L'espoir du Canadien, Lane Hutson, épate à sa 1re saison dans la NCAA
BURLINGTON – Après avoir repêché Juraj Slafkovsky, Filip Mesar et Owen Beck, en juillet dernier, le Canadien a déniché un petit joyau en Lane Hutson qui s'amuse à pulvériser les statistiques accomplies par Cale Makar et Adam Fox à leur première année universitaire.
Vendredi soir, à Burlington, dans un gain de 5-3 contre les Catamounts de l'Université du Vermont, on l'a vu réaliser quelques prouesses sans s'inscrire à la feuille de pointage. Une passe de son but jusqu'à la ligne bleue adverse, un 360 degrés complété avec une remise parfaite, trouver des ouvertures en une fraction de seconde et, surtout, contrôler l'action avec une aisance folle.
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En entrevue, le plus que créatif défenseur de Boston University joue la carte de la modestie. Mais il finit par admettre que ce n'est pas banal à ses yeux d'engranger les points à ce rythme, à sa saison recrue, avec un physique modeste.
« Présentement, je préfère me concentrer sur mon équipe, on veut recommencer à enchaîner les victoires. Sauf que j'avoue que c'est quand même cool d'y penser un peu », a réagi Hutson pendant une discussion d'une quinzaine de minutes avec le RDS.ca.
Hutson, qui a célébré son 19e anniversaire le 14 février, ne peut pas ignorer cette discussion qui fascine bien des partisans. Après tout, ses amis ne se gênent pas pour lui envoyer des messages à ce sujet.
« Ouais, mes amis me laissent savoir ces choses-là, mais ce n'est pas ma priorité », a-t-il ajouté.
Jusqu'à présent, en 30 parties avec les Terriers, Hutson a amassé 10 buts et 28 aides pour 38 points (1,27 point) par rencontre. Quant à Makar, sa moyenne s'était élevée à 0,62 point (5 buts et 16 aides en 34 matchs) comparativement à 1,14 point par match pour Fox (6 buts et 34 aides en 35 matchs) avec Harvard.
Lane HutsonLà où Hutson a sursauté, c'est quand on lui a fait remarquer qu'il surpasse même le rythme de production de Cole Caufield qui avait amassé 36 points en autant de matchs. « Oh, je ne savais pas ça. »
Par contre, Hutson a eu vent de l'intérêt amusant des partisans envers sa courbe de croissance. La seule raison expliquant sa glissade au repêchage était sa stature de cinq pieds huit pouces. Mais, d'après les derniers rapports, on parle désormais de cinq pieds dix pouces et 155 livres.
« J'ai entendu ça, on m'en parle à l'occasion. C'est bien drôle parce que je n'y pense pas trop, ça ne m'inquiète pas tant », a assuré le gaucher originaire du Michigan.
Un laboratoire de hockey avec Adam Nicholas
Le sujet qui a emballé Hutson, c'est celui de la collaboration qui s'est développée avec Adam Nicholas, le directeur du développement hockey pour le Tricolore.
De notre perception extérieure, la relation entre Nicholas et Hutson nous fait penser à celle d'un savant avec son élève plus doué que la moyenne.
Dans les derniers mois, Nicholas a suivi de près le travail de Hutson en lui envoyant des vidéos pour l'inciter à tenter de nouvelles choses et maximiser ses forces. Le concept que Hutson essaie de maîtriser consiste à exploiter les espaces libres en les attaquant rapidement.
« C'est l'une des personnes les plus intelligentes à propos du hockey. Ils m'envoient des éléments, des extraits de certains joueurs, des actions que je peux réussir sur la glace... C'est simple, je pourrais parler de hockey avec lui pendant des jours », a raconté Hutson avec les yeux illuminés.
« Je lui pose des questions et il me revient avec des réponses. C'est merveilleux », a-t-il enchaîné.
Et comme un professeur voyant son élève exceller avec de la matière plus avancée, Nicholas continue de lui envoyer davantage de matériel ou de possibilités.
« Adam a établi les standards de ce que je peux réussir et j'essaie de répondre aux attentes », a cerné Hutson à propos du très enthousiaste Nicholas.
Avec la nouvelle manière dont les défenseurs orchestrent l'attaque dans la LNH, Hutson s'inspire de son joueur préféré, Patrick Kane.
« Il comprend si bien le déploiement du jeu. Il est l'un des meilleurs pour exploiter ces espaces libres afin de créer des jeux, s'accorder du temps et des options. Je m'en inspire beaucoup, il est tellement doué offensivement et si intelligent. Bien sûr, je ne veux pas intégrer trop de son jeu défensif dans mon arsenal », a-t-il noté en souriant.
Avide de vidéos et de connaissances, Hutson a trouvé un fabuleux allié à Boston University en l'entraîneur adjoint, Kim Brandvold qui a passé sept saisons avec les Bruins de Boston. Son intelligence du jeu lui permet déjà, comme recrue, de repérer les petits détails à corriger même contre des adversaires plus imposants de 22, 23, 24 ans...
En raison de la passion du marché montréalais, l'exagération ne tarde pas quand on parle des espoirs de CH. Mais, tout en demeurant très réaliste, il faut reconnaître que la saison de Hutson est exceptionnelle. Ça ne l'assure pas de dominer à la manière de Makar et Fox dans la LNH, mais ça promet pour ses prochaines années et son développement.
Vendredi soir, en regardant le match auprès du collègue Stéphane Leroux, on est arrivés à la même conclusion sans en discuter au préalable. À ce point-ci, Hutson ressemble à un Samuel Girard avec un potentiel offensif encore plus grand.
On a aussi tendu des perches à quelques recruteurs de la LNH pour les questionner sur son rang qui semble maintenant tardif (62e échelon). Un recruteur nous a confié qu'il était encore bien à l'aise du choix de son organisation. Un autre a précisé que Hutson était exactement classé vers la fin de la deuxième ronde par sa troupe.
Mais le principal intéressé reconnaît qu'il avait mal pris le tout.
« Sur le coup, j'étais un peu fâché, j'aurais voulu sortir plus haut. Mais quand j'ai vu que c'était Montréal, j'ai oublié toute ma frustration. Quand je regarde comme ça se passe, je suis encore très heureux du dénouement », a mentionné Hutson qui a pu prendre son envol alors que l'attention était dirigée d'abord vers Slafkovsky ensuite vers Mesar et Beck qui ont tous été repêchés avant lui.
Hutson sent que l'intérêt grimpe à son égard et il trouve ça « cool ». Il en a eu une autre preuve en signant, avec plaisir, plusieurs autographes à de jeunes Québécois venus le voir en action à Burlington.
Des outils inculqués par son père
Mais ce que Hutson trouve le plus cool, pour reprendre ses mots, c'est d'avoir pu s'adapter au niveau universitaire en ayant son grand frère, Quinn, et son grand ami Devin Kaplan, à ses côtés.
« Leur présence a rendu ma première saison tellement plus facile. L'ajustement s'est fait en douceur. Ils savent comment je joue sur la patinoire et ils me supportent dans ce style. Ça m'aide beaucoup donc je peux me laisser aller sur la patinoire », a ciblé Hutson.
Car il faut le dire, Hutson appartient à cette nouvelle vague de défenseurs. Ça lui arrive souvent de se retrouve derrière la ligne de but de l'équipe adverse.
« Je sais que les gars vont me couvrir, ils comprennent ce que j'ai en tête. Je suis devenu à l'aise de m'aventurer à cet endroit », a-t-il noté.
Son équipe et l'entraîneur-chef Jay Pandolfo adhèrent et prônent cette approche, mais le mérite de sa vision revient à son père, Rob.
« Il a une fabuleuse tête de hockey. Il m'a souvent dit que si tu ne pouvais pas comprendre le sport, tu ne peux pas le jouer de la bonne façon. Dès mon jeune âge, il me disait que si je n'étais pas pour devenir le plus imposant, je devais comprendre ce qui se passait sur la glace », a expliqué Hutson.
Quand on l'invite à réfléchir sur sa première année universitaire, Hutson n'ose pas dire qu'il se surprend lui-même par son rendement.
« Je ne dirais pas surpris, je le vois plus comme si tout cliquait. Je n'ai rien vécu de trop difficile en fait, outre de petits ajustements avec la grandeur et la force des joueurs », a-t-il commenté.
« Je ne suis pas impressionné, je savais qu'il serait aussi bon ! Mon père et moi en parlons souvent, Lane trouve toujours une manière de s'imposer. C'est un joueur très spécial », a déclaré Kaplan.
Hutson a beau avoir un visage d'adolescent et un physique qui se développe encore, il a toujours adopté cette philosophie.
« Une fois que je suis sur la glace, je considère que tout le monde est de la même grandeur », a conclu Hutson qui en fait la démonstration.