BROSSARD – Durant l’absence initiale de Carey Price, le Canadien s’était admirablement bien tiré d’affaires avec un dossier de 5-2-2, mais la montagne présente un sommet nettement plus élevé cette fois.

Le Tricolore pourrait être privé de son as pendant rien de moins que 20 rencontres et possiblement plus puisqu’il s’agit d’une absence minimale. On parle donc de l’équivalent du quart de la saison pour cette remise en forme.

Cependant, le Canadien prétend se lancer dans ce défi avec de meilleures dispositions pour ce deuxième chapitre – pas souhaité - de la blessure de Price.

« Je l’espère. On trouve qu’on possède la profondeur requise dont on ne disposait pas par le passé. Je pense qu’on l’a déjà démontré depuis le début de la saison alors que les remplaçants ont pu contribuer », a exposé Max Pacioretty.

« On sait à quoi ça ressemble, on sait que Carey est notre meilleur joueur, mais on sait aussi qu’on forme une bonne équipe. Cette fois, on parle d’une longue période et ça permettra de voir la valeur de notre groupe; c’est un gros test », a ajouté le capitaine.

Après 25 matchs, le Canadien occupe le premier rang du classement de la LNH malgré la perte de Price du 30 octobre au 19 novembre. Voilà pourquoi Alex Galchenyuk ne s’attend pas à une baisse de régime de son clan.

« Ce n’est pas pour rien qu’on domine la LNH pour les points. Ça veut dire que nous avons fait des choses de la bonne manière. On doit continuer de jouer de la même manière, il faut garder cet élan », a avancé celui qui a été nommé la troisième étoile de la semaine.

À moins d’une transaction dans les jours à venir, le Canadien se tournera vers Mike Condon pour assurer une fois de plus la relève pendant que Price soigne sa blessure au bas du corps (jambe droite).

Son éclosion depuis le début de la saison – et particulièrement dans ses neuf départs consécutifs – a permis aux dirigeants du Canadien de confirmer plusieurs traits de caractère intéressants chez lui. 

« Même s’il n’est pas une vraie recrue (il est âgé de 25 ans), il est très professionnel dans son approche aux matchs, c’est assez similaire à celle de Price », a vanté Marc Bergevin.

Lorsque Bergevin parle souvent de la qualité du travail de son entourage, le dossier de Condon s’avère un exemple parfait.

En effet, on peut se demander dans quelle situation se retrouverait le Canadien sans la clairvoyance de Rick Dudley (vice-président principal, opérations hockey) qui a fait découvrir Condon à Bergevin au printemps 2013.

« C’est Rick Dudley qui m’a parlé de Mike Condon en premier. Il jouait à Houston dans la Ligue américaine de hockey. Leur match suivant était à Grand Rapids et on avait envoyé Vincent Riendeau (qui était l’entraîneur des gardiens pour les Bulldogs) le voir jouer. Sous sa recommandation et celle de Rick, on lui a donné un contrat », a raconté Bergevin à propos de son travail lors des séries 2013.

Même s’il a faibli dans la dernière portion de la première absence de Price, Condon a démontré qu’il pouvait aspirer à un rôle de numéro dans la LNH s’il parvient à polir son arsenal.

« Il possède les capacités pour devenir éventuellement un numéro un. C’est certain qu’il y a des rondelles qu’il aurait aimé revoir. Cependant, c’est le cas de tous les gardiens. Vous avez vu Henrik Lundqvist qui a eu une soirée un peu difficile contre nous l’autre jour. On dit souvent que c’est satisfaisant quand ton gardien réserviste présente un dossier de ,500. Il a connu un bon départ de carrière (8-2-3) alors on a très confiance en lui », a révélé Bergevin.

Ça tombe bien puisque Condon peut apprivoiser les subtilités de son métier sous la gouverne de Stéphane Waite, une référence dans le domaine.

« Il a été merveilleux. Tous les entraîneurs de gardiens ont une approche différente et on sait tout ce qu’il a accompli avec de très bons gardiens. Nous sommes tous très chanceux de pouvoir miser sur lui », a reconnu Condon.

L’Américain a déjà démontré que son rendement est dynamisé par sa force mentale. Ce n’était donc pas étonnant de l’entendre relativiser sur la tâche qui se dresse devant lui.

« Je me sens plus confortable, les choses me sont plus familières chaque fois que je saute sur la patinoire », a-t-il sagement répété.

Condon a avoué du bout des lèvres qu’il n’aurait pas pu imaginer une première saison dans la LNH à l’image de celle-ci.

« C’est vrai, mais j’essaie de ne pas trop y penser. Je vais simplement m’étirer et aller me coucher après ces entrevues », a décrit l’ancien étudiant de Princeton.

Par contre, il a réalisé qu’il devait se sentir à sa place pour pouvoir tenir son bout.

« Tu te retrouves contre (Alex) Ovechkin dans les matchs préparatoires, mais tu en viens à affronter des joueurs de l’élite à chaque match. Tu finis par faire partie de ce groupe et tu dois te comporter comme tel », a expliqué le numéro 39.

Condon a retrouvé son aplomb durant les deux parties contre les Devils et il aura à poursuivre dans ce sens. Sa mission est tout de même facilitée en jouant derrière l’attaque la plus productive de la LNH.

« Aucun gardien ne va se plaindre que son équipe marque des buts pour lui. C’est apprécié et on espère que ça va continuer », a-t-il lancé en riant.

Ce n’était rien de nouveau, mais ses coéquipiers ont rappelé à quel point ils apprécient sa rentrée dans le circuit Bettman.

« Il a peiné pour se rendre ici et il a très bien joué quand il a été envoyé dans la mêlée. Il nous a donné une chance de gagner à tous les matchs. On doit continuer notre bon rendement devant lui et on sait qu’il sera préparé pour ce défi. Ceci dit, on ne veut pas se rabattre sur nos gardiens pour gagner, on veut d’abord bien faire devant eux », a exprimé P.K. Subban.