MONTRÉAL – Marc Bergevin a confirmé qu’il ne prévoit pas miser sur Shea Weber l’an prochain et son discours n’avait rien d’optimiste pour la suite. Quant à Carey Price, le directeur général est content d’avoir gagné le pari de l’exposer au Kraken de Seattle. De plus, Jonathan Drouin semble prêt à renouer avec l’action. 

Le moins que l’on puisse dire, c’est que Bergevin a déchanté après la présence de son équipe en finale de la Coupe Stanley. Les nouvelles au sujet du capitaine Weber étaient surprenantes et mauvaises. 

« Je ne compte pas sur la présence de Weber dans la formation l’an prochain », a lancé Bergevin d’emblée, jeudi. 

« Sa cheville, son genou, son pouce, il ressent beaucoup de douleur. Ça lui prend beaucoup de temps le matin juste pour se préparer pour une pratique. Il a beaucoup de millage, il a vraiment poussé son corps à la limite. Ce n’est vraiment pas une possibilité qu’il revienne l’an prochain et probablement pour sa carrière », a ensuite exposé le DG. 

Bergevin savait bien que son pilier défensif était amoché physiquement. Mais même en le voyant très émotif sur la patinoire lors des célébrations du Lightning, il ne soupçonnait pas un tel verdict. 

« J’étais étonné, il a été l’un de nos défenseurs les plus utilisés jusqu’en finale. Je n’étais pas au courant et selon ce que j’ai pu comprendre ensuite, personne ne savait vraiment ce qu’il avait. Oui, on savait tous pour la douleur, mais pas l’étendue des dommages. Shea est un homme de peu de mots, il ne se plaint pas de son sort. J’étais bien surpris », a avoué Bergevin. 

Dans un sens, ça s’explique puisque Weber ne voulait sans doute pas admettre tout de suite que sa carrière ne tient qu’à un fil. 

« C’était dur pour Shea. C’est tout ce qu’il connaît, c’est un joueur de hockey jusqu’au bout des doigts. Ce n’est pas facile pour lui de réaliser qu’il ne peut pas jouer à la hauteur de ses attentes. On a eu une conversation émotive. J’ai beaucoup de respect pour lui et ce qu’il a fait pour le Canadien. Ce sera impossible de le remplacer », a admis Bergevin. 

Rien pour aider, le Kraken a pigé Cale Fleury dans l’organigramme du Canadien. Les ressources parmi les défenseurs droitiers sont donc minimes (Jeff Petry et Josh Brook). Par la force des choses, il s’attardera davantage au marché des joueurs autonomes et aux possibilités de transactions. Dans un monde idéal, il dénicherait des solutions de ce côté. 

« Évidemment, on doit essayer de remplacer ses minutes d’une certaine façon. (Alexander) Romanov est encore jeune et il obtiendra plus de responsabilités », a réagi Bergevin en rappelant que Romanov et Joel Edmundson peuvent évoluer à droite. 

Pour l’instant, le plan sera donc d’ajouter le nom de Weber sur la liste des blessés à long terme au début de la saison prochaine et Bergevin ne craint pas d'embaucher un remplaçant qui détient un contrat de plusieurs saisons. 

Le pari avec Price rapporte, mais attendons le diagnostic

Alors que le dossier de Price a fait retenir le souffle pratiquement au Québec en entier, Bergevin était à l’aise avec le geste intrigant de ne pas le protéger. 

« Carey est venu me voir et il avait parlé avec Jake (Allen). On a eu beaucoup de discussions, on a pris un pari, mais on était confortable qu’on le garderait à Montréal. Comme de fait, c’est le cas et on est très heureux de l’avoir encore », a raconté le directeur général. 

Bien sûr, le but était de conserver Allen, un adjoint de grande qualité, surtout que Price a été affecté par les blessures plusieurs fois. Le Kraken était, semble-t-il, trop gourmand dans ses demandes envers le Canadien pour ne pas sélectionner Allen. 

« À nos yeux, leur demande était trop exigeante. Quand la conversation est arrivée avec Carey, on a vraiment étudié le tout. On a pris un risque calculé qui a payé pour l’organisation », a dit Bergevin qui ne voulait pas commenter la décision prise par son homologue Ron Francis. 

Il fallait tout de même que Bergevin soit prêt à courir ce risque. 

« On avait un plan B, c’est certain. Mais Carey et moi avons parlé en large, on était confiants qu’il fasse encore partie de l’organisation. C’est un peu comme si je ne veux plus y penser maintenant. Mais pour nous, le risque pour nous était très minime », a-t-il évalué. 

Malheureusement, l’incertitude plane encore autour de Price. On parle ici de sa santé. 

« Ce n’est rien d’alarmant au moment où on se parle. Il va voir les médecins cette semaine, mais on s’attend à rien de majeur. Peut-être juste six à huit semaines (de remise en forme). Il y a un petit pourcentage que ça pourrait être plus long, mais il faudra voir », a précisé Bergevin. 

Confiant pour la relance de Drouin, petit espoir pour Danault

Ça passe un peu inaperçu avec les informations au sujet de Weber et Price, mais Drouin devrait reprendre sa place dans la formation en 2021-2022. 

« Je l’ai rencontré, mardi, avec Dom (Dominique Ducharme). On a eu une très bonne conversation. Jo se sent bien, il est focus et prêt à recommencer. Je m’attends à le voir à la première journée du camp. [...] C’est énorme. Quand Dom a pris les rênes, on a vu Jo jouer son meilleur hockey avec le CH. C’est bien excitant. Son jeu a chuté ensuite, mais on sait maintenant pourquoi et on a pris soin de cet enjeu », a révélé Bergevin. 

En ce qui concerne Danault, la porte ne semble pas complètement fermée. 

« Tant et aussi longtemps qu’un contrat n’a pas été signé, on a toujours espoir de le voir à Montréal », a commenté Bergevin qui ne veut pas lui offrir un contrat trop dispendieux à ses yeux. 

Si Danault acceptait l’offre d’une autre équipe, le CH perdrait un centre très utile. Jesperi Kotkaniemi devrait alors démontrer qu’il peut désormais combler un tel départ. Bergevin n’a pas sonné trop impatient à son sujet et il aime également l’apport de Jake Evans. 

Bergevin n’a donc pas le choix de se préparer pour différents scénarios en attendant le diagnostic de Price et la conclusion à propos de Danault. Le DG espère d’ailleurs que les joueurs autonomes ne craindront pas de venir à Montréal alors que les restrictions sanitaires demeurent plus élevées qu’aux États-Unis. 

« Il y a plusieurs points d’interrogation présentement. Avec le repêchage et les joueurs autonomes, ça en fait beaucoup à gérer. Je n’ai pas eu le temps de prendre de pause, mais c’est le prix à payer pour la finale et c’est un très bon prix pour moi », a conclu Bergevin qui souhaite conserver les services de Corey Perry. 

« Pour Carey, on a parié, mais on était confortable »
Marc Bergevin fait le point sur Price et Weber