Au-delà des bonnes, très bonnes et excellentes notes individuelles et les succès collectifs surprenants il est vrai du Canadien, une constatation porte ombrage aux 26 victoires et 55 points récoltés en première moitié de saison.

Malgré tout ce qu’il a fait de bon et de très bon, et il en a fait beaucoup, le Canadien a raté quelques belles occasions de confirmer le poids de ces résultats et d’asseoir solidement sa place au sein de l’élite de la LNH en s’inclinant plus souvent devant les gros clubs qu’il ne les a battus.

La récente défaite de samedi aux mains de Sidney Crosby et des Penguins toujours décimés par les blessures est un exemple.

Oui, le Canadien a disputé un fort match samedi. Oui, une semaine après avoir facilement battu les mêmes Penguins 4-1 à Pittsburgh, le Tricolore est loin d’avoir été déclassé devant ses partisans comme le confirme sa défaite de 2-1. Et oui, il a obtenu plusieurs occasions qui auraient pu le propulser vers la victoire dans le cadre de ce match très serré au lieu de devoir se contenter d’un point dans le cadre de son revers en prolongation. Un revers survenu après avoir accordé pas une, pas deux, mais trois occasions de marquer à Sidney Crosby. Un jeu on ne peu plus dangereux surtout qu’au moment de déjouer Carey Price pour mettre un terme aux hostilités, Crosby et son club évoluaient à quatre contre trois, alors que Tomas Plekanec jouait sans bâton. Mettons que les chances n’étaient pas du bord du Canadien.

Mais cette défaite aussi honorable soit-elle, tout comme celle de mardi – qui l’était beaucoup moins – aux mains du Lightning de Tampa Bay, les deux contre les Blackhawks de Chicago ou celle aux mains des Ducks d’Anaheim ont empêché le Canadien de consolider sa place parmi les plus sérieux prétendants pour la coupe.

Ça ne veut pas dire que ses chances d’y arriver soient nulles pour autant. Ça non.

Mais ces défaites à venger, comme l’inertie de l’attaque massive, représentent les deux principaux défis à relever pour le Tricolore à l’aube d’une deuxième moitié de saison qu’il amorcera mercredi à Columbus.

« Pour moi, c'est des unités de cinq »

Pas question de prétendre ici que le Canadien s’est contenté de victoires faciles en première moitié de saison. Qu’il a simplement battu des clubs misérables et s’est effondré contre les puissances du circuit.

Il serait même d’ailleurs bête, voire absurde de reprocher au Canadien de ne pas avoir gaspillé de point contre les petits clubs. Surtout qu’il a connu sa part d’ennuis contre Edmonton et la Caroline. Comme plusieurs très bonnes équipes l’ont fait en première moitié de calendrier… et le feront encore en deuxième portion de saison.

Mais quand on regarde les défaites cuisantes encaissées en première demie de saison, c’est contre les gros clubs que le Canadien les a encaissées. Ce qui est en soi normal. Bien sûr. Mais ce qui représente aussi une source d’inquiétude pour l’état-major de l’équipe dans sa quête de bien évaluer les forces de son club et ses chances de se rendre aux grands honneurs.

Le Canadien a perdu 7-1 à Tampa Bay lors du quatrième match de saison. Vrai que le Tricolore complétait alors un début d’année sur la route. Vrai que l’équipe était fatiguée et qu’elle s’était tapée des matchs inauguraux à Toronto, Washington et Philadelphie où elle avait gagné en réalisant des remontées gagnantes impressionnantes.

Mais attention : lorsque le Lightning est venu doubler le Canadien 4-2 mardi dernier au Centre Bell – un résultat qui laisse croire que le match a été plus serré qu’il ne l’a réellement été – Steven Stamkos et sa bande complétaient aussi un voyage de quatre matchs de suite sur la route.

Le Canadien a aussi perdu – et lamentablement – 6-2 contre les Flames de Calgary qui sont venus savourer une douce revanche au Centre Bell après que Carey Price avec une performance de 37 arrêts eut volé Calgary au Saddledome deux matchs plus tôt.

Le Canadien a aussi perdu 5-0 contre Chicago, 4-0 contre les Penguins lors du premier duel entre les deux clubs, 5-0 encore cette fois contre les Rangers de New York avant d’encaisser des revers, serrés il est vrai, mais des revers quand même, contre Anaheim, Chicago, Tampa et Pittsburgh.

Le Tricolore a aussi battu de gros clubs. C’est vrai. Impossible de passer sous silence ses gains aux dépens des Kings de Los Angeles au Centre Bell et des Islanders de New York au Colisée Nassau.

Il est toutefois important de rappeler que dans ces deux matchs, le Canadien brillait par son absence en première période et n’eut été des performances de Carey Price, l’issue de ces parties aurait été scellée après 20 minutes.

Il est important ici de préciser que oui, je conviens que Carey Price est un joueur du Canadien. Que ces succès, aussi retentissants soient-ils, ne devraient pas entacher les victoires du Tricolore au même titre que les contributions tout aussi retentissantes de Pekka Rinne à Nashville, de Crosby, Malkin et Fleury à Pittsburgh, Getzlaf à Anaheim.

Mais il demeure quand même essentiel, lorsque vient le temps d’analyser globalement le rendement d’une équipe, de déterminer à quel point les succès personnels d’un membre de l’équipe a fait contrepoids aux ennuis du reste de la formation. Au risque de hérisser le poil des partisans et de froisser la susceptibilité des membres de l’organisation concernée. Quelle qu’elle soit. Et comme on analyse ici les performances du Canadien et non celles des Penguins, des Ducks ou des Predators, il est normal que l’on accorde plus d’importance à l’impact de Carey Price sur le Canadien que celui de Crosby, Getzlaf ou Rinne.

Faisons donc l’exercice suivant : combien de points considérez-vous que les performances de Carey Price ont permis au Canadien de voler cette saison?

Si vous êtes chiches, vous arrêterez à six ou sept. Si vous êtes généreux – ou grand fan du gardien du Canadien – vous lui en accorderez une dizaine. Et il ne faudrait pas oublier les quelques points qu’il faut impérativement accorder à Dustin Tokarski également. Ne serait-ce que pour ses 29 arrêts à Washington lors du deuxième match de la saison alors que le Canadien a carrément volé les Capitals de deux points.

Disons pour les biens de l’exercice que l’on fait une moyenne. Que l’on accorde au Canadien que six points en prime au classement attribuables aux seules performances de ses gardiens. Des points qui sans Price et/ou Tokarski seraient au dossier d’autres formations que le Canadien. Le Tricolore revendiquerait alors 49 points au classement en non 55. Quarante-neuf points qui le laisseraient à la porte extérieure des séries sur un pied d’égalité avec les Panthers de la Floride.

Comme quoi la ligne est vraiment mince entre une place assurée en séries et une exclusion potentielle.

Je le répète encore pour être certain que les fans finis du Canadien ne voient pas dans cette analyse une tentative de minimiser les performances de leur club favori : le Tricolore, avec ses gardiens, avec ses qualités et ses défauts, mérite les 55 points qu’il revendique au classement. Mais s’il veut que ces 55 points aient plus de poids quant à la confiance qu’ils devraient susciter à l’aube de la deuxième moitié de saison et en vue des séries qui suivront, il devra gagner plus souvent sans l’aide exclusive de ses gardiens et battre, au moins de temps en temps, les gros clubs contre qui il se retrouvera au printemps s’il veut se rapprocher encore un peu plus de la Coupe Stanley,

Et qui sait? Peut-être la soulever.

C’est le défi que doit relever Michel Therrien. Un défi qu’il pourra plus facilement affronter si son patron Marc Bergevin lui offre un brin ou deux de renfort : à la ligne bleue d’abord selon moi et à l’attaque ensuite.

On verra.

Pour relever ce défi, Michel Therrien et le Canadien devront trouver une façon de sortir l’attaque massive de sa torpeur afin de donner un coussin, aussi mince soit-il, à Carey Price pour lui permettre de souffler de temps en temps.

Lundi et mardi à l’entraînement, Therrien et ses adjoints ont jonglé avec les joueurs afin de tenter de trouver les combinaisons gagnantes.

Ça me semble superflu.

Car quand une équipe a le privilège de pouvoir compter sur l’intelligence de Markov et la puissance du tir de Subban à la pointe, elle n’a qu’à s’assurer que les cinq joueurs sur la glace soient actifs, qu’ils bougent la rondelle rapidement afin de déstabiliser la défensive et de s’offrir des options pour prendre le filet d’assaut.

Bon! C’est plus facile à écrire qu’à faire.

Mais c’est à mes yeux bien plus facile à réaliser qu’à trouver les bonnes combinaisons en permutant des joueurs. Surtout si on retrouve à la pointe des gars comme Plekanec et Parenteau qui, au-delà toutes leurs qualités, sont loin, très loin, de compter sur des tirs redoutables.

Mais bon! Ça ne coûte rien d’essayer et au point où le Canadien est rendu, il peut bien se permettre des essais improbables afin de relancer une attaque massive qui ne devrait pas être si passive.

Car si l’attaque à cinq se remet en marche, que le Canadien continue à bien jouer à forces égales, que Carey Price continue à jouer à la hauteur de sa réputation et que le noyau de l’équipe reste en santé, le Canadien mettra toutes les chances de son côté pour battre les gros clubs de la LNH et confirmera sa place au sein de l’élite.

Ça promet!