Juraj Slafkovsky : du bon et du mauvais
COLLABORATION SPÉCIALE
En raison d'une blessure, Juraj Slafkovsky devra être à l'écart du jeu pour les trois prochains mois, mettant possiblement fin à sa saison recrue de façon prématurée. Avec 10 points en 39 rencontres et un peu plus de 12 minutes de temps de jeu par match, ce fut des débuts modestes pour l'attaquant slovaque. Je crois que personne ne s'attendait à ce qu'il domine la LNH dès sa première saison. Après tout, Slafkovsky est un jeune de 18 ans qui vient de déménager sur un autre continent, dans une ville où il ne parle pas la langue officielle, pour jouer dans la ligue la plus rapide et compétitive au monde. Il est plus que normal qu'il ait besoin de temps d'adaptation.
Malgré tout, plusieurs auraient aimé en voir un peu plus, que ce soit de meilleures opportunités dans la formation, ou un séjour à Laval où il pourrait dominer de la compétition moindre sur le premier trio pour bâtir en confiance. Quoi qu'il en soit, ce qui est fait est fait, alors penchons-nous sur sa performance cette saison.
Commençons par le positif. Un aspect du jeu de Slafkovsky qui m'a particulièrement impressionné et surpris est la qualité de certaines de ses passes. Bien sûr, il a fait sa part de mauvaises passes et doit continuer d'apprendre à lire les défenses adverses, mais il a aussi fait quelques jeux qui ont capté mon attention. Quelques fois par match, Slafkovsky décoche des passes transversales puissantes et précises, souvent très rapidement après avoir reçu la rondelle, qui percent la défense et se rendent directement sur la palette du joueur visé.
Possiblement son meilleur jeu de l'année est venu sur une passe. Contre les Flames, Slafkovsky a absorbé une mise en échec de Michael Stone, qui a un gabarit imposant de 6 pi 3 po et 210 livres, pour conserver la rondelle. Il a ensuite repéré Josh Anderson devant le filet avec une passe sur ce qui s'est avéré le seul but en temps réglementaire pour Montréal.
Slafkovsky a également montré que, malgré les difficultés qu'il a connues, il a toujours continué de tirer lorsque l'opportunité se présente. Lors du peu de temps que Slafkovsky a évolué en avantage numérique, il n'a jamais eu peur de demander la rondelle. Dès qu'il voyait un peu d'espace autour de lui, il n'hésitait pas à frapper son bâton sur la glace pour demander une passe.
Même s'il n'est que 10e chez les avants du club pour le temps de jeu en avantage numérique, Slafkovsky se retrouve au 5e rang pour les tirs tentés avec l'avantage d'un homme. Il doit encore travailler sur sa précision, avec seulement cinq de ses 18 tirs tentés qui ont touché la cible, mais la volonté de décocher est là. On l'a notamment vu contre les Blues de St. Louis plus tôt cette saison, lorsqu'il a marqué un de ses quatre buts.
Évidemment, les débuts de Slafkovsky n'ont pas apporté que du positif. Slaf a souvent semblé être une fraction de seconde derrière le jeu cette saison, alors qu'il tentait de s'adapter à la vitesse de la LNH. Ç'a mené à des revirements et des opportunités ratés, mais plus importants, ç'a mené à plusieurs lourdes mises en échec. À plusieurs reprises, Slafkovsky s'est fait prendre à regarder la rondelle un peu trop longtemps et il a payé le prix. Prenez ce jeu contre les Canucks, par exemple.
Slafkovsky laisse la rondelle derrière lui pour Sean Monahan, mais plutôt que de regarder devant lui pour continuer le jeu, il laisse les yeux sur la rondelle et regarde sa passe, voulant s'assurer qu'elle se rend à Monahan. Résultat, il ne voit jamais Luke Schenn, qui arrive à toute vitesse pour le frapper. Est-ce que c'était une mise en échec un peu tardive de la part de Schenn? Peut-être, mais légal ou non, ce genre de contact va arriver dans la LNH. Il doit faire un meilleur travail pour se protéger contre ces impacts, car malgré son gabarit imposant, il n'est pas à l'abri de commotions et autres blessures.
Son utilisation a aussi fait beaucoup jaser. Son centre le plus régulier était Jake Evans, qui se démarque plus par son jeu défensif sur le 4e trio que son talent offensif. Il était évidemment bien trop tôt pour donner d'énormes responsabilités à Slafkovsky, comme jouer sur l'aile du premier trio aux côtés de Nick Suzuki et Cole Caufield, mais plus de temps avec un joueur comme Monahan aurait été intéressant à voir.
Avec un été entier entouré d'un personnel de la LNH où il pourra se concentrer sur ses performances et non le long processus d'entrevues et autres distractions du repêchage, la progression de Slafkovsky sera très intéressante à voir d'ici à son retour au jeu en 2023-2024. Espérons que ça l'aidera à faire un pas de l'avant et de se trouver une place permanente dans le top-9 l'an prochain. Avec Dadonov, Drouin, et Monahan qui sont joueurs autonomes sans compensation et plusieurs autres qui pourraient partir via le marché des échanges, Montréal a besoin de voir son premier choix faire un pas de l'avant l'an prochain.