Pour gagner au hockey, tu dois marquer un but de plus que l’adversaire. C’est assez simple comme principe. Et pour marquer un but de plus que l’adversaire, il faut en marquer au moins un. Disons que c’est assez simple comme principe ça aussi.

Avant que Max Pacioretty ne profite d’un cadeau offert par le Henrik Lundqvist pour lancer le Canadien en avant 1-0 en fin de troisième période, Dale Weise, ses coéquipiers, son entraîneur-chef Michel Therrien, l’état-major du Tricolore au grand complet et l’armée de fans du Canadien maudissaient l’arbitre Steve Kosari et ses collègues du centre de contrôle de Toronto pour avoir refusé un but au Canadien en fin de première période.

ContentId(3.1114146):Le but de Weise était-il bon?
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Si vous n’avez pas vu le jeu, je vous invite à le faire. C’est saisissant. Bien campé à la gauche de Lundqvist, Weise tire dans un filet qu’il croit – tout le monde le croyait aussi – désert. Mais comme le Roi Henrik se tient près de la ligne rouge en tout temps, la rondelle décochée par Weise frappe de plein fouet la jambière gauche du gardien des Rangers avant de retourner dans le coin de la patinoire.

Sur le coup, on croit à un arrêt miraculeux de Lundqvist.

Dès la première reprise, on se rend bien vite compte que Lundqvist n’a pas fait l’arrêt alors que c’est la rondelle qui a atteint sa jambière et non sa jambière qui s’est glissée devant. Pas grave. C’est un arrêt quand même.

À la deuxième reprise, oups! On dirait que lors de l’impact initial avec la jambière, la rondelle est de l’autre côté de la ligne rouge et qu’elle ressort en moins de temps qu’il faut pour écrire : on va aller vérifier tout ça à Toronto.

En fait, la rondelle était déjà ressortie avant d’avoir eu le temps de frapper la première lettre du premier mot. C’est vous dire à quel point ça s’est vite passé.

Dans le doute, on s’abstient

Histoire d’être bien franc avec vous, je comprends très bien que Steve Kozari n’ait pas accordé le but sur le jeu initial. Il n’a jamais eu le temps de voir si la rondelle avait franchi ou non la ligne rouge.

Après tout : dans le doute, on s’abstient!

Mais après trois reprises, le doute se faisait de plus en plus persistant. Je vous admettrai même que j’ai longtemps cru, et que je crois encore, que le but était bon. Aussi bon que le but d’Alain Côté qui, comme tous les amateurs de hockey objectifs vous le diront, était bel et bien bon...

L’ennui, et il est majeur, c’est que croire que le but est bon, ce n’est pas assez pour renverser la décision initiale rendue sur la glace.

Après de longues minutes de vérifications effectuées dans la salle de contrôle à Toronto, la décision est tombée : impossible de renverser le jugement initial sur la glace, alors but refusé.

Il n’en fallait pas plus pour relancer les grandes théories de complots fomentés par la LNH pour empêcher le Canadien de gagner.

Le but était-il bon?

Je crois oui. Mais croire que oui, ce n’est pas assez. Ça prend une conviction et elle n’est jamais venue quoiqu’en disent les partisans convaincus du contraire.

Les échos de vestiaire

Au deuxième entracte, j’ai appelé la personne responsable du centre de contrôle de Toronto. Du War Room comme ils disent en anglais.

Le contact à qui j’ai parlé ne m’a pas dit que le but était bon. Il ne m’a pas dit qu’il n’était pas bon non plus. Il m’a dit : « on ne voit rien qui nous permet de dire que la rondelle a passé ou non. Oui on a l’impression que la rondelle traverse la ligne, on voit un ombrage, mais les images ne confirment pas cette impression. »

De quelles images on parle?

« De toutes les images disponibles. J’ai passé une à une toutes les reprises offertes par tous les plans des caméras – qui sont souvent différents – de RDS, NBC, SportsNet et MSG, les reprises offertes par nos caméras installées dans tous les amphithéâtres et aucune de ces reprises ne m’offre une image qui, même décortiquée au " frame par frame " – l’image vidéo est composée de 30 frames ou 30 images dans une seconde – me confirme le but. Si notre arbitre sur la glace avait accordé le but, sa décision aurait été maintenue, car il était impossible de la renverser. La même logique s’applique dans le cas de la décision initiale de renverser le but. »

Ces remarques n’apaiseront peut-être pas la déception et/ou colère de Weise, de ses coéquipiers, de Michel Therrien et des partisans de son équipe. Mais j’espère qu’elles permettront à ceux qui croient toujours aux théories du complot contre le Tricolore de revenir sur terre... même si ce n’est que sur le bout de pieds!

« On a été engagé dès le début »

Enfin un bon match

Après avoir célébré quelques victoires qui étaient loin d’être méritées, je me disais que Michel Therrien n’aurait pas perdu beaucoup de sommeil si le Canadien s’était fait battre à New York. S’il s’était fait ramasser solidement par les Rangers.

Sans doute un brin ou deux tanné de rappeler à son équipe qu’elle devrait offrir de bien meilleures performances plutôt que de se remettre trop souvent aux seules performances de Carey Price, Michel Therrien aurait pu profiter d’une raclée du genre pour passer son message sous un autre angle.

Il n’aura pas à le faire.

Car non seulement son équipe a gagné, elle a disputé un très bon match. Son meilleur depuis longtemps. Un de ses bons cette année.

Et bien que Lundqvist a fait cadeau de la victoire en offrant un but qu’il n’aurait jamais dû concéder à Pacioretty sur tir vraiment anodin, le gardien des Rangers a volé quelques buts au Canadien au cours de la rencontre.

ContentId(3.1114150):Mission accomplie pour le CH
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Un sur le jeu controversé, bien sûr. Mais il s’est aussi imposé devant quelques très belles occasions du Tricolore dont l’une, justement aux dépens des Max Pacioretty en fin de première période alors qu’il a réalisé un superbe arrêt de la mitaine.

Avant de faire cadeau du but de la victoire au Tricolore, Lundqvist était en train de faire un Carey Price de lui-même. Il volait le match au Canadien qui jouait mieux et avec plus de conviction que les Rangers.

Carey Price a fait sa part encore hier. C’est évident. Mais il n’a pas été abandonné comme ce fut le cas mardi lors de la visite des Stars de Dallas au Centre Bell. Comme ce fut le cas très souvent, trop souvent, cette année.

Après les victoires très peu convaincantes des dernières semaines, celle d’hier aux dépens des Rangers offre réconfort et satisfaction pour les fans et aussi pour les entraîneurs.

Elle ne change toutefois rien aux prétentions selon lesquelles le Canadien aura besoin de renfort à la ligne bleue et sur le flanc droit qu’il veut mousser ses chances de se rendre loin en séries.

ContentId(3.1114147):Jeu clé du match : Max Pacioretty
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Entre les lignes

Cadeau ou non, le but de Pacioretty était son 22e cette année. Son quatrième but gagnant cette année. C’était aussi, et surtout, son 15e but gagnant depuis le début de la saison 2013-2014. Dans la LNH, seul Alexander Ovechkin en revendique plus que Pacioretty au cours de cette période. Il en totalise 16!

Est-ce que je suis le seul à avoir trouvé bien ironique que Pacioretty ait inscrit son but gagnant en décochant un tir qui est passé entre les jambes de Ryan McDonaugh avant traverser le corps, l’âme et le cœur d’Henrik Lundqvist alors que le meilleur franc-tireur du CH et l’un des bons de la LNH au grand complet a trouvé le moyen de tirer sur le poteau alors que Lundqvist était au banc à la faveur d’un sixième attaquant?

Qui a dit que ça prend une avalanche de buts pour rendre un match de hockey intéressant? Les 29 buts marqués lors du Match des étoiles sont loin d’avoir transformé cette supercherie en bonne partie de hockey alors que le duel Canadien-Rangers nous a offert bien plus de bons moments de hockey malgré le fait qu’un seul but ait été marqué. Ok! Un et demi...

Price encore étincelant

Avec sa victoire par jeu blanc de jeudi, Carey Price affiche maintenant un dossier de 26-10-2 cette saison avec trois jeux blancs, une moyenne de 2,09 buts accordés par match et une efficacité de 93,1 %...

Contre les Rangers, la fiche de Price est à faire rêver les fans du CH et à donner des cauchemars aux fans des BlueShirts : 10-5-1, avec six jeux blancs, une moyenne de 1,87 et une efficacité de 94 %. Simonac!

Fort de sa victoire d’hier, le Canadien affiche donc un dossier de 14-3-1 à ses 18 derniers matchs. C’est impressionnant. Même si l’on sait que Carey Price a volé quelques-unes de ces victoires...

À titre d’exemple, les Rangers, que plusieurs considèrent comme la meilleure équipe dans l’Est, affichent 16 victoires à leurs 21 derniers matchs (16-5-0). Le Canadien n’est pas loin derrière avec son dossier de 14-6-1...