Assis dans son bureau du Centre Bell, Geoff Molson est de fort belle humeur en ce lundi après-midi.

De sa fenêtre surplombant le quartier Griffintown qui grouille d’activités, le propriétaire du Canadien a une vue en plongée du cratère au fond duquel des ouvriers coulent la base de la deuxième tour à condos qui porte le nom de son équipe. Le géant du spectacle Evenko vient d’annoncer le retour à Montréal du groupe rock Gun’s and Roses en août prochain. Sur le plan hockey, son équipe est toujours en tête du classement général de la LNH.

Comme bien des partisans, Geoff Molson est toutefois un brin inquiet en raison de la blessure subie par Alex Galchenyuk à Los Angeles.

Au moment de notre conversation, le propriétaire du Canadien ne connaissait pas encore la gravité de la blessure. Il ne savait pas que le jeune fer de lance de l’attaque de son équipe raterait de six à huit semaines en raison de la blessure au genou droit qu’il a subie en entrant en collision avec Anze Kopitar. Il savait encore moins que David Desharnais se blesserait lui aussi au genou dès son premier match à titre de remplaçant de Galchenyuk au centre du premier trio. Et que le Québécois raterait lui aussi de six à huit semaines.

Malgré le spectre d’un diagnostic aussi désolant, un diagnostic aux conséquences potentiellement néfastes pour son équipe qui se retrouve, un an plus tard, dans une position qui rappelle la perte de Carey Price et la longue descente au classement qui l’a suivie, Geoff Molson voit l’avenir avec confiance.

« On a appris de ce qui est arrivé l’an dernier. On ne pouvait pas perdre un joueur aussi important que Carey Price sans en subir les conséquences. Et ça ce n’est pas une excuse, mais une réalité. C’est là qu’on a établi notre stratégie pour améliorer le leadership de notre équipe. Cette stratégie nous a donné Shea Weber, Andrew Shaw et Al Montoya. On a ajouté ensuite Radulov au cours de l’été et on est très satisfait de ce qu’il nous donne. Une équipe qui à mes yeux sera mieux en mesure d’affronter les aléas des blessures qui nous frapperont comme elles frappent toutes les équipes. J’espère que ce sera le moins sérieux possible dans le cas de Galchenyuk, mais je considère que nous avons un club qui sera capable de faire face à l’adversité. Ou plus capable que l’était celui de l’an dernier », lance Geoff Molson.

Meilleur état-major de la ligue

Le Canadien s’est très bien défendu à St. Louis, mardi, alors qu’il a soutiré un point aux Blues en dépit de l’absence d’Alex Galchenyuk et de la présence d’Al Montoya devant le filet en raison du congé accordé à Carey Price.

Il sera intéressant de voir comment il réagira à son retour au Centre Bell, ce soir, face aux Devils du New Jersey, maintenant que la triste nouvelle concernant Alex Galchenyuk et celui qui devait tenter de le remplacer est tombée.

Avis aux détracteurs de l’état-major du Tricolore et surtout de l’entraîneur-chef Michel Therrien dont ils réclament le congédiement depuis déjà longtemps, Geoff Molson affiche une confiance solide à l’endroit des hommes de hockey qu’il a mis en place.

« Quand je regarde les hommes que j’ai mis en place depuis sept ans, je considère que nous avons l’un des meilleurs états-majors de la LNH pour chercher le talent, le développer et le gérer. On n’a pas encore gagné la coupe et ça demeure l’objectif numéro un. Mais on a connu bien plus de succès que d’échec. Il y a eu beaucoup de pression l’an dernier pendant nos mois difficiles. Mais je suis heureux d’avoir été patient et d’avoir maintenu ma confiance à l’endroit de l’équipe que j’ai en place. Paniquer en raison de ce qui nous est arrivé l’an dernier ou de la pression associée aux critiques aurait été une grave erreur. Et je suis content que Marc ait affiché la même confiance à l’endroit de ses hommes de hockey. »

Apprendre des critiques

À titre de propriétaire du Canadien, Geoff Molson compose lui aussi avec la pression de gagner. Il doit aussi composer avec les critiques dirigées à son endroit, à celui de son club, de son entraîneur-chef et aussi de ses joueurs.

Bien que son équipe soit au premier rang du classement général ou flirte avec la position de tête depuis le début de la saison, Geoff Molson doit composer avec les critiques qui lui sont adressées. Au fil des sept dernières années, le proprio a appris à louvoyer entre ces critiques afin de tenter de les comprendre, parfois même d’en tirer des leçons, tout en évitant d’être assommés lorsqu’elles deviennent légion.

« Les gens ont besoin de parler des Canadiens. Que ce soit pendant les bons ou les mauvais moments, les gens ont besoin de parler de leur équipe. Parfois les amateurs ont raison. Parfois ils sont dans le champ. Mais c’est la passion les fait parler comme ça. Quand tu comprends ça, c’est plus facile à accepter », analyse Geoff Molson qui est toutefois plus frileux face aux critiques démesurées dirigées à l’occasion à l’endroit d’un de ses joueurs.

« Quand j’entends parler d’un joueur en particulier comme cela est arrivé au cours des derniers jours – Geoff Molson n’a pas identifié ce joueur – j’espère qu’il n’écoute pas ce qu’on dit de lui à la radio ou qu’il ne lit pas les journaux, car ça pourrait l’affecter. Et si cela devait arriver, je m’impliquerais au besoin pour faire comprendre à ce joueur, ou ces joueurs, que c’est la passion des partisans, leur soif de victoire, qui les fait parler ainsi. Mais ce n’est pas toujours facile. »

Geoff Molson n’a pas voulu donner d’exemples d’interventions ou de fréquence, mais il assure que tout en respectant la distance normale qui le sépare des joueurs – je ne les invite pas à prendre une bière avec moi – il s’est déjà impliqué pour les appuyer dans des moments difficiles, comme pour les féliciter lors de séquences plus heureuses. « Je croise les joueurs régulièrement, ils savent que je suis là pour eux en tout temps. Quand il y a une situation, c’est d’abord à Marc (Bergevin) ou au coach de la gérer. S’ils ont besoin de moi, je m’implique à leur demande. C’est déjà arrivé. Que ce soit directement ou par le biais de notes. »

Avec les blessures qui privent le Canadien d’Alex Galchenyuk et David Desharnais pour des périodes prolongées, il sera intéressant de voir si Geoff Molson devra s’impliquer lui aussi pour éviter que les affres de la dernière saison viennent à nouveau hanter son équipe et ses joueurs cette année.