Trois heures avant la mise en jeu initiale, les astres favorisaient le Canadien aux dépens du Wild.

 

Bien reposé, le Tricolore s’apprêtait à disputer le deuxième match de sa longue séquence de six parties consécutives à la maison. En plus de profiter de l’avantage de la patinoire et de l’appui de ses partisans ravivés par les succès récents de leurs favoris, le Canadien croisait, comme lundi et pour une troisième fois déjà cette saison, un adversaire qui avait joué la vielle à Toronto.

 

En passant, le Canadien croisera deux autres fois cette année des adversaires fatigués au lendemain d’une visite au Air Canada Centre. Calgary le 7 décembre et Colorado le 23 janvier. Inversement, les Leafs recevront trois fois seulement cette saison des adversaires au lendemain d’une escale à Montréal.

 

Le Canadien et ses voisins d’Ottawa feront jeu égal alors que les Jets visiteront la capitale fédérale et Montréal les 2 et 3 avril prochain alors que les Panthers seront à Montréal et Ottawa les 19 et 20 mars.

Mais voilà! Les astres se sont heurtés au-dessus du Centre Bell lorsque, coup sur coup, Jonathan Drouin et Shea Weber ont déclaré forfait en raison de blessures au haut et au bas du corps.

 

S’il est acquis que Drouin s’est blessé à une main après qu’il eut été atteint par une rondelle lors du match de mardi, c’est plus nébuleux dans le cas de Weber. Il s’est blessé à la toute fin de l’entraînement mercredi. En matinée, on le croyait en mesure d’affronter le Wild, comme Drouin d’ailleurs, mais en fin d’après-midi, les médecins ont décidé d’imposer des retraits préventifs.

 

Déjà privé de son gardien numéro un – je veux bien croire que Charlie Lindgren joue bien, mais c’est avec un Price en forme et en santé que le Canadien a le plus de chances de gagner – le Tricolore perdait son défenseur numéro un et sans doute meilleur joueur depuis le début de la saison, et son attaquant numéro un.

 

Malgré ces absences difficiles à combler, le Canadien s’est bien débrouillé. Bon! On a eu droit à des cascades d’erreurs de chaque côté, à des mauvaises passes, à de pertes de rondelle, à de revirements, à toutes sortes de choses bien laides qui, au final, ont donné aux partisans un match rempli de rebondissements.

 

Les gardiens Charlie Lindgren et Devan Dubnyk ont racheté toutes les erreurs multipliées par leurs coéquipiers au cours des deux premières périodes.

 

Le Wild, par le biais de Jason Zucker, a toutefois explosé avec trois buts au dernier tiers pour s’envoler vers une victoire de 3-0.

 

Approximatif dans plusieurs de ses déplacements au cours du match, déstabilisé à plusieurs reprises par des tirs provenant d’angles fermés, Dubnyk a malgré tout réalisé son premier jeu blanc de la saison, son 25e en carrière, mais son premier aux dépens du Canadien contre qui il affiche un dossier reluisant de 7-1-1.

 

Quant à Zucker, il est actuellement en état de grâce ayant marqué les cinq derniers buts de son équipe. Ses trois buts aux dépens du Canadien égalent sa récolte des 13 premiers matchs de la saison.


Mes observations en marge de cette deuxième défaite en une semaine aux mains du Wild.

  1. Contestations contestées...
  2. Ne remplace pas Weber qui veut
  3. Galchenyuk a tout fait… sauf marquer
  4. Promotion tardive pour Hudon
  5. Défaite salutaire pour Lindgren?

Chiffre du match : 500 – En gagnant une bataille aux dépens de Max Pacioretty, Eric Staal a orchestré le deuxième but du Wild. Il a du coup récolté sa 500e passe en carrière. Staal a toujours eu du succès à Montréal comme en témoigne sa fiche de 21 buts et 22 passes en 43 visites à Montréal. « J’ai grandi en regardant les Maple Leafs et le Canadien à la télé. J’adore jouer à Toronto et Montréal. Je ne change rien à mon approche, mais on dirait que je m’y sens mieux qu’ailleurs. Dommage que je n’y vienne qu’une fois par année contrairement à mes années avec les Hurricanes », a commenté le vétéran qui en est à sa 14e saison dans la LNH.

 

Contestations contestées...

 

Blanchi pour une troisième fois cette saison, le Canadien a malgré tout marqué deux buts au cours du match. Deux buts qui ont été refusés.

 

Le premier à Karl Alzner pour avoir redirigé la rondelle plus haut que la limite permise, soit la hauteur de la barre transversale. Après avoir initialement refusé le but, les arbitres ont dû attendre la confirmation venant de Toronto. Les reprises n’ont pas offert d’images concluantes qui auraient permis de renverser la décision. Le but a donc été refusé. Puisque la décision initiale a été maintenue, on peut conclure que le but aurait été accordé si l’arbitre l’avait initialement octroyé à Alzner.

 

Le deuxième but a été refusé au terme d’une contestation logée par Bruce Boudreau pour cause d’obstruction sur son gardien Devan Dubnyk.

 

La reprise a clairement démontré que Hudon, sans être poussé par un adversaire du Wild, a bel et bien touché à Dubnyk sur le jeu initial. Mais entre ce premier contact et le moment où Hudon s’est emparé du retour pour marquer, le gardien du Wild a été frappé par un de ses coéquipiers. «À mes yeux, le but était bon en raison du temps qui s’est écoulé entre le contact de Charles Hudon et le moment où il a marqué. Les arbitres ont décidé le contraire», a commenté Claude Julien qui conteste les contestations.

 

« Ce n’est pas le fait d’avoir vu un but que je croyais bon être refusé qui m’agace, car toutes les équipes composent avec de telles décisions. Ce qui m’agace c’est qu’on ne sait pas vraiment à quoi nous en tenir lorsqu’il y a des contestations. Certains arbitres accordent des buts qui ne me semblent pas bons, d’autres font le contraire. On se retrouve dans une situation de 50-50 devant ces contestations. C’est ça qui est difficile », a analysé Claude Julien.

 

Dans le vestiaire du Wild, les commentaires étaient bien sûr diamétralement opposés. « J’étais convaincu que le but serait refusé, car le premier impact avec le joueur du Canadien a eu des impacts sur le reste de la séquence. S’il ne m’avait pas déstabilisé sur le premier tir, j’aurais été mieux placé au haut de mon cercle pour effectuer l’arrêt et contrôler le retour. Ce contact a changé le cours des choses et c’est pour cette raison que je suis content que les arbitres aient changé leur décision », analysait Devan Dubnyk après sa victoire.

 

Que les joueurs et entraîneurs du Wild et du Canadien aient des opinions différentes est tout à fait normal.

 

Il en va de même pour les partisans du Canadien qui ont, c’était prévisible, crié au scandale et même au complot après cette deuxième décision défavorable du match. Sans oublier que c’est la deuxième fois cette saison que le Canadien se voit refuser deux buts au cours d’une même rencontre.

 

Ça fait mal. C’est clair. Mais je vous le demande bien gentiment : si c’est Charlie Lindgren qui avait été déstabilisé par Jason Zucker et que les arbitres avaient finalement refusé au Wild un but initialement accordé, auriez-vous autant crié au vol?

 

C’est ce que je me disais aussi...

 

Ne remplace pas Weber qui veut

 

Parce qu’il est tout en efficacité sur la glace plutôt qu’en flamboyance, Shea Weber camoufle parfois l’importance que ses performances ont sur celles de son équipe.

 

Son absence a permis de les mettre en valeur jeudi soir. Et comment!

 

Pour pallier la perte de Weber à cinq contre cinq, le Canadien a dû surutiliser Jeff Petry qui a passé 27 min 28 s sur la patinoire. S’il peut assumer un surcroît de travail dans l’aspect offensif du jeu, Petry ne peut y arriver défensivement. Encore hier, il s’est fait ridiculiser en mordant comme un débutant sur une feinte de Tyler Innis qui s’est retrouvé seul devant Charlie Lindgren avant de tirer sur le poteau.

 

Petry, Alzner, Benn et Mete qui a joué près de 14 minutes jeudi – soit six de plus que mardi contre Vegas – ont fait ce qu’ils ont pu pour remplacer Weber en comité.

 

Joe Morrow et Brendan Davidson se sont essayés eux aussi, mais grand dieu qu’ils ont eu de la difficulté. Bon! On va s’entendre qu’il est périlleux de faire appel à des septièmes, voire huitièmes défenseurs pour aider à colmater la brèche causée par l’absence de Weber, mais lorsque ces deux réservistes se retrouvaient ensemble sur la patinoire, c’est le Centre Bell au complet qui retenait son souffle…

 

Privé de son canon principal, l’attaque à cinq du Canadien était bien inoffensive hier avec Weber sur la touche. La rondelle a bougé et bien bougé en zone ennemie. Elle bougeait même rapidement. Mais tous les joueurs du Canadien se la remettaient en se demandant qui diable va tirer à la place du bon Shea. Résultat : six tirs cadrés en six minutes de supériorités numériques et je ne me souviens pas d’une vraie bonne frappe qui a forcé Dubnyk à s’imposer devant son filet.

 

Même que c’est le Wild, sur un vilain repli de Lekhonen et un plus vilain repli encore de Max Pacioretty qui s’est laissé glisser au lieu de venir appuyer son coéquipier en défensive – en passant le capitaine a terminé sa soirée de travail avec un lourd différentiel de moins-3 à sa fiche – qui a marqué en désavantage numérique alors que le Canadien a été blanchi en trois occasions.

 

Ce qui est vrai à cinq contre cinq et en avantage numérique l’est tout autant en désavantage numérique. Non! Le Wild n’a pas haché finement la défensive tricolore à cinq contre quatre, mais les mercenaires envoyés pour tuer les pénalités ont largement compliqué leur travail en raison de leur incapacité de dégager leur territoire après avoir pourtant remporté des batailles le long des rampes.

 

Le genre de dégagement que Weber aurait multiplié au lieu de les bousiller.

 

Mais bon! Ne remplace pas Shea Weber qui veut comme l’absence du défenseur numéro un du Canadien l’a grandement confirmé jeudi soir.

 

Galchenyuk a tout fait... sauf marquer

 

En raison des erreurs multipliées par les deux équipes et les occasions de marquer qu’elles ont générées, il était clair que le match Canadien-Wild ne se terminerait pas 0-0.

 

Et si on m’avait offert de mise un Coke en cannette sur l’identité du joueur qui allait enfiler le premier but de la rencontre pour briser l’égalité qui prévalait après deux périodes, c’est sur Alex Galchenyuk que j’aurais misé.

 

Bon! Galchenyuk ne m’aurait pas permis d’étancher ma soif, car il n’a pas touché le fond du filet. Mais ce n’est certes pas faute d’avoir essayé.

 

Galchenyuk a décoché 12 tirs en direction du filet du Wild. C’est un de moins que Max Pacioretty. Mais non seulement Galchenyuk a cadré une rondelle de plus que son capitaine, mais il a dirigé de bien meilleurs tirs alors que Pacioretty a souvent (trop) tiré d’angles fermés, voire impossibles.

 

Galchenyuk s’est encore une fois beaucoup impliqué jeudi. Il a tiré de l’enclave et aurait facilement mérité un but… au moins. Seule critique qu’on puisse formuler, il aurait peut-être eu avantage à s’avancer d’une ou deux enjambées sur les tirs qu’il a décochés du haut du cercle des mises en jeu à la gauche du gardien du Wild lors d’attaques massives.

 

Cela dit, Galchenyuk étant employé à la pointe droite, il devait se montrer prudent pour ne pas ouvrir la porte à des attaques du Wild.

 

Galchenyuk a très bien joué hier. Du moins à mes yeux. Et si les passes offertes sur quelques-uns de ses tirs avaient été dirigées par Jonathan Drouin plutôt que par Torrey Mitchell, peut-être que cela l’aurait aidé à marquer.

 

Mais attention : c’est très facile, trop même, de lancer pareille spéculation surtout que Mitchell, envoyé en relève dans un rôle difficile à remplir, est loin d’avoir disputé une mauvaise rencontre.

 

Promotion tardive pour Hudon

 

S’il est vrai que Torrey Mitchell a disputé un bon match et que c’est lui qui a amorcé la rencontre au centre d’Alex Galchenyuk et Artturi Lehkonen, c’est tout aussi vrai que Charles Hudon est venu en relève en troisième période.

 

Lorsqu’il a jonglé avec ses trios en troisième période, Claude Julien a fait bien plaisir à bien des partisans qui réclamaient la présence de Hudon en lieu et place de celle de Mitchell.

 

La promotion tardive accordée à Hudon a toutefois entraîné un lot de critiques de la part de partisans outrés qui ont jeté leur fiel sur l’entraîneur-chef.

 

Interrogé sur sa stratégie initiale et sur les motifs qui l’ont poussé à la modifier, Claude Julien a candidement répondu. «Contre une équipe solide comme le Wild, nous voulions avant tout miser sur l’expérience de Mitchell. C’est un centre d’expérience et nous savions qu’il serait en mesure de s’adapter à la situation. Charles a de l’expérience au centre, mais il n’en a pas au niveau de la LNH et nous trouvions qu’il valait mieux y aller avec Mitchell. En troisième, une fois en retard par deux buts, il fallait tenter quelque chose et c’est la raison pour laquelle nous avons précédé au changement. Parce que Charles a marqué – le but a ensuite été refusé – il est facile après coup de prétendre qu’on aurait dû faire ce changement plus tôt, mais les circonstances nous dictaient d’y aller avec l’expérience d’abord et avant tout», a plaidé l’entraîneur-chef du Canadien.

 

Compte tenu des performances du trio Galchenyuk-Hudon-Lehkonen en fin de rencontre, il sera intéressant de voir si Claude Julien misera plus tôt qu’il ne l’a fait jeudi sur Hudon dans l’éventualité où Jonathan Drouin ne serait pas en mesure d’affronter les Sabres de Buffalo, les prochains visiteurs au Centre Bell, samedi.

 

Défaite salutaire pour Lindgren?

 

Malgré les deux buts accordés à Jason Zucker, Charlie Lindgren n’a pas à rougir de sa performance devant la cage du Canadien jeudi.

 

Ses 32 arrêts lui ont permis de continuer à faire très bonne impression, malgré le fait qu’il ait encaissé sa première défaite en carrière après cinq victoires consécutives.

 

J’irais même jusqu’à dire que cette défaite pourrait être un brin salutaire pour le gardien originaire du Minnesota et qui croisait l’équipe de son enfance.

 

Je sais, personne n’aime perdre. Mais en gagnant jeudi contre Minnesota, Charlie Lindgren aurait égalé la marque établie par Ken Dryden, le dernier gardien du Canadien à avoir amorcé sa carrière avec six victoires collées. Et vous savez quoi? Les récentes performances de Lindgren combinées à la passion débordante des partisans du Canadien ont entraîné une vague qui suggérait de rebaptiser la sensation de l’heure chez le Canadien et de l’appeler : Charlie Dryden!

 

Lindgren fait de l’excellent boulot en relève à Carey Price. Du travail impressionnant même. Et si la blessure au tibia qui importune Price depuis une semaine maintenant devait prendre plus de temps que prévu à guérir, il va sans dire que le Canadien est pour le moment entre bonnes mains avec un Lindgren qui continue de surprendre.

 

Mais dès que Price sera de retour en santé et en forme, dès que Carey sera en mesure de reprendre sa place de gardien numéro et de l’assumer beaucoup mieux qu’il ne le faisait depuis le début de la saison, Lindgren retournera, à Laval, dans la Ligue américaine, en attendant que le poste d’adjoint s’ouvre chez le Canadien.

 

D’où l’importance pour les partisans de se garder une petite gêne avant de monter sur leurs grands chevaux, de remplacer Lindgren par Dryden et de le croire en mesure de chasser Price de Montréal.

 

On verra d’ailleurs samedi si Al Montoya viendra en relève ou si Lindgren croisera les Sabres dans le cadre d’un quatrième match consécutif devant la cage du Tricolore.

 

Parlant du Tricolore, avant que le Canadien reçoive les Sabres en soirée, les Canadiennes croiseront à 13 h, au Centre Bell, le Kunlun Red Star, l’une des deux équipes féminines professionnelles de la Chine.