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RÉSULTATS

Juraj Slafkovsky se dégêne

Juraj Slafkovsky Juraj Slafkovsky - Getty
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Mise à jour

MONTRÉAL – Commençons par la bonne nouvelle:

 

Juraj Slafkovsky s'est dégêné au Centre Bell lundi soir. Le tout premier choix de la cuvée 2022 a disputé face aux Leafs le meilleur, et de loin, de ses trois premiers matchs dans l'uniforme du Canadien.

 

Il s'est retrouvé souvent au centre de l'action; il a bien distribué la rondelle; il a décoché huit tirs en direction du filet des Leafs, dont quatre qui ont mis Matt Murray à l'épreuve. Le gardien des Leafs a d'ailleurs réalisé un arrêt solide sur l'une de ces frappes pour forcer le Slovaque de 18 ans à patienter un brin plus avant de célébrer son premier but.

 

Parlant de but, c'est justement en prenant le filet de Murray d'assaut que Slafkovsky a mis la table à Jonathan Drouin qui a sauté sur une rondelle libre à l'embouchure du filet comme une mouette saute sur une frite échappée dans le stationnement d'un « McDo » pour marquer son premier but du camp.

 

« Un but de vidange », comme l'a lui-même admis Drouin. Mais un but quand même. Le genre de but que Drouin pourrait marquer plus souvent s'il décidait de faire la « mouette » un peu plus souvent autour de la cage ennemie au lieu de demeurer trop en maraude.

 

Juraj Slafkovsky a démontré plus que quelques « flashs » offensifs ici et là. Il a disputé le genre de match qu'il doit disputer pour s'assurer de prolonger les discussions visant à déterminer s'il passera plus de matchs avec le grand club cette année qu'avec le club-école.

 

Il a aussi mis en application des conseils offerts par quelques vétérans, dont Josh Anderson qui utilise son poids et sa vitesse pour s'offrir de l'espace et se donner du temps sur la patinoire.

 

Slafkovsky est plus gros encore qu'Anderson. Il n'a toutefois pas encore les petits trucs qui l'aident à maximiser l'utilisation de son physique. Des trucs qu'Anderson est bien prêt à partager.

 

« Il est gros et il est solide. Il a de bonnes fesses dont il doit apprendre à se servir. Ce n'est pas évident pour lui de s'habituer à une petite patinoire. Le jeu se déroule plus vite. Les adversaires arrivent plus vite. L'utilisation de son physique va lui permettre d'obtenir plus de temps et d'espace. Ça va l'aider à ralentir le jeu dans sa tête. À réaliser qu'il a plus de temps qu'il ne croit en avoir », a témoigné Anderson.

 

« Je ne suis pas inquiet pour lui. Il va apprendre. J'ai eu la chance de passer deux saisons dans la Ligue américaine. C'est là que j'ai compris comment me donner du temps et de l'espace sur la patinoire. J'ai quand même eu besoin d'une période d'adaptation quand je suis arrivé dans la LNH. Et je n'avais pas 18 ans », a défilé Anderson.

 

Est-ce à dire que le vétéran croit que Slafkovsky tirerait profit d'un séjour d'adaptation avec le club-école?

 

« C'est lui qui répondra à cette question en fonction de ses performances sur la patinoire. Mais je vous le répète : je ne suis pas inquiet pour lui », qu'Anderson a conclu.

 

Préparez-vous à être patients

 

Autre aspect positif à tirer du match de lundi : le Canadien a encore trois matchs préparatoires à disputer.

 

À la lumière de la défaite de 5-1 encaissée, lundi soir, aux mains des Maple Leafs venus de Toronto et des quatre autres qu'il a subies lors des quatre premières parties, ces trois prochaines rencontres préparatoires ne seront pas de trop.

 

Pas de quoi paniquer!

 

Après tout, Nick Suzuki n'a pas joué encore. Le jeune capitaine et son principal allier Cole Caufield n'ont donc pas encore commencé à menacer les gardiens ennemis. Ce qu'ils pourraient faire dès mardi soir alors que les Sénateurs d'Ottawa feront escale au Centre Bell.

 

Josh Anderson, Jonathan Drouin et Sean Monahan disputaient lundi un premier match cette année. Dans le cas de Drouin et de Monahan, il s'agissait même d'une première rencontre en près de sept mois.

 

Joel Edmundson manque toujours à l'appel.

 

Le Canadien multiplie donc les présences de jeunes défenseurs qui ont encore le nombril vert et qui réalisent que tout va très vite dans la LNH, même contre des formations diminuées dans le cadre de matchs qui ne comptent pas.

 

Parfois trop vite comme l'ont réalisé encore une fois Justin Barron et Arber Xhekaj lundi soir.

 

Mention honorable à Otto Leskinen qui s'est très bien débrouillé à la droite – il joue habituellement à gauche – de Mike Matheson qui a « mangé » des minutes avec appétit encore lundi. Leskinen a même eu droit aux hommages de son coach Martin St-Louis qui a reconnu que le défenseur finlandais commençait à « l'intriguer » pas mal.

 

Intrigué positivement a-il besoin d'ajouter.

 

Gagne ou perds, les matchs préparatoires servent justement à préparer la saison.

 

Et c'est sans doute pourquoi lorsque les Leafs ont marqué leur cinquième but de la rencontre, leur deuxième en avantage numérique, Martin St-Louis s'est emparé d'une tablette avant de se pencher en direction de deux joueurs qui étaient sur la patinoire sur le but pour leur expliquer ce qui n'avait pas fonctionné sur le jeu.

 

Tout ça alors qu'il ne restait que 78 secondes à faire en troisième période.

 

Le coach aurait pu lever les yeux au ciel en implorant les Dieux du hockey pour qu'ils s'assurent que les officiels laissent les 78 dernières secondes s'écouler sans siffler d'arrêts de jeu. Après tout, il n'y avait plus rien à tirer de cette partie qui prolongeait à cinq la série de défaites.

 

Mais non!

 

St-Louis a mis en pratique ce qu'il prêche depuis son arrivée l'an dernier : il a pris le temps d'enseigner à ses joueurs. Comme il le fait lors des entraînements. Comme il doit le faire aussi loin des yeux des journalistes et des amateurs en salle de vidéo. Ou en salle de classe si vous préférez.

 

Et à ceux et celles qui croient que l'enseignement se fait d'un coup de baguette magique sans avoir à répéter la même chose trois, cinq, dix fois, St-Louis souligne qu'ils ne connaissent rien à l'enseignement.

 

D'où le fait que les trois derniers matchs préparatoires ne seront pas de trop. Loin de là!

 

D'ailleurs, il faudrait se faire tout de suite à l'idée qu'ils ne seront peut-être même pas suffisants. Que le calendrier préparatoire se prolongera peut-être lors des cinq premiers matchs de la saison régulière. Que cette préparation pourrait s'étendre à dix, voire à 15 parties.

 

Et si ça s'étirait à 20?

 

Il ne faudra pas paniquer non plus. Il faudra se rappeler la profession de foi qu'une majorité de partisans a faite, une main sur le cœur, en promettant d'être patient. À l'aube d'une saison qui sera sans l'ombre d'un doute difficile, la première saison d'une série de trois, peut-être même de quatre campagnes de transition vers des jours meilleurs, il faudra se rappeler souvent l'apologie à la patience faite au cours de l'été.

 

Anderson, Drouin, Monahan en renfort

 

Cela dit, au-delà des pointages des cinq premières rencontres – neuf buts marqués et un total de 19 accordés – il reste encore beaucoup d'enseignement à faire.

 

Les ratés en attaques massives – trois buts marqués en 23 occasions pour une efficacité de 13 % – et surtout les huit buts accordés en 20 désavantages – efficacité de 60 % – doivent être corrigés. La saison s'annonce déjà assez difficile que les joueurs du Canadien ne peuvent la compliquer davantage en perdant trop souvent les duels d'unités spéciales.

 

Il faudra aussi trouver une façon de cesser de gaspiller les bonnes occasions de marquer. Elles sont si difficiles à générer et elles le seront encore plus au fil de la saison régulière qu'il est impératif de ne pas se contenter de simplement « passer proche » comme Brendan Gallagher l'a fait trois fois plutôt qu'une lundi soir.

 

Une fois prêts à offrir leur plein régime, Anderson, Drouin et Monahan aideront la cause du Canadien. C'est clair. Ils transformeront des occasions de marquer en buts.

 

Combien de temps il leur faudra?

 

« Certainement quelques matchs », a assuré Jonathan Drouin qui considère que le synchronisme et les prises de décision visant à être le mieux positionné possible sur la patinoire sont les aspects les plus difficiles à retrouver.

 

Josh Anderson espère retrouver son souffle et ses jambes en jouant deux autres matchs préparatoires.

 

Sean Monahan? Un énorme poids s'est détaché de ses épaules avec cette première rencontre. « J'étais nerveux sans bon sens aujourd'hui. Je n'ai pas pu dormir. Non seulement c'était mon premier match après une très longue absence – il a été opéré à une hanche en cours de saison l'an dernier à Calgary – mais c'était la première fois que je jouais pour un autre club que les Flames. J'étais perdu dans le vestiaire quand je suis arrivé. Je ne savais pas où aller, où étaient les choses dont j'avais besoin. C'est une grosse transition. Je suis content du match que je viens de disputer, mais dès le prochain, je serai beaucoup plus à l'aise », qu'il assurait aux journalistes l'entourant après la rencontre.

 

À leur premier match, ces trois vétérans ont été regroupés. Simple expérience? Aperçu de ce qui pourrait arriver en début de saison?

 

On verra.

 

Mais Anderson serait bien content de se retrouver à la droite de son copain Drouin et du nouveau joueur de centre. « Sean est un excellent joueur de centre. Il a offert de belles passes ce soir. Il est intelligent sur la patinoire. C'est un très bon leader. Je crois que c'est lui qui a le plus de matchs d'expérience dans la LNH dans le club – il a disputé 656 matchs en carrière, 18 de plus que Brendan Gallagher – et il a beaucoup à offrir à l'équipe », qu'Anderson a commenté alors que Drouin parlait d'une chimie à développer avec ses deux nouveaux compagnons de trio.

 

Tout ça est bien beau.

 

Mais avec Nick Suzuki qui occupera le poste de premier centre, avec Christian Dvorak qui semble ancré au centre de Dadonov et Gallager, avec Kirby Dach que le CH est allé chercher pour jouer au centre et Jake Evans qui semble avoir le poste au centre du quatrième trio, il est permis de se demander si c'est bien au centre que Monahan aidera la cause du Canadien.

 

Mais s'il retrouve vite ses jambes, son souffle et ses mains, si sa hanche est bien guérie, il aidera la cause du Tricolore peu importe le rôle dont il héritera.

 

Mais avec Monahan et le reste de l'équipe, le mot d'ordre demeurera la patience. Pour le reste du calendrier préparatoire et pour la saison à venir.