Le nouveau pont qui reliera Montréal à sa rive-sud ne portera pas le nom de Maurice Richard.

Devant la controverse soulevée par le changement de nom du pont Champlain, le ministre fédéral de l'Infrastructure, Denis Lebel, a finalement reculé jeudi, indiquant que le nom du célèbre numéro 9 du Canadien de Montréal ne faisait plus partie de la discussion.

« On prend acte de ce que nous avons reçu comme message dans les derniers jours », a déclaré M. Lebel lors d'un point de presse à Québec, précisant que cette décision avait été prise à la demande de la famille du Rocket.

« Après discussion avec la famille de M. Richard et afin de respecter leur souhait, il a été convenu que le nom de Maurice Richard soit retiré de la réflexion concernant le nom du nouveau pont », a déclaré M. Lebel.

« Je veux dire à la famille que je souhaite que les prochaines heures soient plus calmes pour eux », a tenu à ajouter le ministre.

Denis Lebel soutient ne pas avoir été surpris par la réaction qu'a provoquée la proposition de changer le nom du pont, même si ses propos laissent croire qu'il n'avait pas prévu la nature de l'argumentaire qui s'en est suivi. « Je trouve dommage qu'on ait mis en compétition et en opposition deux symboles, deux géants de notre histoire », a-t-il indiqué.

Le nom de Champlain n'est pas acquis pour autant. Le ministre a répété que la décision finale concernant le nom du nouveau pont n'était toujours pas prise.

Il a toutefois indiqué que le gouvernement fédéral était conscient de l'importance historique du fondateur de Québec et premier gouverneur de la Nouvelle-France.

« Nous connaissons l'importance de Samuel de Champlain dans l'histoire du Québec, a déclaré M. Lebel. Jamais personne n'a voulu manquer de respect à Samuel de Champlain. »

Tout indique que ce nom sera fort difficile à changer. Deux ministres québécois du gouvernement Harper, qui étaient jusqu'ici demeurés muets sur la question, se sont tout à coup prononcés clairement en faveur du personnage historique.

« Je préférerais que le nouveau pont Champlain garde le nom Champlain, a déclaré le ministre Maxime Bernier. Ça respecte le consensus au Québec, ça respecte aussi l'histoire du Québec. »

Même son de cloche du côté de son collègue Christian Paradis. « La décision qui a été prise aujourd'hui démontre qu'il y a de l'écoute, a-t-il dit. Maintenant, je vous ai fait part de ma préférence: Champlain. »

Sans surprise, la réaction a été sensiblement la même du côté de l'opposition néo-démocrate, le député Pierre Nantel allant même jusqu'à s'approprier la mémoire du Rocket pour réclamer le statu quo.

« L'insouciance de ce ministre a fait vivre à la famille de notre Maurice Richard une controverse dont elle se serait très bien passée, mais le ministre refuse de clore le débat », a dit le député de Longueuil-Pierre-Boucher aux Communes.

« Pourtant, il n'y en a pas de débat : ce n'est pas une nouvelle traversée, ce n'est pas un nouveau pont donc, ça ne prend pas un nouveau nom », a dit M. Nantel.

Ce qui a davantage surpris fut la demande du ministre Bernier d'accélérer les choses.

« Le gouvernement devrait se positionner le plus rapidement possible là-dessus », a déclaré le ministre.

« Je suis heureux que mon collègue ait décidé d'enlever de la liste le nom de Maurice Richard en respectant le désir de la famille (...). Maintenant, on pourrait passer à l'étape suivante, c'est-à-dire confirmer que nous gardons le nom Champlain. »

Le ministre Lebel a cependant précisé que son souci premier, pour le moment, était de construire le nouveau pont et que celui-ci soit ouvert en 2018, comme prévu, tout en continuant d'entretenir et de maintenir le pont Champlain actuel.