Bien malgré lui, Tom Gilbert a réussi ce que le Lightning de Tampa Bay a été incapable de réussir en 35 tirs : marquer aux dépens de Carey Price.

Pauvre Gilbert ! Après avoir disputé un autre match solide à la gauche de Jeff Petry – Gilbert a été le joueur le plus utilisé (24 :51) des deux camps – le défenseur a fait dévier, bien involontairement avec la lame de son patin gauche, la rondelle que Tyler Johnson tentait de remettre à son coéquipier Nikita Kucherov dans l’enclave.

Price, qui avait multiplié les arrêts après avoir reçu avant la rencontre sa cinquième coupe Molson consécutive cette saison, n’a alors pu que lever la tête en signe de dépit.

ContentId(3.1118521):Jeu clé du match : Tyler Johnson
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Gilbert a eu la même réaction.

Ce petit but a fait toute la différence dans ce match que le Lightning a finalement gagné 1-0 après les 63 secondes qu’a duré la prolongation. Une prolongation dont on n’aurait jamais vu la couleur n’eut été des prouesses de Carey Price devant la cage du Canadien. Une prolongation qui n’aurait jamais été nécessaire si le Canadien avait récompensé son gardien avec une attaque un brin ou deux plus incisive.

« Nous savions en arrivant ici que Carey Price était la grande raison des succès du Canadien, qu’il serait devant le filet et qu’il y sera sans l’ombre d’un doute encore lorsque nous croiserons Montréal à deux autres reprises d’ici la fin de la saison », a indiqué Steven Stamkos qui, comme tous ses coéquipiers et leur entraîneur-chef Jon Cooper, ont rendu hommage à la première étoile de la rencontre.

« C’est évident que des performances comme celle que Price a connue ce soir peuvent parfois irriter l’adversaire, voire miner sa confiance. Mais quand je regarde le déroulement du match de ce soir, je considère que nous avons gardé notre calme. Que nous avons maintenu notre rythme et même que nous avons pressé le pas alors que le match avançait. Ce n’est pas comme si nous avions figé devant lui », a ajouté Stamkos qui a obtenu 3 des 36 tirs de son équipe.

Sensationnel à son bout de patinoire, Carey Price a encaissé sa 17e défaite de la saison. Une troisième en prolongation alors qu’il en a encaissé 1 en tirs de barrage et 13 en temps réglementaire.

Avec cette autre sortie de grande qualité, Price aurait mérité bien davantage un huitième jeu blanc cette année. Un blanchissage qui est plutôt allé à la fiche de Ben Bishop – son 3e cette année – qui a effectué 19 arrêts. Oui, Bishop s’est dressé devant le Canadien sur les cinq ou six bonnes occasions de marquer qu’il a obtenues. Mais Bishop n’a pas eu à offrir la moitié, voire le quart, de la performance offerte par Price pour guider son équipe vers la victoire. Une victoire qui, combinée au point prime accordé au Canadien, place le Lightning à un point derrière le Tricolore qui a toutefois toujours un match en main.

Mais ce qui est le plus désolant en marge de ce revers pour le Canadien, c’est qu’en dépit d’une brillante performance de son gardien, il n’a pas été en mesure de déstabiliser son adversaire. Un adversaire qui gagne en confiance avec trois victoires consécutives cette saison aux dépens du Tricolore. Un adversaire qui arrivera mieux armé dans le cadre d’un éventuel duel en séries éliminatoires encore cette année.

Un duel qui sera beaucoup plus égal, voire un brin inégal en faveur du Lightning, si Ben Bishop est devant la cage plutôt qu’à l’infirmerie.

Défense vs attaque

Contre la meilleure attaque de la LNH, Price et le Canadien – car oui il faut donner une part du crédit aux coéquipiers du meilleur gardien de la LNH – ont réussi à éviter le pire en limitant Tampa à un petit but. C’était la sixième fois seulement cette saison que le Lightning était ainsi musulé.

Il est permis d’utiliser muselé dans ce contexte, car après 68 rencontres cette année, le Lightning est l’un des deux seuls clubs à ne pas avoir encaissé de jeu blanc. Quel est l’autre club? Je n’aurais jamais cru cela possible, mais ce sont les Sénateurs d’Ottawa. Les prochains adversaires du Tricolore jeudi au Centre Bell.

Inversement, le Canadien a été blanchi pour une sixième fois cette année. Six clubs seulement ont fait pire autour de la LNH : Chicago 7; Toronto, Los Angeles et Colorado 8; Arizona 9 et Buffalo 10.

En plus d’être blanchi, le Tricolore a été dominé en deuxième moitié de rencontre. Particulièrement en troisième période alors que Tampa a dirigé 10 tirs contre les deux maigres frappes du Canadien. Tampa a marqué sur son troisième tir en prolongation alors que le Canadien n’avait pas encore frappé à la porte défendue par Carey Price.

Plus encore que les tirs cadrés, les tirs tentés donnent un portrait plus fidèle de l’allure de la rencontre. À leurs 36 tirs cadrés, le Lightning en a ajouté 32 que les coéquipiers de Carey Price ont bloqué et 7 seulement qui ont raté la cible.

Pour un total de 75.

Un total qui double pratiquement celui du Canadien qui, outre ses 19 tirs cadrés, en a vu 14 être bloqués et 5 rater la cible.

Aussi inquiétant que le jeu blanc, le Canadien n’a pas su profiter du fait qu’il a remporté 60 % des 60 mises en jeu disputées dans le match pour s’offrir un temps de contrôle raisonnable. Car bien qu’ils aient eu à pourchasser la rondelle après 36 des mises en jeu, Tampa a eu le contrôle de la rondelle 63 % du temps mardi soir au Centre Bell.

C’est énorme.

Comme quoi la défense, c’est bien, mais l’attaque, c’est parfois mieux. Même que ça peut devenir la meilleure défense qui soit.

Surtout qu’en plus d’être dominant en attaque, le Lightning a quand même très bien joué en défensive pour aider la cause de son gardien Ben Bishop.

Victor Hedman a été solide, Jason Garrison et Anton Stralman m’ont impressionné alors que Braydon Coburn semble vouloir donner raison à son patron Steve Yzerman d’avoir sacrifié un choix de première ronde pour faire son acquisition des Flyers. Il faut dire qu’Yzerman a reçu deux choix de deuxième ronde des Bruins en retour de Brett Connolly. Ça compense un brin ou deux.

Imaginez une seconde à quel point le Lightning serait dominant si derrière cette puissance de frappe offensive et un groupe solide de défenseurs on retrouvait Carey Price et non Ben Bishop devant le filet.

Déjà que Bishop fait de son équipe un club qui peut prétendre représenter l’association Est en finale de la coupe Stanley, avec Price le Lightning deviendrait le plus sérieux prétendant à la coupe Stanley. Ou l’un des très sérieux.

Un beau duel

Avant d’être dominé en deuxième portion de rencontre, le Canadien a bien rivalisé en première moitié. Il se tirait même très bien d’affaire en première période alors que les deux équipes ont échangé plusieurs occasions de marquer… sans toutefois y arriver.

Les deux équipes ont donné un bon aperçu de leurs forces alors que le jeu se déroulait à vive allure, que les passes étaient rapides et précises et que quelques bonnes attaques ont été menées de chaque côté.

Mais le Tricolore n’a pu suivre le rythme imposé par le Lightning tout le match.

Michel Therrien, qui ne pouvait quand même pas fouetter publiquement ses joueurs qui sont toujours premiers dans l’Est, a parlé de la fatigue accumulée lors des quatre matchs dans l’Ouest américain et des toujours difficiles premiers matchs à domicile après un long voyage pour expliquer la baisse de régime de ses joueurs en deuxième moitié de match.

Vous n’êtes pas obligés d’être accord avec l'entraîneur du Tricolore. Mais vous devez respecter ses intentions de protéger un club à qui il a donné congé mercredi.

Surtout que Michel Therrien pouvait difficilement après la rencontre, convenir avec les journalistes et les partisans qu’ils représentent, que son équipe n’est pas en mesure de rivaliser offensivement avec Tampa.

Vous voulez une preuve?

Alors que le Canadien cherche encore à envoyer deux solides trios d’attaque dans son top-6, le Lightning a donné une très bonne idée de sa profondeur à l’attaque lorsque le sensationnel Ondrej Palat a quitté le match en deuxième période après qu’il eut reçu un tir d’Andrei Markov sur un pied.

Jonathan Drouin a immédiatement remplacé Palat. Le jeune québécois a très bien fait, multipliant les bonnes passes à des nouveaux coéquipiers avec lesquels il semblait très à l’aise.

Inversement, le match d’hier a démontré encore la vulnérabilité offensive du Tricolore sur le flanc droit des deux premiers trios. Cet autre blanchissage subi par le Tricolore donne des munitions à ceux – et ils sont légions depuis la fin du match – qui contestent la décision de garder hors de la formation l’un des rares marqueurs naturels du Tricolore.

D'ailleurs, après la défaite du Canadien, l'agent de P. A. Parenteau, Allan Walsh, a fait connaître son opinion via Twitter sur le fait de ne pas faire jouer son protégé. « L'attaque de Montréal est en panne sèche et Parenteau est laissé de côté, malgré qu'il ait amassé 196 points à ses quatre dernières saisons. »

Parce que la date limite des transactions est passée et que Marc Bergevin n’a pas été en mesure de renflouer son attaque, le renfort offensif au sein des deux premiers trios devra venir de l’intérieur. Et comme il ne vient pas vraiment de Dale Weise – et ce n’est pas vraiment son mandat – et qu’il serait fort surprenant qu’il vienne de Hamilton par le biais de Sven Andrighetto ou de Charles Hudon, P.A. Parenteau représente la solution.

Au lendemain du congé décrété par Michel Therrien, je ne serais donc pas le moindrement surpris que l’état-major donne la chance – et le mandat – à P.A. Parenteau se s’imposer dès jeudi alors que les Sénateurs feront escale au Centre Bell.