L'attaque passive plus coupable que Primeau
MONTRÉAL - Parce qu'il a été déjoué cinq fois sur le côté de la mitaine et parce que sur ces cinq buts, il a mal paru deux ou trois fois, Cayden Primeau sert de paratonnerre dans le cadre de la défaite de 5-1 encaissée, jeudi, aux mains des Panthers venus de la Floride.
Le jeune gardien a une part de responsabilité à assumer. C'est clair. Il a d'ailleurs admis que les deux premiers buts accordés, surtout celui de Sam Bennett, marqué dès la huitième seconde de la troisième période, l'ont secoué au point de le sortir du match.
Mais les gros canons du club sont tout aussi responsables de cette 11e défaite de la saison; une septième par trois buts ou plus.
Nick Suzuki, Cole Caufield et tous les joueurs envoyés sur la patinoire lors des attaques massives sont peut-être même plus responsables que le jeune gardien parce qu'ils ont bousillé six attaques massives jeudi soir.
Six!
Dont deux consécutives offertes par Niko Mikkola au cours des huit premières minutes du match.
Les « canons » du CH affrontaient le club de l'heure dans la LNH en ce moment en matière d'efficacité à court d'un homme alors que les Panthers, parfaits lors des six derniers, sont rendus à 26 désavantages consécutifs sans accorder de but, mais quand même.
Non seulement les spécialistes du Tricolore n'ont pas été en mesure de profiter de quelques bonnes occasions qu'ils ont créées en zone ennemie, mais Mike Matheson et Cole Caufield ont annulé deux de ces supériorités numériques avec des pénalités écopées vingt-quatre et trois petites secondes après la reprise du jeu.
Ces deux attaques massives gaspillées et les quatre autres qui n'ont rien donné ont privé le Canadien de buts qui auraient pu changer le cours du match. Mais pour un huitième match de suite – ils n'ont pas obtenu d'attaque massive mercredi à Columbus – ces buts ne sont pas venus.
Avec les résultats qu'on connaît et qui n'ont pas miné le moral de Martin St-Louis.
« C'est plate de perdre, que l'entraîneur-chef a convenu. Mais je suis fier de mon équipe. On a joué un bon match. On n'avait pas de passagers. L'effort était là », que Martin St-Louis a aussi plusieurs fois répété dans l'ordre et dans le désordre dans ses réponses défilées après la rencontre.
« Cold Caufield! »
L'effort était là. Pas aussi débordant à mes yeux que l'évaluation faite par St-Louis. Cela dit, comme le Canadien jouait contre une bonne équipe et non les Blue Jackets, les Sharks ou même les Ducks, il fallait plus que de l'effort pour s'offrir une chance de gagner.
Il fallait aussi des buts. Des buts que les Panthers ont su marquer alors que le Canadien n'y est pas arrivé. Du moins pas assez souvent!
Il fallait aussi des arrêts. Des arrêts que Sergeï Bobrovsky a effectués plus souvent – 21 sur 22 tirs – que Primeau qui a accordé cinq buts sur 29 tirs, dont quatre en troisième après qu'il eut été solide lors des 40 premières minutes.
Histoire d'illustrer le niveau de responsabilités de gros attaquants dans la défaite, Nick Suzuki et Brendan Gallagher ont été les seuls joueurs des deux premiers trios à cadrer un tir chacun sur la cage des Panthers.
Ce n'est pas beaucoup! Ce n'est certainement pas assez.
En ratant la cible trois fois et en voyant son quatrième tir décoché être bloqué en défensive, Cole Caufield ne s'est pas donné la chance de faire honneur au surnom « Goal » Caufield qu'on lui a accolé l'an dernier. Il a plutôt ouvert la porte au surnom de « Cold » Caufield attribuable à sa séquence sombre de trois buts à ses 16 derniers matchs.
Slafkovsky a raté la cible deux fois. Christian Dvorak a excellé aux cercles des mises en jeu – huit duels gagnés, un seul perdu – mais il n'a pas décoché un seul tir en direction de « Bob The Goalie ».
Tanner Pearson (4), Sean Monahan (3), Jesse Ylönen (3) et Jake Evans (2) ont été les quatre attaquants les plus actifs en matière de tirs cadrés.
Les défenseurs ont obtenu les huit autres tirs.
Et on ne peut pas dire que Bobrovsky a dû effectuer des miracles dans la victoire. De fait, il a été plus faible sur le but accordé à Johnathan Kovacevic – c'était déjà 4-0 Floride – que Primeau l'a été sur l'un ou l'autre des cinq buts accordés aux Panthers.
Bien qu'il n'ait pas trouvé le fond du filet pour une 23e partie de suite cette saison, Josh Anderson a disputé un solide match. Il a asséné cinq des 14 mises en échec distribuées par les joueurs du Tricolore et il a aussi jeté les gants et livré un furieux combat l'opposant à Johan Gadjovich en fin de troisième période.
Une façon de passer sa frustration?
Peut-être. Mais cette bagarre et l'implication physique affichée lors de la rencontre ont poussé Martin St-Louis à assurer que Josh Anderson « était maintenant de retour ».
Il ne lui reste qu'à marquer ou à récolter des passes pour le confirmer.
Le retour d'Ekblad a tout changé
« Les deux équipes manquaient d'énergie ce soir. Le Canadien revenait d'un long voyage et disputait un deuxième match en deux soirs. Nous complétons une séquence de trois matchs en quatre jours sur la route – les Panthers étaient à Ottawa et Toronto avant de faire escale à Montréal – et nous sommes rendus à 15 matchs en 29 jours depuis le début du mois de novembre. Quand deux clubs fatigués se croisent, les unités spéciales jouent un rôle de premier plan dans l'issue de la rencontre. On l'a vu ce soir », a commenté Paul Maurice après la victoire de son équipe.
Une quatorzième cette saison (14-7-2).
Une deuxième seulement lors des cinq dernières parties (2-2-1).
Mais une neuvième lors des 10 derniers duels opposant les Panthers au Canadien.
Avec un but marqué en attaque à cinq et une fiche parfaite à court d'un homme, les Panthers ont gagné haut la main la bataille des unités spéciales… et la guerre aussi!
Pourquoi les Panthers sont-ils maintenant si efficaces en désavantage numérique?
« Premièrement, nous étions moins mauvais que les statistiques le laissaient croire en début de saison. Mais le retour au jeu d'Aaron Ekblab – il a raté les 16 premières rencontres – a tout changé. Il est rapide. Il est efficace avec son bâton. Il est un as. Ajoutez à ce retour ceux de Barkov et de Bennett qui sont des rouages importants en désavantages et nous avons maintenant les effectifs pour mettre autant de pression que nous le voulons sur nos adversaires. En prime, nos gardiens font du travail exemplaire devant notre filet. La confiance est la base d'une attaque massive productive et d'un désavantage numérique efficace. Nous affichons beaucoup depuis le début de cette séquence », a expliqué Paul Maurice.
Entre les lignes
- Aleksander Barkov a donné les devants 1-0 aux Panthers en début de période médiane. C'était son septième but de la saison. C'était surtout son 23e but aux dépens du Canadien contre qui il a maintenant récolté 43 points (23 buts, 20 passes) en 32 rencontres disputées en carrière.
- Les Panthers rentrent en Floride vendredi matin avec cinq points récoltés lors des trois derniers matchs. Cinq points qui les campent solidement au deuxième rang de la division Atlantique (30 points en 23 matchs) entre les Bruins de Boston (33 points en 22 rencontres) et les Maple Leafs de Troronto (27 points en 21 matchs).
- « C'était un voyage important pour nous. On a demandé à nos joueurs d'être conscients que Toronto, Ottawa et Montréal sont des rivaux de divisions. Que ces matchs avaient des impacts importants sur le classement. Ils nous ont donné ce qu'on attendait d'eux », a conclu l'entraîneur-chef des Panthers.
- Fort de leur victoire de jeudi, les Panthers n'ont toujours pas perdu en temps réglementaire cette saison lorsqu'ils marquent le premier but (9-0-2) et lorsqu'ils profitent d'une avance après deux périodes (10-0-1).