La relance de Juraj Slafkovsky
Martin St-Louis et l'état-major du Canadien ont calmé les ardeurs de tous ceux et celles qui considèrent que c'est à Laval, avec le club-école, et non à Montréal, avec le grand club, que Juraj Slafkovsky doit continuer son apprentissage.
En l'insérant à la droite de Nick Suzuki et Cole Caufield, samedi soir, à Saint Louis, l'entraîneur-chef a affiché ses couleurs.
Avec ses commentaires élogieux à l'endroit du jeune attaquant après le revers de 6-3 encaissé par son club, St-Louis a nettement donné l'impression qu'il tient à orchestrer le développement de Slafkovsky.
Est-ce que cette promotion au sein du premier trio est le tremplin adéquat pour le jeune Slovaque?
Est-ce qu'il aurait été plus avisé de le confier au vétéran Sean Monahan qui a beaucoup plus d'expérience que Suzuki et Caufield réunis dans le parrainage d'un jeune joueur?
Au-delà de tous les débats passionnés que la décision prise par St-Louis, ses adjoints et l'état-major soulèvera, seul Slafkovsky pourra trancher. Et il faudra lui donner plus qu'un match ou deux pour établir la vraie nature de cette réponse.
Samedi soir, à Saint Louis, Slafkovsky a marqué son premier but de la saison. Il l'a fait au sein de la deuxième vague d'attaque massive alors que Suzuki et Caufield étaient au banc.
Il l'a surtout fait en décochant un premier tir cette saison de la zone payante, tout juste à la gauche du gardien Joel Hofer.
Plus que ce but fort attendu, c'est la façon dont Slafkovsky a évolué dans son nouveau rôle qui retenait l'attention.
« Je suis très satisfait et je ne suis pas surpris. Juraj est un très bon joueur de hockey. Il a joué un bon match. Il semblait surtout à l'aise sur la patinoire», a insisté St-Louis après la rencontre.
« Plusieurs choses se produisaient lorsque son trio était sur la patinoire et il a eu son mot à dire en prenant de bonnes décisions. Il s'est beaucoup amélioré défensivement ce qui nous a permis de prendre la décision que nous avons prise, car il affrontera de meilleurs trios maintenant. On était prudent l'an dernier sur ce plan, mais j'ai confiance en lui cette année. Il n'a pas été pris à contrepied ce soir », a défilé l'entraîneur-chef.
Dans le même moule qu'Anderson
Après avoir vu plusieurs joueurs défiler à leur droite, de Monahan à Rafaël Harvey-Pinard en passant par Kirby Dach, Alex Newhook et qui encore, Suzuki et Caufield retrouve en Slafkovsky le même type de complice que Josh Anderson.
Un ailier gros format, rapide, capable de batailler dans les coins et devant le filet pour s'emparer de la rondelle, un attaquant capable de décocher de bons tirs et de contribuer offensivement avec des buts et des mentions d'aides.
Est-ce que « Slaf » réussira là où Anderson a échoué chaque fois qu'on lui a offert de jouer au sein du premier trio?
« Je suis convaincu que Juraj est capable de marquer des buts dans cette ligue », que St-Louis a affirmé à la fin de son point de presse samedi soir.
La réponse viendra de Slafkovsky et de personne d'autre.
Encore du hockey de rattrapage
La relance de Slafkovsky retient beaucoup d'attention. C'est normal.
Néanmoins, le but qu'il a marqué et les bonnes présences qu'il a effectuées au sein du premier trio ne peuvent faire totalement contrepoids à une performance ordinaire du Tricolore.
Une autre.
Ce n'est pas la défaite, aussi cinglante semble-t-elle quand on regarde le score final (6-3), qui m'importe. C'est la manière dont le Canadien a perdu pour une troisième fois de suite dans le cadre d'un voyage amorcé lundi à Las Vegas qui m'agace.
Samedi à Saint Louis, comme jeudi, en Arizona, le Canadien croisait des adversaires qui avaient joué la veille. Mais voilà : les joueurs du Tricolore ont été incapables de profiter de cet avantage.
Ils ont accordé le premier but dans ces deux matchs. Des buts marqués rapidement au premier tiers autant par les Blues et les Coyotes.
Le Canadien a joué du hockey de rattrape du début à la fin du voyage. De fait, le Canadien est rendu à cinq matchs de suite au cours desquels il ne s'est pas offert d'avance.
Ça ne l'a pas empêché de revenir de l'arrière, de niveler les chances et même de battre les Blue Jackets de Columbus – but de Caufield en prolongation – et les Jets de Winnipeg avec but décisif de Suzuki en tirs de barrage.
Mais quand tu ne t'offres pas de marge de manœuvre, tu prends la chance que les erreurs commises soient plus coûteuses.
Et c'est exactement ce qui est arrivé samedi soir.
Toujours dans le coup en milieu de deuxième – recul de 2-1 – le Canadien s'est tiré dans le pied alors que Christian Dvorak – retour au jeu très timide pour le vétéran en passant – et Newhook se sont rendus coupables de revirements sur la même séquence pour permettre aux Blues de se donner une avance de deux buts.
En début de troisième, le Canadien a fait pire.
Brendan Gallagher avait pourtant ramené son équipe à un but de ses rivaux, mais Justin Barron a tout bousillé en offrant à Alexey Toropchenko une longue échappée au terme de laquelle il a redonné une avance de deux buts aux Blues.
Ah oui! Le Canadien profitait alors de sa quatrième attaque massive du match...
La glissade s'est poursuivie.
« Les intentions étaient bonnes, mais l'exécution faisait défaut », que St-Louis a convenu après la rencontre.
Je veux bien.
Mais après avoir démontré une conviction impressionnante lundi soir, à Las Vegas, contre les champions en titre de la coupe Stanley, les joueurs du Canadien devaient prendre les moyens d'être plus compétitifs face à des rivaux plus timides... genre, comme.
Avant d'affronter le Canadien, les Blues étaient d'ailleurs l'un des rares clubs de la Ligue à afficher une timide moyenne de 2,0 buts marqués par rencontre.
Le manque de conviction du Canadien et les revirements qu'il a multipliés ont permis aux Blues de sortir de leur torpeur.
Bien hâte de voir qu'elle genre de conviction les joueurs du Canadien afficheront mardi contre le Lightning de Tampa Bay qui fera escale au Centre Bell.
Pas question d'exiger une victoire.
Mais ce serait bien que le Canadien offre une meilleure opposition que lors des deux dernières rencontres. Ça aidera à encaisser un quatrième revers de suite... s'il ne retrouve pas le chemin de la victoire.
Entre les lignes
– Gallagher a marqué dans un deuxième match de suite samedi. Un deuxième match consécutif de deux points. S'il partage de 2e rang chez le Canadien avec ses 4 buts, c'est parce que Gallagher joue avec la même conviction à la maison comme sur la route. Il est lent, c'est vrai. Mais il respecte la manière de jouer qui lui permet de faire contrepoids à ce manque de vitesse...
– Les succès de Gallagher vont aussi de pair avec la qualité du jeu de Monahan qui, en préparant le but de Gallagher qu'il a rejoint dans l'enclave, a prolongé à cinq (4 buts, 1 passes) sa séquence de matchs consécutifs avec au moins un point...
– De retour dans la formation après un match suivi de la galerie de presse, Michael Pezzetta a aidé la cause de son équipe à la façon d'un joueur de quatrième trio : il a offert deux attaques massives en bataillant devant Kevin Hayes – Slafkovsky a marqué lors de la supériorité numérique obtenue – et en pressant Samuel Blais qui a tiré directement dans la foule et dégageant la rondelle alors que Pezzetta s'apprêtait à le mettre en échec...
– Pour une première fois cette saison, le CH n'a pas offert d'attaque massive à ses adversaires samedi. Remarquez que les Blues n'en ont pas eu besoin pour marquer à six reprises…
– Bon dimanche!