Après une période, tout allait bien. Vraiment. Chambardés par Claude Julien avant la rencontre, les quatre trios multipliaient les bonnes présences, les défenseurs arrivaient à contenir les gros attaquants des Kings et Al Montoya, en relève à Carey Price, faisait ce que tout gardien doit faire lorsqu’il se retrouve dans l’action : il donnait une chance bien réelle à son équipe de gagner. C’était d’ailleurs l’égalité 1-1 lorsque les deux clubs ont retraité au vestiaire pour le premier entracte.

 

En deuxième, le Canadien s’est essoufflé. Mais en s’accrochant, il a su éviter le pire.

 

En troisième, comme l’a si bien décrit l’entraîneur-chef Claude Julien dans son point de presse d’après-match : « On s’est écroulé. »

 

Et comment!

 

Comme s’il était aussi normal pour les Kings qui surfent sur le meilleur début de saison de leur histoire de dominer le Canadien qu’il est normal pour la crème de remonter au-dessus du petit lait, la meilleure équipe a su profiter des erreurs de la moins bonne pour mettre le match hors de portée avec quatre buts de suite pour l’emporter facilement 5-1.

 

Dans la situation navrante qu’il traverse, le Canadien avait d’abord et avant tout besoin de gagner. Peu importe que ce soit mérité ou non, que ce soit beau ou non, il se devait de gagner. Il a perdu un match qu’il devait gagner. Et le voilà à un revers d’un autre voyage blanc dans l’Ouest américain et du spectre d’un retour à Montréal dans la tempête et la tourmente alors que les partisans ne peuvent se souvenir d’un aussi mauvais début de saison.

 

« On a mieux joué ce soir, mais il y a encore place à amélioration », a conclu le coach qui pouvait difficilement faire une remarque contraire...

 

Mes observations du match de ce soir :

 

  1. Une erreur qui a tout changé
  2. Le travail : la seule combinaison gagnante
  3. Galchenyuk a bien répondu... malgré tout
  4. Mettez-en que Mete est bon
  5. Al Montoya a éteint le feu

 

Chiffre du match : 6-3-1. Cette combinaison est loin, très loin, de représenter un tiercé gagnant pour le Canadien. C’est en fait sa production totale de buts marqués en premières, deuxièmes et troisièmes périodes depuis le début de la saison. Comme vous le voyez, cette production fluctue à la baisse plus le match avance. Vrai que la production de ses adversaires baisse elle aussi au fil du match, mais parce qu’ils ont globalement marqué 12, 8 et 6 buts, on n’a pas à chercher bien loin pourquoi le Canadien est 8e et dernier dans la division Atlantique, 16e et dernier au classement dans l’Association Est et bon dernier également avec un différentiel de moins-16 après sept matchs seulement.

 

Une erreur qui a tout changé

 

Je déteste imputer le poids d’une défaite à un seul joueur et de l’expliquer à l’aide d’un seul jeu. Car le hockey demeure un sport d’équipe et les jeux se multiplient tellement au fil des 60 minutes qu’une erreur ici ou là peut être corrigée par un coup d’éclat là-bas.

 

Mais quand un club est aussi fragile que le Canadien l’est en ce début de saison, une erreur peut tout changer.

 

Et c’est ce qui est arrivé mercredi lorsque Jordie Benn a eu la vilaine idée de foncer en zone ennemie pour tenter – j’insiste vraiment sur le verbe tenter – de contrecarrer une sortie des Kings.

 

Si Jordie Benn était un patineur qui file comme le vent sur la glace, s’il était doté d’un sens du hockey flirtant avec un sixième sens, qu’il avait une vision périphérique à la Wayne Gretzky, j’aurais pu comprendre qu’il décide de prendre une telle chance. Et encore.

 

Mais Benn, qui est lent comme une tortue, qui jongle avec la rondelle comme vous en moi jonglerions avec une grenade dégoupillée, est loin d’avoir un sens du hockey propre à un sixième sens. Très loin. Il l’a d’ailleurs prouvé en se lançant corps et âme en zone ennemie alors que son partenaire de travail du moment, Karl Alzer – qui n’est pas rapide lui non plus – était déjà en fond de territoire des Kings.

 

Vilaine idée de Benn vous dites? Grossière idée que je réponds!

 

Car à ce moment du match – mi-chemin en troisième période – alors que le Canadien s’accrochait à l’égalité de 1-1, les joueurs du Tricolore n’avaient pas le droit de commettre une bourde aussi gigantesque. Les Kings, qui n’en demandaient pas tant, ont profité d’une descente à deux contre Charles Hudon venu en relève aux deux arrières perdus dans l’espace pour marquer le but qui brisait l’égalité et qui a brisé les reins du Canadien. Qui lui a scié les jambes. Qui a dégonflé sa confiance. À tout le moins le peu de confiance dont il disposait.

 

Résultat : ce but a fait débarquer la chaîne qui s’est cassée pas longtemps après alors que les décisions douteuses multipliées par les joueurs de Claude Julien ont souri aux joueurs de John Stevens.

 

« On était dans le match. On avait obtenu beaucoup d’occasions de marquer. Mais de pauvres décisions et des prises de risque inutiles ont tout changé. On s’est ensuite effondrés », a convenu l’entraîneur-chef du Canadien.

 

Que faisait Benn au sein de la formation au lendemain de son retrait de l’alignement à San Jose? 

 

Honnêtement, à titre de « bon vétéran » Benn ne pouvait prolonger son séjour sur la galerie de presse. Mais si je suis d’accord avec l’idée de le ramener au sein de la formation, je le suis beaucoup moins d’avoir gardé Joe Morrow en uniforme plutôt que Brandon Davidson.

 

Le travail : la seule combinaison gagnante

 

Claude Julien a pris une décision nécessaire en modifiant ses trios avant le match face aux Kings. On peut remettre en question certaines des permutations effectuées considérant qu’Ales Hemsky s’est retrouvé promu à la droite de Plekanec et Lehkonen alors que Gallagher et Hudon ont été relégués au quatrième trio avec Jacob De La Rose.

 

Gallagher et Hudon n’ont pas reçu de cadeau dans le cadre de ce remue-ménage. C’est clair.

 

Mais cette refonte des trios m’a surtout donné comme impression que l’état-major tenait à équilibrer les forces – ou les faiblesses – tout en insistant sur le fait que les numéros 1-2-3-4 étaient beaucoup moins importants que la qualité du travail et de l’effort déployés sur la patinoire.

 

Quand un club compte sur quatre trios qui travaillent, ses chances de marquer des buts ou du moins d’en marquer un de plus que l’adversaire – c’est encore de cette façon qu’on gagne au hockey faudrait peut-être le rappeler au CH – sont meilleures à défaut d’être bonnes.

 

Avec De La Rose entre eux, Gallagher et Galchenyuk ont travaillé. Beaucoup et bien. C’est pour cette raison qu’ils ont pu bourdonner autour de Jonathan Quick et qu’ils ont pu créer quelques bonnes occasions de marquer... sans y arriver.

 

Même chose pour le trio de Danault qui, complété par Paul Byron et Andrew Shaw, a non seulement donné au Canadien son seul but du match – c’est la troisième fois que le Tricolore marque le premier but de la rencontre, mais il n’a pas encore gagné (0-2-1) dans ces circonstances –, mais a peut-être été le meilleur trio du club.

 

Claude Julien a d’ailleurs indiqué que « les trios de Danault et De La Rose, avaient fait leur travail ».

 

Est-ce à dire que les deux autres ne l’ont pas fait? Ou pas assez? C’est la conclusion sur laquelle je saute à pieds joints.

 

Tomas Plekanec a été solide aux cercles des mises en jeu avec une efficacité renversante de 74 % (14 en 18), mais pour le reste son trio n’a rien cassé.

 

Que diable faisait Ales Hemsky au sein de ce trio? Bonne question. Je crois que l’état-major a décidé de miser sur une possible chimie entre les deux Tchèques, mais qu’il a surtout placé Hemsky, qui est loin de donner raison au Canadien de l’avoir embauché l’été dernier, dans une situation où ses compagnons de trio pourront lui servir de filet de sécurité.

 

Quant au premier trio, disons que Pacioretty et Drouin se sont encore cherchés sur la patinoire. Trop même. Le capitaine qui, comme l’an dernier, ne revendique qu’un but après sept matchs – il n’en revendique qu’un à ses 23 dernières parties si on ajoute aux matchs disputés cette saison, les six de séries éliminatoires contre les Rangers et les 10 dernières rencontres de saison régulière – n’est visiblement pas dans son assiette.

 

Claude Julien l’a d’ailleurs reconnu en indiquant ensuite que Pacioretty « doit trouver une façon de secouer sa torpeur. De ne pas attendre que les choses se replacent d’elles-mêmes. »

 

Galchenyuk a bien répondu... malgré tout

 

Après Gallagher, Lehkonen et Hemsky à quelques occasions, c’est finalement Alex Galchenyuk qui a amorcé la rencontre au sein du gros trio en compagnie de Drouin et Pacioretty.

 

Le fait que Galchenyuk soit demeuré au sein de ce trio confirme que le jeune américain qui se cherche cette année autant qu’il se cherchait après son retour au jeu en marge d’une blessure à un genou, l’an dernier, a disputé un bon match mercredi.

 

Non il n’a pas marqué. Mais il a été impliqué. Comme quelqu’un me l’a souligné sur Twitter pendant la rencontre, il semblait se dégêner.

 

Tant mieux.

 

Galchenyuk a démontré de belles choses hier. Il a bien réagi à la promotion qui l’attendait dans le vestiaire à son arrivée au Staple Center. Il a travaillé et patiné. Il s’est débattu. Il aurait pu décocher quelques tirs de meilleure qualité, mais les choses viendront certainement dans son cas.

 

Et les pénalités qu’il a écopées? Deux pénalités dont la deuxième pour coup de bâton – une décision sévère des officiels – qui ont fait mal au Tricolore car c’est lors de son deuxième séjour au cachot que Mike Cammalleri a nivelé les chances en fin de premier tiers.

 

Si je commence à me demander moi aussi si une réelle chimie peut s’installer entre Drouin et Pacioretty, et à me questionner sur le bien-fondé de faire jouer le capitaine en compagnie de Drouin, je me demande en même temps, si l’état-major ne devrait pas prolonger l’expérience de Drouin avec Galchenyuk sur sa droite et un autre candidat à la place de Pacioretty.

 

Vous savez déjà que je vois Galchenyuk sur le flanc droit. Avec Drouin qui peut plus facilement compléter des passes sur la droite que sur le flanc gauche, peut-être que Galchenyuk recevrait ainsi de bien meilleures et de bien plus nombreuses passes pour profiter de bonnes occasions de marquer.

 

On verra si les prochains jours nous aideront à définir la valeur du mot peut-être...

 

Mettez-en que Mete est bon

 

On le savait bon. Même très bon. Mais Victor Mete joue avec tellement d’aisance et d’assurance après ses sept premiers matchs dans la LNH, qu’il serait bien surprenant que le Canadien décide de le renvoyer dans les juniors avant la barre des 10 matchs.

 

Considérant que Mete occupe, et très bien à part ça, le rôle de deuxième défenseur à la gauche de Shea Weber, il serait non surprenant de voir Mete mettre le cap sur Windsor, mais il serait surtout ridicule de se passer de ses services et de le remplacer par un arrière moins talentueux qu’il ne l’est déjà.

 

Mete a obtenu une promotion en étant envoyé au sein de la première vague d’attaque massive. Une preuve que la direction a une confiance absolue en lui.

 

Mercredi, après que Shea Weber eut été pris à contrepieds en zone des Kings, Mete s’est dressé en défense pour faire avorter une dangereuse descente à deux contre un.

 

Ce jeu, aussi bon fût-il, ne l’assure pas encore d’une longue et fructueuse carrière dans la LNH. Mais il devrait l’assurer de franchir la barre des 10 matchs – un joueur peut alors être retourné à son club junior sans que son séjour dans la LNH ne soit pris en considération sur son contrat d’entrée – et peut-être aussi d’une place avec le grand club au-delà le championnat mondial junior.

 

Surtout si l’absence de David Schlemko – il a été opéré à un pouce – se prolonge.

 

Pas question de souhaiter du malheur à Schlemko ou au Canadien. Mais lorsque Sheldon Souray s’est fait opérer il y a plusieurs années pour guérir une fracture à un pouce – le genre de blessure dont semble souffrir Schlemko – son absence a été interminable en raison des nombreuses rechutes qui ont suivi la délicate intervention.

 

Al Montoya a éteint le feu

 

Même s’il était impératif de gagner à Los Angeles, mercredi, le Canadien a maintenu sa décision de soustraire Carey Price aux séquences de deux matchs en deux soirs.

 

C’est donc Al Montoya qui a affronté les Kings, mais le Canadien a perdu. Quand même.

 

Ce n’est pas la faute à Montoya si le Canadien a perdu. Loin de là. En bon adjoint qu’il est, Montoya a d’ailleurs effectué du très bon travail. Avant que le ciel de Los Angeles et les Kings ne lui tombent sur la tête avec leur poussée de quatre buts en fin de troisième, Montoya avait d’ailleurs mieux fait que son « patron et coéquipier » en n’accordant pas de mauvais but.

 

Montoya a fait son travail. Grand bien lui fasse.

 

Mais même si plusieurs partisans semblent déjà prêts à échanger Price, il faut que le Canadien lui redonne son filet dès vendredi à Anaheim et qu’il le lui redonne encore la semaine prochaine lors des visites successives des Panthers, des Kings et des Rangers au Centre Bell.

 

Price n’est pas à la hauteur de sa réputation depuis le début de la saison. C’est vrai. Mais c’est avec lui devant le but que le Canadien doit se sortir du merdier dans lequel il ne peut plus se permettre d’enfoncer davantage maintenant qu’il ne revendique qu’une victoire et trois maigres points après sept parties.

 

Al Montoya a éteint le feu. Bravo! Il faut maintenant que Price s’assure de rallumer la flamme qui relancera son équipe. Et c’est devant son filet en multipliant les arrêts qu’il y arrivera. Pas en regardant travailler Al Montoya.

ContentId(3.1250012):Kings : Michael Cammalleri marque en frappant la rondelle au vol pour créer l'égalité (LNH)
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ContentId(3.1250025):Kings : Adrian Kempe brise l'égalité en troisième période (LNH)
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ContentId(3.1250028):Kings : deuxième but et troisième point pour Michael Cammalleri
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ContentId(3.1250031):LNH : Adrian Kempe inscrit son deuxième but du match pour donner trois buts d'avance aux Kings
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ContentId(3.1250033):Kings : Adrian Kempe complète son tour du chapeau en fin de match (LNH)
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