Le CH se transforme en fée des étoiles
MONTRÉAL - Le Canadien a disputé, vendredi soir, à Dallas, le meilleur match des trois qu'il a joués depuis le début du voyage. Et de loin. Mais il l'a perdu.
En fait non! Il l'a donné en cadeau.
Car après avoir disputé du très gros hockey au cours de la première période, l'une de ses meilleures de la saison sur le plan défensif, et après avoir maintenu le rythme lors des 15 premières minutes de la période médiane au lieu de s'éclipser comme il l'avait fait à Denver, mercredi, le Canadien s'est transformé en fée des étoiles.
Il a alors offert pas une, pas deux, pas trois, pas quatre, mais bien cinq attaques massives à des Stars de Dallas qui comptent sur l'une des meilleures attaques massives de la Ligue. Sur l'une des meilleures attaques du circuit.
Cette générosité bien plus attribuable à l'indiscipline crasse qui caractérise le Tricolore depuis le début de la saison qu'à l'esprit des Fêtes a changé le cours du match. Elle a aussi coûté le match en permettant aux Stars de marquer trois buts sur les cinq occasions qu'ils ont obtenues. Car ces trois buts sans riposte ont effacé l'avance de 2-0 que le Tricolore s'était offerte, privant la troupe de Martin St-Louis d'une victoire bien plus méritée que celle acquise en prolongation en Arizona lundi. Elle l'a privé de deux points qui auraient été bien plus mérités que celui acquis dans le cadre du revers encaissé en prolongation, mercredi, aux mains de Mikko Rantanen, de Cale Makar et leurs coéquipiers de l'Avalanche.
À cinq contre cinq, le Tricolore contenait les Stars vendredi soir. Il jouait un vrai bon match de route. Un match fermé, c'est vrai; un match qui n'offrait rien ou pas grand-chose de spectaculaire, mais un match efficace.
Pezzetta gâche un bon match
En plus de contenir un très solide adversaire, le Canadien a pu compter, ô surprise, sur la contribution offensive de Jake Evans qui a enfilé son premier but de la saison. Il a aussi pu compter sur celle de Michael Pezzetta qui effectuait un retour au jeu après avoir suivi les deux premières rencontres du voyage – et trois des quatre dernières – du haut de la galerie de presse.
Après avoir gaspillé une à une toutes les chances offertes par Martin St-Louis, Evgeni Dadonov a obligé son coach à le sortir de sa formation.
Pezzetta a auréolé la décision de lui faire confiance d'un but, d'une passe et d'une solide performance au sein d'un quatrième trio piloté par Jake Evans et complété par Anthony Richard. Pezzetta et ses compagnons de trio disputaient un match solide jusqu'à ce que le gros ailier écope une pénalité aussi stupide qu'inutile alors qu'il a sorti le genou loin en zone offensive aux dépens d'un défenseur qui n'était pas même impliqué dans le jeu.
« J'ai tout gâché avec cette pénalité stupide », que Pezzetta a plaidé après la rencontre.
Avec raison. Car après avoir nivelé les chances pendant que Jonathan Drouin et Mike Hoffman écoulaient des pénalités en fin de deuxième et tout début de troisième période, les Stars ont profité de l'absence de Pezzetta pour marquer le but qui les a lancés en avant. Le quatrième est venu dans un filet désert avec quelques secondes à faire au match.
Martin St-Louis, ses joueurs et leurs partisans peuvent plaider tant qu'ils le voudront qu'ils sont victimes de décisions sévères des arbitres. Qu'ils ne méritent pas toutes les pénalités qu'ils écopent.
Mais quand tu passes trop de temps à tenter de rattraper tes adversaires parce qu'ils ont la rondelle bien plus souvent et qu'ils la contrôlent bien plus longtemps que toi, tu t'exposes à des pénalités d'accrochages comme cela arrive trop souvent. Des pénalités qui sont difficiles, voire impossibles, à laisser passer.
Le Canadien est troisième – ou trentième si vous regardez le classement dans l'autre sens – pour la moyenne de temps passé (12,1 minutes) au cachot par partie. Et ce n'est pas comme si le Tricolore formait un club robuste qui frappe tout ce qui bouge sur la glace. Ou un club comptant sur des joueurs qui adorent laisser tomber les gants.
Le Canadien est un club qui accroche trop parce qu'il est trop souvent à la remorque de ses adversaires. Il ne l'était pas du tout, ou presque, en première moitié de match. Il est retombé dans ses mauvaises habitudes en deuxième portion de la rencontre.
Avec les conséquences qu'on connaît maintenant.
Des essais intéressants
L'indiscipline qui a effacé les deux buts offerts par un quatrième trio remodelé a aussi poussé un peu dans l'ombre les changements importants apportés par Martin St-Louis à ses trios.
À la surprise générale, le coach a décidé de séparer Nick Suzuki et Cole Caufield. C'était la première fois cette année qu'ils amorçaient un match au sein de trios différents.
Exception faite d'un brin de nonchalance affichée en début de match ou début de période quelques fois cette saison, on ne peut reprocher grand-chose aux deux leaders offensifs du Tricolore.
Pourquoi les séparer alors?
En offrant à Jonathan Drouin et Joel Armia l'occasion – la chance en fait – d'évoluer en compagnie de Suzuki, il est clair que St-Louis souhaitait voir ces deux joueurs débloquer sur le plan statistique. Le coach a beau répéter match après match que « Jo et Armi jouent du bon hockey et que les choses vont finir par débloquer », il n'en demeure pas moins que les deux vétérans sont toujours en quête d'un premier but cette saison. Qu'ils totalisent huit points... à deux, alors qu'ils traînent un différentiel de moins-13.
Offrir un survoltage à deux vétérans qui en ont grand besoin n'était pas une vilaine idée. Mais voilà : ils n'ont pas su vraiment en profiter. Car non seulement Drouin et Armia ont été bien discrets, vendredi soir, mais ils ont éteint Suzuki qui l'a été tout autant.
Muté à la gauche de Kirby Dach et Mike Hoffman, Caufield a malgré tout été actif. Il a décoché six tirs, trois se sont rendus au but défendu par Jake Oettinger.
Il a peut-être été moins incisif. Il était sans doute moins à l'aise sur la glace, ce qui s'explique facilement par un manque à gagner normal en matière de cohésion et de complicité.
Christian Dvorak a trimé dur aux cercles de mises en jeu où les Stars sont très solides. Il a disputé 22 des 68 mises en jeu déposées au cours du match. Avec Anderson, Dvorak a offert du jeu solide en défensive. Le trio a été plus discret dans la phase offensive du jeu.
Slafkovsky? Il en a arraché encore vendredi. Il ne s'est pas rendu coupable d'erreurs affreuses et coûteuses. Du moins, je n'en ai pas relevé. Mais il ne se passe pas grand-chose quand il est sur la glace. Les jeux avortent. Ça manque de conviction. De précision. D'efficacité.
Est-ce qu'il serait temps de donner un ou des soirs de congé à Slafkovsky? Peut-être. Il serait même peut-être temps de lui offrir un séjour dans la Ligue américaine.
Mais si Slafkovsky sort et que Dadonov revient, il sera intéressant de voir si l'état-major sera un brin plus généreux à l'endroit d'Anthony Richard en matière de temps d'utilisation et de qualité de ce temps d'utilisation.
Contrairement à plusieurs amateurs qui n'ont pas aimé que Martin St-Louis jongle avec ses trios comme il l'a fait à Dallas, qui ont surtout décrié la décision de séparer Suzuki et Caufield en rappelant que le coach devait bien plus penser à la victoire qu'à relancer des vétérans, je vous soumets respectueusement que le temps est bien choisi pour faire des essais du genre.
Des essais intéressants qui pourraient même devenir bénéfiques dans l'éventualité qu'une blessure ne vienne frapper l'un ou l'autre des deux jeunes piliers de l'attaque du Tricolore.
Suzuki et Caufield sont de brillants complices sur la patinoire. C'est connu et reconnu. Il n'y a donc rien de mal à les obliger à développer de la complicité avec d'autres coéquipiers. S'ils sont aussi bons que l'on croit tous qu'ils le sont, ou qu'ils le deviendront, ils auront le mandat de rendre meilleurs les joueurs évoluant à leur côté.
Aussi bien profiter d'une année de développement comme c'est le cas cette année pour multiplier ces essais.
Non?
Si vous croyez encore que le Canadien qui vous a surpris depuis le début de la saison a ce qu'il faut pour viser la victoire tous les soirs, pour viser les séries et que ces essais n'apportent rien de bon, je vous invite à réviser votre position.
Car vous pourriez trouver bien longs les 48 matchs qui attendent le Canadien au retour du congé de Noël. Le Tricolore glisse lentement vers le bas du classement de sa division, de son association, du classement général.
Et c'est très bien ainsi. Car il a bien plus besoin des meilleures sélections possibles lors du prochain repêchage que de quelques victoires laissant croire qu'il pourrait accéder aux séries. Rêvez aux séries cette année, c'est comme croire au Père Noël. Ça ne coûte pas cher, mais ça ne rapporte rien de bien concret.
Parlant de Noël, je vous en souhaite un très beau, entouré si le temps, la météo et les virus vous le permettent de vos proches parents et amis.
On reconnecte le 28 alors que le Canadien fera escale à Tampa Bay pour entreprendre la deuxième portion de son voyage le plus long de l'année.