Le Canadien s'envole heureux
MONTRÉAL - Le voyage des Fêtes que le Canadien amorcera lundi, à Winnipeg, n'est jamais… une fête. Il n'est jamais facile. De fait, il est toujours difficile.
Pas seulement sur la patinoire.
À l'époque où les journalistes voyageaient à bord de l'avion du Tricolore – Bob Gainey a mis fin à cette tradition à son arrivée comme directeur général en 2003 – les visages étaient aussi longs à l'avant de la section économique où étaient confinés les «invités» qu'à l'arrière où les joueurs étaient regroupés.
Surtout lorsqu'on se retrouvait au lendemain du réveillon pour amorcer le deuxième volet de ce voyage rendu nécessaire depuis toujours parce que le Canadien est chassé de son domicile par les Ice Capades, par Disney ou le Cirque du Soleil aujourd'hui.
« Dans le temps », le Canadien rentrait à Montréal après le traditionnel match du 23 décembre, un match qu'il perdait la plupart du temps, et quittait souvent la métropole avant même la réouverture des magasins pour le « Boxing Day ». Et c'était dans une grande salle d'un hôtel ou à bord de l'avion qu'ils faisaient le saut vers la nouvelle année.
Aujourd'hui, c'est plus « humain ». Au moins pour la visite du Père Noël.
La LNH et l'Association des joueurs ont décrété des paramètres sévères quant à la pause de Noël. Une trêve de trois jours du 24 au 26 décembre. C'est court. Mais au cours de ces trois journées, les équipes n'ont pas le droit d'imposer d'entraînement. Elles ne peuvent pas voyager non plus. Les Leafs ont d'ailleurs payé une amende de 100 000 $ l'an dernier alors que la direction avait pris la décision de se rendre à St. Louis le 26 décembre – pour le match du 27 – afin d'éviter les contraintes d'une tempête menaçante qui déferlaient sur le Nord-Est du continent. Normalement, les équipes doivent arriver la veille des matchs qu'ils disputent au cours de la nuit si elles jouent le soir d'avant. Mais cette règle fait relâche pour les matchs du 27 décembre.
Le Canadien est « chanceux » cette année. Il complétera le premier volet de son voyage des Fêtes le 22 décembre à Chicago. Et il retournera sur la patinoire seulement le 28, en Caroline.
Ça aidera!
Car au fil des dernières années, ce voyage des Fêtes a souvent été catastrophique.
L'an dernier, le Canadien, malgré sa jeunesse, son inexpérience, les blessures et un manque à gagner en fait de talent, flirtait avec la barre de ,500 (14-15-2). Il a ensuite perdu six des sept matchs (1-5-1) de son voyage des Fêtes. Sa seule victoire, arrachée en Arizona, a été le fruit d'un vol de grand chemin perpétré par Samuel Montembeault.
La saison s'est terminée là!
Catastrophe évitée
Cette année, le Canadien met le cap sur Winnipeg – il fera ensuite des escales au Minnesota, jeudi, et à Chicago le lendemain – avec une fiche de ,500 (13-13-6) au lendemain de sa 30e rencontre de la saison.
Difficile de dire s'il s'enlisera lors des trois matchs au programme cette semaine. Plus difficile encore de lancer une prédiction sur ce qui lui arrivera en Caroline, à Sunrise, Tampa et Dallas qu'il visitera dans le cadre du deuxième volet de ce voyage.
On peut toutefois avancer sans le moindre risque de se tromper que la victoire de samedi permet de garder un brin et peut-être même deux d'optimisme.
Que ce gain a permis aux joueurs du Tricolore de s'envoler heureux en direction de Winnipeg dimanche. Qu'ils sont montés à bord de l'avion la tête haute et non entre les deux jambes comme cela aurait été le cas s'ils avaient bousillé l'avance de 4-0 qu'ils s'étaient offerts en deuxième période samedi face aux Islanders.
Après avoir perdu deux fois des avances de deux buts et perdu le match aux mains des Penguins, mercredi, perdre une avance de quatre buts et le match ensuite n'aurait été rien de moins qu'une catastrophe.
Le Canadien a donc sauvé bien plus que deux points en résistant à la remontée des Islanders samedi. Il a peut-être sauvé sa saison.
Pas au point de prétendre que ce gain le propulsera en séries.
Ça non! Mais l'enthousiasme associé à cette victoire et le possible résultat positif que ce gain pourrait entraîner au fil des sept prochains matchs sont susceptibles de maintenir l'espoir que la saison ne prendra pas fin au cours des deux prochaines semaines.
Contrairement à l'an dernier.
Ce qui serait un beau pas en avant.
Mais si le Canadien avait laissé fondre sa première avance de quatre buts de la saison et qu'en plus il avait offert un autre revers à ses partisans en guise de cadeau de Noël, les joueurs auraient été copieusement hués et non ovationnés après le match et il serait impossible d'amorcer avec quelque optimisme que ce soit un voyage qui aurait sans doute encore sonné le glas à sa saison.
Guhle impérial, Slafkovsky impliqué
Plusieurs facteurs expliquent la victoire de samedi.
Les deux buts de Josh Anderson viennent certainement en tête de liste.
Kaiden Guhle a quant à lui été rien de moins qu'impérial à la ligne bleue. Après une enfilade de performances plus ordinaires, il est redevenu celui que plusieurs, moi le premier, voient se profiler à titre de défenseur numéro un du Tricolore. Je me demande d'ailleurs si le fait qu'il n'ait pas franchi les 20 minutes de temps d'utilisation n'est pas une indication claire qu'il y a un net avantage à ne pas le surutiliser. Surtout à son âge.
J'ai aussi trouvé que Juraj Slafkovsky a disputé un match formidable à la droite de Caufield et Suzuki. Son meilleur depuis qu'il a obtenu une chance au sein du premier trio. Il s'est imposé physiquement pour gagner des batailles. Il a été créatif en zone ennemie. Il a démontré tout ce qu'on lui demande de démontrer pour justifier les espoirs fondés en lui par l'état-major et les partisans.
Sean Monahan redevient le leader qu'il était sur la patinoire en début de saison. Sans oublier les bons arrêts de Samuel Montembeault. Autant ceux réalisés lorsque tout allait bien pour son équipe, que lorsque ça s'est mis à chauffer...
Le calme contagieux de St-Louis
Mais l'élément qui m'a le plus frappé dans la victoire de samedi, c'est le temps d'arrêt que Martin St-Louis a réclamé après le deuxième but rapide de Brock Nelson en début de troisième période.
En fait ce n'est pas le temps d'arrêt comme tel – on va se le dire, cette décision était on ne peut plus justifiée – mais bien l'attitude affichée par St-Louis au cours des 30 secondes de pause qui m'a sauté aux yeux.
Loin de vilipender ses joueurs, St-Louis est demeuré d'un calme remarquable alors qu'il défilait ses remarques. Je n'ai pas la capacité de lire sur les lèvres, mais ce n'est pas tant les mots choisis qui me semblaient importants lors de 30 secondes, mais la manière dont le message était livré. St-Louis parlait et tout le monde l'écoutait. Pas seulement les joueurs, si vous avez la chance de revoir le match, portez attention au regard de Stéphane Robidas qui était à la gauche de son entraîneur-chef. Il ne se contentait pas d'entendre les directives du coach, il les écoutait. Comme les joueurs entassés devant lui.
En gardant son calme, en refusant de paniquer face à une situation qui invitait à la panique, St-Louis a permis à ses joueurs de rester dans le coup.
Oui les Islanders se sont approchés à un but du Tricolore plus tard en troisième. Et oui ses joueurs ont été loin d'être parfaits jusqu'à ce que Christian Dvorak ne marque un but crucial dans un filet désert. Mais en demeurant calme et donc en calmant ses joueurs, Martin St-Louis a évité que ce troisième but ne vienne aussi vite que le deuxième avait suivi (96 secondes) le premier.
Ce temps d'arrêt aussi opportun qu'important et la manière dont Martin St-Louis l'a utilisé ont maintenu une confiance – même fragile – au sein de sa troupe.
Et cela a fait une grande différence dans l'issue du match j'en suis convaincu. Et ça fera une grande différence dans la manière dont le Canadien amorcera son long voyage des Fêtes.
Le vrai retour d'Anderson?
C'est cette forme de confiance que St-Louis affiche à l'endroit de ses joueurs depuis le début de la saison qui semble être l'une des plus grandes qualités du coach. Une confiance que Josh Anderson a récompensée avec ses deux buts marqués samedi.
On va se le dire, rares sont ceux et celles qui affichaient encore de la confiance à l'endroit d'Anderson.
Mais St-Louis l'a toujours fait. Et en assurant Anderson – et c'est sans l'ombre d'un doute la même chose pour tous ses joueurs – qu'il garderait confiance en lui tant qu'Anderson maintenait sa confiance et son implication pour se sortir de la mauvaise passe dans laquelle il s'enlisait depuis le début de la saison, le coach a fait ce que tout entraîneur doit faire pour aider son athlète à s'en sortir. Je croyais que le temps était peut-être venu de donner un congé à Anderson pour l'aider. St-Louis a prouvé que la meilleure manière d'aider Anderson était de lui offrir la chance de marquer un vrai but un moment donné.
Il en a marqué deux.
Est-ce que cette fois ce sera le vrai retour de Josh Anderson? On verra. Mais St-Louis lui offre ce retour sur un plateau d'argent.
On verra la suite lundi à Winnipeg.
Bon dimanche de Football. En espérant que vos favoris ne vous feront pas subir ce que les Steelers m'ont fait subir samedi!