MONTRÉAL - J’avais prévu amorcer cette chronique au lendemain du deuxième match du duel Canadien – Golden Knights en rappelant cette vérité du hockey selon laquelle un club, en séries éliminatoires, n’est jamais dans le trouble avant d’avoir encaisser un revers devant ses partisans.

 

Ce que je n’avais pas prévu, c’est que cette vérité serait associée à un revers de Marc-André Fleury et de ses coéquipiers des Knights et non à une deuxième consécutive du Tricolore.

 

Car oui, j’étais convaincu que le Canadien reviendrait avec un recul de 0-2 à combler et non avec une série égale au lendemain d’une victoire pleinement méritée arrachée à Las Vegas mercredi.

 

Comme il l’a fait plusieurs fois depuis le début de séries, comme il l’avait d’ailleurs fait pas plus tard que lundi en lever de rideau de la finale d’association, le Canadien a très bien amorcé le match. C’est lui qui a donné le ton dès les premiers instants de la rencontre. Mais contrairement à lundi, le Canadien a non seulement maintenu ce rythme qu’il a imposé, mais il a marqué ce premier but si important. Il en a même ajouté un deuxième avant même la fin du premier tiers.

 

Un premier tiers au cours duquel le Canadien a décoché rien de moins que 26 tirs dont 12 ont atteint la cage défendue par Marc-André Fleury qui a très mal paru sur le but de Tyler Toffoli qui doublait l’avance en fin de première. Il faut dire que le gardien sorelois semblait s’attendre, comme tout le monde, à ce que Cole Caufield décoche un tir au lieu de servir une passe parfaite dans l’enclave d’où Toffoli l’a déjoué avec un tir presque raté.

 

Un premier tiers au cours duquel les Knights ont mis Carey Price à l’épreuve quatre fois seulement et décoché dix tirs de moins que leurs adversaires.

 

Quand Paul Byron a donné les devants 3-0 en déjouant «Flower» au terme d’une échappée en fin de deuxième, seul le son des machines à sous des casinos voisins brisaient le silence ô combien inhabituel dans lequel la Forteresse s’est retrouvée.

 

En passant, Marc-André Fleury s’en est voulu un brin ou deux sur le but de Byron. «J’ai tenté d’aller harponner la rondelle et dès que je me suis compromis j’ai su que je commettais une erreur. Il était trop loin et cela a ouvert le filet», a indiqué le gardien québécois victime de trois buts sur les 23 tirs du Tricolore.

Avec une avance de 3-0, avec Carey Price dans les buts qui non seulement a encore multiplié les arrêts aussi importants que sensationnels – ajoutez le nom du défenseur Alec Martinez à la liste des victimes de vols perpétrés par le gardien du Tricolore depuis le début des séries – mais a joué de chance alors que le poteau à sa gauche lui est venu en aide sur un puissant tir de Max Pacioretty qui l’avait surpris en période médiane, le Canadien était en plein contrôle du match.

 

Un match que Price et ses coéquipiers ont finalement gagné pour porter à 9-1 leur fiche ce printemps lorsqu’ils marquent le premier but.

 

Un premier but crucial puisqu’ils ont perdu les trois rencontres qu’ils ont amorcées en accordant ce premier but.

 

Toute une différence on en conviendra.

 

Retour bénéfique de Jeff Petry

 

Après des heures de spéculations et même une information à l’effet qu’il ne serait pas de la rencontre, Jeff Petry a finalement effectué un retour au jeu.

 

Un retour qui a été bénéfique au Canadien.

 

Loin d’afficher le regard de Maurice Richard, Petry affichait tout de même un regard de feu en raison d’hémorragies sous-conjonctivales qui ont entraîné des accumulations de sang dans ses yeux. Il a surtout apporté un brin de stabilité en relances offensives et en contrôle de rondelle en zone offensive.

 

Il a d’ailleurs obtenu deux des quatre tirs cadrés par les défenseurs du Tricolore. Des défenseurs qui n’en avaient obtenu aucun lors du premier match.

 

La défensive renforcée par les entrées en scène de Petry et Jon Merrill en remplacement de Brett Kulak et Alexander Romanov a été beaucoup plus efficace pour protéger Carey Price qu’elle ne l’avait été lors de la première partie.

 

Les 16 tirs bloqués en défensives par les défenseurs, sur un total de 26 pour l’ensemble de l’équipe – neuf et 15 lors du premier match – en fait d’ailleurs la preuve.

 

Le retrait de Romanov a une fois encore fait rager bien des partisans. Au-delà la percutante mise en échec assénée en début de match lundi, Romanov a terminé cette rencontre avec un différentiel de moins-2. Tout comme Kulak. Merrill a terminé avec une fiche neutre mercredi, Petry a terminé avec un plus 1 alors qu’Erik Gustafsson que plusieurs amateurs voudraient chasser de la formation pour assurer la présence de Romanov a terminé le match avec un plus 2.

 

Les Knights dans le trouble?

 

S’il est clair que le Canadien rentre à Montréal avec la satisfaction d’avoir arraché l’avantage de la patinoire en arrachant la victoire mercredi, est-il tout aussi clair que la série est maintenant à l’avantage du Tricolore?

 

S’il est vrai qu’un club n’est jamais dans le trouble tant qu’il n’a pas perdu à domicile, est-ce à dire que les Golden Knights se réveillent dans le pétrin ce matin?

 

Il faudrait être prudent avant de sauter à pieds joints sur l’une ou l’autre de ces conclusions... ou pire : sur les deux.

 

Le Canadien a certainement effectué l’envolée vers Montréal avec le momentum bien ancré dans la soute à bagages de l’avion nolisé d’Air Canada. Et cette victoire lui permet de confirmer les prétentions de plusieurs selon lesquelles ce club est une fois encore capable de rivaliser avec un adversaire bien plus fort que lui... du moins sur papier.

 

Mais contrairement aux prétentions bien présentées par mon collègue Vince Cauchon à l’Antichambre avant le match de mercredi, je ne suis pas prêt à admettre que le Canadien est maintenant en avance dans une série égale 1-1. Car bien que le momentum soit pour le moment dans le camp du Tricolore, la série est toujours bien encore égale...

 

Surtout que les Knights, loin d’être abattus par la défaite encaissée mercredi, pourraient très bien en tirer profit. C’est du moins l’impression qu’ils donnaient dans les commentaires défilés après un revers qu’ils méritaient d’encaisser.

 

«Bien amorcer les matchs au lieu de les débuter sur les talons comme on l’a fait bien trop souvent depuis le début des séries et comme on l’a fait encore ce soir est au centre de toutes les conversations dans le vestiaire. C’est au centre de toutes nos préparations. À un moment donné, il faudra cesser d’en parler et le faire», a lancé le défenseur Alex Pietrangelo l’auteur des deux buts marqués par les Knights mercredi.

 

Deux buts marqués par les Knights à la suite de mises en jeu perdues par Nick Suzuki et le Canadien en zone défensive.

 

«Au-delà notre mauvais début de match dont ils ont su profiter, on a démontré en deuxième et troisième périodes ce qu’on est capable de faire quand on joue bien», a ajouté Pietrangelo qui semblait déçu après le match loin d’être découragé.

 

Il faut dire qu’après avoir été dominés 12-4 dans les tirs cadrés et 26-16 dans les tirs tentés en première période, les Knights ont dominé le Canadien 27-11 et 28-11 dans les tirs cadrés et tentés lors des 40 dernières minutes de jeu.

 

Après avoir obtenu sept tirs cadrés sur les 13 qu’il a décochés lors du premier match, Pietrangelo en a obtenu sept dans un deuxième match de suite sur les 12 qu’il a décochés. Des statistiques qui démontrent à quel point ce vétéran défenseur est important pour les Knights.

 

«Quand tu tombes en arrière 0-3 dans un match, ça te place devant une pente très abrupte à remonter. C’est pour cette raison qu’on doit être meilleurs dès le début de la partie. En même temps, nous avons obtenu des tas de bonnes occasions de marquer. Il faudra maintenant trouver le moyen de trouver le fond du filet. Je ne suis pas inquiet : nous serons prêts vendredi à Montréal», a assuré le capitaine Mark Stone.

 

«Je suis déçu de nos 10 premières minutes encore ce soir. Mais quand je regarde ce que nous avons été en mesure de générer en deuxième et troisième périodes, il est clair que nous n’avons pas été muselés ou emboîtés. Nous avons créé des chances. La série est égale 1-1 ce qui nous place dans une bien meilleure position que nous l’étions dans la dernière série– l’Avalanche a gagné les deux premières parties avant que les Knights ne gagnent les quatre suivantes – contre Colorado», a tenu à souligner l’entraîneur-chef Peter Deboer.

 

Le coach des Knights a également louangé l’efficacité du Canadien tout en assurant que lui et son équipe sont prêts à disputer une série qui sera plus longue et plus ardue que plusieurs l’anticipaient. Vous pouvez ajouter mon nom à cette liste…

 

«Le Canadien joue très bien. Cette équipe n’a pas atteint le carré d’as par chance. Une fois en avant, ils savent très bien protéger le devant leur filet, ils savent aussi très bien fermer la zone neutre pour nous empêcher de prendre de la vitesse. Même si plusieurs observateurs prédisaient une victoire rapide de notre part, nous étions convaincus depuis le début que cette série serait longue et difficile. S’il faut gagner se rendre à la limite des sept parties et disputer des prolongations au fil de ces sept matchs, c’est ce qu’on fera», a conclu Pete DeBoer.

 

Entre les lignes

  • Tyler Toffoli a prolongé à huit sa séquence de matchs avec au moins un point. C’est la plus longue du genre depuis le début des séries cette année.
     
  • Fort de ses cinq buts et 10 points, Toffoli a égalé Vincent Damphousse qui était jusqu’à mercredi le dernier joueur du Tricolore à avoir récolté des points dans huit matchs de suite en série. Un exploit réalisé en 1993 lors de la dernière conquête de la coupe Stanley du Tricolore.
     
  • Au Centre Bell vendredi, Toffoli pourra maintenant rejoindre Guy Lafleur (1977) et Larry Robinson (1978) qui partagent le record pour la plus longue séquence (neuf matchs) de parties consécutives avec au moins un point...
     
  • Bien qu’il ait perdu les deux mises en jeu qui ont mené aux deux buts des Knights, Nick Suzuki a terminé sa soirée de travail avec une efficacité de 53 % (neuf mises en jeu gagnées, huit perdues).
     
  • Mené par Phillip Danault qui a disputé 28 des 60 mises en jeu déposées dans le match – 17 gagnées, 11 perdues pour une efficacité de 61 % - le Canadien a terminé le match avec un bilan positif de 58 % (35-25) aux cercles des mises en jeu…
     
  • En plus d’exceller dans cette facette du jeu dont il est le spécialiste du Canadien, Danault a encore été très efficace dans sa quête de contenir les meilleurs attaquants du camp ennemi en plus d’aider le Canadien à écouler les deux attaques massives des Knights...
     
  • Le Canadien a maintenant écoulé 21 désavantages numériques consécutifs sans avoir accordé de but. «Ils jouent très bien, ils sont très agressifs pour mettre de la pression et couper les lignes de passes et de tirs, mais en plus, leur gardien est excellent devant son filet. Et un bon gardien est toujours l’élément le plus important pour écouler les punitions. On va encore travailler cet aspect du jeu pour maximiser nos chances de réussite», a analysé l’entraîneurchef Pete DeBoer...
     
  • Avec les deux buts marqués par Alex Pietrangelo mercredi, les défenseurs des Golden Knights ont marqué cinq des six buts enfilés par Vegas lors des deux premières rencontres face au Canadien. Nick Holden, Alec Martinez et Shea Theodore ont inscrit les autres. Mattias Janmark est le seul attaquant à avoir déjoué Carey Price jusqu’ici...