BROSSARD – Carey Price était sur la glace avec Mike Condon et Charlie Lindgren mercredi matin au complexe d’entraînement du Canadien à Brossard. Pour les partisans de l’équipe qui désiraient le voir en action cette saison, il s’agissait là de leur dernière chance.

Après avoir laissé place à la spéculation pendant des mois, la direction du Canadien a finalement confirmé, alors qu’il ne reste que deux matchs à écouler à la saison régulière, que son gardien numéro un ne sera pas de retour au jeu avant l’automne prochain.

Du même coup, l’équipe a annoncé que P.K. Subban, Mark Barberio, Victor Bartley et Lucas Lessio seraient également laissés de côté jeudi soir en Caroline et le samedi suivant contre le Lightning de Tampa Bay.

Dans une déclaration publiée sur le site internet du Canadien, le docteur Vincent Lacroix explique que Price souffrait d’une entorse du ligament collatéral interne du genou droit (LCI). Il confirme aussi que la blessure est survenue lors du match du 25 novembre contre les Rangers de New York.

« Je suis déçu »

« Le LCI supporte la partie interne du genou et est essentiel pour la stabilité et la fonction de celui-ci. Les blessures aiguës, isolées du LCI, sont traitées sans chirurgie. Les traitements de réadaptation mènent à une récupération fonctionnelle complète. Le chemin de la récupération peut être prolongé dans le cas d’un gardien élite tel que Carey, en raison du stress physique placé sur cette structure anatomique par les techniques modernes des gardiens de but », a vulgarisé le médecin en chef du Canadien.

« Bien que Carey ait fait d’excellents progrès, et est tout près de pouvoir renouer avec la compétition, il n’a toujours pas le feu vert pour revenir au jeu. Le personnel médical s’attend à une récupération complète lors de l’après-saison. Il est important de souligner que cette blessure au genou droit n’est pas la même blessure que celle que Carey a subi plus tôt cette saison (29 octobre à Edmonton), ou lors des années précédentes », a ajouté le Dr Lacroix.

Affirmant que son gardien numéro un était « très, très, très près » d’un retour, l’entraîneur Michel Therrien s’est dit déçu de constater que son joueur vedette arriverait à court de son objectif.

« Jusqu’à la dernière minute, on a espéré qu’il soit en mesure de disputer un match, mais il faut se rendre à l’évidence qu’il ne sera pas prêt à jouer samedi. Il aura manqué de temps. C’est dommage pour lui. On aurait tous aimé le revoir parce qu’il a investi tellement d’effort pour essayer de revenir, mais ça n’arrivera pas. »

Price a déclaré avoir ressenti que sa condition s’était améliorée plus rapidement au cours des deux dernières semaines, mais qu’il avait dû se rendre à l’évidence qu’il avait perdu sa course contre la montre lors d’une rencontre avec l’état-major de l’équipe mardi soir.

« Rien n’est certain, mais je dirais qu’avec deux semaines de plus devant moi, j’aurais été en mesure de disputer un match. […] Toutefois, il a été établi qu’il me serait impossible de revenir à 100 % avant la fin de la saison et à partir de ce moment, il n’y avait pas de raison de prendre de risque inutile », a justifié le plus récent récipiendaire des trophées Hart et Vézina.

Price a toujours l’intention de prendre part à la Coupe du monde en septembre prochain et le Canadien n’a aucune raison de croire qu’il ne sera pas en pleine possession de ses moyens pour l’ouverture de son camp d’entraînement.

« J’aurai eu un mois et demi pour m’entraîner quand la Coupe du monde commencera. Je crois que j’aurai eu amplement de temps pour me préparer », a assuré Price.

« C’est sûr qu’on aurait aimé qu’il dispute un match. Ça aurait été le scénario idéal, n’a pas caché Therrien. Mais est-ce que j’ai des doutes quant à la forme dans laquelle il va se présenter au mois de septembre? Absolument pas. Je le vois s’entraîner et même s’il n’est pas à 100 %... câline qu’il a l’air bon! C’est pour ça que je n’ai pas de doute. Je n’ai aucun doute. C’est un gardien de but très consciencieux. Même s’il a manqué, tu le vois dans les entraînements que c’est un gardien de but élite. »

Therrien a réfuté les allégations voulant que Price ait subi une arthroscopie lors d’un séjour à New York après sa deuxième blessure de la saison. Le principal intéressé a quant à lui assuré que la possibilité de passer sous le bistouri n’avait jamais été envisagée.

« Ce genre de blessure ne nécessite pas une opération. Même si le ligament avait été complètement déchiré, on m’a dit qu’on l’opère rarement parce que les bénéfices ne sont simplement pas là. »

Chronologie d’un secret bien gardé

La lumière est donc faite sur ce qui fut probablement la blessure au bas du corps la plus médiatisée de l’histoire du club.

Originalement confronté à une convalescence de six à huit semaines, Price a recommencé à patiner en solitaire, sans équipement, en janvier. À partir de ce moment, ses moindres déplacements sont devenus le sujet d’observations et de conversations presque quotidiennes. En février, on a fait grand état du fait qu’il avait recommencé à porter l’uniforme complet. Puis au début mars, lors d’une sortie publique coïncidant avec sa nomination au sein de l’équipe canadienne en vue de la Coupe du monde, Price s’était lui-même dit confiant de revenir au jeu avant la fin de la saison.

« Vous avez pu constater qu’à un certain point, je pouvais patiner et effectuer des lancers comme un attaquant. C’était environ six à huit semaines après que j’aie subi la blessure, a rappelé l’éclopé. Mais malheureusement, cette partie du corps est plus sollicitée chez les gardiens. J’avais subi une blessure similaire dans le passé et j’avais eu besoin de trois mois pour m’en remettre, alors dans ma tête j’avais une bonne idée que l’histoire se répèterait. »

« Honnêtement, ce fut très frustrant pour tout le monde, a avoué Therrien. Quand tu t’attends à un retour après six à huit semaines et qu’ensuite, on t’indique que ça se prolongera pendant encore deux ou trois semaines et ainsi de suite jusqu’à la fin de la saison… Mais il n’y a rien qu’on pouvait faire. »

« Durant toute cette période, je suis toujours resté optimiste, a ajouté Price. Je voyais du progrès, et puis ça stagnait. Ensuite je recommençais à progresser et ça stagnait de nouveau. Personne n’était plus frustré que moi par cette situation. »

Est-ce que le Canadien aurait géré la situation de ses gardiens différemment s’il avait pu prévoir que le rétablissement de Price suivrait une route aussi sinueuse?

« C’est une question que vous pourrez poser à Marc Bergevin », a relayé Therrien.

Therrien répond aux critiques

« Je suis à quelques semaines d'un retour »

Au cours de ce long roman-savon, jamais la direction du Canadien n’a jugé bon de faire le point sur l’état de la progression de son meilleur joueur. Son refus de déroger à cette culture du secret qui est la sienne l’a exposée à de nombreuses critiques, auxquelles Therrien a encore une fois pris la peine de répondre mercredi.

« L’un des meilleurs joueurs de la Ligue, Evgeni Malkin, est blessé à l’approche des séries. Personne ne sait exactement où et c’est normal. Une équipe n’a aucun avantage à révéler la nature d’une blessure tant qu’il y a une possibilité que le joueur revienne au jeu. Tu ne veux pas donner un avantage à l’adversaire. »

Therrien a martelé que la discrétion de l’organisation allait de concert avec son objectif prioritaire qui était d’assurer la sécurité des joueurs.

« On ne veut pas que nos joueurs soient exposés. Quand on sera la seule équipe à agir comme ça, on se dira qu’on est dans le champ gauche, mais ce n’est pas le cas. »

« Les gens normaux n’ont pas à partager les mises à jour quotidiennes de leur médecin, alors je ne vois pas pourquoi j’aurais à le faire, a relativisé Price en souriant. Ensemble, on a décidé que c’était la chose à faire. Ça se voit régulièrement dans les séries, alors je ne vois pas pourquoi c’est une grosse histoire. De toute façon, vous avez eu bien d’autres choses à raconter depuis quatre mois! »

30 Min. Chrono - donneriez-vous une autre chance à Marc Bergevin?