L'empreinte de Martin St-Louis
L'organisation du Lightning de Tampa Bay vient de connaître une fin de semaine bien spéciale. Dans le cadre des célébrations du 30e anniversaire de la concession, le Temple de la renommée du Lightning a été inauguré. Les trois premiers intronisés sont des figures symboliques, des incontournables, qui ont été des pionniers pour cette équipe qui a vu le jour en 1992, soit Phil Esposito, Vincent Lecavalier et Martin St-Louis. Les trois hommes ont reçu beaucoup d'amour dans le cadre d'un gala tenu vendredi soir, au Amalie Arena, puis tout au long de la fin de semaine de festivités.
D'abord admis au Temple de la renommée du hockey après une brillante carrière dans la LNH, Phil Esposito a agi comme fondateur du Lightning dans un marché qui n'était pas du tout naturel pour du hockey. Il a ensuite oeuvré comme président et directeur général pendant les sept premières saisons de l'équipe. Il est le père du hockey à Tampa.
« Sans Phil, sans sa vision, je ne sais pas si nous serions ici. Je suis content de fêter avec d'anciens coéquipiers, mais ce ne serait pas aussi spécial sans Phil Esposito. Avoir mon nom à côté de celui de Phil Esposito, c'est quelque chose dont je vais me rappeler. Si Phil n'avait pas poursuivi ses rêves, je n'aurais jamais pu poursuivre les miens », a déclaré St-Louis.
Lecavalier et St-Louis sont adulés par les partisans du Lightning et même par ses anciens joueurs. Ces deux hommes font tourner les têtes sur leur passage et leur pouvoir d'attraction est immense. Lecavalier a été choisi au premier rang de la séance de repêchage de 1998. Il a été le visage du Lightning pendant de nombreuses saisons. St-Louis a eu un impact majeur à partir du moment où il s'est joint aux « Bolts » au début des années 2000.
« Quand il est arrivé, il est devenu comme un grand frère. Il m'a beaucoup aidé dans ma carrière », a déclaré Lecavalier.
St-Louis arrivait à Tampa avec un bagage bien différent de celui de Lecavalier. Il n'avait pas eu le luxe d'être présenté comme premier choix au repêchage. Il n'avait même pas eu la chance d'être sélectionné au repêchage tout court. Il s'est taillé une place dans la LNH « au pic et à la pelle », en bûchant, en ne reculant jamais devant les défis et en n'acceptant aucune demi-mesure. Le genre de mentalité qui ne laisse personne indifférent et qui entraîne tout le monde dans son sillage.
Le temps passe et ils sont de moins en moins nombreux au sein de l'organisation à avoir côtoyé St-Louis comme joueur. L'entraîneur-chef actuel, Jon Cooper, est arrivé en poste en 2013, en relève à Guy Boucher pour diriger les 17 derniers matchs de la saison. La saison suivante, St-Louis disputait 62 matchs avant d'être échangé du Lightning aux Rangers de New York, pour leur prêter main-forte en séries éliminatoires. Steven Stamkos, Victor Hedman, Nikita Kucherov et Alex Killorn sont les quatre seuls joueurs encore actifs chez le Lightning qui ont chaussé les patins avec St-Louis. Ces acteurs principaux du Lightning, qu'ils soient sur la glace ou derrière le banc, ont tous retenu des choses importantes du passage de St-Louis.
« Notre histoire récente est couronnée de succès. Mais comment sommes-nous arrivés ici? Nous y sommes grâce à Phil Esposito et ce qu'il a fait pour démarrer cette concession. Et ensuite grâce à Vincent et Martin qui ont établi et laissé une empreinte sur cette équipe », a déclaré Cooper.
Le mot « greatness », excellence, est le mot qui sort de la bouche du grand Hedman, quand il est questionné à propos de St-Louis et Lecavalier.
L'empreinte d'Esposito, Lecavalier et St-Louis est encore visible et palpable dans l'entourage du Lightning aujourd'hui et chez les partisans de cette équipe. Cette tradition d'excellence que l'on ressent quand on échange avec des membres de l'équipe a été établie par ces bâtisseurs, ces défricheurs, qui ont laissé leur marque.
De joueur à entraîneur
Samedi soir avant le match Canadiens-Lightning, St-Louis, Esposito et Lecavalier ont été présentés et chaleureusement accueillis au centre de la patinoire du Amalie Arena, pour réaliser une mise en jeu protocolaire avec les capitaines actuels des deux formations, Stamkos et Nick Suzuki. Les trois intronisés portaient fièrement leur veston bleu estampillé du logo du Lightning, qui leur avait été remis la veille. Quelques secondes plus tard, une fois de retour au banc, St-Louis retirait son veston bleu pour en enfiler un gris, celui qu'il allait porter pour diriger son équipe contre le puissant Lightning. L'image avait quelque chose de symbolique. Comme si une page se tournait d'une certaine façon, en troquant un veston pour un autre. Pendant que plusieurs de ses amis avec qui il a déjà chaussé les patins et gagné des championnats s'installaient pour regarder le match comme invités, St-Louis lui, avait maintenant un travail à faire.
Et la tâche nécessitait toute la concentration du pilote, qui en est encore à ses premiers pas comme entraîneur-chef dans la LNH. Son équipe venait d'encaisser 21 buts en trois matchs et se relevait d'un cuisant revers de 9-5, subi deux jours plus tôt contre les Panthers. Les hommes de St-Louis se sont inclinés au compte de 5-3 contre le Lightning, mais au-delà du résultat, la fin de semaine qui vient de se terminer pourrait s'avérer significative concernant le leadership de l'entraîneur.
C'est lui qui montait le ton lors d'une séance d'entraînement exigeante vendredi matin, alors que ses joueurs n'exécutaient pas un exercice de la bonne façon. C'est aussi lui qui a dû sévir contre Jonathan Drouin, arrivé en retard à une réunion d'équipe vendredi. D'abord, en le tenant à l'écart de la séance d'entraînement. Puis le lendemain, en le clouant au banc pendant 60 minutes de jeu. Une décision drastique qui n'a rien de banal dans la vie d'un entraîneur qui fait ses marques et qui trace une ligne entre ce qui est acceptable et ce qui ne l'est pas au sein de son groupe. Le joueur travaillant qui n'acceptait pas de demi-mesure a les mêmes valeurs comme entraîneur. Tout le monde doit se comporter de façon professionnelle et démontrer un niveau d'engagement supérieur dans une équipe dirigée par Martin St-Louis. La tradition d'excellence qu'il a contribué à bâtir avec le Lightning ne s'est pas construite du jour au lendemain. Elle s'est forgée au fil des ans grâce à des habitudes de travail irréprochables et une attention importante aux détails.
Quand il est question de reconstruction, l'accent est souvent mis sur le repêchage de jeunes espoirs et l'acquisition de patineurs qui pourraient aider à relancer le Canadien. Mais une reconstruction dans les yeux de Martin St-Louis, c'est aussi de bâtir une culture.
« La culture, c'est la chose la plus importante. Il faut que tu sois constant. Tu ne choisis pas quand une culture est importante, elle est tout le temps importante », a déclaré St-Louis
Un jour, le règne de St-Louis comme entraîneur-chef des Canadiens sera derrière lui. C'est avec cette organisation qu'il aura appris le métier d'entraîneur dans la LNH et qu'il aura gagné le respect de ses joueurs et de ses dirigeants. Sans savoir ce que l'avenir nous réserve au chapitre des résultats au cours des prochaines années, il y a fort à parier que l'organisation aura positivement tiré profit de la façon de faire, de la marque de commerce, de l'empreinte de St-Louis.