véhiculé dans les derniers jours par le directeur général Marc Bergevin et l’entraineur-chef Claude Julien.

 

Il était surtout question de calmer le jeu et de redonner de la confiance et de l’oxygène dans l’espace de 25 centimètres du Québécois de 24 ans, lui qui dernièrement rend les autres joueurs autour de lui bien meilleurs.

 

Malgré ce court échantillon des derniers jours, le principal concerné évolue avec énormément de confiance et carbure à celle-ci et semble de plus en plus avoir retrouvé le plaisir perdu sur la carte du mental.

 

Il évite de trop penser et de forcer son talent inutilement, ce qui l’a souvent mené dans le passé à jouer au-dessus de son talent par manque de confiance en ses qualités. Il pratiquait alors l’art de travailler fort, mais de travailler mal.

 

L’effort plus que soutenu de celui-ci, son engagement et son implication dans les deux sens de la patinoire, et la menace qu’il représente sur l’aspect offensif du jeu deviennent des éléments plus en plus contagieux pour ceux qui entourent Drouin.

 

L’ancien troisième choix au total du repêchage de 2013 a tout simplement besoin de ressentir la confiance de ceux qui le dirigent pour bien performer et compétitionner.

 

Voilà la preuve que le Canadien forme une bien meilleure formation lorsque son joueur de premier niveau est à son meilleur. Comme quoi tout se joue dans la tête ! On a  l’impression que tout le monde impliqué dans la situation a mis un peu d’eau dans son vin afin de s’assurer d’une meilleure cohabitation pour le bien commun, soit celui de gagner des matchs.

 

Une prise de conscience et une démonstration d’un certain signe de maturité qui méritent d’être reconnues.

 

Sénateurs d’Ottawa : Une nouvelle emprunte!

 

Non, personne ne partira en peur, mais objectivement parlant, j’aime bien ce que je vois des Sénateurs d’Ottawa jusqu’ici par rapport à cette identité nouvelle que l’on semble vouloir donner à cette équipe.Vladislav Namestnikov

 

D.J. Smith fait du bon boulot; un entraineur qui carbure sur l’émotion et qui est davantage axé sur l’approche intangible de la « game », en misant plutôt sur l’effort, l’engagement, et la résilience que sur les schémas et les « X « et « O ».

 

Le nouvel instructeur des Sens mise définitivement sur un effectif où l’élément vitesse est de plus en plus au rendez-vous avec les acquisitions des derniers mois/semaines, contrairement à son prédécesseur et aux précédentes saisons.

 

Cet élément vitesse, combiné à un style de jeu beaucoup plus agressif au niveau de l’échec-avant sur le porteur du disque et au niveau de réduire le temps et l’espace à l’adversaire, semble porter ses fruits.

 

Lentement, mais surement, l’ADN que semble vouloir instaurer le nouvel entraineur de la formation ottavienne semble prendre place. Il reste maintenant à savoir quelles sont les intentions de celui-ci quant à l’identité que l’on voudra développer avec le temps.

 

Malgré de faibles assistances à leurs dernières sorties à domicile, ce style de jeu pratiqué, dans ce que l’on peut considérer comme sport-spectacle, ne peut qu’avoir un impact positif sur l’intérêt porté à la formation de la capitale nationale.