OTTAWA - Le calme est revenu dans le camp du Canadien. Après les cris, les grincements de dents et les visages longs de vendredi, Michel Therrien et ses joueurs étaient de belle et bonne humeur à l’aube du sixième match de la série qui les oppose aux Sénateurs.

Remarquez que c’est un brin normal. Car même si le Canadien s’est fait planter 5-1 lors du dernier match disputé devant ses partisans, encaissant du coup un deuxième revers de suite, ce sont encore les Sénateurs qui feront face à l’élimination.

Pour maximiser les chances de victoire de son équipe, Michel Therrien fera appel à Pierre-Alexandre Parenteau ce soir. L’entraîneur-chef du Canadien n’a pas voulu dévoiler au sein de quel trio Parenteau évoluera, mais il a convenu que l’un de ses mandats sera de relancer une attaque massive qui en a bien besoin. Avec un seul but marqué en 19 supériorités numériques, non seulement le Canadien s’est tiré dans le pied à plusieurs occasions, mais il a permis aux Sénateurs de prendre le contrôle des parties.

Où placer Parenteau?

Parenteau jouera. C’est acquis. À moins que Dale Weise, qui a raté l’entraînement matinal en raison d’un malaise quelconque, ne soit pas en mesure de jouer – Michel Therrien a indiqué qu’il devrait être de la formation – Parenteau sera sans doute le seul nouveau joueur inséré au sein de la formation. Ça ne veut pas dire que son entrée en scène sera le seul changement apporté.

J’ai l’impression – et ce n’est qu’une impression – qu’en dépit tout ce qu’il a fait de bien et de bon, Jacob De La Rose sera le joueur retranché pour faire une place à Parenteau. De La Rose est jeune. Il est inexpérimenté. Mais l’allure de la série permettait au Canadien d’être patient avec lui. Du moins jusqu’ici. Car maintenant que le spectre d’un septième et décisif match est bien réel, il me semble que l’état-major pourrait laisser de côté De La Rose sans rien miner de sa confiance et de son développement.

De La Rose joue à gauche. Parenteau patrouille la droite.

Alors si le jeune Suédois est « sacrifié » et que Dale Weise est bel et bien en mesure de jouer, je ne serais pas le moindrement surpris de voir Weise être muté à la gauche de Lars Eller et de voir Devante Smith-Pelly passer du premier au troisième trio, cédant ainsi sa place à Parenteau à la droite de Max Pacioretty et David Desharnais.

Lors des deux derniers matchs, DSP a perdu son poste au sein du premier trio en cours de partie. Voilà pourquoi je crois que Michel Therrien pourrait le placer avec Eller et Weise dès le début de la rencontre.

Est-ce que Parenteau pourra relancer Max Pacioretty (1 but, différentiel de moins-2) et David Desharnais (2 passes, différentiel de moins-2), qui sont loin de répondre aux attentes après cinq rencontres?

C’est ce que le Canadien souhaite.

Bien qu’il soit beaucoup plus sensible au jeu physique que le sont Smith-Pelly et Weise, Parenteau est un bien meilleur manieur de rondelle. Un bien meilleur passeur. Un beaucoup meilleur marqueur, même si Dale Weise, avec ses deux buts, est le meilleur franc-tireur du Tricolore depuis le début de la série. Une anomalie vous en conviendrez, j’espère…

Pour toutes ces raisons, et parce que Michel Therrien a match de plus que ses adversaires pour tenter des choses, il me semble normal qu’il décide de miser sur Parenteau malgré ses difficultés à s’imposer lorsque le jeu devient physique. Et il le sera encore ce soir. Car avec les 242 mises en échec distribuées jusqu’ici en série (une moyenne de 48 et des poussières par partie), il serait surprenant qu’Ottawa décide de laisser les épaules au vestiaire lors du sixième match. Surtout qu’il est toujours sans lendemain.

Gallagher doit produire

Remarquez que Therrien pourrait aussi envoyer Gallagher avec Desharnais et Pacioretty – une combinaison qu’on a vue beaucoup cette saison – et garder Parenteau avec Plekanec.

Croisé ce matin à l’extérieur du vestiaire du Tricolore, Brendan Gallagher a esquissé une moue lorsque je lui ai demandé ce qu’il devait faire de plus pour ajouter quelques points à son excellent travail autour du filet des Sénateurs.

« Si j’avais la réponse, je la garderais pour moi. Cela dit, je suis un disciple du principe selon lequel quand tu travailles bien, que tu déploies les efforts et que tu génères des occasions, tu finis par être récompensé. Pour cette raison, je ne crois pas avoir à changer grand-chose dans ce que je fais pour que les points finissent par venir de notre côté », a mentionné Gallagher qui admet toutefois que les défenseurs des Sénateurs lui compliquent beaucoup la vie.

« Ce n’est pas tant le fait qu’ils soient gros et forts qui me cause des ennuis. J’ai eu du succès contre des défenseurs de ces tailles toute ma carrière. C’est l’endroit où les bagarres se déroulent qui me cause peut-être le plus d’ennuis. Il me garde loin du gardien. Il est donc plus difficile de rejoindre les rondelles libres. Mais ça va venir », a conclu la petite peste du Canadien.

Prust-Anderson : tempête dans un verre d’eau

Parlant de peste, Brandon Prust a été cerné par les journalistes ce matin. Son altercation avec le gardien Craig Anderson en fin de rencontre retenait encore toute l’attention… ou presque.

Bien honnêtement, je crois que cet échange de coups n’aura aucune implication dans le match de ce soir. Vrai que le Canadien est moribond en attaque massive depuis le début de la série. Mais on l’a vu souvent cette année. Après des passages à vide, l’attaque massive a souvent été sensationnelle l’espace de quelques matchs.

À un revers de l’élimination, les Sénateurs seraient donc bien stupides d’offrir trop souvent au Tricolore la chance de retrouver sa touche en attaque à cinq.

Pas de Gonchar?

Si le Canadien apportera au moins un changement à son attaque, il semble qu’il reviendra avec les six mêmes défenseurs ce soir encore. Greg Pateryn sera donc le remplaçant de Nathan Beaulieu toujours absent en raison d’une blessure subie à la suite d’une solide mise en échec d’Erik Karlsson.

Est-ce que Sergei Gonchar, qui semblait loin de la formation régulière encore ce matin après l’entraînement, pourrait aider le Canadien qui a semblé un brin ou deux dérouté en défensive lors des deux derniers matchs?

Ma réponse est oui! Mais je crois toujours qu’en raison de la vitesse, de l’implication physique des Sénateurs et de la plus grande clémence affichée par les arbitres depuis que les séries sont commencées, les paramètres sont très défavorables à un retour de Gonchar.

On verra! Car ce n’est qu’une fois l’échauffement complété que Michel Therrien dévoilera sa formation.

Pression partagée

La pression est un autre facteur qui entrera en ligne de compte ce soir. Mais elle avantage ou désavantage qui?

La réponse n’est pas évidente.

Oui le Canadien, après avoir pris les devants 3-0 dans cette série, a maintenant plus de pression de gagner.

Les Sénateurs? Après avoir évité l’affront d’un balayage devant leurs partisans jeudi dernier, ils jouaient sans pression vendredi à Montréal. Ce sera différent ce soir. Non seulement ne profitent-ils pas d’un coussin comme le Canadien, mais en plus ils sont de retour devant des fans qu’ils ne veulent pas décevoir. En plus, après deux victoires, ils commencent peut-être à croire en leurs chances…

À mes yeux, la pression sera également partagée ce soir. Du moins en début de rencontre.

Mais si les Sénateurs l’emportent et forcent la tenue d’une septième partie mardi, alors là, toute la pression sera sur le Canadien. Non seulement fera-t-il alors face à la possibilité de devenir la 5e équipe seulement de l’histoire de la LNH à gaspiller une avance de 3-0 en série, mais il subirait cet affront devant ses partisans. Des partisans qui ne lui pardonneraient pas une telle glissade après une saison de rêve.

Mais bon! On va prendre les matchs un à la fois.

Notez bien que le match de ce soir débute à 18 h.