COLLABORATION SPÉCIALE

MONTRÉAL – D’entrée de jeu, je peux difficilement cacher ma déception au sujet du congédiement de Dominique Ducharme. Même s’il s’agit d’une décision d’affaires que je peux comprendre, je crois que Dom n’a jamais été réellement dans une situation favorable, propice au succès.

En février 2021, il a accepté de prendre l’intérim dans une situation chaotique qui ne lui offrait pas les conditions nécessaires pour atteindre le succès. Au final, ce qui aura possiblement été son plus beau moment avec le Canadien lors de l’atteinte de la finale de la Coupe Stanley aura aussi été le pire. Avec un contrat en poche et plusieurs éléments importants manquants – l’absence d’un capitaine, l’absence d’un gardien numéro 1 et le départ de Phillip Danault entre autres –, il se retrouvait sans carte dans son jeu.

Malgré tout, il a pu vivre son rêve. Il ne s’est jamais caché de rien, jusqu’à la dernière entrevue qu’il aura donnée comme entraîneur-chef du Canadien. C’est un homme qui a toujours soutenu ses joueurs et qui n’a jamais blâmé qui que ce soit, sans trouver d’excuse. C’est un homme qui a toujours été fort et j’espère maintenant que cette expérience ne laissera pas de traces indélébiles dans son dossier. Il y a assurément un bon nombre de choses qu’on ne connaît pas de ce dossier et il serait injuste de dire que rien de ce qui a été fait lors de la dernière année n’a fonctionné. Je crois encore qu’il est un excellent entraîneur et je crois encore qu’il est l’une des meilleures têtes de hockey au Canada.

Ceci étant dit, le Canadien a également annoncé la nomination de Martin St-Louis comme entraîneur-chef par intérim pour – au moins – les 37 matchs restants à la saison régulière du Tricolore. Si St-Louis amène un nouveau souffle à une organisation qui en a grand besoin, il ne s’amènera pas à Montréal comme un sauveur qui pourra redresser la barque en si peu de temps.

Au contraire, l’arrivée de Martin St-Louis à la barre du Canadien est le début d’un long processus. Un processus lors duquel Jeff Gorton et Kent Hughes tenteront d’installer leur mentalité et leur vision du futur à court, moyen et long terme pour la Sainte-Flanelle. Le changement de culture et le redressement d’une organisation sportive professionnelle ne peuvent s’exécuter en la présence des mêmes éléments qui constituaient la précédente culture.

Dans les prochains mois, voire même les prochaines années, la patience sera de mise. Il faudra non seulement être patient envers Martin St-Louis, mais également envers le processus de la nouvelle direction du Canadien et être patient envers l’organisation. Rome ne s’est pas faite en un jour.

Souvent dans les derniers mois, le Canadien a été critiqué pour son grand manque de leadership dans un vestiaire visiblement ébranlé par des pertes importantes, comme Shea Weber, Carey Price et Phillip Danault. S’il ne règlera pas tous les problèmes, St-Louis viendra colmater certains d’entre eux, dont celui du leadership. Quand il était joueur, les attentes que Martin fixait envers les joueurs étaient plus élevées que celles des joueurs envers eux-mêmes. Il est l’exemple parfait de rigueur. Ses standards ont toujours été très élevés et je suis prêt à assumer qu’il en sera de même dans ses fonctions d’entraîneur-chef.

À l’instar de bien des gens, c’est une nouvelle qui m’a pris par surprise. Ce n’est pas nécessairement un nom qui revenait dans les discussions et comme Dominique Ducharme était un entraîneur recrue, on était en droit de s’attendre à l’embauche d’un entraîneur d’expérience. La nomination de Martin St-Louis n’est toutefois pas illogique pour autant. C’est un homme dont le caractère et l’attitude sont probablement connus de Hughes et de Gorton. Martin St-Louis est un passionné intense et une tête de hockey qui déteste perdre – toutes des choses que l’on recherche à Montréal.

Dans le contexte dans lequel le Canadien se retrouvait, il devenait difficile d’évaluer correctement les joueurs, à l’approche de plusieurs décisions importantes. Ce vent de fraîcheur permettra au Canadien de terminer l’année dans un état plus positif pour repartir sur des bases solides. L’embauche de St-Louis ne représente qu’un petit risque à court terme.

Si certains peuvent redouter de ses capacités comme entraîneur-chef, soyez certain qu’il n’aurait pas accepté le poste sans être certain d’être bien préparé pour relever le défi. Dans sa carrière, Martin St-Louis a passé par le chemin le plus long et il n’a jamais laissé quoi que ce soit entre les mains de la chance. Autant physiquement que mentalement et émotionnellement, il est quelqu’un qui n’a jamais négligé un aspect de sa carrière. Il n’aurait pas accepté le poste sans être convaincu de pouvoir être porteur de positif pour l’organisation montréalaise.

Talent et responsabilité

À quoi pouvons-nous donc nous attendre de son passage derrière le banc du Canadien? Martin St-Louis a ses idées bien à lui, mais elles sont basées sur son désir de vaincre à tout prix. La vision de Martin St-Louis, c’est une vision axée sur le talent, sur le caractère et sur du dynamisme offensif, mais c’est aussi une vision qui accorde une importance à la responsabilité dans toutes les zones.

« Maman sourit de là-haut [...], c'est spécial pour ma famille »

Son expérience d’entraîneur se résume peut-être à de jeunes joueurs, mais il a toujours eu le coaching en lui. Quand il était joueur, il voyait la game différemment et rendait les autres imputables de leurs actions. La présence de Martin St-Louis sera accompagnée d’une crédibilité instantanée. Laissons maintenant le temps au Canadien de réécrire une partie de sa recette et d’obtenir tous les aliments nécessaires.

Propos recueillis par Alexandre Bissonnette

« Cette équipe a besoin d'avoir du plaisir »
« C'est difficile de prendre la job d'un chum, mais Dom va rebondir »
« J'ai l'intention d'être ici longtemps »
« Le hockey c'est le hockey, j'ai pas peur du saut vers la LNH »