Il n’y a vraiment aucune autre façon de disséquer le match du Canadien de Montréal contre les Sénateurs d’Ottawa : il fut inspiré du début à la fin par les leaders de l’équipe. Mais il s’est avéré surtout un énoncé très fort de la part du capitaine, Max Pacioretty.

Sans dire que la situation était critique à un point de non-retour, la rencontre de samedi représentait quand même un test de caractère extrêmement sérieux pour le Canadien. Et par le fait même, un défi que Pacioretty se devait de mettre en grande partie sur ses propres épaules.

Je ne connais personne dans l’entourage de l’équipe qui remet en question le choix du joueur américain en tant que leader officiel du groupe. Au cours de la dernière saison, alors que se tenait « l’audition » pour trouver un capitaine au Tricolore, Pacioretty a joué son rôle à merveille. Tout a concordé parfaitement en sa faveur, y compris les propos élogieux d’Élise Béliveau, l’épouse de Jean Béliveau, à son endroit.

Or, depuis le début de la saison, il se dessinait une situation un peu bizarre chez le Canadien, situation maquillée par les succès retentissants de l’équipe. Sur la patinoire, c’est Brendan Gallagher qui jouait le rôle de meneur, match après match! Quand il fallait l’étincelle, quand il fallait aller dans la circulation lourde, quand il fallait recevoir quelques coups de l’adversaire pour compléter avec succès un jeu de puissance, quand il fallait pousser encore sur l’accélérateur malgré une présence qui s’étirait, c’est Gallagher qui prêchait par l’exemple. C’est ce constat qui m’amenait d’ailleurs à penser que le Canadien allait souffrir autant de la perte de son petit attaquant que de celle de Carey Price, du moins à court terme. Je ne crois pas m’être trompé.

Pendant ce temps, Pacioretty ne montrait pas vraiment de lustre dans son jeu. Il récoltait des points, d’accord, mais ne jouait pas avec la même conviction qu’on lui reconnaissait dans le passé. On s’entend, Pacioretty n’a pas le même style que Gallagher et il n’a pas à chercher à imiter son coéquipier durant son absence. Mais il doit au moins afficher les atouts qui lui sont propres, c’est-à-dire sa vitesse et son tir précis et foudroyant. Il doit faire peur aux défenseurs et aux gardiens adverses, dès qu’il pénètre en zone offensive. Ce qui ne fut pas le cas de façon régulière, depuis le début de la saison. Et surtout pas au cours des dernières rencontres!

ContentId(3.1165410):LNH : Le Canadien l'emporte 3 à 1 contre les Sénateurs
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En sautant seul sur la patinoire d’entraînement, vendredi, il a choisi un outil de communication fort pour parler à ses troupes, du genre qui lui convient le mieux (il n’est pas le plus volubile, on le sait). Mais en faisant cela, il savait qu’il n’y avait aucune marge de manœuvre, aucune échappatoire pour lui samedi. Avec un but extrêmement important en fin de première période, 8 tirs sur le gardien, 11 au total vers le filet, 3 mises en échec, un tir bloqué, mais surtout 29 présences intenses et inspirées sur la patinoire, Max Pacioretty a joué son rôle à merveille.

Un rôle de vrai capitaine!

Rutherford aussi à blâmer

Y a-t-il quelqu’un, parmi vous, de vraiment surpris par le congédiement de l’entraîneur des Penguins de Pittsburgh, Mike Johnston? En fait, la vraie surprise vient probablement du temps très long qu’il a fallu à la direction des Penguins pour passer à l’acte! De façon très, très évidente, le courant ne passait pas entre cet homme plutôt austère et froid et sa troupe. Nous sommes allés à Pittsburgh pour la première fois dès le 13 octobre et on pouvait déjà ressentir ce lourd inconfort qui régnait dans le vestiaire de l’équipe. Les choses ont semblé se replacer un peu après un début de saison affreux mais avec seulement 4 victoires en temps règlementaire au cours des 15 dernières rencontres, la haute direction a sagement jugé qu’il fallait donner un sérieux coup de barre.

En se tournant vers Mike Sullivan, les Penguins optent pour une solution logique, à court terme. La transition est toujours plus facile quand elle se fait avec des gens qui connaissent l’organisation, à tous les niveaux. Mais est-ce la bonne voie pour l’avenir? Je ne peux pas dire que j’ai entendu de grands éloges à son sujet quand il fut entraîneur-chef des Bruins de Boston, il y a une douzaine d’années. Mais peut-être a-t-il gagné en maturité et expérience et il aura la chance de faire ses preuves à compte de lundi. Chose certaine, sa « voix de stentor » et son intensité feront contraste avec le style plutôt « beige » de son prédécesseur.

Cela dit, les malheurs des Penguins ne sont pas que liés au travail de l’entraîneur déchu. Le vice-président et directeur général, Jim Rutherford mérite aussi une partie du blâme, ce qu’il a courageusement admis du reste, au cours des dernières heures.

En préparant mes notes de match, le 11 novembre dernier, j’ai réalisé vraiment à quel point cette formation était anémique à la ligne bleue! On ne parle pas seulement ici de défenseurs capables de stopper l’adversaire, mais de défenseurs capables d’orchestrer le jeu de transition, ce qui est devenu une norme incontournable de nos jours dans la LNH. Or, outre le talentueux Kristofer Letang (que les blessures ont passablement ennuyé au cours des dernières saisons), qui peut jouer ce rôle de relance adéquatement à Pittsburgh? Le jeune Olli Matta (21 ans) a beaucoup de potentiel, mais il doit encore le développer pour pouvoir atteindre des standards d’excellence plus élevés. Le reste? Ouch!

À court terme, Mike Sullivan doit trouver la façon de mettre en marche une attaque qui a des ressources, mais qui ne produit pas à la hauteur depuis trop longtemps. C’est la seule bouée de sauvetage de l’équipe. Mais à moyen terme, Rutherford doit trouver du renfort à la ligne bleue, du renfort de type « mobilité », « bonne première passe », « appui de l’attaque en zone adverse ».

Ce sera intéressant de voir comment il y arrivera.