Un entraîneur peut bien être sans réponses devant les journalistes pour expliquer une défaite comme celle de lundi contre les Bruins de Boston ou contre le Wild du Minnesota il y a quelques jours, mais croyez-moi, à l'interne il travaille fort pour trouver des explications et contrairement à ce qu'on peut croire, il ne se contente pas de se dire que c'est une erreur de parcours.

Claude Julien veut savoir comment 18 joueurs peuvent si mal exécuter leur travail. C'est en partie inexplicable, mais il va sortir les vidéos pour mettre dans la face de ses joueurs les erreurs qu'ils ont accumulées, mais il ne le dira pas nécessairement publiquement.

Un entraîneur ne met pas les défaites sur le compte des erreurs de parcours parce que lui aussi a trouvé la soirée très longue quand il voit le Wild gagner 7-1 ou qu'il voit les Bruins s'amuser 4-0 au  Centre Bell. Ce n'est pas agréable et le temps ne passe pas vite, si bien que le pilote voudra identifier la cause de l'échec.

Le Canadien ne s'est simplement pas présenté lundi contre Boston, c'est vrai, mais moi je donne beaucoup de crédit aux Bruins qui mêmes privés de Zdeno Chara et de Patrice Bergeron, ont su dominer. On a eu une autre preuve que les équipes sont capables de s'adapter au style rapide du Canadien. Vous aurez remarqué que les Bruins ont exploité la faiblesse en défensive du côté gauche. On a vu les Bruins attaquer à deux joueurs de ce côté avec un troisième en mouvement.

La pression des Bruins à gauche a créé un vent de panique chez les arrières droitiers qui ont essayé d'aider. De fait, cette aide des droitiers libérait de l'espace ainsi qu'un joueur adverse à droite.

La balle est dans le camp de Marc Bergevin pour dénicher un défenseur gaucher capable d'épauler Shea Weber et Jeff Petry. J'ai l'impression que Claude Julien va donner une chance à Victor Mete aux côtés de Weber.

Après le cuisant revers au Minnesota, le Canadien a signé des victoires contre la Caroline et Ottawa deux équipes qui traversent de mauvaises passes, ce qui a peut-être faussé la perception des joueurs qui se voyaient plus gros qu'ils ne le sont réellement.  Contre Boston, privé de deux grands leaders, le Canadien a été déclassé. Claude Julien doit faire des ajustements parce que ça s'annonce difficile contre le Colorado, qui aligne Nathan MacKinnon, Gabriel Landeskog et Mikko Rantanen, le meilleur trio de la LNH.

On peut déjà prévoir que l'Avalanche va faire son échec avant du côté gauche.

Le vrai visage du Canadien se situe au milieu du peloton. Je pense que Montréal aura moins de bas qu'Ottawa, mais ça va arriver à l'occasion que le Canadien se fasse déclasser comme on l'a vu dernièrement. Heureusement que Carey Price a été bon contre les Bruins, car ç'aurait pu être pire.

Redémarrer l'avantage numérique

L'attaque à cinq du Canadien ne va nulle part. Je pense que j'inviterais les joueurs à une séance de  vidéo et à regarder les dix premiers matchs de la saison pour revoir comment les choses tournaient bien.

Pour l'attaque massive, j'irais par trio plutôt que par comité et je miserais sur la vitesse. Actuellement, le jeu part par-derrière et les joueurs sont en positions arrêtées. Chaque fois qu'il y a une occasion d'aller au but, je voudrais voir un gars devant le filet. Si le trio sur la glace ne le faisait pas, j'enverrais alors un autre trio.

Le Canadien est prévisible en avantage numérique. Tout le monde sait que l'on recherche toujours Weber, qui n'arrive pas à se libérer. Il faut trouver une solution pour le libérer. Il faut que le capitaine devienne dangereux dans un autre aspect du jeu de puissance

Il faut aussi que les gars soient plus agressifs dans cette situation. T'as l'avantage d'un homme, il faut que ça paraisse. Il faut profiter du surnombre pour récupérer la rondelle, mais il y a parfois trop d'hésitations qui font échouer l'attaque massive.

Le retour de Mete

Noah Juulsen a pris la route de Laval pour y rejoindre le Rocket dans la LAH et Victor Mete est de retour avec le grand club.

Juulsen ne jouait pas très bien et comme me disait l'ancien entraîneur du Canadien, Michel Therrien, il faut que le défenseur apprenne à bouger, car il est statique sur la patinoire. Therrien disait la même chose de Mikhail Sergachev à l'époque.

Je ne pense pas que le stage de Mete à Laval ait été assez long, mais je pense tout de même que Joël Bouchard s'en est très bien occupé. Mete a déjà eu du succès avec Weber.

On a essayé plusieurs arrières aux côtés de Weber sans grand succès et de toute évidence, ça devient trop vite pour Brett Kulak. Si j'étais à l'entraîneur, je dirais à Mete qu'il allait affronter les meilleurs joueurs de l'autre équipe et qu'il devait me montrer ce qu'il avait dans le ventre. En plus de chercher à être compétitif, le mandat de Claude Julien cette saison est aussi de développer les jeunes. D'ailleurs, ça se passe plutôt bien avec Jesperi Kotkaniemi.  Lundi à 4-0, j'aurais bien aimé voir le Finlandais avec Tomas Tatar et Gallagher pour l'expérience.

Retour au naturel pour Mike Reilly

Le temps a rattrapé Mike Reilly. En début de saison, tout le monde l'encensait, mais c'est la réalité montréalaise. Un joueur joue deux bons matchs et on est prêt à lui donner le trophée Norris immédiatement. On s'emballe  trop vite et l'on a placé le joueur dans une situation où il n'était pas à l'aise.

La force de Mike Reilly est son coup de patin et sa prise de décisions quand il est concentré sur son travail. S'il tient les choses pour acquises, sa carrière pourrait prendre une tournure différente de ce qu'il souhaite.

Il paraissait bien au camp d'entraînement contre des formations composées de vétérans et de recrues, mais après les fêtes quand commencera la vraie saison, Reilly pourrait trouver la situation difficile. À mes yeux, il est un sixième défenseur comme le sont David Schlemko, Jordie Benn et Kulak. C'est pour cette raison que je disais plus haut que la balle est dans le camp du directeur général.

*propos recueillis par Robert Latendresse