BOSTON - De retour au Garden au lendemain de leur cuisant revers de 4-0 aux mains du Canadien, les Bruins affichaient une confiance évidente à l’aube du match décisif qui sera disputé mercredi soir à Boston. Une confiance appuyée sur une solide expérience.

Mercredi, contre leur grand rival de Montréal, les Bruins disputeront une septième et décisive partie pour la cinquième fois à leurs neuf dernières séries; pour la dixième fois lors de leurs 17 dernières séries, soit depuis le printemps 2004. Et ce n’est pas tout : la majorité des Bruins qui endosseront l’uniforme jaune et noir pour cette partie sans lendemain ont d’ailleurs marqué l’histoire de la LNH en 2011 lorsqu’ils sont devenus les premiers à soulever la coupe Stanley après avoir remporté trois séries qui s’étaient rendues à la limite. La première de ces trois séries opposait d’ailleurs les Bruins au Canadien. Une série que Boston a remportée en prolongation lors du match décisif grâce à un but de Nathan Horton.

Réaliser un copier-coller

Ce revers est toutefois le seul encaissé par le Canadien dans le cadre de ses cinq derniers matchs décisifs. Avant de perdre contre les Bruins il y a quatre ans, le Canadien s’est débarrassé des Capitals de Washington et des Penguins de Pittsburgh (2009) et s’est offert des victoires aux dépens des Bruins en 2008 (victoire de 5-0 au Centre Bell) et 2004 (victoire de 2-0 au Garden).

Ce sera la neuvième fois en 34 duels en séries éliminatoires qu’une série Boston-Montréal se prolonge jusqu’à la limite. Le Canadien présente un dossier positif de cinq victoires lors des huit premiers affrontements.

Bien qu’il en sera à un 10e match décisif en carrière dans la LNH et que son vis-à-vis Michel Therrien en dirigera un tout premier, Claude Julien n’accordait aucune importance à cette statistique comme à toutes les autres favorisant son équipe ou le Canadien.

« Exception faite que ce soit une partie sans lendemain, un match sept demeure un match comme les autres. C’est de cette façon que je le présenterai à nos joueurs. Comme coach, tu veux que ton équipe sorte en force. Qu’elle joue bien. Qu’elle donne tout ce qu’elle a à donner. Qu’aucun joueur n’ait de regrets au terme du match. Qu’il n’ait pas le sentiment d’avoir pu en donner davantage. Tu veux que tes joueurs laissent tout sur la glace. Inversement, tu ne veux pas qu’elle se batte elle-même. Nous formons une bonne équipe. Nous sommes confiants. Demain, il sera temps de le démontrer », a expliqué l’entraîneur-chef des Bruins.

Renversement de situation

Plus importante que les statistiques, voire que l’expérience, c’est la façon dont les Bruins et le Canadien joueront qui déterminera l’issue de la rencontre.

« Le Canadien a joué un match superbe lundi. Il a établi son rythme en début de match et nous n’avons pas été en mesure de briser ce rythme. Ils ont disputé un match presque parfait et ce sera à nous de les imiter demain », a indiqué le jeune défenseur Dougie Hamilton qui croit que son équipe pourra brandir une nouvelle arme mercredi.

« Je ne crois pas que nous ayons disputé le meilleur hockey que l’on puisse jouer depuis le début de cette série. Nous avons été solides samedi pour prendre les devants 3-2. Mais nous formons un meilleur club que nous l’avons démontré jusqu’ici. Notre profondeur, notre capacité de faire mal à nos adversaires dans toutes les facettes du jeu n’ont pas encore été exploitées au maximum. Nos quatre trios n’ont pas fonctionné simultanément à plein régime. Nous avons eu de bons moments, mais nous n’avons été aussi dominants que nous sommes capables de l’être », assurait Hamilton le partenaire de jeu de Zdeno Chara.

Il est d’ailleurs ironique de remarquer à quel point, après avoir été littéralement sorti du Garden par les Bruins samedi soir, le Canadien s’est assuré de sortir les Bruins du Centre Bell lundi. Un revirement complet de situation difficile à expliquer. Un renversement qui n’est pas seulement attribuable à l’avantage de la patinoire, bien que les partisans des deux équipes aient rempli leur rôle à merveille lors de ces deux rencontres.

« Ils forment une très bonne équipe vous savez. Ils sont meilleurs que bien des gens le croient. Je n’enlèverai donc rien au mérite du Canadien dans la victoire d’hier. On a été battu et c’est comme ça. Mais regardez le début de match. Ils ont profité d’un mauvais bond de la rondelle derrière notre but pour marquer en premier. Quelques minutes plus tard, on s’est buté à un poteau au lieu de réussir à niveler les chances. Il est déjà difficile de jouer à Montréal quand la foule énergise son équipe. Imaginez ce que cela devient lorsque le Canadien prend les devants comme il l’a fait si tôt dans le match et qu’il ajoute un but comme il l’a fait ensuite. Donne-nous un but chanceux en début de rencontre et quelques bonds favorables ensuite, et nous avons un match complètement différent de celui de lundi. Je n’enlève rien au Canadien. Mais nous avons mieux joué que le score ne l’indique », plaidait Shawn Thornton après l’entraînement facultatif des Bruins mardi midi au Garden.

Pression négative

Parce que le Canadien a déjà accompli beaucoup en poussant la série face aux Bruins à la limite, Michel Therrien et ses joueurs débarqueront au Garden avec une pression minimale sur les épaules.

Bon! Il est évident que le Canadien veut l’emporter. Qu’il tient à s’offrir la chance de se rendre en finale d’Association contre Pittsburgh ou New York. Qu’il vise lui aussi la coupe Stanley. Mais s’il perd tout en offrant une vive opposition, le Tricolore pourra rentrer à Montréal la tête haute. Ses partisans pourront l’accueillir avec fierté et avec le sentiment d’avoir été floués.

Parce que les Bruins forment la meilleure des deux équipes – statistiquement en tout cas – et qu’ils joueront devant leurs partisans, des partisans pour qui une présence en finale de la Coupe Stanley représente le minimum acceptable ce printemps, la pression de gagner sera bien plus étouffante pour Tuukka Rask et ses coéquipiers que Carey Price et les siens.

Surtout que par moments lundi, les Bruins donnaient l’impression de ne pas être trop déçus par la défaite qui se pointait, conscients et confiants qu’ils étaient d’avoir la chance de se reprendre à la maison. Une confiance qui pourrait leur sauter au visage dans l’éventualité où le Canadien pourrait les surprendre en début de rencontre et éteindre une foule qui pourrait même se retourner contre ses favoris.

« J’aurais grandement préféré gagner la série plus rapidement. Mais le passé ne compte plus. Il faut regarder devant et dans l’éventualité où nous devons disputer un septième match, je préfère que ce soit ici au Garden, devant nos partisans », assurait Shawn Thornton, l’un des joueurs de soutien venus répondre aux questions des journalistes alors que les Chara, Bergeron, Krejci, Lucic, Iginla et autres vedettes ont été gardées à l’écart.

S’il est évident que l’avantage de la patinoire a joué un rôle évident lors des deux dernières rencontres, il ne fait pas foi de tout. Les Bruins l’ont d’ailleurs démontré avec éloquence il y a quatre ans, lors de leur dernière conquête de la coupe Stanley, alors qu’ils ont ravi le précieux trophée des mains de Roberto Luongo et des Canucks qui croyaient bien que l’avantage de la patinoire leur permettrait de compléter la toute première conquête de leur histoire.

« On a perdu hier, mais je peux t’assurer qu’il n’y a pas un joueur qui a levé le pied en se disant que tout reviendrait à la normale devant nos partisans. Je sais que je ne pensais pas comme ça. Ce serait bien trop dangereux de penser comme ça. On sait que le Canadien peut venir nous battre ici. Il l’a fait lors du premier match. Ce sera à nous de prendre les moyens pour l’empêcher de le faire encore. On ne peut pas seulement se fier à notre expérience. Il va falloir tout donner, car ça peut être notre dernier match de l’année », a ajouté Daniel Paille.

Avantage Price

Bien qu’il n’ait pas eu à être miraculeux devant son filet lundi, Carey Price a une fois encore été meilleur que Tuukka Rask lundi. La domination du gardien du Canadien sur celui des Bruins représente d’ailleurs un autre facteur favorisant le Tricolore.

Des habitués des 7e match

Lundi, au Centre Bell, les Bruins ont profité de longues et très longues séquences en territoire du Tricolore sans jamais arriver à marquer. Non seulement se sont-ils butés à Price et à ses coéquipiers qui ont multiplié les tirs bloqués, mais les Bruins ont eux-mêmes couru à leur perte en effectuant une passe de trop ici, en cherchant le jeu parfait.

« Nous avons commis le même genre d’erreurs lors du premier match. Si tu analyses ces séquences, oui nous profitions du contrôle de la rondelle, mais nous sommes toujours demeurés en périphérie. On ne battra pas Carey Price avec des tirs de loin. Surtout que ses défenseurs excellent pour les bloquer. La recette est simple et nous la connaissons. On doit envoyer des joueurs devant le but pour créer une congestion et nuire à son travail. C’est comme ça que nous avons gagné dans le passé. C’est comme ça qu’on gagnera », a ajouté Kevan Miller qui a été victime du mauvais bond qui a conduit au premier but du Canadien marqué par Lars Eller. Un but qui a été suffisant pour l’emporter.

Qui va gagner?

Après avoir donné les Bruins gagnants en six, je serais bien malhonnête de virer capot et de prétendre que j’ai toujours cru aux chances du Canadien d’éliminer Boston. Mais en jouant comme il l’a fait lundi, le Canadien a confondu bien des sceptiques, y compris les joueurs des Bruins.

Si ces derniers ne prennent pas la menace au sérieux et qu’ils se contentent de jouer un petit match pépère au lieu de disputer un match du tonnerre comme celui de samedi, ou si Carey Price multiplie les miracles et vole la partie décisive comme il a volé le premier match, les Bruins seront en vacances à 22 h mercredi.

Mais parce que les Bruins sont à la maison, je crois encore qu’ils sortiront gagnants et que la logique sera respectée.

Pas question de miser plus que trente sous toutefois sur cette prédiction. Car dans le cadre d’un septième match de série, la logique ne tient pas toujours. Elle tient encore moins lorsque cette série oppose le Canadien et les Bruins.

Mais peu importe qui sortira gagnant du Garden, souhaitons-nous un match intense, robuste, enlevant et captivant. Souhaitons-nous un grand match qui couronnera l’équipe dont les joueurs auront été les meilleurs au hockey.

Le match en chiffres

0- Josh Gorges et Andrei Markov (3-0) tout comme Brandon Prust, Douglas Murray et Francis Bouillon (2-0) n’ont jamais subi la défaite en carrière dans le cadre d’un septième match de séries éliminatoires…

2- Carey Price et Tuukka Rask compte deux matchs d’expérience dans le cadre d'une partie décisive en série. S’ils présentent des dossiers identiques de 1-1, le gardien du Canadien a nettement le dessus sur celui des Bruins au chapitre des buts alloués par match (1,91 par Price, 3,87 pour Rask) et de l’efficacité (93,2 % pour Price, 85,5 % pour Rask)…

5- Brad Marchand revendique cinq points (2 buts) en cinq matchs sans lendemain disputés en carrière…

5- Daniel Brière avec 2 buts et 5 points en quatre matchs est le meilleur marqueur du Canadien lors de partie sans lendemain…

6- Brian Gionta est le joueur du Canadien comptant le plus d’expérience en match décisif en séries avec six : quatre victoires, deux revers. Il revendique 4 points (2 buts) lors de ces six parties tout comme Tomas Plekanec qui a toutefois récolté ses quatre points (un but, trois passes) en quatre rencontre…

8- Patrice Bergeron et Milan Lucic ont chacun gagné quatre matchs décisifs en séries, mais ils en ont aussi perdu quatre. Les deux coéquipiers revendiquent chacun 4 buts et 6 points lors de ces 8 rencontres…

10 – Zdeno Chara est le joueur des deux équipes qui comptent le plus d’expérience dans le cadre d’un septième match de série éliminatoire avec 10 : quatre victoires, six défaites…

13 : Le Canadien a forcé la tenu d’un septième match à 13 reprises au cours de son histoire après qu’il eu comblé un recul de 2-3 pour niveler les chances. Son bilan en match décisif suivant cette remontée : 7-6…

14 : les Bruins ont subi l’affront de 14 revers forçant la tenue d’une partie décisive alors qu’ils menaient leur série 3-2 au cours de leur histoire. Ils ont gagné 10 de ces 14 matchs…

20 : Des 24 matchs décisifs qu’ils ont disputés au cours de leur histoire, les Bruins en ont disputé 20 à domicile. Leur bilan après 24 parties décisives est de 13 victoires et 11 revers…

22 : Le Canadien disputera sa 24e partie décisive en séries ce soir. Ce sera leur 4e lors des 6 dernières séries et leur 6e partie sans lendemain en 11 séries. Le Canadien affiche un bilan positif de 13-9 en match décisif au cours de son histoire…