Lorsque le couperet est tombé sur les transactions dans la LNH, les critiques dirigées à l’endroit du Canadien et de son directeur général Marc Bergevin se sont mises à déferler.

Après avoir acquis le vétéran défenseur de soutien Mike Weaver des Panthers de la Floride mardi, le Canadien avait profité des dernières heures de transactions pour acquérir le gardien Devan Dubnyk. Une autre mesure préventive. Aucun signe d’un défenseur solide. Pas plus d’un attaquant susceptible de donner au Tricolore quelques buts supplémentaires dans le dernier droit de la saison et en séries éliminatoires.

Le moral était au plus bas et la colère grondait sur les médias sociaux. Remarquez que la colère gronde souvent sur les médias sociaux. Mais ça, c’est un autre débat.

Exception faite de mon collègue Chris Botta qui suit les activités des Islanders de New York depuis des années, personne ne mentionnait le nom du Canadien dans la liste des équipes encore impliquées dans des négociations de dernières minutes avec Garth Snow. Après avoir plusieurs fois souligné que le Canadien et les Islanders négociaient de façon intensive, Chris Botta a été l’un des premiers à annoncer que Tomas Vanek quittait Uniondale pour mettre le cap sur Montréal.

Une surprise? Certainement!

Et une belle surprise à part ça. Une surprise qui fait du Canadien une équipe bien meilleure aujourd’hui qu’elle ne l’était hier. Une surprise qui a permis à Marc Bergevin de réaliser le meilleur coup de la journée d’hier. Ou l’un des meilleurs coups avec les acquisitions de Martin St-Louis par les Rangers, Marian Gaborik par les Kings, Ales Hemsky par les Sénateurs, David Legwand par les Red Wings, Matt Moulson par le Wild.

Avec ses 21 buts et 53 points récoltés en 60 matchs disputés à Buffalo et Long Island, Vanek devient le meilleur marqueur du Tricolore. Onze points devant P.K. Subban et Max Pacioretty.

Il permettra au Canadien d’améliorer sa production offensive et de grimper du 27e rang de la LNH qu’il occupe avec seulement 95 buts marqués à cinq contre cinq et du 20e rang qu’il occupe avec une moyenne de 2,48 buts par rencontre.

Avec qui jouera Vanek demain alors qu’il devrait endosser le chandail numéro 20 lors de son premier match avec le Tricolore à Phoenix.

J’opterais pour une association avec Alex Galchenyuk et Tomas Plekanec. Un droitier qui évolue surtout sur le flanc gauche, Vanek pourrait également jouer en compagnie de Plekanec et Gionta si Michel Therrien tient à maintenir son capitaine au sein des deux premiers trios.

Parce qu’ils ont été coéquipiers avec les Sabres de Buffalo, Vanek pourrait aussi retrouver Daniel Brière. Une bonne façon de relancer le Gatinois.

Mais peu importe le trio au sein duquel il se retrouvera demain, Vanek donnera à son nouvel entraîneur-chef des options. Autant à cinq contre cinq qu’en avantage numérique.

Et ça, c’est une très bonne nouvelle pour le Canadien et ses partisans.

J’ajouterais que c’est une bonne nouvelle pour les joueurs du Tricolore tout autant. Car l’arrivée d’un Vanek lance un message positif aux quatre coins du vestiaire. Un message que l’organisation a pris les moyens pour renflouer l’offensive et du coup améliorer les chances de victoires en saison et en séries.

Est-ce que cette acquisition fait du Canadien un club capable de viser les grands honneurs?

On va se garder une petite gêne.

Mais le Canadien est vraiment meilleur aujourd’hui qu’il ne l’était hier. Et comme l’Association Est est moins forte que celle de l’Ouest, que les Penguins de Pittsburgh et les Bruins de Boston ont un pas d’avance, mais pas nécessairement deux ou trois, le Canadien, comme tous les clubs qui accéderont aux séries dans l’Est, pourra causer des surprises.

Il est mieux outillé pour le faire en tout cas.

Joueur de location

À la dernière année du contrat de sept ans d’une valeur de 50 millions qui le liait aux Sabres de Buffalo d’abord et aux Islanders de New York ensuite, Tomas Vanek sera joueur autonome sans compensation.

Plusieurs amateurs ont insisté sur ce point pour lancer que les chances du Canadien de le mettre sous contrat l’an prochain étaient nulles.

Pourquoi donc?

Un marché à la baisse

Vrai que Vanek a refusé une offre de contrat de 7 ans et 50 millions des Islanders plus tôt cette saison en indiquant qu’il avait l’intention de se prévaloir de son privilège de tester le marché des joueurs autonomes.

Mais cette offre venait des Islanders de New York. Une organisation qui ne va nulle part. Une organisation qui ne peut rivaliser avec celle du Canadien.

Si Vanek se plaît à Montréal. S’il apprécie ses coéquipiers, qu’il connaît une fin de saison intéressante et des séries éliminatoires enivrantes comme les séries peuvent l’être à Montréal, peut-être qu’une offre de 50 millions $ sur sept ans sera suffisante.

Peut-être.

Oui! Vanek a déjà indiqué avoir l’intention de mettre le cap sur le Minnesota pour y rejoindre des amis personnels avec le Wild.

Il n’est toutefois pas dit que le Wild affichera autant d’intérêt à son endroit que Vanek à l’endroit du Wild.

Et si Vanek devait partir. S’il devait faire faux bond au Canadien après une courte escale à Montréal, ce ne serait pas la fin du monde pour autant.

Pourquoi?

Parce qu’en cédant un choix de 2e ronde et l’espoir Sebastian Collberg, le Canadien n’a pas payé une fortune pour obtenir Vanek et tenter de le mettre sous contrat l’an prochain.

Vrai que cette transaction tranche avec la philosophie habituelle de Marc Bergevin. Mais bien honnêtement, le risque valait vraiment la peine d’être couru.

Et il est loin d’être acquis que Vanek quittera Montréal une fois la saison terminée.

Et s’il décide de s’entendre avec le Canadien, l’acquisition de Marc Bergevin passera de meilleure prise de la dernière journée des transactions en 2013-2014 à un grand coup du DG du Tricolore.

On verra.

Markov : statu quo

L’acquisition de Tomas Vanek a gardé Andrei Markov et le fait qu’il n’ait pas été échangé même s’il n’a pu s’entendre sur les paramètres d’un nouveau contrat dans l’ombre.

Et c’est bien tant mieux.

Car en dépit du fait qu’il soit encore au stade des négociations avec le Tricolore, il est loin d’être acquis que le défenseur russe n’arrivera pas à s’entendre avec Marc Bergevin avant le 1er juillet.

Si Markov est toujours à Montréal, c’est parce que le Canadien tient à le garder au sein de son organisation – au moins jusqu’à la fin de la saison – et qu’il n’a pas reçu d’offres mirobolantes susceptibles de le faire changer d’idée.

Maintenant qu’il est avec le Canadien pour le reste de la saison régulière et les séries éliminatoires, Marc Bergevin pourra parler avec son vétéran défenseur et son agent Sergei Berezin afin de négocier calmement au lieu de le faire dans le tourbillon de la date limite des transactions.

Et s’il est vrai que les deux camps ne sont pas à des années lumières d’une entente – Markov a rejeté la dernière offre de deux ans du Tricolore, mais accepterait peut-être une offre généreuse répartie sur seulement trois ans – il est plus que possible, même probable, qu’ils sauront s’entendre.

Patience!

Bubnyk vs Budaj

L’absence de Carey Price depuis qu’il est rentré de Sotchi avec une médaille d’or olympique au cou a mis en évidence la vulnérabilité du Tricolore devant le filet.

Peter Budaj est un bon deuxième. Mais il demeure un deuxième.

Derrière lui, Dustin Tokarski qui disputait son tout premier match dans l’uniforme du Canadien mercredi – son huitième en carrière dans la LNH – est loin de représenter une valeur sûre. Oui ! Il est bon. Il est même l’un des bons espoirs dans la Ligue américaine. Mais on ne sait pas encore ce qu’il sera en mesure de faire dans la LNH.

C’est pour cette raison que le Canadien a fait l’acquisition de Devan Dubnyk des Predators de Nashville.

De prime abord cette transaction a de quoi surprendre. Premier choix au repêchage des Oilers (14e sélection) en 2004, Dubnyk devait obtenir le titre de gardien numéro un à Edmonton. Il l’a d’ailleurs obtenu.

Mais il n’a pas su le garder.

Après avoir perdu confiance en lui, les Oilers ont « donné » Dudnyk aux Predators de Nashville en retour de Matt Hendricks.

Le retour au jeu de Pekka Rinne après une longue absence en raison d’une blessure a chassé Dubnyk. De fait, il était disponible à tous pas plus tard que lundi alors que son nom a été soumis au ballottage. Pourquoi l’avoir acquis en retour de considérations futures alors?

Parce que s’il l’avait réclamé au ballottage, le Canadien aurait hérité de 50 % du salaire de Dubnyk : 3,75 millions $ cette année. L’autre 50 % est payé par les Oilers.

En l’obtenant par le biais d’une transaction, le Canadien n’assumera que 25 % de ce qui reste à payer au gardien car l’autre quart sera payé par les Predators.

Une donnée importante quand on considère la gymnastique nécessaire afin de respecter le plafond salarial.

Dubnyk se rapportera aux Bulldogs à Hamilton. À moins d’une blessure avec le grand club, c’est là qu’il complétera la saison.

Mais si le Canadien décide de lui offrir un contrat à la fin de la saison, Dubnyk pourrait bien devenir un candidat au poste d’adjoint de Carey Price avec le grand club.

Budaj est sous contrat encore l’an prochain. C’est vrai. Et le poste d’adjoint lui appartient. Jusqu’à preuve du contraire.

Mais à 6’6’’, avec le fait qu’il soit de quatre ans le cadet de Peter Budaj et qu’il ait connu des moments plus qu’intéressants avec les Oilers, Dubnyk pourrait chauffer Budaj l’an prochain.

Vrai qu’il a une confiance à rebâtir.

Mais c’est exactement ce que Stéphane Waite a su faire avec Carey Price cette saison à Montréal. Il pourrait faire la même chose avec Dudnyk. Et avec une confiance moussée, avec une technique revue et corrigée, Dubnyk pourrait devenir bien plus que la simple police d’assurance que le Canadien a achetée pour pas cher hier.