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RÉSULTATS

La contestation a fait mal, mais elle n'excuse pas tout

Samuel Montembeault Samuel Montembeault - PC
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Mise à jour

La contestation déposée par Martin St-Louis afin de renverser le premier but des Panthers a joué un rôle déterminant dans le match opposant le Canadien aux Panthers.

Prétendre le contraire serait injuste. Ce serait même absurde.

Car cette contestation une fois rejetée a non seulement permis à Sam Reinhart de donner les devants 1-0 aux Panthers, mais elle a aussi ouvert la voie au deuxième but des rivaux venus de la Floride qui ont ensuite doublé leur avance pendant la pénalité imposée au Tricolore pour avoir retardé la rencontre.

Cette contestation rejetée et les deux buts qui l'ont suivie expliquent certainement en partie la victoire des Panthers, mais ils n'excusent pas tout dans le cadre du revers du Canadien qui s'est finalement incliné 6-2.

Très indiscipliné, le Canadien a en plus accordé quatre buts lors des huit attaques massives offertes aux Panthers. Des Panthers qui ont obtenu 20 tirs lors de ces attaques massives.

Et comme le Tricolore a trouvé le moyen d'écoper de deux pénalités pour avoir eu trop de joueurs sur la patinoire en 83 secondes, il est impossible de mettre toute la faute sur les arbitres.

En deux matchs, le Canadien a été victime de sept buts en 14 supériorités numériques accordées aux Panthers. Des résultats sensationnels pour la Floride, mais ô combien désolants pour Montréal!

Inversement, le Canadien a bousillé ses cinq attaques massives.

Comme quoi il n'y a pas que le but controversé qui a coulé le Canadien, jeudi soir, au Centre Bell.

Les arbitres blâment Montembeault

Au fait, ce but controversé: il était bon ou pas?

La version officielle confirme qu'il était bon puisque les responsables des opérations hockey ont entériné la version des arbitres Ghislain Hebert et Jake Brenk selon qui le contact entre Samuel Montembeault et Matthew Tkachuk n'a rien changé au fait que le gardien du Tricolore n'aurait pas été en mesure d'effectuer l'arrêt.

La version officielle est toutefois contestable.

Et il est normal que les partisans du Tricolore crient à l'injustice quand ils voient – les images le démontrent clairement – que Tkachuk a un patin dans la zone réservée au gardien et qu'il empêche Montembeault de revenir devant le filet.

Les règles 69.1 et 69.3 sont claires et très sévères en matière de contacts avec les gardiens. Des contacts qui ne sont pas permis quand ils sont attribuables à un joueur offensif qui n'est pas poussé sur le gardien. Que ce contact soit volontaire ou accidentel.

Ces règles ont d'ailleurs été appliquées, jeudi soir, pour refuser des buts initialement accordés à Lars Eller des Capitals de Washington et Jeremy Lauzon des Predators de Nashville, après des contestations déposées par André Tourigny des Coyotes de l'Arizona et Craig Berube des Blues de Saint Louis.

Le règlement 69.7 permet à un joueur d'entrer en contact avec un gardien lorsque les deux adversaires tentent de rejoindre une rondelle libre. Que ce soit à l'intérieur ou à l'extérieur de la zone réservée au gardien.

Sur la reprise, on voit très bien Montembeault glisser hors de sa zone réservée pour effectuer un arrêt aux dépens d'Aleksander Barkov. On voit ensuite Tkachuk s'interposer entre le gardien du Tricolore et son but. Comme Montembeault et Tkachuk ne bataillent pas pour une rondelle libre, la règle 69.7 ne s'applique pas.

Pourquoi alors les arbitres accordent-ils le but en rejetant l'appel logé par le Canadien?

« Ils considèrent que le contact n'a pas empêché le gardien du Canadien de revenir à temps devant son filet pour effectuer l'arrêt après sa glissade loin à la gauche de son but. Nous avons longuement analysé le jeu sur tous les angles disponibles et nous sommes d'avis que les arbitres ont raison », qu'un responsable de la LNH joint à Toronto aussitôt le verdict rendu m'a indiqué.

Cette interprétation est surprenante, j'en conviens. Elle soulève des questions justifiées, car dans les règlements tels qu'ils sont rédigés, il n'y a aucune indication que la possibilité d'effectuer l'arrêt entre en ligne de compte.

Quand on regarde la reprise, il est clair que Montembeault était dans une position très vulnérable après son arrêt aux dépens de Barkov. Est-ce qu'il aurait pu effectuer un plongeon du désespoir et peut-être voler un but n'eut été l'impact avec Tkachuk?

Peut-être. Mais ça devient très difficile à déterminer.

Bon! Il est normal que les partisans du Canadien scandent, avec vigueur, que oui c'était possible. Mais l'entraîneur-chef St-Louis était toutefois beaucoup moins convaincu que les partisans de son équipe dans l'analyse rapide qu'il a effectuée avant d'interjeter appel.

« Je savais que c'était gris et j'ai décidé de prendre une chance », que le coach a convenu après le revers de 6-2. Une chance qui méritait d'être tentée, même si les conséquences ont été, il faut le dire, très négatives.

Cette particularité qui a joué en faveur des Panthers figure peut-être dans l'immense livre de mises en situation qui sont bien plus nombreux règlements proprement dits.

Si c'est le cas, il faudrait que les arbitres le disent clairement de manière à éviter les débats émotifs et rarement constructifs associés à des jeux aussi controversés. De fait, le Baseball majeur oblige ses officiels à venir répondre aux questions des journalistes – généralement les journalistes sont représentés par un émissaire qui partage l'information après sa rencontre avec le ou les officiels venus le rencontrer – lorsqu'ils demandent des explications en marge d'une ou de plusieurs décisions controversées.

Ce devrait être la même chose au hockey. Du moins il me semble.

Contestations au fil des ans

Au fil des quatre buts sans riposte que les Panthers ont enfilés en moins de 13 minutes après que la contestation du Canadien eut été rejetée, les partisans ont inondé les médias sociaux en criant à l'injustice ici en soulignant les légendaires décisions négatives à l'endroit de leurs favoris là.

Ça frappait fort. Ça frappait sur tous les fronts. À l'image des joueurs du Tricolore et des Panthers qui ont joué à tape la pomme, tape la poire sans toutefois moudre le café – excusez-là! – une fois l'issue du match bien déterminée.

Peut-on parler d'injustices légendaires?

Voyons voir :

C'était la septième fois cette saison que le Canadien contestait un but.

Il a gagné – but de l'adversaire annulé – trois des quatre appels logés pour des hors-jeu non signalés.

Il a toutefois perdu ses deux contestations pour obstruction sur les gardiens : celle de jeudi contre les Panthers et celle logée le 3 novembre contre les Jets alors qu'un but de Blake Wheeler a finalement été accordé.

St-Louis a aussi perdu la contestation logée pour rondelle touchée au-dessus de la hauteur permise des épaules par Marco Rossi avant un but marqué par Kirill Kaprisov du Wild du Minnesota.

Inversement, le Canadien est un en deux en matière de contestation déposées par un rival en raison d'une obstruction aux dépens de son gardien. John Tortorella a fait annuler un but du Tricolore le 19 novembre, mais les responsables de Toronto ont maintenu un but de Cole Caufield que les Penguins ont contesté le 12 novembre.

Le Canadien est donc sorti gagnant une seule fois en quatre occasions jusqu'ici cette année en matière de contestation reliée à des obstructions sur les gardiens.

Depuis l'instauration des contestations en 2015?

Le Canadien a gagné 31 des 52 contestations logées par des rivaux qui voulaient faire annuler un de ses buts pour obstructions aux dépens de leurs gardiens.

Le Tricolore a toutefois obtenu seulement sept annulations de buts sur les 31 contestations qu'il a déposées. Toujours en matière d'obstruction sur ses gardiens.

Les contestations pour hors-jeu étant généralement beaucoup moins controversées, j'ai décidé de ne pas en tenir compte.

Au total ça donne donc 38 décisions favorables contre 45 favorisant ses rivaux depuis le début de la saison 2015-2016.

Est-ce assez pour parler d'injustice légendaire?

Je vous laisse décider.