BROSSARD – Quatre années sans participer aux séries, c’est long. Quatre années à faire partie d’une équipe tellement mauvaise qu’elle est pratiquement déjà éliminée avant Noël, c’est très long.

C’est un peu à ça que se résume le passage de Jeff Petry à Edmonton : beaucoup d’espoir, mais surtout d’amères déceptions.

« Chaque année, on y croyait et les attentes étaient très élevées. Tout le monde prévoyait que l’équipe arriverait à maturité, mais on finissait toujours par tomber dans une léthargie. On se creusait un trou et c’en était fait de nos chances », racontait Petry, assis à son casier après l’entraînement du Canadien mardi.

L’Américain a donné ses premiers coups de patins dans la Ligue nationale en même temps que trois choix de première ronde – Taylor Hall, Jordan Eberle et Magnus Paajarvi. Les recrues étaient talentueuses, mais les résultats n’ont pas été à la hauteur. Un premier de classe s’est greffé au groupe à chacune des deux années suivantes, mais ni l’arrivée de Ryan Nugent-Hopkins, ni celle Nail Yakupov n’a pu aider à changer la culture perdante.

Le refrain était toujours le même. Du talent, mais pas de résultats.

« À ma deuxième saison, on avait connu un bon départ, on y avait cru pendant un certain temps. Ce furent probablement les meilleurs moments de mon séjour là-bas. Mais ce n’était rien comparé à ce que vis ici. »

Petry ne cache pas la fébrilité qui l’habite ces jours-ci. La dernière fois qu’il s’est préparé pour un match de séries, il évoluait à Oklahoma City dans la Ligue américaine. Et on soupçonne que cette année-là, le duel entre les Barons et les Bulldogs de Hamilton ne l’avait pas émoustillé autant que l’arrivée prochaine des Sénateurs d’Ottawa au Centre Bell.

« Tout le monde me dit que l’atmosphère à l’intérieur de notre domicile est magique en saison régulière, mais que rien ne se compare à ce qu’on peut y ressentir en séries. Apparemment, la ville au complet devient complètement folle. J’ai hâte de voir ça. »

Petry aura la chance de vivre cette première en compagnie de son père Dan, qui a décidé de repousser le voyage qu’il avait initialement prévu faire à la fin de la saison régulière pour vivre la fièvre du printemps à Montréal, une ville dans laquelle il se posera pour la toute première fois mercredi. « Il a décidé de s’accumuler le plus de journées de congé possible pour les séries! », rigole le fiston.

Dan Petry n’est pas étranger aux sensations que doit présentement gérer son fils. Ancien lanceur partant qui a connu une carrière de 13 saisons dans les majeures, il avait à peu près le même âge lorsqu’il a participé à la conquête de la Série mondiale des Tigers de Detroit en 1984.

En temps opportun, le paternel sera donc certainement en mesure de conseiller l’autre athlète de la famille sur la gestion de la pression additionnelle qui accompagne le privilège de jouer pour un enjeu relevé.

« On ne s’en n’est pas parlé encore, mais j’ai une bonne idée de ce qu’il va me dire. Je ne dois pas me laisser préoccuper par les éléments extérieurs et simplement me concentrer sur ce qui a fait mon succès durant toutes ces années. Il y aura des hauts et des bas, mais il faudra rester concentré et s’assurer de tirer le meilleur de chaque situation. »

Renouer avec ses instincts

Petry semble avoir trouvé sa vitesse de croisière au moment idéal. Reconnu comme un défenseur capable d’initier une relance efficace et de suivre le courant jusqu’en zone offensive, le joueur clé acquis par le directeur général Marc Bergevin à la date limite des transactions a été complètement blanchi de la feuille de pointage à ses douze premiers matchs avec le Canadien. Mais les valves se sont ouvertes à la fin mars alors qu’une séquence de six parties avec au moins un point a vu le jour. Elle s’est terminée lors du dernier rendez-vous de la saison à Toronto.

Le fluide patineur de 6 pieds 3 pouces croit que la période d’adaptation qu’a nécessité son déménagement lui a permis de revenir aux sources.

« Le personnel d’entraîneurs m’a vraiment encouragé à m’impliquer davantage dans le jeu et à me servir de mes jambes, que ce soit lorsque je reçois une passe en sortie de zone ou quand j’ai la chance de faire reculer la défense adverse en appuyant l’attaque comme quatrième homme », racontait Petry après la récente victoire du CH face aux Red Wings.

« C’est une partie de mon jeu que j’avais délaissée à Edmonton, simplement en raison du style de jeu qui y était préconisé et des attentes qui étaient placées en moi, avait poursuivi l’ancien choix de deuxième ronde en 2006. Ici, les entraîneurs mettent l’accent sur les transitions rapides, tout doit se faire avec de la vitesse. Je me suis habitué au système et j’ai gagné en confiance. »

« Je voulais connaître une grosse fin de saison de façon à m’emparer d’un momentum que je pourrais transporter en séries, a-t-il finalement ajouté mardi. C’était ma principale préoccupation et maintenant que c’est fait, ça devrait m’aider à offrir le meilleur de moi-même à chaque match. »

Petry dit aussi avoir développé une belle chimie avec Alexei Emelin, avec qui il formera la deuxième paire de défenseurs du Canadien à l’amorce des séries.

« Ça me sécurise de savoir qu’il y a un gars solide en défensive derrière moi lorsque je veux me porter à l’attaque », avance-t-il.

Tom Gilbert, qui a raté les deux derniers matchs de la saison en raison d’une blessure au haut du corps, a continué de s’entraîner avec un protecteur additionnel au niveau de la mâchoire depuis le début de la saison. Atteint au visage par un lancer frappé le 21 mars, le défenseur de 32 ans dit ne plus ressentir de douleur et prêt à réinsérer l’alignement. À l’entraînement mardi, il complétait un duo avec Nathan Beaulieu.