MONTRÉAL - Quand les Penguins ont marqué deux fois en 59 secondes lors de deux attaques massives consécutives pour niveler les chances 1-1 et prendre les devants avant la dixième minute de jeu du premier tiers, je me suis dit : voilà! C’est terminé!

 

Et je suis convaincu que je ne suis pas le seul qui en était venu à cette conclusion.

 

ContentId(3.1370501):LNH : Penguins 3 - Canadiens 4 (Hockey)
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Déjà très chanceux d’avoir limité Crosby et sa bande à un petit but lors des 12 attaques massives accordées au fil des deux premiers matchs, le Canadien n’avait pas été fichu de comprendre que son indiscipline le rattraperait bien un moment donné.

 

Et le moment était arrivé.

 

Quand les Penguins ont profité de la générosité de Victor Mete pour s’offrir une avance de deux buts, j’en ai vite rajouté : pauvre Carey que je me suis dit. Ses coéquipiers vont s’effacer ce qui donnera la chance à Malkin et aux nombreux autres Penguins que Price avait frustrés jusque-là de se venger.

 

Eh bien non!

 

Malgré ce recul qui n’annonçait rien de bon, le Canadien ne s’est pas sauvé, éclipsé, défilé. Bon! Price a quand même eu à effectuer quelques bons arrêts pour éviter que la glissade ne se poursuive. C’est un fait. Mais ce sont les Penguins qui se sont endormis une fois en avant par deux buts. Pas le Canadien.

 

Il est hors de question ici d’enlever au Tricolore tout le mérite qui lui revient pour la victoire. Car cette victoire elle est pleinement méritée. S’il est vrai que ce n’est pas la meilleure des deux équipes qui a pris les devants 2-1 dans la série, il est plus vrai encore que c’est l’équipe qui méritait le plus de gagner qui se retrouve à un gain d’une place en séries.

 

Pas juste un vol de Carey

 

Samedi dernier, la victoire qui a permis au Canadien de prendre les devants 1-0 dans la série n’avait qu’un nom : Carey Price.

 

Il faut toutefois en défiler plusieurs tant les hommages doivent être partagés pour expliquer le deuxième gain.

 

Bien sûr le nom de Carey Price vient tout en haut de la liste. Inscrit en caractères gras en prime en raison de ses nombreux arrêts : 26 sur les 27 tirs dirigés par les Penguins à forces égales et quatre sur les six qu’il a affrontés en désavantage numérique.

 

ContentId(3.1370506):LNH : le Canadien rend enfin la pareille à Carey Price
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Mais Price n’a pas été le seul à se distinguer.

 

Coupable deux fois plutôt qu’une sur les deux premiers buts des Penguins – le capitaine a non seulement oublié Patric Hornqvist sur le premier but, mais écopé une pénalité sur le jeu, pénalité qu’il écoulait que les Penguins ont récidivé 59 secondes plus tard –  Shea Weber s’est brillamment repris.

 

Auteur du premier but de la rencontre, Weber a récolté des passes sur les buts qui ont permis d’effacer le recul de 1-3. Il a aussi, surtout, été très solide en défense alors qu’il a protégé son gardien tout en frappant rondement Evgeni Malkin et tous les Penguins qui s’approchaient du filet de Price ou tentaient de s’installer derrière le filet ou dans les coins.

 

Weber a été très fort. Dans tous les sens du mot.

 

Son partenaire de travail Ben Chiarot l’a été presque autant.

 

Que dire de Jeff Petry? Victime d’un bel arrêt de Matt Murray en début de match alors qu’il s’est porté à l’attaque sur un jeu rappelant le but en prolongation qu’il a marqué pour donner la victoire au Canadien samedi dernier, Petry a une fois encore inscrit le but de la victoire mercredi.

 

Et quel but! Du coin de la patinoire, à la droite de Murray, Petry a décoché un tir qui a surpris le gardien des Penguins. Mystifié en fait alors que Murray a été atteint au bas du masque par une rondelle qui a ensuite dévié derrière lui. Le genre de but qu’on peut attendre d’un Crosby, d’un Malkin ou d’un attaquant d’aussi grand talent. Mais d’un défenseur comme Petry? Pas vraiment!

 

Phillip Danault a récolté une passe mercredi. Mais c’est par la qualité phénoménale de son travail en défense qu’il s’est signalé. Seize mises en jeu gagnées sur les vingt-trois disputées (59,3 %) dont plusieurs aux dépens des Sidney Crosby – le capitaine des Penguins s’est contenté de huit mises en jeu gagnées sur les vingt-trois qu’il a disputées – et 22 min 38 s de temps d’utilisation – c’est presque autant que Shea Weber et Ben Chiarot – l’honorent grandement.

 

Sans oublier qu’il a obtenu une promotion au sein de l’attaque massive. Eh oui. L’attaque massive du Canadien n’a pas marqué en cinq occasions mercredi – le Tricolore est rendu 0 en 10 après trois matchs – mais Danault a obtenu le premier tir de la soirée du Canadien lors du 4e avantage numérique. Il était temps. Après la promotion de Danault au sein du « PP » le Canadien a été un brin meilleur. Il ne lui reste qu’à marquer.

 

Julien gagne son duel contre Sullivan

 

La promotion accordée à Danault au sein de l’attaque massive ouvre la porte au mérite qu’il est essentiel d’accorder à Claude Julien dans le cadre de cette victoire.

 

Après une première période qui ne l’a visiblement pas satisfait, l’entraîneur-chef a chambardé ses trios. Une décision qui a donné de bons résultats.

 

Bon! Max Domi est demeuré au centre du 4e trio.

 

Mais devant lui, Nick Suzuki a obtenu une promotion au sein du premier, Jesperi Kotkaniemi est allé le replacer entre Jonathan Drouin et Joel Armia alors que Phillip Danault a hérité du troisième trio. Une fois remodelés, ces trois trios ont offert du meilleur hockey.

 

Ces décisions se veulent aussi de solides votes de confiance à l’égard de Suzuki et Kotkaniemi. Le premier a été solide dans tous les aspects du jeu mercredi. On l’a bien sûr vu orchestrer de belles attaques, mais on l’a aussi vu offrir du jeu solide, responsable et surtout efficace en défense. Même en toute fin de rencontre alors que le coach lui a affiché beaucoup de confiance.

 

Suzuki dispute une série sensationnelle. Sa place au sein du premier trio incite d’ailleurs à croire – c’est du moins mon cas – que c’est lui qui doit occuper cette place en attendant la progression de Kotkaniemi.

 

Parlant de KK, il a disputé son meilleur match de la série à mes yeux. Peut-être son meilleur match avec le Canadien point. Je sais. Il n’a pas marqué, ce qu’il avait fait lors des deux premières parties. Il n’a obtenu qu’un tir. Mais c’est dans sa manière de se déplacer sur la glace, avec la confiance qu’il affichait dans ses décisions et aussi avec un brin d’implication physique témoignant une meilleure force sur ses patins que KK m’a le plus impressionné mercredi.

 

Comme quoi la patience que l’on doit étirer à l’endroit du Finlandais qui n’est encore qu’un enfant pourrait être pleinement récompensée avant longtemps.

 

Peu importe ce qui arrivera lors du prochain match, et peut-être des deux prochains, le fait de voir Suzuki et KK non seulement obtenir de plus grandes responsabilités, mais les assumer, représente une victoire aussi importante que les deux déjà en banque aux dépens des Penguins.

 

Un club assommé?

 

Est-ce que la troisième victoire suivra vendredi? Ou peut-être samedi?

 

Bonne question. Très bonne question.

 

Le Canadien, de Carey Price à Claude Julien, aura bien sûr son mot à dire.

 

Mais à mes yeux, la réponse viendra des Penguins. Des Penguins qui ont visiblement pris le Canadien à la légère une fois en avant 3-1 croyants, comme moi, que non seulement l’issue de la partie, mais celle de la série était alors scellée.

 

Dans son point de presse après le match, l’entraîneur-chef Mike Sullivan semblait vraiment assommé.

 

«Le Canadien a mieux joué que nous. On s’est retrouvé trop souvent du mauvais côté de la rondelle. Nous avons bien joué, mais n’avons pas affiché le même niveau de compétition que le Canadien et n’avons pas été en mesure d’aller chercher le but qui nous manquait en fin de match. On a de l’expérience dans ce genre de situation. On sait ce qui nous attend. Nous pouvons mieux jouer qu’on l’a fait ce soir et devrons le faire si nous voulons forcer la tenue d’un cinquième match et passer en séries ensuite», que Sullivan a défilé.

 

Les traits tirés, l’œil hagard, la voix éteinte, Mike Sullivan était loin d’être convaincant. Du moins il est loin de m’avoir convaincu.

 

S’il n’arrive pas à imiter Claude Julien et à trouver une manière de soutirer le meilleur de ses joueurs, surtout de ses meilleurs joueurs – Evgeni Malkin et Kristopher Letang peuvent et doivent être beaucoup meilleurs, il me semble – l’entraîneur-chef des Penguins aura les traits plus tirés, l’œil plus hagard et la voix plus éteinte en début de soirée vendredi.

 

Dire qu’il y a une semaine, associer le Canadien à une place en séries éliminatoires – les vraies séries et pas seulement la ronde de qualification – tirait bien plus du rêve que d’une mince possibilité.

 

Le CH n’y est pas encore. Je sais. Mais le simple fait qu’il soit à un gain des vraies séries représente déjà tout un exploit.