Le Canadien au grand complet sans oublier ses partisans étaient tout sourire après la rentrée auréolée d’une victoire de 4-0 aux dépens des champions de la coupe Stanley.

Le capitaine avait le sourire facile. Max Pacioretty qui avait marqué le dernier but au Centre Bell le 9 avril pour clore une saison moribonde à faire pleurer venait de marquer le premier à domicile cette saison 23 secondes après la mise en jeu initiale.

Alexander Radulov souriait en marge de son premier but dans l’uniforme du Canadien, son premier dans la LNH depuis le 31 mars 2012. Un beau but marqué au terme d’une poussée qui a mystifié la défensive un brin poreuse hier soir des Penguins. Un but qui lui a permis d’entendre des « Radu! » « Radu! » « Radu! » nourris que les partisans chanteront souvent cet hiver si Radulov continue à jouer avec autant de fougue et que ses efforts sont récompensés par d’aussi beaux buts.

Meilleur joueur du Canadien dans un troisième match de suite, Al Montoya souriait à l’entrée du vestiaire en se libérant des jambières qu’il avait fait glisser vers la droite et la gauche tout au long de la rencontre pour frustrer plusieurs fois les joueurs des Penguins. Il souriait de plein droit après sa première victoire devant ses nouveaux partisans. Une victoire sertie de 36 arrêts qui lui ont permis de réaliser un sixième jeu blanc en carrière, un premier depuis le 31 décembre 2013.

David Desharnais avait le sourire facile après sa soirée de deux buts. Deux buts immortalisés par des rondelles enrubannées qui n’attendaient qu’une troisième pour commémorer un tour du chapeau qui viendra peut-être plus tard cette année.

Jeff Petry qui n’est pas le plus souriant des joueurs du Tricolore avait 100 bonnes raisons de sourire, car sa passe sur le premier but de la rencontre lui a permis d’atteindre le plateau des 100 points (27 buts) en carrière. Plateau qu’il a plus tard fracassé en récoltant une deuxième passe sur le 4e but du Tricolore. Sans oublier qu’après deux matchs, Petry affiche une récolte de quatre points (un but), récolte qui rendrait P.K. Subban jaloux…

Je crois même qu’Andreï Markov, une fois à l’abri des regards indiscrets, s’est permis de sourire une seconde ou deux. Mais je ne peux le jurer puisque je n’ai pas été témoin de ce moment rarissime…

Ça vous donne une idée.

Jacques Demers souriant et fier

Mais le plus beau sourire de la soirée, c’est sur le visage de Jacques Demers qu’on a pu le voir. Qu’on a pu l’admirer. Qu’on a pu l’apprécier.

L’ami Jacques, malgré l’accident vasculaire cérébral qui l’a laissé partiellement paralysé le printemps dernier, était triomphant avec le flambeau allumé qu’il portait bien haut et qu’il a transmis au capitaine Max Pacioretty dans le cadre du moment le plus fort de la cérémonie d’avant-match.

Dernier entraîneur-chef à avoir soulevé la coupe Stanley avec le Canadien (1993) Jacques Demers ne peut malheureusement plus parler pour distribuer ses encouragements et ses messages toujours positifs. Mais il n’avait pas à ouvrir la bouche avant le match pour livrer son message à Max Pacioretty, ses coéquipiers et aux partisans du Canadien avec qui Jacques renouait hier soir.

Son sourire éclatant et ses yeux pétillants parlaient pour lui. Et Pacioretty a vite compris le message en amorçant le match en force avec ses compagnons de trio. En marquant le premier but de la saison au Centre Bell après seulement 23 secondes. Le but le plus rapide depuis le début de la saison 1963-1964. Il y a donc 53 ans bien comptés.

« Je ne peux pas parler pour mes coéquipiers, mais il est clair que de voir Jacques arrivé avec le flambeau m’a vraiment motivé. En fait, ça m’a touché profondément de le voir. Il était toujours autour de l’équipe. Je ne sais pas combien de fois il m’a approché au cours des dernières années pour m’encourager; pour me lancer des messages toujours positifs qui m’ont grandement aidé quand les choses n’allaient pas toujours à mon goût », a indiqué Pacioretty qui savait depuis mardi matin que Jacques Demers viendrait le rejoindre près de la patinoire.

« Une chance que j’étais prévenu, car c’était un moment émotif. Je ne l’avais pas revu depuis la terrible nouvelle de son accident le printemps dernier. Nous avions tous été affectés par cette nouvelle. Il semblait heureux d’être là. Ému aussi. Et je l’étais également », a ajouté le capitaine.

Michel Therrien qui a poussé le fauteuil occupé par Jacques Demers vers la sortie des joueurs près de la patinoire était lui aussi touché. « J’ai un très grand respect pour l’homme et pour la carrière qu’il a connue. C’était à la fois plaisant et émouvant pour moi et pour beaucoup de gens autour de l’organisation de le voir là. »

Nette amélioration

Peu importe l’effet que la présence de Jacques Demers comme point culminant de la cérémonie d’avant-match a eu sur la performance du Canadien, il est important de souligner qu’elle a été bien meilleure que celles remarquées lors des deux premiers matchs.

Michel Therrien a indiqué que son club était nerveux au cours de la première période. C’est sans doute vrai. Comme il est vrai que Montoya avec ses 17 arrêts au cours du seul premier tiers a une fois encore changé la donne et le cours du match.

Mais peu importe le nombre de tirs et d’occasions accordées aux Penguins, le Canadien était beaucoup plus dans le coup au cours des trois périodes du match de mardi que lors du match de samedi à Ottawa et de celui de jeudi dernier à Buffalo.

« Tout n’était pas parfait ce soir, mais j’aime la progression que nous avons affichée ce soir. Nous avons mieux joué que lors des deux premières rencontres et c’est nettement encourageant », a indiqué le capitaine.

Après trois matchs et en dépit du fait qu’il n’ait pas disputé trois grands matchs, le Canadien affiche quand même deux victoires et une récolte de cinq points sur les six qui étaient à l’enjeu.

Ce n’est pas mal du tout. Surtout en l’absence de Carey Price qui n’a pas le moindre intérêt à accélérer son retour compte tenu des performances de son nouvel adjoint.

Mais est-ce à la fois dangereux alors que Pacioretty et ses coéquipiers pourraient vite tomber dans une forme de complaisance et croire que les victoires viendront facilement.

« Après ce qui nous est arrivé l’an dernier, je n’ai pas la moindre inquiétude. Et tu sais quoi, avec le nombre de fois où je me suis présenté devant vous l’an dernier après des défaites encaissées au terme de parties au cours desquelles on avait bien joué, on avait bien travaillé sans obtenir la moindre récompense, je crois qu’on peut accepter des victoires comme celle de ce soir la tête haute. Ça ne veut pas dire que tout était parfait. Loin de là. Surtout que tout n’est jamais vraiment parfait. Mais des victoires comme celle de ce soir confirment que nous avons raison de croire que nous formons une bonne équipe et que nous avons les moyens de performer à la hauteur de nos projections », a ajouté Max Pacioretty.

Sur ce dernier point, je donne parfaitement raison au capitaine. Mais il faudra le surveiller pour s’assurer qu’il ne garde la main mise sur ses coéquipiers afin d’éviter le genre d’excès de confiance qui minera toujours les équipes qui récoltent trop souvent des points non mérités.

Mais mardi contre des Penguins qui n’avaient pas des allures de champions de la coupe Stanley, Pacioretty et ses coéquipiers méritaient les deux points récoltés.

Vrai que les Penguins n’ont pas été aussi incisifs qu’ils devaient l’être pour battre le Canadien. Mais le Canadien a aussi disputé un match au cours duquel il leur a grandement compliqué la vie.

Sergachev : souriant malgré tout

Ah oui!

Dans la liste de sourires remarqués dans le vestiaire du Canadien après la rencontre, j’ai omis de vous parler de celui du jeune Mikhail Sergachev.

Devant des parents venus de sa Russie natale pour assister à son premier match au Centre Bell, Sergachev n’a pas joué beaucoup effectuant 13 présences totalisant 8 min 30 s de temps d’utilisation.

Mais le petit gars a disputé un match potable. «Il a été meilleur que lors de la première rencontre», a même indiqué Michel Therrien qui n’était pas du tout – et avec raison – de la performance de son défenseur après la victoire arrachée aux Sabres à Buffalo.

Pourquoi le coach n’a-t-il pas fait jouer Sergachev plus souvent alors? «Le grand nombre de pénalités a changé nos plans. Il a obtenu des présences régulières en première période, et nous voulions le garder sur les mêmes bases pour le reste du match, mais on n’a pu y arriver», a indiqué Michel Therrien.

Mikhail Sergachev doit jouer pour s’améliorer. S’il est contraint à se contenter de moins de 10 minutes de jeu par match avec le Canadien, on devrait lui donne la chance d’aller peaufiner son art dans les rangs juniors. Ce qui serait loin d’être une pénalité de toute façon.

Outre le fait qu’on veuille faire de Sergachev un défenseur de premier plan au fil des prochaines années, je ne sais rien des intentions à court terme du Canadien à son endroit. Mais je ne serais pas surpris que d’ici quelques semaines, l’état-major le retourne à Windsor avec un cahier d’exercices à remplir.

Ça et là

Artturi Lehkonen a réalisé quelques jeux défensifs de qualité en première période. Alors que le Canadien jouait à court d’un homme, il a forcé Marc-André Fleury à immobiliser la rondelle forçant ainsi une mise en jeu en zone des Penguins qui ont perdu du temps. Le genre de jeu qui fait gagner des points-prime à l’égard des coachs. Des points qu’une recrue est toujours bienvenue d’avoir en banque…

Si Al Montoya a été parfait devant le filet du Canadien, il serait radicalement faux de croire que Marc-André Fleury a été ordinaire devant la cage des Penguins. Vrai que « Flower » a été victime de quatre buts, mais il a réalisé plus que sa part d’arrêts pour garder son équipe dans le match. Ou au moins tenter d’y arriver…

Le duel Penguins-Canadien a démontré une fois de plus que bien davantage que le nombre de buts, les occasions de marquer sont un bien meilleur baromètre pour déterminer la qualité du spectacle offert sur la patinoire. Ses les 68 tirs échangés par les deux équipes mardi, le Canadien et les Penguins ont dû générer près de 40 occasions de marquer. C’est énorme et c’est pour cette raison – et aussi en raison de la victoire de leurs favoris – que les amateurs ont quitté le Centre Bell heureux hier soir…

Seule note discordante, les 80 arrêts de jeu (c’est énorme) ont prolongé indûment une partie qui aurait pu être davantage spectaculaire si on avait entendu moins souvent les sifflets des officiels…

Dernière note discordante, l’idée de demander aux joueurs du Canadien de se présenter aux partisans par le biais d’une image reproduite sur la glace avant d’y poser les patins était intéressante. Mais cela a enlevé beaucoup de rythme et de dynamisme à la cérémonie. On ne reprochera certainement pas au Canadien d’avoir tenté quelque chose de différent. Mais quand une organisation a le privilège de compter sur Michel Lacroix et sur sa voix qui en fait l’un sinon le meilleur annonceur-maison de la LNH au grand complet, on devrait toujours miser sur lui. Cela dit respectueusement…