MONTRÉAL – Après deux jours d’accusations farfelues quant aux intentions de P.K. Subban, d’insinuations plus farfelues encore à l’effet de Mark Stone a feint une blessure pour mousser les chances de suspension du défenseur du Tricolore et de menaces ridicules de vengeance, le Canadien et les Sénateurs se croisent dans quelques heures pour le deuxième match de la série que Montréal mène 1-0.

Bonne nouvelle : À l’aube de ce duel des plus importants – surtout pour les Sens qui peuvent difficilement tomber 0-2 dans une série les opposant à Carey Price – l’écran de fumée généré par les deux équipes est en voie de se dissiper.

Dave Cameron, qui a attisé la tempête médiatique après le premier match en laissant poindre la possibilité d’actes de vengeance de la part de son équipe, avait retrouvé ses sens et son bon sens vendredi midi après l’entraînement facultatif de son club.

« Le hockey est un sport physique et nous devrons l’être ce soir. Mais il faudra respecter les règles, car les arbitres seront sans doute très vigilants. Ce sera comme entrer dans un poste de police avec l’intention d’y commettre un vol. Tu ne t’en sortiras pas », a lancé l’entraîneur-chef des Sénateurs.

Cameron a aussi également soutenu que son commentaire d’après-match mercredi soir, commentaire qui ne lui a finalement pas valu d’amende, avait pris des proportions démesurées en raison de l’attention que lui ont donné les médias.

C’est ça les séries...

Hammond doit se racheter

Cela dit, Dave Cameron et son directeur général Bryan Murray n’ont certainement rien fait pour calmer le jeu en déplorant le fait qu’aucune mesure disciplinaire supplémentaire n’avait été imposée par la Ligue. Ce faisant, ils ont toutefois réussi à détourner l’attention de leur gardien Andrew Hammond qui, bien plus que P.K. Subban, a été le principal artisan de la défaite des Sénateurs mercredi.

Faible sur deux buts – ceux de Mitchell et Plekanec – peut-être trois si on ajoute celui de Brian Flynn, pris les patins cloués dans la glace par Lars Eller qui l’a habilement déjoué, Hammond n’a rien fait pour maintenir la réputation de voleur de points au classement qu’il a moussé en fin de saison. Malgré cette contre-performance, Hammond sera de retour devant le filet vendredi. Avec ce qu’il a accompli, c’est normal.

La question est maintenant de savoir quelle sera la patience de Dave Cameron à son endroit. Avec Craig Anderson qui a battu le Canadien il y a deux ans en séries et qui est – jusqu’à preuve du contraire – toujours le gardien numéro un des Sens, Cameron ne peut se permettre d’être patient trop longtemps à l’endroit de Hammond.

Si le « Hamburglar » est faible sur le premier but ce soir, si en plus il démontre des signes évidents de nervosité, Cameron serait bien mal avisé de le garder devant le filet. Il devrait vite se tourner vers son vétéran pour lui permettre de retrouver ses jambes lors du deuxième match avant de lui confier le filet dimanche lorsque les deux équipes se croiseront à Ottawa pour la troisième rencontre.

L’an dernier, en raison de la blessure qui le privait de leur as Ben Bishop, le Lightning de Tampa Bay s’est retrouvé pris avec Anders Lindback. Très généreux à l’endroit du Canadien, Lindback est malgré tout demeuré devant la cage de Tampa parce que l’entraîneur-chef Jon Cooper n’avait pas vraiment d’option. Son équipe s’est vite retrouvée 0-3 et un changement de dernière minute n’a pu lui permettre d’éviter un balayage en quatre matchs.

Cette année, les Sénateurs ont une option de premier plan avec Craig Anderson. Ils seraient bien fous de s’en passer!

Ce matin après l’entraînement optionnel des Sénateurs, Hammond affichait son calme habituel. Après avoir répondu à toutes les questions des nombreux journalistes qui l’entouraient, il est demeuré assis dans son coin du vestiaire – jambières aux jambes et patins aux pieds – de longues minutes avant de retraiter au vestiaire.

Comme dirait l’autre, il n’affichait aucun signe de stress. On verra combien de temps cela durera une fois que les 21 273 bruyants partisans du Canadien entassés dans le Centre Bell scanderont son nom. Un traitement qui a fait flancher bien des gardiens avant lui. Et pas les moindres si l’on considère que les Henrik Lundqvist, Tuukka Rask et Tim Thomas occupent une place de choix sur la liste des victimes des fans du Tricolore.

Pacioretty – Stone

S’il est clair que Carey Price et Andrew Hammond seront à chaque bout de la patinoire, il n’est pas clair encore s’ils affronteront les tirs de Max Pacioretty et de Mark Stone.

Les deux camps annonceront leur décision une fois l’échauffement complété. On nage toujours dans les spéculations, mais je crois qu’ils seront tous les deux en uniforme.

Pacioretty a patiné avec ses coéquipiers encore ce matin. Fait à noter, il avait laissé de côté la visière teintée accrochée à son casque plus tôt cette semaine. Pacioretty avait assuré qu’un souci de « mode » l’avait poussé à utiliser une telle visière alors qu’il est reconnu que les visières teintées atténuent les effets éblouissants de la lumière. Un souci pour les victimes de commotion cérébrale.

En plus d’être revenu à une visière normale, Pacioretty a maintenu la cadence dans les exercices effectués avec ses compagnons de trio : David Desharnais et Devante Smith-Pelly.

Considérant que le Canadien a levé le voile rapidement mercredi sur l’absence de son meilleur marqueur pour le premier match, le fait qu’on soit plus patient aujourd’hui me pousse à croire qu’il jouera.

Dans le camp des Sénateurs, Mark Stone a patiné près de six minutes pendant l’exercice facultatif des Sénateurs ce matin au Centre Bell. Pourra-t-il le faire durant les 60 minutes du match ce soir?

La réponse n’est pas évidente. Ou moins que dans le cas de Max Pacioretty.

Il est clair que Stone est mal en point. En plus de la microfracture subie à la suite du coup de bâton de P.K. Subban en deuxième période mercredi, il a subi des dommages aux ligaments du poignet droit. Pour obtenir le droit de jouer, Stone devra prouver à la direction de l’équipe qu’il est en mesure de tirer avec force et aisance. Ce qui ne semblait pas le cas ce matin.

Dans le camp des Sénateurs, on convenait ce matin que l’attaquant recrue avait de la difficulté à composer avec la douleur. On refusait toutefois de spéculer sur ses chances de jouer.

« C’est un gars fier, il prendra deux Advil pour composer avec la douleur et si c’est assez, il sera sur la glace », a mentionné le robuste Chris Neil.

Muscles ou hockey?

Parlant de Neil, il s’est bien gardé d’attiser davantage qu’il ne l’a fait jeudi l’animosité entre les deux équipes. Après avoir mis en garde P.K. Subban de garder la tête haute lors du prochain match (ce soir), Neil a balayé du revers de la main le fait qu’il pourrait se transformer en missile avec Subban comme seule cible s’il devait jouer.

« Ce serait bien mal me connaître. Je suis un joueur robuste. Je l’ai toujours été. Mais je suis un joueur honnête. C’est bien évident que si on fait appel à mes services, je tenterai d’apporter une touche physique sur la glace. C’est mon rôle. Mais il faudra le faire d’une façon disciplinée. Nous avons encore une chance de diviser les honneurs de la série. C’est important. On aurait bien sûr préféré retourner à la maison avec une avance de 2-0. Nous devons maintenant gagner pour éviter de nous retrouver en arrière par 2-0. C’est ce qui compte le plus en vue du match de ce soir », assurait Neil après l’entraînement.

À 35 ans, après une longue absence – il n’a pas joué depuis le 16 février – il est loin d’être évident que Chris Neil pourrait être d’un grand secours pour son équipe. En perte de vitesse, il n’aiderait en rien le vétéran joueur de centre David Legwand au sein d’un quatrième trio qui a été haché finement par le QUATRIÈME trio du Canadien lors de la première rencontre.

Si Mark Stone n’est pas en mesure de jouer, Dave Cameron pourrait donc préférer Zach Smith ou Colin Greening au vétéran Neil.

Le Québécois Alex Chiasson pourrait alors se retrouver au sein du premier trio en relève à Stone. Un mandat pas évident pour le jeune ailier droit qui a été blanchi de la feuille de pointage à ses 11 derniers matchs.