Le risque était grand. Contre la pire équipe de la LNH, contre des Sabres de Buffalo qui n’attendent qu’une raison, ou deux, pour baisser les bras et encaisser un autre revers, le Canadien pouvait difficilement freiner le bel élan amorcé la semaine dernière contre le Wild, les Capitals et les Penguins en se laissant bêtement surprendre par les Sabres.

Ce n’est pas arrivé.

Fort d’une victoire de 3-1, le Canadien a prolongé à quatre sa séquence de victoires consécutives. Une séquence qu’il avait réalisée une seule fois depuis le début de la saison. Une séquence qu’il pourra prolonger vendredi à Washington.

Le match n’a pas été aussi facile qu’on l’anticipait. Ça non! Carey Price, même s’il a été peu occupé, a d’ailleurs réalisé quelques bons arrêts qui ont empêché les Sabres de marquer le premier but ou de s’offrir une avance.

Ce qui n’arrive pas souvent à Buffalo cette année.

Sans être dévastatrice, l’attaque du Tricolore a été plus efficace que celle des Sabres.

L’attaque à cinq a même excellé une fois encore avec deux buts en quatre occasions. Cette efficacité confirme la première place du Tricolore en avantage numérique sur la route. Ajoutés aux 11 buts en 38 supériorités numériques (sur la route) depuis le début de la saison, les 2 filets marqués en quatre occasions permettent au Tricolore d’afficher une efficacité de 30,9 %.

C’est énorme.

Andrei Markov a été le meilleur du Canadien hier. Très solide en défensive, il a récolté trois passes aux dépens de Ryan Miller et des Sabres.

À l’image du Canadien, David Desharnais a prolongé sa séquence heureuse en offensive. Non seulement a-t-il offert une passe parfaite à Brendan Gallagher pour lui permettre de marquer le troisième but du Canadien, un but qui scellait l’issue de la rencontre, ou à peu près, mais Desharnais s’est aussi permis de marquer un but.

Un beau?

Pas vraiment. Mais Desharnais s’est non seulement rendu devant le filet pour gêner la vue de Ryan Miller et faire dévier le tir puissant de P.K. Subban, mais Desharnais du haut de ses 5' 8" a tenu tête sur le jeu à Tyler Myers qui mesure un pied de plus.

Encore du travail bien fait de Desharnais qui confirme son grand réveil.

En son et images : Canadiens-Sabres

Desharnais a piloté le meilleur trio offensif du Canadien encore ce soir. Les deux suivants ont fait leur job. Mais j’ai encore été impressionné par la qualité des efforts et du travail des membres du quatrième trio. White, flanqué de Bournival et Moen, a fait du bon boulot. Pas surprenant que ses ailiers aient été employés de temps à autre avec Gionta et Plekanec en remplacement de Daniel Brière qui a passé son tour à quelques occasions en deuxième moitié de match.

Brandon Prust multiplie toujours les efforts avec Eller et Galchenyuk au sein du trio qui était, et de loin, le meilleur trio du Canadien lorsque Gallagher y était avant d’être muté avec Desharnais et Pacioretty.

En suivant le match face aux Sabres, je me suis surpris à quelques reprises à souhaiter la présence de Bournival en remplacement de Prust avec Eller et Galchenyuk.

Avec sa vitesse, il me semble que Bournival pourrait aider les deux autres jeunes à mousser leur productivité qui s’est calmée un brin ou deux depuis qu’ils sont privés de leur complice Gallagher.

Prust ne fait pas mal son travail. Loin de là. Mais lui et Bournival pourraient se remplacer de temps en temps au sein de ce trio afin de le rendre plus menaçant.

Du moins, il me semble…

Ça fait pitié

Quoi dire de plus sur le compte des Sabres qui ne sont plus l’ombre d’eux-mêmes? Ils font même un peu pitié.

De fait, leur début de saison est à l’image de leur nouveau chandail : il est laid.

Les jeunes de talent sont invisibles.

Tyler Myers ne donne pas l’impression de vouloir sortir de la torpeur dans laquelle il s’enlise depuis sa troisième saison à Buffalo.

Miller avec l'équipe américaine?

Il reste Ryan Miller.

Le vétéran gardien a encaissé sa 15e défaite de la saison. Déjà! Il n’affiche que quatre victoires. En dépit d’une moyenne de buts alloués très élevée de 3,11, Miller maintient une moyenne d’efficacité de 91,8 %.

Derrière une équipe aussi moche que les Sabres, c’est pas mal. Pas mal du tout.

Âgé de 33 ans, Miller doit se limiter à sa présence éventuelle devant le filet de Team USA aux prochains Jeux de Sotchi et à une possible transaction qui lui permettait de se retrouver au sein d’une meilleure équipe comme sources de motivation.

Pour les JO, pas de problème.

À moins d’une blessure, sa présence est assurée. Avec son pedigree, avec ce qu’il a accompli aux Jeux de Vancouver – il a été victime du but en or marqué par Sidney Crosby – Miller part même avec une longueur d’avance pour le poste de gardien numéro un.

« Pour le moment, nous nous concentrons à identifier les trois meilleurs candidats. On ne les classe pas encore, mais Ryan est certainement un candidat de pointe pour ce poste en dépit de sa fiche à Buffalo cette année », m’a indiqué Don Waddell, l’un des membres de l’état-major de Team USA que j’ai joint mercredi.

Malgré la blessure au bas du corps qui le garde à l’écart du jeu depuis deux semaines, Jonathan Quick est le principal rival de Ryan Miller.

« Sa blessure n’a rien d’inquiétant en vue des Jeux. Il sera remis et il pourra défendre les couleurs des États-Unis », a ajouté Waddell.

Qui sera le dernier appelé?

Waddell, son patron David Poile, directeur général de Team USA et des Predators de Nashville, Ray Shero (Pittsburgh), Brian Burke (Calgary) et les autres membres de l’équipe de direction lorgnent en direction Jimmy Howard (Detroit), Craig Anderson (Ottawa) et Cory Schneider (New Jersey) comme principaux candidats.

« Avec sept matchs à disputer en 11 ou 12 jours, il faut que nos trois gardiens soient bons et en forme, car ils pourraient tous se retrouver devant le filet. Il n’est donc pas question d’inviter un jeune simplement pour lui offrir l’occasion d’acquérir un peu d’expérience. On peut adopter une telle philosophie lors des championnats du monde, mais pas aux Jeux. Quand tu débarques aux JO, il n’y a pas de marge d’erreur. Tu ne veux courir aucun risque pour maximiser tes chances de gagner la médaille d’or », a conclu Waddell.

Quant à une possible transaction impliquant Miller, plusieurs l’attendent. Bien malins sont ceux qui mettront le doigt sur la date et sur l’identité de l’équipe qui obtiendra ses services.

En raison de son âge, Miller pourrait difficilement accepter – il profite d’une solide clause de non-transaction – de passer au sein d’un club en reconstruction.

Un club en manque de stabilité pour se rendre le plus loin possible en séries serait donc plus souhaité.

Les Blues de St Louis et les Flyers de Philadelphie reviennent souvent dans les discussions.

Miller quittera-t-il Buffalo avant les Jeux olympiques? Après? Terminera-t-il la saison à Buffalo l’obligeant ainsi à patienter jusqu’à l’ouverture du marché des joueurs autonomes avant de changer d’adresse?

On verra…

Chiffres du match

0 : les Sabres sont la seule équipe de la LNH à ne pas compter de victoire dans le cadre des matchs au cours desquels elles ont marqué le premier but. Remarquez que ce n’est arrivé que cinq fois 0-4-1…

2 : deux joueurs seulement du Canadien n’ont pas obtenu au moins un tir au but contre les Sabres mercredi. Lesquels? Si vous avez choisi deux joueurs de centre, vous avez une partie de la réponse. Si vous avez identifié Lars Eller et Tomas Plekanec, vous avez eu raison…

5 : après avoir célébré son arrivée à Buffalo avec une victoire, l’entraîneur-chef Ted Nolan encaissait mercredi un cinquième revers de suite…

13 : les joueurs du Canadien n’ont bloqué que 13 tirs des Sabres mercredi. Comme quoi il vaut mieux être en possession de la rondelle que de passer la soirée à occuper les corridors de tir pour aider la cause de son gardien…

17 : les Sabres ont encaissé un 17e revers cette saison dans le cadre de matchs au cours desquels ils tiraient de l’arrière avec 40 minutes de jeu. Leur fiche : 0-17-0. En passant, les Sabres n’ont profité d’une avance après deux périodes que 3 fois cette année (2-0-1)…

20 : avec ses trois mentions d’aide récoltées hier, Andrei Markov en revendique maintenant 323 avec le Canadien. Il devance maintenant Bobby Rousseau (322) au 20e rang des meilleurs passeurs de l’histoire du Canadien. Mario Tremblay et Guy Carbonneau (328) sont ses prochaines cibles…

100 : P.K. Subban qui a décoché le tir de la pointe que David Desharnais a fait dévier pour inscrire le 2e but du Tricolore a récolté sa 100e passe en carrière dans la LNH…