Alors que le deuxième tour des séries éliminatoires s’amorce dans la LNH, je ne peux m’empêcher de penser à l’élimination du Canadien par le Lightning de Tampa Bay la saison dernière. À la suite de cette élimination, j’avais d’ailleurs identifié quatre raisons pour lesquelles les Montréalais n’avaient pas été en mesure d’accéder à la finale de l’Association Est.

Nous savons tous que le rendement du Canadien en 2015-2016 n’a pas rencontré les attentes de personne, mais le club aurait-il pu éviter pareille régression en apprenant des problèmes expérimentés lors de leur dernière présence en séries? J’ai jeté un coup d’œil aux observations que j’avais faites à ce moment et je les ai comparées avec la performance de l’équipe au cours de la dernière campagne.

Voyons voir maintenant où Marc Bergevin et Michel Therrien ont fait des progrès et où l’organisation doit encore tirer des leçons du passé.

1. La production offensive continue d’être en baisse au mauvais moment

Carey Price et la défense montréalaise ont alloué moins de 2,5 buts durant leur parcours éliminatoire de 2015. N’empêche,  peu importe si son jeu défensif est à point, une équipe ne peut pas connaître du succès et avancer si la production offensive est en baisse. En séries l’an dernier, le Canadien a marqué en moyenne à peine deux buts par match. Jamais au cours du calendrier régulier 2014-2015, le CH a été aussi inefficace.

Les Montréalais se sont-ils améliorés la saison dernière? Le tableau ci-dessous montre les moyennes de buts pour et les moyennes de buts contre du Canadien en séries, de même que celle de l’équipe au fil de séquences de 11 ou 12 matchs en saison régulière. C’est loin d’être une surprise, les victoires signées par l’équipe en début de saison étaient d’abord attribuables à l’excellent travail du gardien et de la défense, alors que la production offensive était au rendez-vous. Or, cela ne s’est pas transporté après le 23e match de la saison.

Tableau 1

Imputez les insuccès du Canadien à la blessure de Carey Price autant que vous le voulez, il reste que le manque de production offensive est indéniable. La moyenne de buts pour du club a baissé de près de deux buts par match entre les deuxième et troisième segments de la saison régulière. Le Canadien a graduellement retrouvé sa touche offensive à mesure que la saison avançait, mais plus souvent qu’autrement, le rendement de cette attaque davantage à celle des séries de 2015 plutôt qu’à celle qui a brillé en début de saison dernière.

Bien sûr, même une moyenne de buts pour respectable n’aurait pu compenser pour la moyenne de buts alloués par match. Au cours des cinq derniers segments de la saison régulière, le Canadien a alloué en moyenne 0.85 but de plus que l’adversaire par match.Lorsque Price est tombé au combat, la production offensive de l’équipe a fait un grand pas de recul au pire moment. S’il y a une leçon à retenir, c’est que le Canadien doit trouver une façon de générer plus d’attaque lorsqu’il fait face à l’adversité, que ce soit en séries ou lorsque des joueurs clés sont affectés par des blessures.

2. Place à amélioration sur les unités spéciales

 Au cours des séries de 2015, les unités spéciales du Canadien – autant l’avantage numérique que le désavantage numérique – ont offert un piètre rendement sans précédent. De toutes les équipes ayant atteint les demi-finales d’Association depuis 2005-2006, le Canadien a non seulement affiché le pire pourcentage d’efficacité sur le jeu de puissance (5,5 %), il a de plus offert le deuxième pire rendement en désavantage numérique avec 30 %. Le Canadien a-t-il fait les ajustements en 2015-2016?

Le graphique ci-dessous montre le rendement des unités spéciales de chacun des 30 clubs de la LNH au cours de la dernière saison. La performance du Canadien lors des séries de 2015 n’est pas affichée dans ce tableau car ce rendement est si aberrant qu’il n’est pas comparable à celui d’une saison régulière de 82 matchs. N’empêche, on note néanmoins une amélioration puisque le Canadien s’est déplacé de l’extrémité gauche supérieure du tableau vers la portion droite inférieure.

Tableau 2

Le Canadien a donc progressé en désavantage numérique, mais il demeure du côté gauche du graphique parce que son jeu de puissance continue d’être inefficace. Les points verts entourant le logo du Canadien représentent les six autres clubs canadiens de la LNH. Comme nous le savons, aucune de ces équipes ne s’est qualifiée pour les séries cette année, ce qui n’est visiblement pas une coïncidence.

Les points bleus représentent quant à eux les huit équipes prenant toujours part aux séries à l’heure actuelle. Le fait qu’elles se retrouvent pour la plupart dans la portion inférieure droite du graphique est une autre preuve qu’un rendement équilibré des unités spéciales est essentiel pour connaître du succès en séries.

3. Améliorer le pourcentage d’efficacité des tirs en lançant de moins loin

Au basketball, les tirs de loin, lorsqu'ils entrent dans le panier, se traduisent par une récompense - un troisième point. Il n'y a pas de telle récompense au hockey. Des occasions de marquer peuvent être créées en provenance de la ligne bleue, mais la plupart sont le résultat de jeux à proximité du filet, en étant la première équipe sur la rondelle et en récupérant des retours de lancers errants. L’an dernier, j’ai conclu que le CH avait lancé la rondelle de  plus loin que toutes les autres équipes s’étant qualifiées pour le deuxième tour éliminatoire.

Afin de déterminer si le Canadien a eu sa leçon, j’ai comparé la distance moyenne des tirs de l’équipe et le pourcentage d’efficacité des lancers à 5 contre 5 aux mêmes statistiques compilées en 2015-2016. Afin d’amener une autre perspective, j’ai ajouté les statistiques des 29 autres clubs de la LNH. Ce qu’on remarque dans le graphique qui suite, c’est qu’il y a une relation directe entre améliorer son pourcentage d’efficacité sur les lancers en réduisant la distance parcourue par la rondelle.

Tableau 3

Le Canadien a réduit la distance de ses lancers en 2014-2016, ce qui lui a permis d’améliorer son pourcentage d’efficacité et de se positionner le centre du graphique. Ces résultats prouvent que des changements progressifs peuvent avoir un impact certain.

Les points bleus représentent encore les équipes n’étant toujours pas éliminées au cours des présentes séries. Comme vous pouvez le remarquer, sept des huit clubs toujours actifs lancent d’une distance moyenne égale ou inférieure à celle du CH. Cela montre que le Canadien doit continuer d’abaisser cette distance moyenne afin de rejoindre le peloton de tête.

4. Ne pas tarder à s’inscrire à la marque

Le Canadien a éprouvé des difficultés à donner le ton aux matchs de séries auxquels il a pris part en 2015 en étant incapable de marquer tôt dans ces duels face aux Sénateurs et au Lightning. Au fil du dernier parcours éliminatoire du Canaidne, le premier but de l’équipe est survenu en moyenne à mi-chemin en deuxième période (33:38). Au terme de la finale de l’Association de l’Ouest, les Blackhawks de Chicago, éventuels champions de la coupe Stanley, marquaient en moyenne leur premier but de la rencontre après 14 minutes et 48 secondes de jeu, soit près de 20 minutes avant le Canadien.

Le graphique qui suit compare les statistiques du Canadien à cet égard lors des séries de 2015 à celles de la dernière saison régulière. L’an dernier, le Canadien inscrivant en moyenne son premier but en toute fin de première période (19:14), une amélioration de 14 minutes par rapport aux séries de 2015.

Tableau 4

Plusieurs facteurs peuvent expliquer les succès du Canadien lors du premier quart de la dernière campagne (les matchs 1 à 21) et l’un d’entre eux est certainement leur habileté à faire scintiller la lumière rouge rapidement. Les Montréalais ont marqué lors des 10 premières minutes d’un match en neuf occasions au fil des 21 premières rencontres du calendrier et sont parvenus à compter en première période dans 62 % de ces matchs. En moyenne, lors des matchs no 1 à 21, le CH marquait lors de la 17e minute de jeu (16:44).

Pour connaître du succès la saison prochaine, le Canadien se doit de marquer rapidement dans une rencontre. Les équipes qui parviennent à prendre le contrôle d’un match dès le premier vingt sont généralement plus en mesure de suivre leur plan de match, de surfer sur le momentum et d’avoir un impact sur la foule, que ce soit pour énergiser ses partisans à domicile ou pour calmer les spectateurs sur la route.

La saison prochaine, le Canadien se doit de continuer à bâtir sur ce qu’il a amélioré l’an dernier, notamment l’unité de désavantage numérique ou sa capacité à marquer tôt dans un match. Parallèlement, les Montréalais ne doivent pas laisser l’adversité affecter leurs résultats comme ce fut le cas pour le rendement du jeu de puissance après la blessure de Price. Si le Canadien y parvient, l’organisation, les joueurs et leurs fans ont plus de chances de voir leurs attentes être satisfaites.