Avec le face-à-face Price-Dubnyk comme point de mire du match opposant le Canadien au Wild du Minnesota, il était normal de croire que les arrêts en série des deux meilleurs gardiens de la LNH jusqu’ici cette saison décideraient du sort du match.

C’est toutefois la vitesse qui a été le fait saillant du match. Un match que le Wild a gagné en grande partie parce que cette équipe, contrairement aux Ducks d’Anaheim que les rapides patineurs du Canadien ont essoufflés mardi, était en mesure de suivre le rythme imposé par le Tricolore. Parfois même de le dépasser.

«C’est connu autour de la Ligue : le Canadien est un club très rapide. Nos dépisteurs – Blair MacKasey, le directeur du développement des joueurs est un habitué de la passerelle du Centre Bell – nous avaient prévenus. Le Canadien nous a donné ce qu’on attendait de lui sur le plan de la vitesse. Mais mon équipe est rapide elle aussi. Nous sommes moins costaux et robustes que les clubs de l’Ouest, mais nous sommes dans le visage de nos adversaires du début à la fin du match et cela a certainement contribué à notre victoire de ce soir», a analysé Bruce Boudreau après la rencontre.

Fort de cette 20e victoire de la saison, le Wild a signé un neuvième gain de suite égalant ainsi la plus longue séquence du genre de son histoire. Une séquence survenue en mars 2007. Une séquence qui n’a pas vraiment impressionné l’entraîneur-chef : «Égaler un record, c’est comme embrasser sa sœur. Ça ne donne pas beaucoup de sensation. C’est ce que tu fais pour gagner ces matchs qui compte. Et encore ce soir, nous avons disputé une très bonne rencontre», a ajouté Boudreau.

Dubnyk surclasse Price

Vrai que le Wild a bien joué. Vrai aussi que son gardien Devan Dubnyk qui a limité le Canadien à deux buts sur les 34 tirs obtenus a disputé un bon match malgré quelques arrêts approximatifs et plusieurs rebonds généreux dont le Tricolore n’a pas su profiter.

«Après le deuxième but du Canadien, j’avais la conviction que Dubnyk dirait que c’était assez et qu’il fermerait la porte. C’est ce qu’il a fait», a ajouté Boudreau qui pouvait compter sur des statistiques éloquentes afin d’appuyer ses prétentions. Le gardien du Wild n’a pas accordé quatre buts au cours d’un même match cette saison. Il a été victime de trois buts à cinq reprises seulement. Mais comme il avait limité ses adversaires à moins de trois buts depuis le 26 novembre dernier, il était clair que le Canadien trimerait dur pour y arriver.

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Le Canadien a trimé dur en effet. Il s’est bien battu même. Mais il a couru à sa perte en bousillant une fois encore les avantages numériques qu’il a reçus en cadeau. Non seulement le Tricolore a été blanchi en huit minutes de supériorité numérique, mais il a été victime d’un but, celui d’Eric Staal.

Ce but a fait mal. Très mal même. Car non seulement il a donné les devants 3-2 au Wild qui étaient revenus de l’arrière deux fois plus tôt dans la rencontre, mais il a fait un brin mal paraître Carey Price. Oui Eric Staal est un marqueur redoutable. Ou il l’a été plus tôt dans sa carrière. Oui son tir dans la lucarne était de qualité. Mais Carey Price s’est fait déjouer sur le côté court, après s’être agenouillé un peu vite face à un joueur capable de profiter de l’ouverture offerte par le gardien du Canadien.

Si on ne peut pas placer le but de Staal dans la catégorie des mauvais buts, pas plus qu’on puisse le faire avec celui de Jared Spurgeon (tir précis dans le haut du filet) qui a nivelé les chances 2-2 en période médiane, on peut le faire avec le but de Jordan Schroeder qui a fait 1-1 en début de deuxième tiers.

Incapable de tirer dans une cage ouverte, Schroeder a contourné le filet du Canadien et il a ensuite profité d’un faux mouvement de Price pour le déjouer une fois encore du côté court.

« L'avantage numérique a connu beaucoup de difficultés »

«Ce but de Jordan, qui a empêché le Canadien de s’envoler, est l’un des deux points tournants de la rencontre selon moi. L’autre est notre gros travail effectué en désavantage numérique en première période. En muselant leur attaque à cinq comme nous l’avons fait, nous avons fait tourner le momentum de notre côté», a ajouté Boudreau.

Vrai que le Canadien a encore été mauvais en attaque massive. Mais le Wild n’a pas été mieux. Il a lui aussi bousillé quatre attaques massives et a lui aussi concédé un but alors que Max Pacioretty s’est échappé en désavantage numérique pour déjouer Dubnyk avec un puissant et précis tir des poignets décochés alors qu’il était en mouvement.

Le fait que Dubnyk ait été meilleur que Price, le fait que le Wild ait été plus opportuniste que le Canadien et qu’il ait su se dresser devant la vitesse du Canadien explique la victoire du Minnesota, ou le revers de Montréal…

À quatre défenseurs… ou presque

L’indiscipline de Brendan Gallagher n’a pas aidé non plus alors que la petite peste, qui en arrache offensivement depuis le début de la saison, a écopé deux vilaines pénalités qui ont freiné l’élan de ses coéquipiers qui dans l’ensemble ont aussi bien joué – ou presque – que leurs adversaires.

Gallagher a terminé sa soirée de travail avec un différentiel de moins-2. Tout comme Max Pacioretty, Nathan Beaulieu et Paul Byron. Alexander Radulov, qui a disputé un rare mauvais match depuis le début de la saison, a terminé avec un différentiel de moins-3.

Les blessures ne peuvent pas servir d’excuses, mais il est vrai que le Canadien, déjà lourdement hypothéqué, pouvait difficilement se passer d’Alexei Emelin qui a raté le match – il ratera aussi celui de vendredi à Columbus – pour assister à la naissance de son deuxième enfant : une fillette née en après-midi jeudi.

Joel Hanley – rappelé d’urgence – et Zach Redmond ont joué moins de sept minutes chacun ce qui a forcé les arrières des deux premiers duos à multiplier les présences. Weber a fracassé le cap des 30 minutes. Beaulieu et Petry ont suivi pas loin derrière et Mark Barberio a joué plus de 22 minutes.

Parlant de Petry, il a vu sa séquence de matchs consécutifs avec au moins un but stopper à trois. Ce n’est toutefois pas faute d’avoir essayé de marquer puisqu’il a décoché 13 tirs au cours du match, dont sept qui ont atteint la cible.

Suter devant Weber

Outre le duel Price-Dubnyk que le gardien du Wild a gagné, je gardais un œil sur le duel Shea Weber – Ryan Suter. Les deux anciens coéquipiers avec les Predators de Nashville ont très bien joué. Ils ont joué beaucoup – 42 secondes de moins pour Suter – ils ont chacun récolté une passe, mais Suter a terminé sa soirée de travail avec un plus 3 – il consolide sa place au premier rang des arrières de la LNH avec un plus 25 – alors que Weber a terminé à zéro.

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Comme pour le duel de gardiens, on doit donner la victoire au Wild et à Suter pour celui des deux piliers défensifs de leur club respectif.

Le Canadien se réveillera vendredi à Columbus où il croisera les Blue Jackets qui ont pulvérisé les Penguins de Pittsburgh 7-1 jeudi soir à la maison.

Bonne nouvelle pour Al Montoya qui aura l’occasion de venger son revers de 10-0 encaissé le 4 novembre, il restera peut-être moins de poudre dans le canon considérant qu’il a craché le feu à sept reprises jeudi…

On verra.

Car avec leur victoire aux dépens des Penguins jeudi, les Jackets sont maintenant premiers de la division Atlantique et même de la conférence de l’Est avec 48 points. C’est deux de plus que le Canadien qui a toutefois disputé deux matchs de plus.