Quand est venu le temps de se mettre en deuxième vitesse pour mousser les chances de victoire de cette partie fort importante, presque cruciale, les Rangers y sont arrivés.

Essoufflé, le Canadien n’a pas suivi.

À la traîne des Rangers au dernier tiers, le Tricolore n’était plus dans le coup en prolongation. Une prolongation que les Rangers ont contrôlée jalousement. N’eût été de quelques passes de trop, d’un brin de manque de synchronisme et de bons arrêts de Carey Price, les Rangers auraient mis fin bien plus tôt au supplice des partisans du Tricolore qui étaient sur les dents depuis un bon moment déjà.

Il est même ironique de voir qu’après toutes ces occasions bousillées, c’est un but chanceux qui a donné cette victoire de 3-2 aux Rangers. Une victoire qui leur permettra d’éliminer le Canadien dès samedi à New York. Ou d’au moins pousser la série à la limite des sept matchs.

Souriant et soulagé après la victoire des siens, une victoire à laquelle il a grandement contribué avec ses 34 arrêts, Henrik Lundqvist a répondu avec un «non» tout ce qu’il y a de plus honnête lorsqu’on lui a demandé s’il appréciait les prolongations.

«Un match comme celui de ce soir c’est enivrant. La griserie de la victoire est sensationnelle. On voudrait en avoir des doses tous les jours. Mais en même temps, ça me met sur les nerfs sans bon sens. Tu n’as aucune marge de manœuvre. Tu n’as pas de place à l’erreur. Je regardais les gars aller devant moi et multiplier les chances de marquer sans y arriver et ça ne faisait que hisser la pression qui m’étouffait déjà. Je me disais : reste concentré et sois prêt à tout, car dans ce genre de situation, l’équipe qui a le plus de chances sans arriver à en profiter est souvent victime d’un but sur une des rares occasions de l’adversaire. Et ce but, je ne voulais pas l’accorder», a admis bien candidement le vétéran gardien des Rangers.

Carey Price a effectué neuf arrêts avant de concéder le but de la victoire. Un but chanceux que je vous suggérais plus haut. «Je voulais simplement mettre la rondelle au filet. Elle a touché le patin ou la lame du bâton du défenseur (Alexei Emelin) avant de se rendre jusqu’à Mikka (Zibanejad) qui a su en profiter», a indiqué Chris Kreider qui est enfin sorti de la coquille à l’intérieur de laquelle il patinait en solitaire depuis le début de la série.

ContentId(3.1229965):Les Rangers se sont retroussé les manches en prolongation
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Comme si Alain Vigneault avait voulu fouetter deux des joueurs qu’il a pointés du doigt en exigeant de meilleures performances de ses vétérans, l’entraîneur-chef des Rangers a regroupé Kreider et Zibanejad qui étaient peut-être les plus en retard sur le reste du groupe.

Cette décision lui a souri.

Bon! Ça reste un but chanceux, c’est vrai, mais le sort a souri à l’équipe qui méritait le plus de gagner jeudi soir. Et c’est pour cette raison que le Canadien et non les Rangers fera face à l’élimination samedi au Madison Square Garden.

«Le match de ce soir était à l’opposé du deuxième de la série. En fin de match et en prolongation, nous avions passé le plus clair de notre temps à nous défendre. Ce soir, on a pris le contrôle de la rondelle et de la partie. Quand on a la rondelle, on a les effectifs pour bien la distribuer. Ce soir, on a dicté le ton de la rencontre en prolongation au lieu de le subir», a fait remarquer avec à propos le vétéran défenseur Dan Girardi.

Le Canadien n’a mal joué. Ça non. Il a même été le meilleur des deux clubs en première moitié de partie. Mais en deuxième portion, il était moins dans le coup. Beaucoup moins. De fait, en perdant des batailles pour les rondelles libres et le long des bandes, en perdant surtout la bataille du temps de possession de la rondelle, il ne l’était plus assez.

On ne peut pas écrire plus du tout. Ça non!

Car en fin de troisième période, Max Pacioretty a obtenu une échappée au terme de laquelle le capitaine aurait pu lancer son équipe en avant et lui permettre de prendre les devants dans la série au lieu de laisser les Rangers le faire.

Mais voilà : Pacioretty n’a pas marqué. Doit-il être cloué au pilori pour autant? Non. Toujours en quête d’un premier but de leur capitaine, les partisans du Canadien s’impatientent. C’est normal. Dans le vestiaire, le capitaine qui fait face aux questions reconnaît ses torts, invite les journalistes à considérer le fait que lui et ses coéquipiers affrontent une excellente équipe et un excellent gardien, et garde le moral.

Tout ça est bien beau.

Mais à titre de meilleur marqueur du Canadien, à titre de l’un des bons francs-tireurs de la LNH, Pacioretty doit justement s’imposer dans les situations critiques. Comme lors de cette échappée en fin de troisième. Comme en avantage numérique aussi.

ContentId(3.1229966):Le Canadien devra faire preuve de caractère pour revenir de l'arrière
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Il ne l’a pas fait hier soir. Il ne l’a pas fait depuis le début de la série. D’où les critiques qui arrivent sur plusieurs fronts.

Parce qu’il nous a habitués à fonctionner par séquences – positives ou négatives – Pacioretty pourrait marquer un, deux, voire trois buts samedi à New York et en faire autant dans un septième match.

On verra!

Et il est là le problème du Canadien dans cette série qui est encore ultra-serrée, même si les fans du Tricolore ont très mal encaissé le revers en prolongation de samedi.

Dans une série aussi serrée, tes joueurs vedettes doivent faire la différence.

Price est solide. À bien des égards, il est meilleur que Lundqvist du moins techniquement. Mais Lundqvist a encore accordé un but de moins que son rival qui lui est supérieur hier.

Pendant que Rick Nash fait la vie dure aux défenseurs du Canadien et que l’attaque des Rangers semble avoir un regain de vie collectif, on attend encore que Pacioretty fasse plus que multiplier les tirs au but. On attend des buts. Ou au moins un.

Avec qui jouera Pacioretty samedi?

La question mérite d’être posée. Car si Claude Julien a défendu – avec raison – son capitaine au cours des derniers jours et qu’il multiplie les permutations pour l’aider à secouer sa guigne, on n’a pas vu grand-chose de son association avec Danault et Lehkonen en fin de rencontre jeudi. Remarquez qu’on n’a pas vu grand-chose non plus du trio de Galchenyuk flanqué de Shaw et Radulov, une fois que ces trois joueurs ont été réunis.

Une chance que le trio de Plekanec continue de bien aller – même s’il a connu son moins fort match jeudi – et que Lehkonen confirme, maintenant que nous sommes en séries, tout ce qu’on a dit et écrit de bon à son sujet en saison régulière.

Car en dépit des statistiques avancées qui les font bien paraîtres, les membres du premier trio devront être bien meilleurs samedi soir si le Canadien veut pousser la série qui les oppose aux Rangers à la limite.

Ce qui est encore possible, mais loin d’être fait. 

ContentId(3.1229944):Rangers 3 - Canadiens 2 (Prol.)
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