NEW YORK - La carrière de Dustin Tokarski dans la LNH demeure succincte, mais il ne pourra jamais se faire retirer son épatante performance qui a relancé le Canadien dans la finale de l’Association Est face aux Rangers de New York au printemps 2014.

Un peu à l’image de son parcours, ce choix de cinquième ronde au repêchage de 2008 ne cesse de surprendre quand il est placé sous les feux de la rampe et c’était difficile de trouver un contexte plus grandiose qu’un match de cette ronde éliminatoire au Madison Square Garden.

Son exploit prend une ampleur encore plus intéressante car il a fait revivre l’espoir de son organisation après la cruelle perte de Carey Price et son entraîneur Michel Therrien a vanté l’impact qu’il a eu sur la confiance du groupe.

« On ne prend jamais une décision de ce genre en solitaire et je dois dire que toutes les personnes impliquées avaient le même constat. C’est un gagnant et on le constate avec son parcours », a confié Therrien à propos du choix de miser sur lui au lieu de Peter Budaj.


Parlant de miser, Therrien – qui aime se décrire comme un entraîneur avec une mentalité de parieur – a définitivement gagné un gros magot avec la prestation étincelante du gardien de 24 ans.

« Dustin a été génial, je l’ai vu jouer à d’autres niveaux et accomplir de grandes performances, mais il vient de prouver ce qu’il peut réussir au plus haut niveau. C’est un "boost" énorme pour notre équipe parce qu’il nous donne la chance de continuer d’avoir du succès alors il fallait l’aider », a souligné P.K. Subban qui a été assailli par les médias dans le vestiaire.

Avec humilité, il ne voulait pas dire que ses coéquipiers avaient soutiré cette victoire pour lui.

« Les joueurs sont allés chercher ce match pour le logo sur leur chandail avant tout. C’était une bataille tout au long du match et un effort d’équipe », a mentionné Tokarski en reconnaissant que c’était agréable d’entendre de beaux commentaires à son sujet.

Mais les joueurs du Tricolore n’ont pas hésité une seconde à préciser qu’ils voulaient à tout prix obtenir ce résultat pour celui qui a sauvé la situation.

« On savait qu’on devait aller en chercher une pour Tokarski, on lui en devait une surtout pour la première période. L’effet sur notre confiance a débuté dès le deuxième match et c’était de toute beauté de le voir aller en première période ce soir. On est choyé avec les performances de gardiens cette saison et on avait justement besoin d’une grosse prestation comme celle-ci et il a été en mesure de la produire », a remercié Daniel Brière.

« Il a très bien joué dans les deux matchs, il a vraiment trouvé son rythme dans ce match et on espère qu’il pourra continuer dans cette direction. Il est en contrôle depuis son entrée en scène et il a réussi plusieurs arrêts très importants, mais celui sur (Martin) St-Louis dans la dernière minute était énorme pour nous », a confié le capitaine Brian Gionta.

Bien sûr, ce souvenir gagnant restera à jamais gravé dans sa mémoire, peu importe ses futurs accomplissements.

« Cette victoire se classe définitivement au sommet de la liste. Les séries de la coupe Stanley, c’est la chose dont on rêve en grandissant et cette victoire a été acquise en prolongation en plus », a-t-il admis avec un sourire révélateur.

Une autre façon de se relever

Il est trop tôt pour savoir si le Canadien viendra à bout des Rangers, mais il faut reconnaître que la formation montréalaise a trouvé une énième façon de rebondir à la suite d’une épreuve.

La blessure de Price aurait signifié la fin des émissions pour plusieurs organisations, mais le Tricolore s’amuse à contredire les prédictions cette saison.

« Depuis le début de l’année, on a toujours trouvé un moyen de resurgir même quand tout le monde pensait que nous étions morts. Quand les Rangers ont créé l’égalité (en fin de match), plusieurs personnes pensaient encore que c’était la fin pour nous, mais on a réussi une autre fois et on y croyait même si c’est plus facile à dire qu’à faire », a évoqué Brière dont le rendement ressemble à celui de son club.

Dans ce sens, l’entraîneur Michel Therrien a procédé à une autre décision qui a permis à son équipe de rebondir. L’idée de réunir Brière, Thomas Vanek et Rene Bourque pendant la rencontre a sans doute fait sourciller plusieurs amateurs, mais il a encore une fois vu juste.

« J’ai constaté que Daniel était affamé, il était souvent sur la rondelle et ça semblait similaire pour Vanek et Bourque. C’est souvent une question de feeling et Daniel a encore compté un gros but. Disons que je suis content de les avoir réunis », a-t-il expliqué en esquissant un sourire.

Mais cette conclusion positive aurait pu tourner au désastre si le Canadien ne s’était pas relevé d’une atroce première période. D’ailleurs, Brière a admis que des vétérans avaient utilisé quelques « gros mots » pour secouer la troupe au premier entracte.

« De mon côté, j’ai plus mis l’accent sur certaines choses que nous devions corriger. J’étais assez calme », a indiqué Therrien, qui peut parfois s’emporter, en riant.

Maintenant, le Canadien détient la possibilité de niveler la série s’il remporte une deuxième partie consécutive au domicile des Rangers dimanche soir. Nul doute, il s’agirait d’un autre tour de force de sa part.